





La gestion de la ville de Butembo est très difficile. En effet, Butembo est une ville complexe avec plusieurs pôles d’autorité et de pouvoir qu’il faut bien maitriser pour pouvoir faire long feu à la tête de cette capitale économique du Nord-Kivu . Parmi les pôles du pouvoir, on peut mentionner dans l’ordre d’importance (1) la FEC (Fédération des Entreprises Congolaises), (2) les églises, (3) les partis politiques, (4) les groupes armés, (5) les ONG locales, (6) La population civile, etc.
Pour le moment, nous traiterons uniquement de la première tête d’autorité, à savoir, la FEC, qui décide du bon temps et de la pluie en ville de Butembo, surtout à la Mairie. Selon nos sources, la tête du locataire actuel, Monsieur KAKUKE SYAHETERA Hubert, ne plairait pas à un certain courant au sein de la FEC-Butembo.
La FEC, Fédération des Entreprises du Congo est une association de patronat pour la défense des intérêts des ses membres. Au sein de la FEC, on trouve trois catégories des membres ; les petits, moyens et grands commerçants. Comme on peut se l’imaginer, ce sont les grosses légumes qui en fait dirigent la FEC/Butembo et de fois comme une propriété. Le poids de la personne et de son idée dépend de son chiffre d’affaires : un milliard, 500 millions, 5 millions, 1 millions de dollars, etc. Dis-moi combien d’argent tu as et je te dirai si tu peux ou pas prendre une décision valable pour la ville de Butembo.
Si tu deviens maire par nomination de Kinshasa, élections locales, ou acclamation des habitants de la ville, ne croit pas que tu peux utiliser ton nouveau statut pour entrer dans la cour des milliardaires ou bien prendre de l’argent de ces milliardaires pour faire une politique dangereuse pour leurs intérêts. Un chef de l’administration urbaine de Butembo dont la tête ne plait pas aux caciques de la FEC est éjectable de son poste à tout moment surtout s’il se croit plus fort, car élu démocratiquement. La situation de la ville de Butembo ressemble ainsi à ce que connait actuellement tout le pays. Si on n’a pas les moyens de sa politique, on ne peut pas faire de la politique. Les élus de 2006 se font aujourd’hui corrompre par ceux-là que la population congolaise avait sanctionnés par un vote négatif. La main qui a, dirige aussi. La politique est une dépendante de l’Economie. Ce que tu as, ce que tu produis détermine ce que tu pèses en politique. Ce principe est celui qui dirige le monde entier et Butembo n’est pas une exception.
Si tu deviens homme politique par la voie des pauvres, le « principe de la main qui donne dirige » voudrait que tu sois humble vis-à-vis de ceux qui donnent, que tu reconnaisses leur contribution à la vie de la cité, et ne jamais menacer leurs intérêts. Le problème est quand les intérêts des riches empiètent sur les droits des pauvres électeurs qui attendent de leur élu, la protection de leurs droits humains fondamentaux ! Faut-il que l’élu se taise pour éviter que sa tête ne soit écrasée par les milliardaires ? Quand il se tait, on l’accuse de complicité avec les riches corrupteurs. Quand il défend les pauvres, les riches utilisent tous leurs réseaux pour l’accuser de communiste et populiste dangereux qu’il faut écarter le plus tôt possible. Sachant que l’élu jouit de l’appui du peuple dont le patronat a besoin comme consommateur de ses biens, le patronat ne manque jamais des moyens et d’imagination pour faire haïr l’élu par le patronat. Selon notre analyse, c’est cette situation qui se passe à Butembo.
