





Je ne suis pas du tout supris par la chaleur avec laquelle on accueille les prisonniers et on cache même les criminels.
En vérité, la justice congolaise a totalement perdu la confiance du peuple qui arrive même à bruler des voleurs au lieu de les remettre à la police.
La police elle même figure parmi les plus grands violateurs des droits humains et les cambrioleurs dans toutes les villes.
En plus, les prisons congolaises ne remplissent plus les conditions minimales de lieux d’incarcération. Concues pour redresser, elles sont devenues des véritables écoles de crimes et d’opposition.
Ce sont les grands criminels qui dirigent les comités des prisonniers.
Les conditions sanitaires et alimentaires sont exécrables.
Les aliments, fonds et autres biens destinés aux prisonniers sont détournés en plein jour.
Les vivres de la prison de Makala sont vendus à bon prix autour de la prison.
Le courant de Makala sert les bars, moulins et hôtels environnant. On voit les camions amener les vivres à Makala à 11 heures et d’autres venir en reprendre une bonne partie à 14 heures.
Les bénéficiaires sont très nombreux.
La magouille est endemique. Les familles des prisonniers peinent et sont harcelées et extorquees à chaque visite.
En plus, tout peut entrer dans Makala : drogue, alcool, armes. ..je dis bien: tout !
Il y a des femmes et des filles qui viennent en grand nombre chaque jour faire la pute dans les pavillons…
En plus, une écrasante majorité des detenus sont convaincus d’être victimes d’injustices ou de la corruption: il y a là des gens amnistiés depuis des années, des gens sans procès, des detenues avec des bébés, des gens ayant depuis longtemps dépassé la durée de la peine prévue pour leurs soit disant infraction, des detenus sans dossier ni plaignants, des victimes de reglement de comptes…
Dans cette ambiance, on laisse faire des choses très graves: tortures sur les prisonniers par les membres du « comité », raconnement à chaque coupure de courant sous pretexte d’achat des câbles ou autre chose comme si cette charge revenait aux prisonniers, paiements de loyers pour les cellules…
Sur le plan de la santé, c’est la catastrophe: il y a un petit dispensaire pour 8 mille detenus et personne n’a le droit d’y passer la nuit quel que soit son etat !
Les transferts à l’extérieur sont couteux: tu paye 100 dollars à la police de Makala pour quitter et 20 dollars par jour à chaque policier une fois à l’hôpital.
Quant aux factures des soins, à la nourriture, aux examens de laboratoire ..ils sont à charge du detenu !
Questionné et interpellé sur cet aspect par le député National Gregoire KIRO TSHONGO que je remercie au passage, le ministre Thamvwe Mwamba a eu le courage de répondre que « le Gouvernement ne pouvait pas prendre en charge les detenus ayant choisi de se faire soigner dans les établissements privés ».
Une reponse mensongère et illégale qui m’a fait rire, tellement elle me paraît grotesque !
En effet, le ministre n’a aucun texte legal ou reglementaire sur pieds duquel il assoit ses prétentions. Ensuite, ce sont les services sanitaires de la prison qui transferent le detenu malade qui a le droit de se choisir un médecin. Enfin, la ration alimentaire et la garde ne sauraient être à charge d’un détenu !
Plus ridicule encore est le fait que l’etat congolais lui même envoie des personnes se faire soigner à l’étranger aux frais du trésor public dans des établissements qui ne sauraient être la propriété de la RDC. Pourquoi deux poids deux mesures.
En vérité, je metttai même 20 ans, mais la RDC finira par me payer !
Cependant,
A cause de tout cela, il meurt un grand nombre de detenus en silence.
On evacue les corps de grand matin avant que les autres ne se reveillent: au moins 10 par semaine.
Dans ces conditions, il n’est pas étonnant que les detenus et leurs familles crient « NE MWANDA NSEMI WUMELA » le mercredi matin.
Autre chose: le choix, le nombre et les conditions de travail de la prison laissent beaucoup à desirer.
Le budget des prisons est insignifiant.
Les gardes vivent des extorsions et leur qualité est médiocre.
En plus, l’écrasante majorité est composée de grands fumeurs de chanvre.
Voici un fait vécu par moi même qui vous parle:
Une fois à l’ hôpital où j’étais interné à Kintambo pendant ma détention, j’ai ete confronté à un cas d’ivresse de tous les policiers qui me gardaient.
Finalement les autres sont allés se promener et celui qui est resté, ivre de chanvre et de « lotoko » , dormait très profondément après avoir abandonné son fusil dans les toilettes.
Ma famille etait embarrassée et nous avons dû appeler Makala pour que les ivrognes soient vite remplacés de crainte d’être accusés de les avoir drogué pour fuir. Chose que je ne pouvais jamais faire car me sachant innocent, ayant cpnfiance en mon Dieu et ne pouvant surtout pas donner à ceux qui m’ont envoyé a Kinshasa et maintenu injustement en détention de me traiter de lâche.
Non! Mes enfants devraient lire que j’ai résisté!
Les policiers de Makala sont donc venus, ils m’ont félicité pour mon sens civiques et ont utilisé des coups de pieds et des gifles pour reveiller leur collègue.
Je leur ai remis l’arme et ils sont partis en laissant une nouvelle équipe.
Pendant tout mon séjour et malgré les plaintes du personnel de l’hopital, la petite cour était toute la nuit pleine de la fumée du chanvre qui indispisait les infirmiers.
Le jour ou j’ai été libéré et que les policiers sont partis avec leur cannabis qui empestait les lieux, tout le personnel de l’hopital etait en fête.
Voilà ma réalité vecue à Makala.
Je voulais depuis longtemps trouver le ministre de la justice pour lui dire mes craintes, mais je dois le dire par cette voie publique:
Mon avis est que le President de la Republique devrait s’ impliquer personnellement dans cette question des lieux de détention congolais qui eclaboussent l’image du pays.
En fait, personne ne peut croire à une prétention de patriotisme quand même les fosses sceptiques de Makala sont vidées régulièrement par la Croix Rouge suisse !
En plus, le nombre de criminels aujourd’hui libres est une veritable bombe dont le taux de risque ne doit pas être négligé.
En vérité, ce qui est arrivé mercredi devrait être une occasion de prendre des mesures urgentes pour redresser la barre.
Jean-Louis Ernest KYAVIRO
©Beni-Lubero Online.





