





Au fil de temps, à chaque matin, des indices de complicité se multiplient contre les autorités aussi bien militaires que civiles au sujet des massacres odieux observés dans le Territoire de Beni. Dans la recherche de réponse aux questions de savoir pourquoi la population civile de Beni est-elle ainsi abandonnée par ses dirigeants, des données ont toujours convergé à démontrer une complicité, quelque peu masquée fut-elle, à la fois des nombreuses autorités civiles et militaires, se trouvant soit sur terrain soit dans l’opulence de leurs bureaux administratifs. Il est temps de cesser de penser que ces accusations sont le fruit d’une spéculation exhalée par la teneur de souffrance de ceux qui les formulent, car les deux révélations suivantes au sujet du récent cas d’Eringeti suffisent pour que la plus sceptique des opinions se laisse enfin convaincre :
1. Au sujet des « fabuleux » militaires des FARDC :
– Les événements malheureux évoqués se déroulent dans la zone opérationnelle des FARDC du 31e Brigade dont les principaux responsables sont le colonel TIPPY ZIROZIRO Joseph, le colonel Willy et le Major MASUDI Fainéant. Il sied de souligner que la 31e Brigade des FARDC déployée à Eringeti n’est autre que cette même unité que commandait le général MUNDOS AKILI, que la population de Beni n’a cessée de demander d’éloigner définitivement de son entité, car la preuve de leur complicité a été dénoncée depuis les premières heures de massacres de Beni. Actuellement le colonel TIPPY ZIROZIRO s’y trouve en quelque sorte comme un commandant figurant, étant donné que ses éléments continuent à porter l’idéologie de leur commandant charismatique MUNDOS. Voilà le profile des troupes gouvernementales congolaises qui sont supposées collaborer avec celles de la MONUSCO dont l’état-major est basé à BAUNGACHU-LUNA dans le cadre de soi-disant protection des civils.
– Le 03 mai 2016, déjà vers 10 heures, les habitants locaux du quartier MATUNGULU commencent à constater un mouvement des personnes suspectes dans leurs villages et ont la présomption que le milieu est en train d’être encerclé. Vers 14 heures, deux personnes s’échappent et courent alerter le Major MASUDI Fainéant des FARDC. Cependant, ce dernier, au lieu de prêter attention au message donné et prendre des dispositions sécuritaires requises, s’emporta en colère contre ces demandeurs de secours, menaçant de les faire arrêter s’ils osaient insister outre mesure. Cet officier garda une indifférence étonnante, jusqu’à priver même son chef direct, le colonel TIPPY ZIROZIRO, de cette information combien pourtant urgente. Plus tard, un acteur de la société civile locale se donnera le même courage d’aller appeler les FARDC au secours ; le Major Masudi lui afficha la même attitude en proférant la même menace. A partir de 16 heures du même jour, l’invasion du milieu par des malfaiteurs devenaient de plus en plus visible, en sorte que peu avant la tombée de la soirée débuta les attaques et massacres brutales et tragiques à balles réelles, à machettes, aux houes aux haches etc. dans les quartiers MINIBO et MUTSONGE, causant le bilan que nous avons indiqué dans nos articles précédents. Ces assaillants ont poursuivi leurs opérations dans la nuit en toute quiétude, manifestant l’assurance d’être hors du danger de toute dissuasion. Or la base des FARDC se trouvait seulement à 200 mètres du champ de carnage, et celle de la MONUSCO – ayant été également attaquée par les assaillants – à 300 mètres.
– Or, pendant les jours qui précédaient, c’est- à-dire le 01 mai 2016, le colonel Willy venait de tuer deux civiles à LESE, à cause de leur préoccupation de faire comprendre aux FARDC la nécessité d’organiser la protection du milieu, vu les indices de menaces constatées. Cet officier tentera alors de couvrir ce meurtre en présentant les deux victimes comme des rebelles ADF interceptés. Plus grave encore, des assaillants interviendront pour attaquer et kidnapper 11 personnes au cours de la cérémonie que la population organisa pour l’inhumation de ces deux victimes.
