





Florent Kambasu Kasula, le lauréat de ce Jeudi 21 juin 2007 à l’UCG/Butembo est originaire de Kyondo, en Territoire de Beni. Il est depuis Mars 2006 correspondant de Beni-Lubero Online en ville de Butembo. Toute la famille BLO se réjouit du travail remarquable qu’il vient d’accomplir avec succès. Le sujet que Florent a choisi, à savoir, «l’entrepreneuriat féminin en Ville de Butembo, Essai de Typologie et d’Analyse de l’Impact sur le Développement » est d’une très grande actualité mondiale car il fait écho des objectifs du Millénaire décrétés par l’ONU en septembre 2000 et selon lesquels « aucune personne ne doit être privée des bienfaits du développement ; l’égalité des droits et des chances des femmes et des hommes doit être assurée » d’ici l’an 2015.
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Ce mémoire de Florent offre ainsi aux beniluberoises un outil de chevet pour créer et réussir dans leurs entreprises sans complexe aucun devant la boulimie du système patriarcal qui a depuis toujours régente le monde de l’entrepreneuriat. En effet, l’expérience de la ville de Butembo démontre que, mises dans les mêmes conditions de travail, la femme est aussi crédible, solvable comme son challenger masculin ; elle est capable de la même performance que l’homme en matière de gestion d’entreprise.
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Cependant, une condition de réussite soulignée par Florent c’est la formation aux techniques d’entrepreneuriat qui permet une pleine intégration de l’entrepreneuriat féminin dans le circuit économique local et national. Parmi les conditions de possibilité, Florent n’oublie pas non plus de mettre en exergue la responsabilité du pouvoir public qui doit veiller à ce que la femme jouisse d’une égalité des chances pour l’accession aux crédits financiers.
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L’exemple du FAEF (Fonds d’Appui à l’Entreprenariat Féminin), une Institution de Microfinance issue du programme « appui aux activités économiques et promotion de la femme », volet crédit, initié par le COTEDER (Conseil Technique pour le Développement Rural) qui fonctionne à Butembo depuis 1994, est à imiter par d’autres organismes soucieux de l’émancipation de la femme. En effet la FAEF donne accès au microcrédit allant de 5 à 2000 US$ sur base de la seule caution sociale. D’après Florent, la FAEF accorde son crédit aux femmes qui remplissent les conditions suivantes :
– Etre une femme entrepreneuse ;
– Avoir une expérience suffisante dans l’activité exercée ;
– Etre crédible, honnête et ouverte ;
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– Etre de bonne vie et mœurs ;
– Adresser une demande de crédit au comité technique de crédit de FAEF ;
– Avoir sa résidence et ses activités dans le rayon d’action de FAEF ;
– Appartenir à un groupe mutuel ou solidaire d’au moins quatre femmes.
Pour en savoir plus, s’informer à la source en s’adressant directement à l’auteur Florent Kambasu Kasula.
Beni-Lubero Online
L’entrepreneuriat Féminin en Ville de Butembo
Essai de Typologie et d’Analyse de l’Impact sur le Développement

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Présenté et défendu en vue de l’obtention du diplôme de Licence en Sciences Economiques
Encadreur : Léonie KASWERA MULYANGOTE, Chef de Travaux
Directeur : Angélus MAFIKIRI TSONGO, Professeur Ordinaire

Extraits du Travail
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Chapitre deuxième
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Le phénomène des entreprises dirigées par les femmes à Butembo reste encore mal cerné et les données disponibles permettent difficilement de les décrire plus précisément et d’en généraliser les résultats tant sur le nombre que sur le profil des créatrices ou des entreprises voire leur typologie. Pour pallier un tant soit peu à cette difficulté majeure, les statistiques fournies par la Fédération des Entreprises du Congo (FEC), le Centre des Impôts, le Service de l’Industrie et Petites et Moyennes Entreprises (IPME) et de l’Economie Nationale qui en donnerait une grande lueur restent encore généralement muettes sur la distinction hommes – femmes parmi les entrepreneurs économiques de Butembo malgré un début encore tâtonnant de catégorisation. Pour cibler certaines, il nous a été inévitable de recourir à certaines associations féminines comme l’Association des Mamans Commerçantes qui les catégorise déjà en différents groupes mais aussi le Fonds d’Appui à l’Entrepreneuriat Féminin (FAEF) qui nous a mis en contact avec certaines femmes entrepreneuses bénéficiaires de son appui en vue de nous permettre de présenter alors la typologie de leurs PME (formelles ou informelles) en passant par le profil de ces femmes.
