





Une préoccupation légitime pourtant sabotée par les tenants du pouvoir
Exactement trois mois se sont écoulés depuis l’enlèvement des deux prêtres de la paroisse de Bunyuka, dans le diocèse de Butembo-Beni, tel que l’événement était intervenu dans la nuit du 16 au 17 juillet 2017. Pendant plusieurs semaines, le clergé catholique de Butembo s’est efforcé de mobiliser aussi bien les services étatiques compétents que des personnes de bonne volonté en vue de retrouver les deux prêtres, mais en vain. Et, pourtant, parallèlement à cette préoccupation, un réseau d’escrocs hautement manipulé que beaucoup croient être d’une manière ou d’une autre de mèche avec les bourreaux du peuple de Beni-Lubero à cause de leur excès de cupidité, ont malgré tout bouffé une rançon importante au dépens du diocèse de Butembo-Beni.
Ce qui énerve les opinions aujourd’hui
Ce qui énerve les opinions actuellement, c’est le fait que tout juste au terme de deux mois sans nouvelles sur les victimes, l’officiel surprend le public par une information d’arrestation au Rwanda d’une personne que les autorités congolais présentent comme le cerveau moteur de l’enlèvement des prêtres de Bunyuka. Ce prévenu du nom du colonel Guillaume, arrêté à Gisenyi/Rwanda le 16 septembre 2017 fut alors extradé à Goma le lendemain. Dans l’enthousiasme d’une telle nouvelle, toutes les personnes préoccupées par la disparition desdits prêtres attendaient désormais impatiemment que les autorités usent de tous les genres de pression sur celui qu’elles ont présenté comme le « cerveau moteur » dudit kidnapping, afin d’obtenir la libération immédiate des victimes. Grande est alors maintenant la déception de constater que les deux prêtres demeurent toujours sans aucune nouvelle plus de trente jours après l’appréhension du cerveau moteur.
Un jeu de manipulation ne fait aucun doute
On comprend aisément que la vie de nos prêtres est placée dans un jeu de manipulation à haute portée. En effet, que représente ce cerveau moteur qui ne peut pas obtenir la libération tant attendue de ces prêtres innocents? Les autorités congolais ont insisté à préciser l’identité du cerveau moteur et son appartenance ethnique: c’est un Nande qui est de surcroit un responsable mai-mai, a-t-on souligné. Ce n’est pas en vain que ces détails sont donnés. Le pouvoir s’épanouit dans l’argumentation de sa thèse privilégiée cherchant à prouver contre vent et marin que les semeurs des troubles, d’insécurité et des massacres dans la région de Beni-Lubero sont des autochtones eux-mêmes. Il s’agit d’un effort indéniable d’incriminer les victimes. Peu importe! Malheureusement on constate avec évidence que rien n’est fait pour confirmer devant les opinions que le prévenu cerveau moteur l’est effectivement, quand le pouvoir ne peut pas exploiter l’opportunité de son arrestation pour afin retrouver les prêtres kidnappés. Pourrait-on penser à l’incapacité des autorités ou de leur incompétence à gérer un tel dossier?
L’affaire de la disparition des prêtres de Bunyuka rappelle celle de l’enlèvement des trois autres prêtres catholiques à Mbau en octobre 2012, soit depuis déjà cinq ans. Les autorités n’ont pourtant cessé de narguer les opinions et le public exactement de la même manière qu’elles gèrent aujourd’hui le dossier des deux victimes de la paroisse de Bunyuka.
D’où, compte tenue de l’inertie et des manœuvres dilatoires observées dans le chef desdites autorités, il y aurait lieu de croire à leur complicité. En guise de preuve, le gouverneur de province du Nord-Kivu, Monsieur Julien Paluku a usé de tout son poids pour soustraire à la tractation judiciaire la deuxième équipe des complices dudit kidnapping, parmi lesquels figure Monsieur Jonas Kabuyaya de l’ANR, qui ont été arrêtés à Butembo le 18 septembre 2017 et transférés à Goma, après avoir été dénoncés par le fameux « cerveau moteur » coincé par l’interrogatoire du tribunal.
Bref, en considérant ce qui précède, les autorités politico-administratives et sécuritaires du milieu, agissant sur l’ordre du pouvoir en place, sont les seules qui connaissent le sort des prêtres recherchés. Il faut qu’il les rendent (vivants ou morts selon le sort qu’elles leur ont infligé) à leur diocèse, leurs familles et leurs amis qui ont tous unanimement besoin d’eux.
Katsumbano Mulere Dubois
Butembo.
©Beni-Lubero Online.





