






REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO
ENSEIGNEMENT SUPERIEUR ET UNIVERSITAIRE
PROVINCE DU NORD-KIVU
.
COORDINATION DES UNIVERSITES ET INSTITUTS SUPERIEURS
DE LA VILLE DE GOMA
.
MEMORANDUM DE PROTESTATION CONTRE LA TENTATIVE DE DESTABILISATION DE L’ORDRE CONSTITUTIONNEL, POLITIQUE ET SOCIAL AU NORD-KIVU
TRANSMIS copie pour information à (aux) :
– Honorable Président du Sénat de la République à KINSHASA
– Honorable Président de l’Assemblée Nationale à KINSHASA
– Son Excellence Monsieur le Premier Ministre de la République Démocratique du Congo
à KINSHASA
– Son Excellence Monsieur le Gouverneur de la Province du Nord-Kivu à GOMA
– Honorable Président de l’Assemblée Provinciale du Nord-Kivu à GOMA
– Honorables Députés Nationaux du Nord-Kivu à KINSHASA
– Monsieur le Procureur Général de la République à KINSHASA
– Monsieur le Représentant Spécial du Secrétaire Général des Nations Unies au Congo à
KINSHASA
– Monsieur le Président de la Société Civile du Nord-Kivu à GOMA
– Messieurs les Représentants des Confessions Religieuses du Nord-Kivu (Tous)
– Mr.le Président du BARAZA LA WAZEE Intercommunautaire pour la Paix et le Développement au N.Kivu à GOMA
A Son Excellence Mr. le Président de la RDCongo à KINSHASA
(Avec l’expression de nos hommages les plus déférents)
EXCELLENCE,
Nous avons le grand honneur de vous saluer, de vous féliciter pour tous les sacrifices consentis en faveur de l’avènement de la paix dans notre province et de porter à votre majestueuse connaissance que c’est avec grande surprise et amertume que la famille estudiantine du Nord-Kivu en général, et celle de la Ville de Goma en particulier sont en train de se rendre compte de la vitesse d’expansion très considérable de la rumeur faisant état d’une éventuelle tentative de division de la province du Nord-Kivu en deux blocs –le Grand Nord et le Petit Nord- et de celle de l’éjection de l’actuel Gouverneur de cette province, chose que nous ne saurons nommer autrement que par le titre que porte l’objet de la présente lettre.
En effet, parce qu’il n’y a pas de fumée sans feu, et quelle que soit la nature des motivations qui militeraient en faveur d’une prise de position de ce genre, le monde estudiantin de la ville de Goma continue à considérer, sans grand risque de se tromper, qu’elle serait tronquée pour des raisons suffisamment objectives qu’il ne s’empêchera pas de fournir à travers les lignes qui suivent du présent mémorandum.
A tout état de cause, et quoi qu’il en coûte de le dire, nous demeurons profondément convaincus qu’une telle décision ne serait pas l’option souhaitée par les populations du Nord-Kivu qui ne jurent que par l’unité de leur province et par la disposition à leur côté des acteurs politiques capables de jouer un rôle déterminant dans la reconfiguration du champ politique provincial et qui incarnent un véritable leadership local susceptible de freiner les velléités identitaires.
En outre, une lecture pragmatique de la Constitution de notre pays, spécialement en son article 2, circonscrit la superficie de notre Etat en 25 provinces qui procèdent de la subdivision des unes de par la formule que nous vivons actuellement (11 provinces), mais pas des autres. De par les mêmes énoncés constitutionnels, la province du Nord-Kivu n’est nullement candidate à la subdivision et entre dans la dynamique de la décentralisation en son état d’indivisibilité, manifestement pour des motifs objectifs que seul le constituant peut relever. S’en tenir donc à cette règle ne relève pas d’une simple commodité, mais plutôt du respect scrupuleux et de la fidélité à la loi fondamentale de la République, la mère de toutes les lois congolaises. C’est également témoigner du respect envers tous les congolais qui ont cautionné cette assertion pendant le référendum populaire de 2005. A cet effet, toutes les explications présentes ou futures à avaliser pour justifier la nécessité de subdivision de la province du Nord-Kivu ne sont que de l’ordre d’une théorie pure et simple, ou du domaine ‘des aléas de la vie politique’ dont le législateur a voulu épargner notre constitution, sinon, elles exposeraient leurs auteurs à une enjambée vers la violation flagrante des dispositions pertinentes de celle-ci.
En ce qui concerne l’éjection du Gouverneur du Nord-Kivu, qu’il nous soit permis d’avoir la liberté d’apprécier son action à la tête de l’exécutif de la province pour évaluer ensuite l’opportunité de son départ ou de son maintien. En fait, il convient de souligner que l’actuel Gouverneur de la province du Nord-Kivu est l’un des rares hommes politiques congolais qui marient l’acte à la parole et qui font de l’optimisme la lampe de leur pas. Son séjour à la commande des affaires publiques provinciales est plus démonstratif de sa grandeur d’âme, de la maîtrise des dossiers qui le caractérise et de sa disponibilité à panser les plaies des populations longtemps meurtries et découragées par les affres de la guerre.
Sur le plan politique, le Gouverneur du Nord-Kivu figure parmi les meilleurs chefs des exécutifs provinciaux qui s’adaptent le plus rapidement au contexte et à l’ordre politiques voulus par le constituant et s’efforce de retenir les tensions identitaires et politiques à travers ses nominations bien étudiées et équilibrées à tous les niveaux de responsabilité au sein de l’administration publique. La mobilisation de son énergie dans le cadre de la recherche de la paix dans une zone où ses prédécesseurs n’avaient pas suffisamment avancé est une nième preuve éloquente de l’amour qu’il philosophe pour la population du Nord-Kivu et pour la nation congolaise. Est-il encore qu’une récente parution du journal hebdomadaire du Nord-Kivu et du Sud-Kivu « JONCTION », ému par ses hautes aptitudes politiques, l’a consacré, à travers l’un de ses titres en manchette, ‘L’Homme politique de l’année [2008] au Kivu’.
