





Après Beni où BLO avait fait état de la grogne de la population contre le PNUD qui n’engageait que des étrangers, c’est le tour de Dungu, une cité située en cheval de la rivière Kibali, en Province Orientale d’être le théâtre d’une manifestation de la population contre les ONG internationales qui y implantées.
Rond Point de DUNGU
Pourquoi manifester contre des humanitaires et non contre l’Etat? Seul Dungu a la réponse. La mobilisation était totale contre ces ONG qu’on accuse de plus en plus comme des bras séculiers de l’occupation de la R.D. Congo. Si au 19ième et au 20 ième siècles, les impérialistes avaient utilisé les missionnaires avec les programmes comme Baptême contre scolarisation et sédentarisation, au 21 ième siècle, la multitude des ONG semblent avoir remplacé les sociétés missionnaires. L’objectif visé reste pourtant le même, à savoir, convaincre le congolais que sans l’Occident, il ne peut rien faire. Ce qui parait une vérité dans la situation actuelle du Congo où la réalisation de ce qu’on appelle projet national dépend de l’étranger. Si cette vassalisation de la nation est l’œuvre des gouvernants politiques, les communautés paysannes vivent en marge de la haute politique et de la haute finance. Elles sont toujours responsables de leur localité et travaillent avec les moyens de bord pour améliorer ses conditions de vie. C’est ainsi que quand ces communautés paysannes attendent parler d’une aide d’un ONG, elles pensent à une aide et non à une colonie de peuplement d’experts et d’ouvriers, tous importés d’autres pays et d’autres provinces mal famées. La conséquence de ces colonies humanitaires, c’est de promettre un développement mais un développement dans lequel aucun ressortissant du village ne possède une position de leadership même à un échelon inférieur. C’est ce genre de triste constat qui pousse actuellement les populations de certaines contrées à manifester contre les ONG internationales. On demande aux ONG d’être vraiment humanitaires, au service des communautés locales et avec les communautés locales. Les critères de diplôme ainsi que les barrières de la langue des humanitaires expatriés devraient pousser les ONG internationales vers une collaboration plus franche avec les ONG et locales pour résoudre le problème de la haute bureaucratie des ONG qui de fois empêche la simple distribution de l’aide !
A Dungu, les ONG internationales n’ont pas engagé un seul ressortissant de la place pour plusieurs raisons dont notamment le critère de compétence. Se sentant humiliés par leur absence de la chaine de commandement des ONG internationales travaillant à DUNGU, plus de 1000 manifestants dont des élèves, enseignants ainsi que tous les membres de la société civile de la contrée, ont manifesté leur ras-le-bol au bureau de l’Administrateur du Territoire de Dungu où ils ont déposé un mémorandum avant de traverser la rivière Kibali pour faire un sit in au Bureau du Diocèse Catholique de Dungu-Doruma en passant par le quartier UYE.
Cathédrale du Diocèse de Dungu-Doruma
S’exprimant sur l’objet de leurs manifestations, ces habitants réclament l’association des originaires du territoire de Dungu aux postes de commandement au sein des ONG internationales œuvrant dans le territoire, la reprise des travaux de réhabilitation du bureau de l’administrateur du territoire, travaux initiés par la MONUC mais jamais achevés. Selon ces manifestants, ces travaux avaient été exécutés par des matériaux de basse qualité au point que, par exemple, un bâtiment réhabilité ne donne aucune garantie de longévité.
Selon un responsable d’une ONG qui a requit d’anonymat, tout le processus de recrutement est soumis à la validation de l’Inspecteur du Travail compétent en la matière. Aussi, toutes les offres d’emploi sont affichées dans des lieux publics. L’opportunité est offerte à tous ceux qui sont aptes de faire la demande et de passer le test. A la grande surprise, ceux qui réussissent au test sont souvent des candidats étrangers au Territoire voire à la Province. Les candidats de Dungu seraient ainsi désavantagés non seulement à cause des atrocités commises par les rebelles ougandais de la LRA mais aussi parce qu’il n’y a pas d’institutions supérieurs et universitaires, pas de centres pour la formation en informatique, condition requise pour certains postes de commandement.( NDLR: A Beni où il y a des universités et des centres de formation en formatique, le PNUD n’avait pas fait mieux)
D’après ce responsable, la manif risque de décourager les donateurs qui se coupent en morceaux pour réunir des fonds nécessaires en vue de l’aide au Congo.
Interrogé au téléphone, l’Inspecteur du travail d’Isiro, a fait savoir qu’en matière de travail, tous les fils et filles de la République démocratique du Congo ont droit d’œuvre dans tout le pays sans discrimination à condition de suivre un processus de recrutement légal et de travail au service de la communauté. Cette réponse de l’Inspecteur démontre bien le fossé qui existe entre les dirigeants politiques et leurs administrés. Là où les habitants de Dungu cherchent le modèle de développement par participation active, l’Inspecteur du Travail parle de loi, la lettre sans l’esprit…
Eugide Lalé Mbunda
Bunia
Beni-Lubero Online