Le cas de l’ancien maire Wabunga Singa Zebedée est encore frais dans la mémoire des Bubolais (habitants de Butembo). Monsieur Wabunga Zébédée était arrivé au poste le plus prestigieux de la ville de Butembo par l’appui de l’Eglise Catholique, c’est-à-dire par une porte secondaire. Mr Wabunga était pendant longtemps Président de la Commission Justice et Paix et membre fondateur de la Société Civile de Butembo aux côtés du Recteur Abbé Malu Malu devenu par la suite Président National de la CEI. Ces connections faisaient de Mr Wabunga une espèce de curé à la tête de la Mairie qui participait à toutes les messes et prières pour la paix, etc. Il était accusé d’incompétent et l’insécurité avait atteint un niveau sans précédent dans l’histoire de la ville. On se rappelle « l’opération 19 heures » qui avait fauché plusieurs vies. Ce qui est intéressant est que le jour même où Monsieur le maire Wabunga avait été suspendu de ses fonctions par le gouverneur du Nord-Kivu, l’insécurité avait cessé comme par baguette magique. Mr Wabunga n’avait pas su se faire accepter par les autres têtes du pouvoir de la ville complexe de Butembo.
Après Wabunga, Madame Kahindo Alphonsine qui était son adjoint a assumé l’intérim. Elle était issu du RCD/KML, mouvement rebelle devenu parti politique jusqu’à faire nommer son président Ministre d’Etat charge des Affaires Etrangères et de la Coopération Internationale. De l’avis de tous, Madame Alphonsine, a su jouer son jeu politique. Au point de vue sécuritaire, on peut dire qu’il y avait eu une petite accalmie par rapport à la période de Wabunga.
Comme il faut pourvoir au poste laissé vacant par la suspension du titulaire Wabunga, Madame Alphonsine a été remplacée par Mr Hubert Syahetera. Ce dernier est issu du PPRD, ancien de Kisangani et de Kinshasa où il a fait du business. D’aucuns voulaient l’associer au patronat mais il est membre du PPRD, un parti politique qui était très populaire au Nord-Kivu lors des elections de 2006 mais dont l’avenir est sombre surtout si Joseph Kabila son leader n’arrive pas à résoudre le problème des assaillants rwandais et ougandais à l’Est du pays Aujourd’hui, on constate une reprise progressive de la série d’assassinats. Il ne se passe pas trois jours sans qu’on ne parle de banditisme à mains armées. Dans son discours du 1er mai à la cathédrale de Butembo, le maire Hubert disait que les fauteurs de troubles sont déjà en ville de Butembo pour rééditer leurs exploits macabres de LUOFU et qu’il les surveillait de très près pour mettre la main sur eux. Ainsi il demande à la population de lui prêter main forte afin de les mettre hors d’état de nuire. Il a demande à la population de signaler tous les cas suspects.
La ville de Butembo, poumon économique du Nord-Kivu qui jadis contribuait à la hauteur de 2/3des recettes de la province est aujourd’hui dernière avec seulement 6% de contribution au budget provincial. Dans son plan d’action monsieur le maire de la ville de Butembo voudrait remettre la pendule à l’heure en maximisant les recettes. Pour redresser la situation Monsieur le maire a créé un corps des volontaires dont le rôle est de contrôler l’ordonnancement des recettes mais aussi leurs versements en banque. Monsieur le maire a constaté que les agents percepteurs de recettes de l’Etat ont créé des comptes bancaires fictifs vers les quels ils orientent les recettes de l’Etat pour ensuite les retirer à leur propre compte au détriment du trésor public.
Il a aussi constaté que les commerçants payent les taxes du trésor public selon leur volonté mais en complicité avec des agents de l’Etat. Dans une de parades du mois de mars dernier le maire de la ville de Butembo s’était attaqué aux chefs de quartiers qui s’arrangent avec les contribuables pour minorer les taxes sur vente immobilière. Il avait notamment parlé d’un commerçant qui avait vendu sa maison pour 70.000$ et qui lui aurait proposé une somme de 900$ comme part personnel sans payement de la taxe sur cession d’immobilisation dont le taux qui était de 10% de la vente mais que la mairie a rabattue à 5%. Ainsi, le commerçant ci-haut lui avait proposé 900$ comme « madesu ya bana », « chai », en lieu et place de 3500$ en faveur du trésor public. Le maire avait demandé à ce commerçant de verser les 5% de sa vente au compte du trésor public.
