





La nuit de dimanche à lundi 20 décembre 2010 était très cauchemardesque aux populations des localités de NGANDASINAKITI et KIBOTO, en groupement de Baswagha-Madiwe, dans la Collectivité -Secteur de Beni-Mbau, à environs 65km à l’Ouest de la ville de Beni. En effet, des violents affrontements y ont opposés la nuit, vers 23h00, heure locale, les militaires FARDC aux Mai-Mai qui seraient fidèles au Commandant SAPERITA.
Le bilan provisoire fait état de 2 morts du côté des civils 13 blessés dont 4 grièvement. Du coté des belligérants, aucun bilan n’est disponible jusqu’à l’instant. Selon Omar KAVOTA, Président de la Société Civile en Territoire de Beni contacté par notre rédaction ce matin, les blessés sont admis aux Centres de Santé de CANTINE et de MABALAKO, dans le même groupement.
Aperçu de la route Mabalako-Cantine, Ouest de Beni
La même source précise que ces affrontements ont poussé de milliers de familles à fuir nuitamment leurs villages pour trouver refuge dans la localité voisine de CANTINE.
Pour le moment, plus de 700 ménages de déplacés sont enregistrés et vivent dans des familles d’accueil. Ils sont dépourvus de tous les biens abandonnés lors du sauve-qui-peut nocturne.
Selon certaines spéculations émanant de sources proches des FARDC, les Mai-Mai se disputeraient avec les commandants Fardc le contrôle des carrières minières de KIBOTO et de NGANDA-SINAKITI connues pour leur Or et en Coltan à ciel ouvert.
Curieusement pendant que les hommes en arme se battent, la population innocente en paie des lourds tributs et ne saura pas fêter la nativité en toute quiétude.
Selon les sources proches des Mai-Mai, le commandant SAREPITA accuserait les Fardc ainsi que certaines ONG internationales de préparer la région à des colonies de peuplement des rwandais dont les éclaireurs seraient déjà sur place cachés dans des maisons la journée et ne circulant que la nuit. Comme toujours, les accusations des uns et des autres sont difficiles à vérifier, les belligérants n’ayant pas un cadre politique de dialogue pour une résolution pacifique du conflit. Souvent l’information sur le conflit n’émane que d’une seule source, et toujours la même. Le combat se fait souvent la nuit, au point qu’il est difficile pour la population locale de savoir s’il y a deux camps ou un seul camp qui joue à l’assaillant et à l’assailli en même temps. Ce qui se passe à NGANDASINAKITI entre Fardc et Mai-Mai ressemble à ce qui se passe au Sud-de Lubero entre Fardc et FDLR.
Devant ces accusations de part et d’autre, la population ne sait qui dit vrai. Elle est convaincue d’une chose : l’ennemi est dans la bergerie. Pour faire fuir la population du terrain qu’il convoite, il y a toujours une bataille entre deux forces armées. Il y a quelques mois, le déplacement forcé des populations congolaises de tout le secteur Beni-Mbau était consécutif aux combats entre les Fardc et les soi-disant ADF-NALU. Profitant de l’absence des populations congolaises de plusieurs localités du secteur qui étaient toujours sous la coupe de soi-disant ADF-NALU, on a vu des ONG internationales construire des maisons et des latrines sans dire à qui elles appartiennent ou appartiendront. Depuis quelques semaines, les congolais déplacés sur leur propre sol ont commencé à regagner leurs villages en dépit des graves risques qu’ils courent. En effet, la situation dans les camps des déplacés est intenable pour ces paisibles congolais qui ne sont pas habitués à se nourrir de biscuits et des aliments génétiquement modifiés.
Sur le terrain, ceux qu’on appelait ADF-NALU ne se battent plus contre les Fardc et personne ne les a vus partir. Mystère ? Y-a-t-il eu fusion entre Fardc et ADF-NALU ? Aussi, d’après les populations locales, les ADF-NALU ne s’attaquaient pas aux agents des ONG internationales qui construisent des maisons et des latrines. Pour qui ces maisons sont-elles construites?
Voulant profiter de cette petite accalmie dont jouissent les agents des ONG internationales pour fêter Noël et la Bonana dans leurs villages, voilà qu’une guerre entre Fardc et Mai-Mai éclate. La même méthode de conquête utilisée depuis le Territoire de Masisi, Rutshuru, Walikale, Lubero, est utilisée aujourd’hui à cette frontière entre le Territoire de Beni et l’Ituri. La visée semble être la même : créer de la place pour ceux qu’on appelle officiellement « retournés du Rwanda ». Si ces derniers ne rencontrent pas de problème dans les zones minières situées loin des villages des congolais (Cas de l’Ituri en Province Orientale et du Territoire de Walikale au Nord-Kivu), cela n’est pas le cas pour les trois territoires de Rutshuru, Beni, et Lubero déjà très peuplés avec beaucoup de conflits liés à la terre. L’imposition des retournés dans une région déjà en conflit lié à la terre ne peut qu’exacerber le conflit.
Les observateurs n’ont cessé d’attirer l’attention des dirigeants congolais et de la communauté internationale sur ce grave danger. Si l’occupation militaire, politique, et administrative s’est faite sans heurt majeur, les politiciens étant très faciles à dompter avec l’argent, l’occupation de la terre ne peut se passer sans problème car la terre est tout ce que les paysans ont en partage. On peut en corrompre quelques-uns, mais on ne peut pas les corrompre tous. Sachant que ces paysans ignorent tous les beaux accords conclus entre les politiciens et les retournés, il aurait fallu prendre du temps pour dialoguer avec les paysans qui savent, dans leur sagesse, résoudre les problèmes liés à la terre sans l’aide de l’ONU ou des armées étrangères. Ne pas les écouter c’est poser les bases d’un conflit qui risque d’embraser toute la région. C’est maintenant le temps d’épargner la région d’une guerre civile des paysans.
Une des voies pour éviter d’exacerber le conflit terrien déjà meurtrier à Beni-Lubero et ailleurs en R.D.Congo, serait par exemple, d’envoyer les quelques milliers des retournés dans la forêt vierge. Que les ONG internationales chargées d’installer ces retournés tracent des routes qui relient la forêt vierge aux agglomérations déjà habitées par les congolais pour qu’ils ne soient pas complètement isolés. Les pacificateurs pourraient ainsi entamer leur mission de cohabitation pacifique entre les retournés et les congolais qui apprendraient à s’aimer et à collaborer sans se marcher sur les pieds. Mais introduire de force des milliers des retournés dans une région déjà en conflit serait suicidaire pour les retournés, les politiciens, et les collabos congolais.
Obède Bahati
©Beni-Lubero Online





