





Les hommes passent, mais Butembo reste. Le Colonel AMISI Kasilembo William, Commandant du 11ième secteur opérationnel au Nord-Kivu remplace le Colonel Donat Mandonga à la tête des Fardc de la Ville de Butembo à la grande joie de la population locale. C’est depuis ce jeudi 03 Février 2011 que les bubolais ont vu s’éloigner les hommes de Mandonga qui ont endeuillé la ville pendant prés d’une année. Ils avaient besoin d’une demi-journée pour charger leurs bagages à bord de 4 véhicules Fuso réquisitionnés auprès de paisibles citoyens pour cette fin. Il était 15h00, lorsque ces hommes ont enfin quitté la ville, laissant derrière eux une population qui n’a gardé d’eux que des mauvais souvenirs. En effet, le sang a beaucoup coulé à Butembo pendant le mandat du Colonel Donat Mandonga. Les assassinats, les vols en mains armés et autres exactions terrifiantes étaient attribués aux hommes en uniforme sous son commandement.
Le Colonel Donat Mandonga lors de l’enterrement de deux Fardc à Butembo
La richesse amassée à Butembo par le colonel Mandonga et ses hommes s’est fait voir lors du chargement des bagages. Donat avait pour lui tout seul deux voitures, plusieurs Motos, postes téléviseurs, groupes électrogènes, chaises et tablettes de luxe, lecteurs et récepteurs numériques, téléphones avec double, triple, quadruple et même quintuple sims, etc. C’est effectivement des effets du même genre que les tueurs ravissaient et continuent de ravir de leurs victimes. Selon plusieurs sources, d’autres voitures appartenant au Colonel Donat sont restées dans la ville de Butembo pour y faire du taxi. On ne peut vivre à Butembo sans devenir commerçant! Le cas de Donat vérifie cet adage !
Butembo, depuis le temps de Mobutu constitue un eldorado pour les militaires et les fonctionnaires de l’Etat. On a vu le colonel Donat arrivé pauvre à Butembo. Quelques mois après, il quitte avec beaucoup de biens, une tenue vestimentaire que seuls les plus riches se permettent.
Sa dernière démonstration de fortune reste l’ouverture d’un bistrot de première classe au Quartier Rughenda, Commune Bulengera, dans une ancienne résidence des contingents indiens de la MONUSCO. Ce bistrot n’aura duré que trois semaines. Le départ du colonel Donat de Butembo comme celui de ses prédécesseurs était douloureux selon ceux qui ont assisté à son voyage.
Occupant un ancien bureau des services de l’aéronautique, le colonel, tel un ministre d’Etat, traînait avec lui une bonne fortune qui surprenait nombreux de ceux qui l’ont vu arriver dans la Ville sans bagages. Electricité permanente, musique, champagne à tous les repas dans un salon garni des meubles d’un saoudien. Quand on connait le salaire d’un militaire congolais, on ne peut s’empêcher de conclure que tous ces biens étaient mal acquis ou volés. L’implication des éléments du colonel Donat dans plusieurs cas d’insécurité en Ville et ses périphéries notamment sur l’axe Butembo- Karuruma- Kasindi était soupçonnée derrière chaque attaque à mains armées. Le 05 novembre 2010, 5 de ses éléments et quelques civils étaient tués dans une embuscade leur tendue par d’autres éléments FARDC à Isale/Mwighalika dans le Graben. Ces hommes transportaient des haricots et autres vivres récoltés par les militaires locaux dans les champs des paysans pour le colonel Donat qui faisait aussi du commerce des haricots. Mécontents de ce geste, et insatisfaits de leur part, certains militaires de Mwighalika avaient décidé d’attaquer le Fuso quelques kilomètres plus loin. Officiellement, l’attaque meurtrière était attribuée aux éléments ADF-NALU. Mais la vérité est que c’était une affaire entre Fardc. Les civils du coin ont du payer cher ce mensonge car de Butembo, sans froid aux yeux, le colonel Donat avait envoyé des troupes pour chercher ces ADF-NALU parmi les paysans. Si en Territoire de Beni les bevues des Fardc sont attribuées aux ADF-NALU, en Territoire de Lubero, on les attribue aux FDLR et Mai-Mai Pareco. Mais comme dans le cas de l’attaque d’Isale, la vérité est tout autre.
