





Ceux qui pensaient que l’avortement était l’apanage des milieux urbains se sont désabusés en apprenant la nouvelle qui s’est colportée sur les collines de la localité de Mulo au début de la semaine sainte des fidèles catholiques. Pour l’histoire, deux femmes, la trentaine révolue, aidées par Mr. KIKUTSYA qui se faisait passé pour un guérisseur traditionnel spécialiste des maladies des femmes, ont balancé leurs fœtus de plus de cinq mois, l’une dans la rivière Munovo et l’autre dans un WC à Lukanga. Après avoir avalé la ponction de la mort administrée par Munganga Kikutsya, chacune de ces femmes avait tenté de camoufler le crime l’une en allant à la rivière Munovo et l’autre en se rendant dans la localité voisine de Lukanga. Mais hélas ! Au village il n’y a pas de secret. Même une grossesse d’un mois est connue des observateurs. De fois ce sont les gens de l’extérieur qui informent le mari que sa femme est enceinte ! Et dès qu’une femme est répertorié comme enceinte, tout le village est appelé à veiller sur elle car elle est considérée comme malade, « muzito ». C’est ce qui est arrivé dans ce village Mulo. Ces deux infortunées ne pouvaient pas camoufler leurs avortements. Arrêtées et interrogées, ces deux femmes qu’on appellerait des mamans dans quelques mois, n’ont eu comme argument que leur précarité économique qui ne pouvait pas leur permettre d’aller jusqu’au terme de leurs grossesses. Cet argument n’a pas convaincu les habitants du village qui ont tout de suite donné des noms d’autres « femmes-seules » ou « libres » qui avaient accouché dans des conditions similaires et dont les bébés se portent bien grâce à la solidarité familiale. A partir des révélations de ces deux infortunées, le nom de Mr. Kikutsya était sorti comme l’artisan de ces deux avortements qui ont eu lieu en un jour d’intervalle. Aussitôt son nom révélé par le chef du village, les jeunes en colère étaient partis saccagé et brûlé la case de Mr. Kikutsya qui n’a eu la vie sauve que parce qu’il était absent de chez lui. Les policiers mis à ses trousses n’ont eu aucune peine de le capturer. Tous les trois infortunés rattrapés par la loi croupissent actuellement dans la prison de Lubero où ils attendent leur condamnation car leur culpabilité est, selon l’opinion du village, largement prouvée. Après la révélation de ces deux mamans et l’arrestation du fameux guérisseur traditionnel, d’autres langues se sont déliés pour accuser Mr. Kikutsya d’autres cas d’avortement des femmes qui venaient d’aussi loin que Lubero, Kimbulu, Musienene et Masereka pour se débarrasser de leurs fœtus en catimini. Il a fallu que deux femmes du même village que lui, deux femmes déjà connues comme enceintes sollicitent son intervention pour qu’enfin le tueur Kikutsya soit connu du grand public et mis hors d’état de nuire. La destruction de la maison de Kikutsya qui était devenue un abattoir des vies humaines, est un avertissement à ceux qui se rendraient coupables du même crime.
Frère Richard Kombi, O.S.C.,
Mulo
Beni-Lubero Online





