





Les événements cruels contre les Nandes de Beni-Lubero peuvent se résumer par les massacres à l’arme blanche et les décès en masse survenus suite à la propagation de l’épidémie de fièvre hémorragique Ébola. Tous les moyens sont bons pour non seulement piller les ressources minières de cette région, mais aussi, et surtout pour éliminer tout un peuple qui depuis longtemps refuse d’entériner la dictature et la domination de ses dirigeants et de ses voisins envahisseurs. La résistance de ce peuple (reconnu pour son intégrité, son commerce, son agriculture) provoque la colère, la méchanceté de ces envahisseurs qui n’hésitent pas à s’acharner sévèrement sur ces habitants de Beni-Lubero. Les conséquences sont énormes et incalculables : morts de milliers de personnes, déstabilisation économique de la région, traumatisme permanent dans les esprits de femmes et hommes, déstructuration du tissu social, flux migratoire de déplacés internes, famine, et déséquilibre du système éducatif…
Selon le Gouvernement congolais, les auteurs de ces crimes seraient des rebelles ADF. Et pourtant, on sait que les ADF n’existent presque plus, car étant déjà neutralisés quelques années après l’assassinant du Général Lucien Baghuma. Aucun habitant de ces territoires (Beni-Lubero) ne valide plus cette thèse d’ADF. C’est une mascarade politique et machiavélique. Lorsque ces habitants arrivent à capturer un ou deux de ces tueurs, ils sont plutôt identifiés à l’Armée congolaise (ou rwandaise insérée dans les rangs congolais). Autrement dit, c’est le Gouvernement congolais (ayant dans ses rangs hautement gradés des éléments rwandais) qui s’en donne aux massacres de ses propres concitoyens. Le but de ces bourreaux n’est plus un secret : fragiliser le peuple Nande par les massacres, occuper son territoire et s’embarrer de ses ressources surtout minières. N’est-ce pas un génocide pur et simple qui se réalise sous les yeux même des observateurs internationaux, dont la Monusco.
Les conflits perdurent dans ces territoires depuis plusieurs années. Toutefois, on observe un changement de mode opératoire depuis 2014. Les tueurs prennent le temps de couper les têtes de leurs victimes. Ils ont donc le temps de parachever leurs opérations sans aucune inquiétude. C’est normal, car ils bénéficient de la protection de leurs alliées, l’Armée congolaise. Depuis cette année (2014), des événements cruels se succèdent dans ces territoires : disparitions brutales de leaders Nande, enlèvements d’une masse importante de population, massacres à la machette, exclusion de Nandes aux élections présidentielles, propagation de la maladie à virus d’Ébola. Tout indique que tous ces événements concourent à un seul but : fragiliser le peuple Nande par les massacres, occuper son territoire et s’embarrer de ses ressources. Ces événements ne sont pas isolés, ils sont plutôt reliés et leurs auteurs sont mêmes. Voici une chronologie rapide qui permet de saisir en quoi ces événements émanent d’une même source.
• 2014 : début de massacres à la manchette à Beni. Les têtes sont coupées et exposées dans les lieux visibles. Très rapidement, le Gouvernement (Lambert Mende, ministre de la Communication) accuse les ADF et Islamistes. La population locale capture plutôt quelques bourreaux appartenant à l’Armée congolaise, dont quelques éléments rwandais
• 2017 : Les massacres commencent dans le Kasaï et se couronne par l’assassinat des experts de l’ONU. Au même moment, le territoire de Beni observe une accalmie.
• 2018 : Les massacres arrêtent au Kasaï et au même moment ils reprennent à Beni.
• 2018 : Les massacres arrêtent à Beni et au même moment apparaît les décès survenus suite au virus d’Ébola. Pendant cette même période, les humanitaires qui interviennent auprès de malades sont aussi assassinés
• 2018 : Les populations de Beni et Butembo sont exclus des élections présidentielles
• 2019 : disparition progressive du virus d’Ébola
• 2019 : Étonnamment la disparition d’Ébola correspond avec la reprise de massacres qui s’intensifient au mois de novembre et décembre 2019.
Soulignons en même temps que le Gouvernement congolais garde silence ou envoi de généraux d’origine rwandaise pour pacifier la région. Paradoxalement, le territoire de Beni est le seul avec un nombre plus élevé de militaires. Avec l’appui de la Monusco, près de 22 mille militaires avec 10 généraux rwandais sont assignés dans cette zone. Et pourtant, les massacres continuent même dans les quartiers proches de campements militaires. Tous ces éléments mis ensemble nous poussent à conclure que les massacres aux allures génocidaires, la propagation d’Ébola, l’exclusion aux élections, la déstabilisation économique et la fragilisation du tissu social de Beni-Lubero proviennent d’un même auteur : le Gouvernement congolais et rwandais qui s’exécutent sous le couvert des ADF inexistants.
Notre souhait pour 2020 est non seulement de dévoiler et de dénoncer les stratégies d’extermination de tout un peuple, mais aussi de sensibiliser ceux dont la mission est la Justice de se pencher urgemment sur ce qui se passe dans Beni-Lubero, car il risque d’être trop tard au lendemain de 2020. Le peuple ne sera pas dupe ad vitam æternam.
La Rédaction
©Beni-Lubero Online