Des jeunes du Parlement Débout de Furu avaient écrit un mémorandum condamnant d’autres agissements du Colonel Mandonga, notamment son implication dans la vente de drogue et de boissons prohibées dans la ville et ses périphéries.
Cependant interrogé par la presse sur la source de sa fortune, le Colonel Mandonga s’est limité à parler des dons de la population de Butembo, notamment la Fédération des Entreprises du Congo, FEC.
Le colonel Mandonga est muté pour Rutshuru où il était avant de venir à Butembo. Une source militaire a confié à la presse locale sous le sceau de l’anonymat que le Colonel Mandonga qui se faisait déjà appelé « Igwe » échappait de plus en plus au contrôle de sa hiérarchie. Avec son autonomie financière, il commençait à agir comme un électron libre dans une armée où les hauts gradés cloués dans leurs bureaux vivent de ce qu’on appelle « opération retour » et autres versements venant de leurs subalternes. La mutation du Colonel Donat, est ainsi perçue comme motivée par son manquement aux consignes de l’hiérarchie. Cela peut expliquer le mécontentement perceptible sur les visages des militaires et leurs épouses qui partaient de Butembo dans le convoi du colonel Mandonga. On se rappelle que ces derniers se comportaient en roitelets dans les petits marchés du quartier Rughenda où ils faisaient la loi. On a vu que toutes les cases construites au Camp Militaire de Rughenda ont été détruites par les partants. Aucun souci de leurs remplaçants qui devront donc tout reconstruire sur le dos de la population locale.
Les bubolais peuvent-ils exprimer un Ouf de soulagement ? Très tôt pour le dire. C’est au Colonel Amisi, tout beau car tout nouveau, d’y répondre. L’appartenance de la nouvelle équipe au CNDP pousse au scepticisme. Il n’y a plus l’ombre d’un doute que le CNDP même intégré aux Fardc a un agenda caché, celui de faciliter un jour, si toutes les conditions sont réunies, la balkanisation de la R.D.Congo. Dans l’entourage du nouvel homme fort de Butembo, on a déjà aperçu des officiers tels Colonel Mushimba et Colonel Bisamaza Richard, tristement célèbres au Sud du Territoire de Lubero lors des fameuses opérations militaires contre les FDLR et les groupes armés résiduels qui avaient fait plus de mal aux populations civiles qu’aux FDLR eux-mêmes.
Colonel Donat lors de la dernière causerie morale (?) aux troupes de l’aéroport de Rughenda
Le fait que ces mêmes commandants vomis par les populations civiles sont les mêmes qu’on permute dans la même province, est un signe qu’on est encore loin du brassage national attendu au sein de l’armée. Le CNDP s’accroche toujours au territoire qu’il convoitait pendant la guerre d’occupation, une guerre d’occupation qu’il poursuit visiblement sous la bannière des Fardc. La même guerre d’occupation se poursuit dans d’autres secteurs, tels les entreprises de l’Etat, la douane, la justice, les affaires foncières, etc. où les congolais n’appartenant pas au CNDP sont mis en dispo. L’aboutissement de ce remplacement des cadres étatiques et paraétatiques est ce qui fait craindre une occupation et une balkanisation en cours d’exécution.
Les élections prochaines peuvent-elles jouer en faveur d’une accalmie trompeuse à Beni-Lubero? C’est ce que plusieurs observateurs espèrent. Mais compte tenu du fait que le CNDP et le Rwanda n’ont jamais été aussi proche de la réalisation de leur rêve de coloniser le Kivu et l’Ituri, c’est le cas de l’infiltration quotidienne des Rwandais au Sud du Territoire de Lubero, plusieurs observateurs s’attendent à ce que le CNDP continue à consolider ses acquis. Les parrains internationaux de ce projet machiavélique feraient tout pour que Joseph Kabila qui a permis au CNDP de gagner du terrain soit réélu pour permettre au CNDP-Rwanda de finaliser le projet d’occupation et de la balkanisation de la R.D.Congo. Cependant s’il y a accalmie trompeuse, elle sera l’œuvre de Joseph Kabila qui sait que, pour retrouver un peu de crédibilité dans cette partie du pays, il doit peser de tout son poids pour dompter pendant un temps les velléités du CNDP, mettre fin aux massacres des civils et à l’impunité, rouvrir la région à l’armée nationale républicaine, etc.
Devant tout ces scenarii, les congolais n’ont pas d’autre choix que de s’organiser pour poursuivre au niveau national et international, la lutte contre la balkanisation du pays.
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