2.1. L’entrepreneuriat en ville de Butembo
La Ville de Butembo tire son essor actuel de son dynamisme commercial. Elle englobe en son sein des entreprises de type moderne avec des numéros de registre de commerce et regroupées, pour certaine, au sein de la FEC, d’autres avec des patentes recensées surtout par le service de l’IPME et un grand nombre, non enregistré, nonobstant ses atouts, travaille dans le secteur informel encadrant essentiellement les femmes, les enfants et les jeunes.
2.1.1. L’essor entrepreneurial en Ville de Butembo
D’une superficie de 1930,34 km² répartie sur quatre communes, la Ville de Butembo a une population de 538602 habitant (d’après le bureau de l’Etat-Civil de la Mairie, 2006) se caractérisant par un certain nombre de traits favorisant son essor économique. Parmi ces traits, Christian KAPARAY relève une forte propension à épargner où l’épargne est principalement affectée à l’investissement ; un attachement à la terre ; une adaptation aux conditions de vie dans l’exercice de ses activités ; une population homogène des gens qui se connaissent et se fréquentent en fonction des villages d’origine, des métiers, des religions ; une absence de complexité à l’exercice des activités jugées « ridicules » ; une solidarité et une confiance de l’un à l’autre qui favorise les mutualités, les tontines, la solidarité dans l’agriculture, le commerce…[1]. Ces traits non exhaustifs constituent un des fondements du monde des affaires à Butembo où, malgré la concurrence caractérisant tout capitalisme ou mieux toute recherche du profit, on observe des réseaux dont les manifestations sont la confiance, le microcrédit informel à travers des mutualités et tontines comme moyen d’expansion et de financement des affaires en favorisant ainsi la naissance de plusieurs entreprises de quelque catégorie qu’elles soient.
L’essor entrepreneurial à Butembo, à scruter l’histoire, puise dans le commerce du sel longtemps pratiqué dans le milieu. Les trafiquants nande échangeaient contre le sel de Katwe (en Uganda) différents bracelets en cuivre, grosses perles multicolores pour colliers des femmes, de l’éleusine et de l’huile de ricin, des bracelets de raphia, des bracelets de fibres du palmier, des houes et autres outils en fer. A leur tour, ils vendaient le sel aux tribus voisines, essentiellement forestières, contre la viande boucanée et du miel ; la poterie, renommée pour sa qualité ou alors des produits laitiers, des cotonnades… L’impact en a été le développement du commerce dont le dynamisme entretient, de nos jours, la renommée de la ville de Butembo qui est devenue un grand centre de stockage et d’approvisionnement en produits vivriers et industriels dont le café, le thé, le quinquina, les haricots, le riz, les légumes, la pomme de terre, l’huile de palme, les arachides, les bananes, etc[2].
Quelques usines de transformation dans le secteur agro-industriel voient leur éclosion. Il s’agit notamment des savonneries, des compagnies des boissons, une imprimerie, des usines à café et à thé, des menuiseries industrielles, des briqueteries industrielles, des boulangeries industrielles, des projets d’électrification. On y rencontre également plusieurs dépôts de vivres frais et des produits manufacturés importés. L’exportation concerne les produits agricoles à destination industrielle comme le café, le quinquina, le thé… ainsi qu’une quantité minime de pierres précieuses comme l’or, la cassitérite, le coltan, le diamant, etc. Il s’agit également de l’exportation des produits vivriers tant vers l’extérieur du pays que vers les grands centres comme Kinshasa, Lubumbashi, Kisangani, Mbuji- Mayi, Goma, Bukavu, Isiro, Bunia, etc.
Les services connaissent un grand développement depuis quelques années. C’est le cas des banques et les grandes coopératives financières, l’hôtellerie, le transport (terrestre et aérien), la communication (téléphonie cellulaire, télégraphe, Fax, telex, Internet…), la radio (6 émetteurs-radio FM actuellement), la télévision, etc., sont des réalités qui mobilisent acteurs économiques et ressources pour répondre aux besoins toujours croissants de la population.
La ville de Butembo joue donc un rôle central dans le développement de la région. Elle concentre davantage de services pour les milieux ruraux qui en dépendent. Mais elle joue aussi le rôle de diffusion des apports et des innovations technologiques pour les autres centres (cités rurales) en développement dans son rayon d’influence directe. Ces activités sont soit formelles, pour les détenteurs des NRC et des Patentes et informelles, pour d’autres. Et ceux-ci sont majoritaires et sont difficilement identifiables. Quant à la première catégorie, leurs données peuvent être disponibles au niveau de la Fédération des Entreprises du Congo et de différents services étatiques tels que la Direction Générale des Impôts, le Service de l’Economie Nationale, le Service de l’Industrie, Petites et Moyennes Entreprises.
