




Ceux et celles d’entre nous qui écoutent la radio Okapi et/ou fréquentent son site Internet doivent avoir appris que deux rwandais, le lieutenant, Olivier Nibutchimala, et l’adjudant en chef de Patrick Munyazi ont été extirpé des rangs du CNDP, mouvement politico militaire de Laurent Nkunda, dans le camp de brassage Lukusa. Ces sujets rwandais ont été présentés vendredi 18 avril 2008 à la presse, à Kisangani, par le commandant de la 9e région militaire, le général Jean-Claude Kifwa. Selon la radio Okapi, "c’est en janvier dernier que ces deux militaires ont été admis dans ce camp pour le compte du CNDP dans le cadre du processus de brassage." Et se confiant à la radio Okapi, le général Kifwa a soutenu que "le premier, le lieutenant Nibutchimala est lui-même passé aux aveux. Il s’est présenté comme un sujet rwandais et a exprimé le désir de regagner son pays natal. Quant à l’adjudant Munyazi, il a été reconnu par un des instructeurs du centre de brassage comme ayant été rapatrié au Rwanda en mai 2007 par la Monuc, sur sa propre demande. Il s’est retrouvé au camp Lukusa comme élément de la 15e brigade avant de reconnaître son appartenance au CNDP."
Un arbre qui cache la forêt
Cette extirpation des sujets rwandais dans l’armée congolaise est un arbre que cache une forêt ayant poussé longtemps avant la constitution du CNDP de Laurent Nkunda. Nous allons y revenir. En plus du fait qu’elle met à nu les mensonges de Kigali et de Nkunda affirmant que le Rwanda ne soutient pas le CNDP, elle vient confirmer les propos de ce même Nkunda au sujet des Congolais.
Ceux et celles d’entre nous ayant lu l’interview dont la publication avait malencontreusement attribuée à l’agence Misna avant que Nkunda n’en reconnaisse la paternité savent qu’à cette question "pouvez-vous affirmer ou infirmer l’affirmation selon laquelle il y aurait des officiers et des soldats rwandais au sein du CNDP et FARDC?", Nkunda avait répondu comme suit: "Eh bien! Si vous attendez par soldats rwandais tous ceux qui ont servi un jour dans le Front Patriotique Rwandais le FPR et ensuite dans l’Armée Patriotique Rwandaise l’APR du général Paul Kagame, alors le peuple congolais a un problème à résoudre, car son propre Président élu au suffrage universel direct à plus de 58 % des voix, je cite Joseph Kabila, est non seulement d’origine Tutsi comme moi, mais il est aussi un ancien soldat du FPR comme moi. Cherchez donc l’erreur." En extirpant des sujets rwandais dans l’armée Congolaise, le général Jean-Claude Kifwa révéler que les Congolais n’entendent pas uniquement par "soldats rwandais tous ceux qui ont servi un jour dans le Front Patriotique Rwandais le FPR et ensuite dans l’Armée Patriotique Rwandaise l’APR", ils entendent aussi par soldats rwandais des sujets rwandais de souche ayant infiltré l’armée congolaise et les mouvements "collabo" du Rwanda comme le RCD et le CNDP. Et, c’est le général Kifwa qui le dit: « Quand un étranger intègre votre armée, il vient pour vous détruire. Il ne vient pas pour faire un cadeau. Il vient pour vous déstabiliser et pour créer l’insécurité, parce que dans la politique de la défense, il y a des secrets. Et si vos secrets sont à la merci de n’importe qui, il faut croire que vous n’avez pas une bonne défense ». Que les deux Rwandais affirment que "certains de leurs compatriotes se trouvaient encore dans les rangs des éléments en brassage", voilà qui met sur la place publique un secret de polichinelle.
