





Dr Auguste MUPENZI MUMBERE
Ville de Butembo en Province du Nord-Kivu
Email: mupjahman80@yahoo.fr
OBJET : Lettre ouverte au Président de la République Démocratique du Congo
Excellence Mr le Président,
En 2001, lorsque vous accédez au pouvoir en succession à votre défunt père d’heureuse mémoire, l’unanimité du peuple congolais était plus que sceptique sur le futur de notre Grande Nation, la République Démocratique du Congo alors en proie aux guerres venant des quatre points cardinaux du pays. Les indicateurs étaient tout au rouge et le spectre d’une somalisation de ce vaste géant brandissait son triste visage à l’horizon de notre avenir.Mais très vite, grâce à votre sagesse, votre esprit d’écoute, de tolérance et de détermination, notre chère Nation a très vite repris espoir malgré le long, difficile et tortueux chemin de la réunification et de la démocratisation, vaste et historique chantier qui jusqu’à présent vous place dans le panthéon des grands présidents africains et congolais : la mise en place de la Constitution de la III è République par un référendum largement populaire, la transparence , la crédibilité des élections et le fonctionnement démocratique des institutions en font preuve, du moins jusqu’à ce jour . Le peuple Congolais vous en sera infiniment reconnaissant. Tous ces acquis sont une fondation solide de l’avenir de ce pays que d’aucuns, naguère, considéraient comme condamné au destin de l’anarchie, de la misère et de la balkanisation. Désormais certains versets de notre hymne national peuvent revêtir un sens : « bâtir un pays toujours plus beau qu’avant. »De 2001 à 20011, le temps s’est écoulé et comme le dit si bien ce dicton populaire, à d’autres temps correspondent d’autres mœurs. Un mandat est en train de s’achever, les élections se profilent à un horizon qui n’est plus loin. Les activistes politiques affutent leurs armes et mettent de l’ordre dans leurs états-majors respectifs pour remporter les échéances. Belle bataille démocratique en perspective ! Et souvent dans leur acharnement à rafler les voix du peuple et à conserver le pouvoir, certains politiciens véreux peuvent plonger dans des erreurs parfois fatales dans bien de circonstances et sur ce chapitre, moult pays africains sont riches en leçons pour notre Nation(le Niger de Mamadou Tanja étant parmi les exemples les plus tristes). Récemment, un débat que je juge d’emblée tout aussi inopportun que périlleux est en train cristalliser une tension au sommet de l’Etat. J’ai l’impression que ceux qui autour de vous s’adonnent à cœur joie à ce jeu dangereux et fatidique n’ont pas la moindre idée, qu’en jouant avec les étincelles, les enfants finissent par mettre le feu à leur propre village. Dans tous vos discours à la Nation, vous avez toujours réaffirmé votre ferme volonté d’être le défenseur le plus farouche de notre Constitution, ce texte sacré, cette bible, ce coran que nous avons choisi et accepté comme la lampe de nos pas, le fil d’Ariane de notre quête d’un Etat fort, viatique et garantie de souveraineté pour la multitude des générations futures, qui ont choisi le Congo comme leur patrie. Je ne pourrai même pas revenir sur les arguments que brandit la majorité politique dont vous êtes le chef à la fois moral et politique, tellement ils sont enfantins, fallacieux et démagogiques, relents d’un amateurisme indécent et non respectueux du peuple congolais. Comment un esprit sain comprendrait qu’au nom d’un imprudent repositionnement politique, nous soyons amenés à modifier la Constitution ? Pas d’argent pour l’organisation des élections respectueuses des dispositions constitutionnelles, il faut empêcher la bipolarisation du pays qui proviendrait d’une élection à deux tours, chantent matin et soir les acteurs de la majorité présidentielle… Pourquoi ne l’eût-on pas modifiée parce que l’on manquait l’argent pour la mise en place des 25 provinces prévues par celle-ci ? Pourquoi ne la modifie-t-on pas parce que le gouvernement ne sait pas trouver l’argent pour rendre la scolarité de base gratuite ? Qu’est ce qui les empêche de la modifier puisque les droits des agents de l’Etat sont foulés au pied, le gouvernement ne disposant pas d’assez de moyens pour payer leurs salaires ? La majorité présidentielle connaîtrait donc d’ores et déjà les compétiteurs du problématique deuxième tour avec leurs provenances géographiques respectives?
Excellence Monsieur le Président, Je sais que vous êtes très au-dessus de toutes ces cogitations et que de là où vous êtes, vous vous attristez de cette pitrerie qui se joue en votre nom. Mettez-y un terme et rappelez à l’ordre ce monde de politiciens prêts à tout jusqu’au suicide collectif pour conserver leurs postes de ministres ou de parlementaires, ceci même au mépris de la volonté populaire. Vous êtes le timonier et seul vous pouvez encore sauver ce qui peut l’être de ce grand titanique qui chavire: allons aux élections dans la sérénité et l’esprit républicain car qu’est ce qui se passerait si les ennemis de la République l’emportaient tout de même en dénaturant notre Constitution ?… Toute la population comme un seul homme se coalisera pour les battre au fatidique unique tour des élections et comme ils sont déterminés à rester au pouvoir contre vents et marées, ils ne voudront pas partir comme telle sera la volonté irrévocable du peuple…. Face à un tel scénario, nous serons rentrés dans la logique de l’illégitimité et l’illégalité des pouvoirs, recommençant ainsi un cycle infernal de violences et de contestations qui ne seront d’aucune utilité à personne. Repoussez donc loin de vous tous vos ennemis, qui sont ceux du peuple congolais. Celle-ci est ma crainte que partage la plupart des Congolais et qui est certainement la vôtre. Soyez ainsi assuré de notre soutien dans la lutte contre les ennemis de la République et de la Constitution.
Mes sentiments patriotiques,
Dr Auguste MUPENZI MUMBERE
Butembo
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