Selon certains membres du corps des volontaires de la mairie de Butembo, beaucoup de commerçants sont frappés d’amende et que les recettes dues à l’Etat vont croissant. Mais certaines personnes affirment que parmi les volontaires il y a aussi des corrompus.
Les taxes dues à l’Etat sont surtout consommées à la base dès leur perception mais aussi ces taxes sont perçues anarchiquement. Nous donnons ici le cas de la taxe voirie urbaine. Les propriétaires des motos payent 10$ annuellement alors qu’au niveau de la mairie la nomenclature parle de 5$. La taxe pour contrôle technique est fixée à 10$, la validation du permis de conduire est à 15$. Ces deux taxes sont perçues sans quittance et ne comprennent aucun répertoire. Pire, le certificat de contrôle technique se délivre sans contrôle technique de l’engin concerné et il n’existe pas de permis de conduire à Butembo. Toute personne désireuse d’obtenir un permis de conduire reçoit un duplicata même si elle se présente la première fois. C’est cela l’administration à la Congolaise.
Que reproche-t-on au maire KAKULE Syahetera ?
Selon nos investigations nous avons retenu ce qui suit :
1. Il croit tout connaître et ne demande jamais conseil. Il ne s’en fait qu’à sa tête.
2. Il a un secrétaire particulier qui lui est collé comme une ombre et reste en permanence dans son bureau. Il n’y a pas moyen d’avoir des conversations confidentielles avec le maire et au besoin lui prodiguer des conseils, la présence du secrétaire particulier étant gênante.
3. Il a pris à son compte des volontaires qui ne sont pas budgétisés. Il avait déclaré que les volontaires ne toucheront pas à l’argent. Aujourd’hui ils ont des quittanciers et perçoivent de l’argent en lieu et place des taxateurs qu’ils sont sensés contrôler.
4. Il n’a jamais organisé de réunion avec les services techniques de la mairie.
5. Il était parti en Chine sans ordre de mission locale et à son retour il aurait demandé les frais de mission mais on ne savait pas comment les justifier sans ordre de mission.
NB : A ce qui concerne la 3e remarque nos enquêtes révèlent que la mairie a créé trois nouveaux postes de taxation : au parking VGH en pleine centre ville, à Nziapanda au parking de l’unification et à Vulamba. A ces 3 postes la mairie a nommé de nouveaux taxateurs pris parmi les volontaires, à raison de deux par poste, soit 6 nouveaux taxateurs dont un titulaire et son adjoint par poste. Ces nouveaux taxateurs ne sont plus des volontaires.
Dans son discours de 1e mai à la cathédrale de Butembo, Monsieur le maire avait parlé aussi des heures de service à Butembo. Il avait dit que les magasins doivent être ouverts à 8 heures. Pour le samedi à Goma et à Kinshasa la fermeture a lieu à 14heures. Pour le cas de samedi Monsieur le maire disait qu’il consultera d’abord Kinshasa et Goma. Ces mesures devraient entrer en application le lundi 4 mai 2009. Or, nous sommes déjà le lundi 11 mai 2009. Que constatons-nous ? Les fermetures d’après 4 mai 2009 égales avant 4 mai 2009 et aucun signe n’a été observé, ni même la présence des policiers pour tenter de faire appliquer la décision du maire : l’échec de la mesure est quasi certain.
A l’allure où vont les choses, le maire Hubert doit harmoniser son violon avec les autres pôles du pouvoir en Ville de Butembo, notamment la FEC et les partis politiques. Les bonnes idées ne suffisent pas, il faut les tester au feu du dialogue, reconnaissant ses propres limites. Il faut savoir comment les mettre en pratique avec l’appui et l’apport de tous. Ceci demande le dialogue avec tous. S’il y a des sacrifices à faire, il faut savoir comme partager le sacrifice entre les différentes couches de la société par la voie de la négociation.
Correspondance particulière de Mr. Kambale Kivuyaniki Alphonse ( Butembo)