De ce qui précède, nous pouvons enfoncer une porte ouverte en affirmant que tous les supplétifs du Rwanda, à quelque niveau d’infiltration qu’ils se trouvent chez nous au Congo, travaillent à sa déstabilisation et la création de l’insécurité. Les dernières preuves ont été données par l’exportation d’une méthode très pratiquée par le FPR/APR au Bas-Congo: les fosses communes. Donc, "les compatriotes Rwandais" ne se retrouvent pas uniquement sur "le site" du brassage. Ils font partie de l’armée Congolaise. La débâcle de Mushake est l’une des preuves encore présentes dans la mémoire des "Kabulekedi nansha bidimu biapita nkama", les veilleurs-protecteurs de la mémoire historique de nos populations. En effet, à Mushake, les étrangers présents dans notre armée ont fait cadeau à leur allié Nkunda d’un lot important d’armes de guerre et des malles d’argent après avoir détruit des milliers des vies congolaises.
Une conséquence de nos engagements irresponsables
Jean-Claude Kifwa vient reposer, à sa façon, la question de la congolité de nos institutions et de ceux qui les animent. Il repose aussi la question de la sincérité des animateurs de ces institutions et de Nkunda à la Conférence de Goma. Celle-ci, pour avoir retenu le brassage dans ses résolutions, serait l’un des mécanismes officiels de l’infiltration de nos institutions par des étrangers. Par ailleurs, les deux menus fretins dénichés sur le site du brassage à Kisangani ne représente rien par rapport aux masses d’infiltrés siégeant au gouvernement, dans les entreprises publiques, à l’Assemblée Nationale, etc. Est-ce un hasard que le moratoire sur la double nationalité puisse courir jusqu’à ce jour?
Ceux et celles d’entre nous qui prennent le temps de lire et qui ont effectivement lu les rapports de la Monuc sur les pillages des ressources du sol et du sous-sol congolais savent que l’infiltration des institutions congolaises est l’une des donnes importantes dans la constitution des réseaux d’élite de prédation et dans la réalisation des visées hégémonistes du Rwanda ainsi que celles de ses parrains.
Encore une fois, à travers le geste posé par Jean-Claude Kifwa, nous sommes rattrapés par l’histoire. Pour avoir accueilli "un conglomérat d’aventuriers", supplétifs du Rwanda, du Burundi et de l’Ouganda soutenus par "les maîtres du monde", pour avoir avalisé par action ou par omission une mascarade électorale se moquant du recensement des Congolais, pour avoir tourné en dérision le débat sur la congolité lors de cette mascarade électorale, nous payerons, pendant longtemps, les conséquences collectives de ces engagements irresponsables. A moins que, par un sursaut d’orgueil, une autre classe politique congolaise se lève et chasse rapidement du pouvoir les hommes et femmes liges qui nous gouvernent actuellement.
"Le peuple congolais a un problème à résoudre" disait Nkunda dans l’interview susmentionnée. Point de vue que nous partageons un tout petit peu dans la mesure où ce peuple se laisse facilement abuser par "des libérateurs de tout poil" sans, au préalable, un examen sérieux de leurs identités, projets, profils, etc. Appauvries, affamées, abruties, imbécilisées, clochardisées, nos populations deviennent souvent les proies faciles entre les mains de "leurs excellences" et autres "marchands des miracles".
Hélas! Au vu de la tragédie que connaît notre pays aujourd’hui, culpabiliser nos populations seraient trop beau pour être vrai. Nos populations savent aussi donner du temps au temps.
Ce qui est certain est que nous avons "un conglomérat d’aventuriers" dans nos institutions, conscient de ce qu’il fait. Il noue des alliances avec le bon Dieu et/ou le Diable pourvu qu’il ait accès à la mangeoire et dispose d’un usage illégal de la force pour remettre les critiques de sa boulimie mégalomaniaque dans les rangs.
Aussi est-il certain que ce jeu est connu et décrié. A côté de ce "conglomérat d’aventuriers", se lèvent, au Congo et à travers le monde, des filles et fils du Congo décidés à reconquérir la souveraineté politique, sociale, économique et culturelle de leur pays. A tout prix! Cette lutte prend et prendra du temps. L’essentiel est qu’elle se mène et sur plusieurs plans.
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J.-P. Mbelu
Bruxelles (Belgique)
Beni-Lubero Online