– Au lendemain des massacres du 03 mai 2016, les survivants desdits massacres ont déniché deux tueurs qui avaient égaré leur chemin au moment du retrait, car ne maitrisant pas très bien la géographie du milieu. Ces deux malfaiteurs parlaient en Kinyarwanda et sollicitaient des informations sur le chemin à prendre pour retrouver leur arrière-base. Dans leur colère, les habitants autochtones en ont brûlé un, tandis que l’autre fut secouru, sauvé et protégé par des éléments de FARDC de la 31e Brigade.
– Il est nécessaire de noter que la stratégie des assaillants les a portés à attaquer les bases des Casques bleus Népalais et Malawites de BAUNGACHU-LUNA, sans s’en prendre aux FARDC qui étaient sur place. Cette stratégie consistait à empêcher les contingents de la MONUSCO d’intervenir pour voler au secours des populations prises en proie. Quant aux FARDC, tout le monde s’interroge si leur inaction est preuve de négligence ou d’un ordre reçu de la hiérarchie. D’où, il convient de reconnaitre que certaines opinions accusent à tort la MONUSCO d’inaction ; l’interpellation devrait s’orienter plutôt vers les FARDC qui doivent justifier leur inertie pour ce cas précis.
2. Au sujet de l’administration publique :
– Les opinions auront découvert l’accroissement progressif du bilan des massacres d’Eringeti, jusqu’à 21 personnes tuées.
– Or, il est important de dénoncer le fait que l’autorité politico-administrative du territoire de Beni ne souhaitait pas que le véritable bilan soit rendu public. En effet, des sources témoins des faits dévoilent que le bilan réel des tueries du 03 mai 2016 à Eringeti s’élève à 30 personnes tuées. Cependant, l’Administrateur du Territoire aurait interdit de vulgariser ce bilan alourdi. Pourquoi l’Administrateur du Territoire se sentirait-il alors choqué par la publication de la vérité au sujet de dégât humain enregistré ? Estimerait-il que la gravité de ce dégât soit perçue comme source de scandale ou simplement soit considérée comme un fait honteux en l’endroit des dirigeants du pays dont lui-même fait partie ? En fait, il y a lieu de comprendre que le chef de l’Etat ne réfléchirait pas autrement que ça. Car c’est vraiment une honte et un scandale devant l’humanité entière de constater la preuve d’un tel manque de sens de responsabilité dans le chef de ceux qui prétendent avoir toujours le droit de régner, en dépit leurs échecs criants.
– Quant à la fameuse aide que le Gouvernement Provincial pretendait venir apporter à la population locale, il est nécessaire de souligner que tous les médicaments et tous les moustiquaires que Monsieur Kambumbu Kayenga Martial a distribués à Eringeti le 03 mai 2016 ont été immédiatement récupérés, le même jour, par les « égorgeurs ». Nous insistons là dessus, tout et alos tout a été emporté aussitôt par ces assaillants. N’est-ce pas là une moquerie de la part de ces gouvernants qui prennent ces pauvres paysans comme naìfs, estimant qu’ils soient assez dupes pour ne point comprendre ce genre de ravitaillement indirect en faveur de leurs ennemis?
En fin de compte, tout ce qu’exige la population de Beni-Lubero en particulier, et celle de la R.D. Congo en général, c’est que la Communauté Internationale prenne sa part de responsabilité dans les affaires de massacres à caractère « génocidaire » en cours dans cette partie de la République Démocratique du Congo. Un appel d’enquête internationale est ainsi lancé à la Cour Pénale Internationale (CPI), à Human Rights Watch, à la Section des Droits de l’Homme de la MONUSCO et à l’Amnistie Internationale de jouer pleinement leur rôle. Ces différentes Institutions Internationales sont priées par la population locale de descendre sur terrain pour recueillir les données de leurs cris et d’y trouver l’issue méritée. Car le gouvernement congolais a érigée de barrière à toute volonté d’une enquête objective au niveau national sur la réalité des tueries injustifiables vécues actuellement à Beni.
Chantal Mwengeshali
Beni
©Beni-Lubero Online.





