





Cette interrogation taraude les esprits au Kivu-Ituri. En effet, il s’observe une politique de deux poids, deux mesures de la part des Fardc dans leur manière d’aborder la question des FDLR et des Mai-Mai . Là où l’on s’attend, par exemple, à une attaque contre les FDLR à la suite d’un massacre des civils leur attribuer, les Fardc commencent par s’attaquer aux soi-disant Mai-Mai même dans des endroits où ces derniers ont cessé d’exister. Dans certains endroits, des faux Mai-Mai sont crées par les Fardc pour justifier une attaque militaire contre eux, avec au passage des tueries et le pillage des biens des populations civiles.
On se rappelle bien que, après l’expiration de l’ultimatum du 2 janvier 2015 contre les Forces Négatives FDLR, le gouvernement congolais avait déclaré en mars 2015 n’avoir plus besoin de la Monusco pour mener à bon port les combats contre les FDLR. Quelques jours après, les Fardc avaient déclaré avoir mis en déroute les FDLR et qu’il ne resterait qu’un petit millier dispersé dans les forêts de Walikale.
Hier à Rugari, un camion de la garde républicaine aurait été attaqué à la roquette par des FDLR, faisant six morts dans les rangs des Fardc.
D’où viennent les FDLR qui attaquent des convois des Fardc dans une zone où elles étaient déjà conquises et non loin de la base militaire de Rumangabo ?
Pendant qu’on s’attendait à une réplique des Fardc contre les FDLR à la suite de l’attaque de Rugari on a appris une offensive militaire contre des présumés Mai-Mai à Nyamilima, Groupement Binza, Chefferie de Bwisha, Territoire de Rutshuru, très loin du lieu de l’attaque attribuée aux FDLR.
Les analystes n’y comprennent rien et attendent de savoir l’identité des victimes Fardc pour apprécier les mobiles de l’attaque de Rugari. En effet, il est très rare que les FDLR attaquent les Fardc au Nord-Kivu au point que plusieurs observateurs ne croient pas encore à la véracité de l’offensive des Fardc contre les FDLR au Kivu-Ituri. D’aucuns pensent que l’attaque de Rugari était un rappel à l’opinion nationale et internationale que les FDLR étaient toujours en action Nord-Kivu où ils tueraient même des éléments de la garde présidentielle. La suspicion de l’offensive en cours contre les FDLR est consécutive à la rumeur sur l’imminence d’une offensive sanglante de la coalition armée pour l’occupation du Kivu-Ituri contre les populations civiles, laquelle offensive serait faussement attribuée aux FDLR pour cacher la vraie identité des assaillants qui seraient des infiltrés au sein des Fardc/PNC/ANR, des rwandais, des ougandais, érythréens, etc. Pour plusieurs observateurs, les offensives contre les soi-disant FDLR que les Fardc avaient déclarées vaincues en mars 2015 auraient comme but l’attaque indirecte des populations civiles. Il y a un mois, les paysans de Rutshuru et de Walikale avaient demandé l’arrêt des offensives contre les FDLR parce qu’ils en souffraient plus qu’avant l’offensive. En effet, se disaient-ils, comment peut-on déclencher une opération militaire dans une zone peuplée sans aucune mesure d’encadrement et de ravitaillement de la population ? Ce grief accompagne toutes les opérations militaires des Fardc au Kivu-Ituri, de Beni à Fizi en passant par Rutshuru, Walikale, Masisi, Lubero… Une région sur- militarisée mais où les tueurs réussissent toujours à se frayer une voie dans les mailles des Fardc pour massacrer les habitants de tout un village et se sauver dans la nature sans se faire arrêter. La population locale conclut ainsi que les Fardc et les tueurs travaillent pour le même objectif, à savoir, le dépeuplement du Kivu-Ituri au profit des populations rwandophones.
