





Ne pouvant plus se tenir indéfiniment en spectateurs devant la tragédie qui extermine les citoyens congolais « Nande » du territoire de Beni, les patriotes Mai-mai ont finalement décidé de revenir au plateau de leur noble mission d’autodéfense populaire.
C’est une intervention qui transcende toute catégorisation en termes de tel groupe Mai-mai ou tel autre. Il s’agit d’une alliance de tous les patriotes épris du souci de la défense des civils sans défense livrés à l’extermination depuis deux ans entiers dans le territoire de Beni.
Venu de tous les coins du territoire de Lubero, mais spécialement de sa partie sud, une multitude des patriotes Mai-mai s’est retrouvée vendredi à Butembo en vue de mener une descente musclée sur les égorgeurs à Beni. Le vêtement en blanc adopté par ces combattants est juste signe qu’ils viennent restaurer la paix dont la dimension échappe finalement aux autorités nationales et locales congolaises ainsi qu’à leurs agents de sécurité et de défense qui sont déployés par milliers (environ 20.000 militaires) à Beni, mais sans aucun résultat positif.
Aussi, à chaque pas de leur progression vers Beni, ces Mai-mai ont voulu se montrer véritablement « patriotes » en montrant sa volonté de se soumettre dans la collaboration avec les institutions publiques: à leur déport de Lubero, ils ont sollicité une autorisation de déplacement officielle auprès de l’Administrateur du territoire. Au niveau de Butembo, ils ont voulu confirmer cette bonne intention en remplissant la même formalité auprès de la Mairie de cette ville, avant d’amorcer la descente sur Beni.
Cependant, les mauvaises langues de l’armée nationale déployées pour des préoccupations autres que la reconquête de la paix dans Benilubero ont plutôt tenté vainement de les neutraliser à Butembo. Au bilan, un militaire FARDC tué, d’autres ayant été blessés, et des armes desdits militaires saisies (y compris une lance-roquette) par les Mai-mai. Du côté des Mai-mai, aucune victime. Du côté des civils, les FARDC ont lancé un obus de roquette sur une école, faisant plusieurs morts et plusieurs blessés dont des élèves et professeurs. Et pourtant, ces Mai-mai ne sont armés de pierres, lance-pierre, bâtons, lances, arcs, flèches et machette.
Cet obstacle n’a pas empêché les Mai-mai à poursuivre leur objectif vers Beni où des multitudes innombrables des personnes les attendaient en héros. C’est donc avec l’honneur de roi et des princes que les patriotes Mai-mai ont été reçus à Beni et à Butembo au samedi 15 octobre 2016.
Cet enthousiasme fut renforcé davantage, quand ces patriotes se présentèrent comme des « Bakombozi », terme swahili signifiant « les libérateurs ».
A Beni, environ deux mille (2.000) jeunes gens se sont aussitôt joints à eux pour amorcer immédiatement la fouille des brousses et forêts qui serviraient de cachette aux égorgeurs dans la périphérie de la ville. Parmi les premiers résultats de cette fouille, on enregistre la découverte successive de trois camps des égorgeurs qu’ils venaient chaque fois d’abandonner à l’approche des braves patriotes accompagnés par la jeunesse locale.
Forts de cette détermination, les Mai-mai se sont résolus d’ériger leur campement en brousse, dans cette forêt de la mort, pour stopper définitivement d’autres débordement des égorgeurs vers la ville.
La population, pour sa part, a engagé une collaboration maximale avec ces patriotes. Des contributions spontanées se sont tout de suite amorcées pour assurer la prise en charge des « libérateurs » en vivres et en vêtements.
Cependant, il a été constaté avec déception les faits ci-après:
– les camps des égorgeurs dénichés étaient toujours à proximité des positions ou camps des FARDC, comme s’ils partageaient leur vie de maquis avec ces soldats congolais;
– que chaque fois les égorgeurs qui venaient de quitter fraichement leur campement recherchaient asile dans le secteur couvert par les troupes gouvernementales congolaises, plus précisément dans le rayon du quartier général du commandement de Sokola 1/sud basé à Nyaleke;
– la manière dont les égorgeurs quittaient fraichement leurs campements devant l’avancée des Mai-mai trahissait une fuite d’information sur la progression des Mai-mai par des intrus (collaborateurs des égorgeurs) qui se cachent parmi la population ou dans les institutions;
– le général Fall Sikabwe, qui était dans la ville de Beni, a fui devant l’entrée pourtant pacifique des Mai-mai dont la population locale applaudissait l’arrivée;
– les casques bleus Tanzaniens présents ont dû bon sollicité les FARDC à profiter du courage des Mai-mai qui venaient d’arriver en vue de pousser jusqu’au plus loin possible avec la fouille des ennemis qui ont multiplié ces jours des attaques et massacres au cœur de la ville de Beni, mais les FARDC, sur ordre de Fall Sikabwe, ont été interdits tout mouvement vers la brousse contre les tueurs;
– au contraire, le dimanche 16 octobre 2016, les officiers de Sokola 1, se réunissaient autour de Fall Sikabwe pour planifier comment pulvériser les Mai-mai qui ont décidé d’instaurer une ceinture de sécurité, à partir de la forêt même, pour protéger la ville contre toute tentative d’une nouvelle incursion des égorgeurs.
Ce phénomène Mai-mai, tel qu’il a été observé ce dernier weekend à Lubero, à Butembo et à Beni, dénote un vide scandaleux de l’autorité de l’Etat.
Grande est pourtant la crainte de voir les manipulateurs gouvernementaux, ceux-là mêmes qui font exécuter les massacres de Beni, détourner ces compatriotes de leurs objectifs initiaux qui consistent à neutraliser les égorgeurs, restaurer définitivement la paix dans la région de Beni et permettre aux déplacés de retourner travailler leurs terres.
Baudouin KYAVAGHENDI
Beni
« On comprend ainsi le grave danger de toute rallonge au pouvoir de Joseph Kabila. Les congolais dignes de ce nom doivent refuser toute forme de transition. En effet, au vu de ce qui se passe au Kivu-Ituri, toute transition au-delà de décembre 2016, donnerait du temps et des moyens au gouvernement congolais qui est, de toute évidence, complice de l’occupation rwandaise du Kivu-Ituri en cours » (Père Vincent MACHOZI, le 19 mars 2016, parole qui a valu son assassinat le jour suivant).
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