En outre, lors de la tentative d’incursion des troupes de l’ancienne rébellion du CNDP à Goma, il a refusé de céder à la menace et a fait preuve, avec le Commandant de la 8e région militaire, d’un patriotisme que tous les responsables politiques devraient imiter en faisant tête à une rébellion qui était au seuil de la capitale de la province du Nord-Kivu. Sa sortie occasionnerait l’établissement d’un vide à la fois politique et juridique à la tête de la province, et cela mettrait des arguments valables dans la bouche de ses bourreaux pour justifier la prise de la ville. A défaut de cette attitude, nous ne savons pas imaginer ce que serait la suite de la guerre lorsque des troupes d’une rébellion se seraient emparées du siège des institutions provinciales, et nous doutons de l’occurrence de la réussite du processus de paix actuellement établi.
Sur le plan économique et financier, il convient d’indiquer que la province du Nord-Kivu doit à l’actuel Gouverneur la flèche de plus en plus ascendante de sa grille de mobilisation des recettes publiques, au point que cette province est classée en ordre utile à la 4e position sur le plan national de la mobilisation des recettes, successivement après la ville de Kinshasa, le Bas-Congo et le Katanga ; des provinces jouissant d’une économie de paix et de tranquillité sociologique. A contrario, le Nord-Kivu étant malmenée par des troubles intempestifs et des conflits qui poussent sur le poil de la bête. Nous avons d’ailleurs témoigné pendant plusieurs cérémonies officielles de commémoration de l’indépendance de notre pays des congratulations adressées au Gouverneur par votre Excellence pour sa bravoure exceptionnelle dans l’accroissement des recettes de l’Etat en un temps record.
Dans le cadre de ses rapports avec l’Autorité Suprême de la nation, le Gouverneur du Nord-Kivu a fait montre, dans plusieurs circonstances, même celles qui le rendraient impopulaire, de l’attachement et du soutien indéniables au Président de la République. A titre d’exemple, lors de la convocation de la Conférence sur la Paix, la Sécurité et le Développement dans les provinces du Nord et du Sud-Kivu, il a transcendé les pressions de sa base, y compris celles de sa propre communauté ethnique qui menaçait de ne pas participer à ladite Conférence en vue de privilégier la santé de ses relations avec le Père de la nation. Alors qu’à cette occasion plusieurs députés aussi bien provinciaux que nationaux commençaient à tergiverser au point de fléchir face aux pressions de leurs bases respectives, le Gouverneur a gardé le cap, une position avalisée pour sauver l’honneur du Chef de l’Etat.
Par ailleurs, à cette tumultueuse période où le volcan Nyiragongo et le gaz du lac Kivu menacent la ville de Goma pour une autre fois à travers des signes précurseurs d’une éventuelle éruption ; à ce moment où la population se consacrerait entièrement à la prière en implorant la grâce du Seigneur pour qu’il éloigne cette coupe malheureuse, il est impensable que la classe politique qui doit l’accompagner l’écartèle entre des choix périlleux : l’éventualité d’une éruption et la recherche des solutions à la problématique de positionnement des uns et la tentative de déstabilisation de l’ordre constitutionnel et politique provincial alors que la sagesse politique suffit pour dicter la ligne à suivre.
Des hommes d’Etat de l’acabit de l’actuel Gouverneur du Nord-Kivu, on n’en forme pas du jour au lendemain. Des nationalistes de cette envergure, on n’en ramasse pas dans un pas de cheval. Et si donc dans une démocratie naissante comme la nôtre, des patriotes véritables sont vus d’un mauvais œil et balayés par dizaine, il y a lieu de s’inquiéter sur l’avenir et la nature de la démocratie ainsi que de l’Etat de droit que nous attendons construire en République Démocratique du Congo.
Eu égard à ce qui précède, nous proposons et recommandons ce qui suit :
• A tous les acteurs politiques congolais :
de veiller sur le strict respect des dispositions constitutionnelles qui régissent le fonctionnement de l’Etat congolais;
de privilégier l’intérêt général des nord-Kivutiens à la place des calculs politiciens de positionnement qui ternissent l’image de notre classe politique.
• Au Procureur Général de la République :
de faire respecter la constitution de notre Etat;
de sanctionner quiconque tenterait de violer la loi fondamentale.
• A la population du Nord-Kivu :
de ne pas céder à la manipulation des politiciens qui ne recherchent que leurs bénéfices propres;
de faire échec, comme disposent les articles 63 et 64 de la constitution, à tout individu qui désire exercer le pouvoir en violation des dispositions de la constitution;
de demeurer vigilante et de dénoncer tous les états majors où se devinent les projets maléfiques de déstabilisation de l’ordre politique provincial à ce moment où nous nous tenons les genoux pour nous remettre des chocs d’une guerre qui n’avait que trop duré et qui vient à peine de prendre fin par le concours louable de notre Chef de l’Etat ;
de demeurer unie et soudée en vue de combattre ensemble ceux qui privilégient la division à l’unité.
Enfin, la famille estudiantine de Goma dit NON à la tentative de déstabilisation de la province à cette période de sortie de crise.
Fait à Goma, le 03 avril 2009
Pour les Universités et Instituts Supérieurs de Goma,
UNIGOM
ISC
ULPGL
IST
ISTM
ISDR
ISTA
ISIG
ISIAGO
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