L’hypothèse selon laquelle la milice rwandaise dite FDLR serait un cheval de Troie dans la conquête du Kivu-Ituri reste de mise dans l’opinion locale. Ceci expliquerait, par exemple, pourquoi le régime de Kinshasa ne voudrait pas mettre les FDLR hors d’état de nuire avant qu’elles n’accomplissent son forfait sur la population résistante du Kivu-Ituri.
L’histoire récente de notre pays apporte de l’eau au moulin des tenants de l’hypothèse ci-dessus.
Tenez : Après la défaite et le démantèlement du M23 en novembre 2013, l’armée congolaise avait mis le cap sur les rebelles ougandais de l’ADF/NALU en Territoire de Beni. A l’époque, on se rappelle que la Monusco, alliée des Fardc dans la défaite du M23, avait voulu que la coalition gagnante mette d’abord hors d’état de nuire les FDLR qui opéraient dans la même région que le M23 avant d’en découdre avec l’ADF/NALU. C’était là aussi le point de vue de l’opinion locale qui se basait sur le fait que le M23 ainsi que les FDLR étaient des oiseaux d’un même plumage dont les attaques meurtrières étaient toutes dirigées contre les populations civiles congolaises. Cette proposition n’eut pas gain de cause. L’offensive contre l’ADF/NALU fut placée au premier plan ! La suite décevante de cette décision est connue : Assassinat et mort suspecte des artisans de la défaite du M23 tels le Colonel Mamadou Ndala et le Lieutenant-Général Jean-Lucien Bauma. Deux semaines après la mort suspecte de Bauma, le territoire de Beni fut le théâtre d’une véritable boucherie humaine d’un millier des congolais tués à la machette et à la hache par des prétendus ADF/NALU déjà anéantis 5 mois avant (Avril-mai 2014) par les troupes du lieutenant-Général Jean-Lucien Bauma ! Cette boucherie humaine se poursuit jusqu’à nos jours en Territoire de Beni et environs.
Pendant les opérations Sukola I en Territoire de Beni, les nouvelles en provenance du Territoire de Rutshuru faisant état du ravitaillement du chef rebelle CHEKA par le Rwanda pour poursuivre la mission du M23 en territoire de Walikale et dans certains coins du territoire de Lubero.
Aussi, depuis octobre 2014, on apprenait du Territoire de Rutshuru que les groupes armés NYATURA et FDLR recrutaient et formaient militairement leurs éléments en toute impunité, au vu et au su des Fardc, en Groupement Binza (KIHITO, KASAVE, NYABANIRA, VUSESA et à BUGANZA), Chefferie de Bwisha, et en chefferie de Bwito (TONGO, BAMBU, KISHISHE, MINES-MUTANDA). En même temps, les Nande vivant en Territoire de Rutshuru se disaient victimes des menaces verbales des Nyatura qui leur demandaient de quitter Rutshuru pour Beni-Lubero au risque de se faire massacrer comme à Beni. Le Kyaghanda Yira avait ainsi, dans sa déclaration de novembre 2014, appelé les autorités compétentes à agir.
Prés d’un an après, les habitants de Nyamilima en Groupement Binza en Territoire de Rutshuru, rapportent depuis hier lundi 31 août 2015 une chasse aux Mai-Mai par des Fardc en majorité rwandophone. Sachant que, en Territoire de Rutshuru, qui dit Mai-Mai dit Nande, les populations Nande de Nyamilima vivent aujourd’hui dans la peur comme celles de Kanyabayonga depuis l’alerte d’un carnage des Nande au Nord-Kivu. Le commandant MURENZI des Fardc qui était basé dans l’axe Mayimoya-Eringeti lors des massacres des populations en Territoire de Beni a été aperçu hier à Nyamilima. D’où l’inquiétude au sein de la population Nande de Nyamilima sur l’imminence d’un massacre des civils suivant le modele de Beni.
A la question de savoir s’il y a des Mai-Mai à Nyamilima, les habitants répondent par la négative. Depuis l’arrestation de Shetani actuellement en prison à Kinshasa et de Jackson aujourd’hui colonel des Fardc à Kisangani, il n’y a plus de Mai-Mai dans tout Rutshuru. Les groupes armés actifs en territoire de Rutshuru sont les Nyatura et les FDLR. Au grand étonnement des observateurs, les Nyatura et les FDLR ne font pas encore l’objet d’une offensive militaire par les Fardc. La chasse aux Mai-Mai inexistants paraît ainsi comme une menace de la population Nande par la coalition Fardc-FDLR-NYATURA. Il faut que les ONG des droits humains regardent de près ce qui se passe à Nyamilima en Territoire de Rutshuru.
Pour ceux qui ne connaissent pas la région, le groupement Binza est la zone pétrolière du Territoire de Rutshuru, une zone peuplée en majorité par les Nande… Curieusement c’est le groupement où les six Imams Tanzaniens étaient en captivité.
Depuis le début de la guerre d’agression rwando-burundo-ougandaise de la R.D.Congo, on constate toujours un acharnement contre les résistants locaux (Mai-Mai, Enyele, Bundu dia Kongo…) et une tolérance à l’égard des rebelles rwandais(FDLR), rwandophones (Nyatura-Banyamulenge, CNDP, M23, MCRC) et ougandais (ADF/NALU, LRA). Les résistants locaux qui ont pris des armes pour défendre la patrie, sont souvent écrasés dans le sang sans aucun ménagement. Leur intégration dans l’armée nationale se fait sans aucune condition. Par contre, les rebelles rwandais et ougandais sont souvent bénéficiaires des mixages, brassages, amnisties, accords, dialogues en dépit de leurs multiples crimes contre l’humanité en R.D.Congo. Cette politique de deux poids, deux mesures, poussent les observateurs à parler d’une complicité entre le commandement des Fardc (car il y a des Fardc patriotes qui versent leur sang pour la nation) et les différentes rébellions rwando-ougandaises opérant au Kivu-Ituri.
Au mois de mai 2015, les FDLR avaient tué des congolais sur l’axe Luofu-Buleusa. Lors d’une réunion de sécurité tenue à LUOFU à la suite de cette tuerie, le Général AKILIMALI MUNDOS ainsi que le commandant MUGISHO du 811e régiment des FARDC avaient surpris plusieurs membres du conseil de sécurité de Luofu en ordonnant que les FDLR ne soient pas traqués en premier lieu, qu’il fallait plutôt commencer par anéantir les Mai-Mai qui n’étaient pas à l’ordre du jour de la réunion. Les participants au conseil de sécurité furent choqués et n’en croyaient pas à leurs yeux !
La semaine derrière, les habitants de Bunyatenge/Muhanga font état d’un ratissage des Fardc dans la région à la recherche du Général-Major Kakule Lafontaine, Mai-Mai de l’UPCP au moment où les FDLR se la coulent douce à un jet des pierres du camp des Fardc.
Il apparait ainsi dans l’opinion locale que, en commençant par l’attaque des Mai-Mai supposés être les défenseurs de la communauté Nande, l’ennemi qui se préparerait à massacrer les Nande du Nord-Kivu et de l’Ituri, voudrait anéantir toute résistance à sa sale besogne.
Ce que les congolais craignent depuis longtemps, à savoir, la complicité du commandement des Fardc avec les tueurs des populations civiles, se vérifie chaque jour dans tous les coins du Kivu-Ituri. Ce fait est une évidence selon le chercheur Nande, Boniface Musavuli, partant du fait de l’infiltration rwando-ougandaise des Fardc depuis les opérations de mixage, brassage, amnistie, etc. avec les différentes rebellions rwando-ougandaises. Ceux qui avaient dit que l’abréviation FARDC signifiait Forces Armées Rwandaises Déployées au Congo avaient raison mais en partie car, on ne peut le nier, la majorité des Fardc est vraiment patriote. Mais comme l’armée, c’est d’abord le commandant, le retour de la paix au Kivu-Ituri attendra le changement du commandement mono-ethnique (rwandophone) de l’armée déployée au Kivu-Ituri.
Kasereka Matalyo
Kirumba
©Beni-Lubero Online