La FEC est une fédération qui a pour objet d’assumer les fonctions de chambre de commerce, d’industrie, de métiers et d’agriculture ainsi que d’organisation professionnelle des employeurs. Peut devenir membre de la Fédération, d’après l’article 5 de ses Statuts révisés de juin 2005, toute personne physique ou morale constituée en entreprise de droit privé ou toute autre organisation structurée d’entreprises qui exploite légalement sur le territoire de la RDC une activité commerciale, industrielle, agricole, artisanale ou libérale.
Les statistiques de la FEC/Butembo-Lubero, en 2005, donnent une liste des entreprises membres par secteur d’activités et en relèvent douze, conformément au tableau suivant :
Tableau n°1 : Liste des entrepreneurs membres de la FEC/Butembo-Lubero par secteur
N°
|
Secteur
|
Nombre (ni)
|
fi%
|
1
|
Agro-industrie
|
17
|
4,89
|
2
|
Finances
|
08
|
2,30
|
3
|
Transport
|
38
|
10,92
|
4
|
Hôtellerie
|
15
|
4,31
|
5
|
Importation marchandises diverses
|
106
|
30,46
|
6
|
Importation produits pétroliers
|
13
|
3,74
|
7
|
Importation produits pharmaceutiques |
24
|
6,90
|
8
|
Exportation
|
19
|
5,46
|
9
|
Elevage et agriculture
|
68
|
19,54
|
10
|
Transport aérien
|
05
|
1,44
|
11
|
Agences des commissionnaires en douane
|
18
|
5,17
|
12
|
Corporations
|
17
|
4,89
|
|
Total
|
348
|
100,00
|
Les données de ce tableau démontrent facilement que les entrepreneurs de Butembo s’intéressent plus à l’importation des marchandises diverses (30,46%) suivi de l’élevage et agriculture (19,54%) et du secteur du transport (10,92%). C’est ce qui explique peut-être qu’on y trouve plusieurs personnes dont l’activité consiste au « commerce général ». Certains entrepreneurs peuvent se retrouver dans plusieurs secteurs à la fois. Le cas précis est celui du nombre de femmes que nous avons prélevé de ce nombre d’entrepreneurs. En effet, selon la même source, la FEC Butembo-Lubero, dans sa commission des femmes entrepreneuses, répertorie seulement six femmes membres de la FEC au cours de l’année 2004-2005 soit 1,72% de 348 entrepreneurs des secteurs ci-dessus. Elles se répartissent dans le commerce général (4), l’élevage (4), le transport (1), l’hôtellerie (1),la distribution de la bière primus (1), la restauration (1) et le commerce ambulatoire (1). Ce pourcentage révèle déjà que beaucoup de femmes préfèrent travailler dans le monde informel ou alors, celles qui sont dans le formel, préfèrent s’enregistrer au niveau de leurs maris ou d’un de leurs parents de sexe masculin (fils, frère…).
Qu’en est-il des statistiques au niveau des autres services comme le Centre des Impôts, l’Economie Nationale et l’IPME, pour ne citer que ceux-ci.
2.1.1.2. Les autres services : Centre des Impôts, Economie Nationale et IPME
La crise socio-politico-économique qui a frappé pendant longtemps notre pays n’a pas manqué d’handicaper le bon fonctionnement des services étatiques où la recherche de l’excellence au niveau du travail a été remise aux calendes grecques. Pour ne citer qu’un cas, qui paraît peut-être incompréhensible, le service des statistiques ne sont pas très fonctionnels, ce qui oblige quelques services à ignorer même la liste de leurs contribuables alors que ces derniers constituent une des grandes sources des revenus de l’Etat. En effet, la population semble vivre un paradis fiscal nonobstant les quelques tracasseries dont se lamentent les entrepreneurs mais qui ne frappent une moindre portion. A scruter les archives de différents services de l’Economie Nationale, du Centre des Impôts, de l’IPME…, il est très difficile d’y trouver un registre des statistiques complètes et actualisées de différents opérateurs économiques oeuvrant en Ville de Butembo alors qu’il existe certaines corporations de diverses natures d’activités de la ville. Toutefois, les rapports d’activités des années antérieures peuvent nous fournir des données fiables quant au monde des affaires à Butembo tel que gérés par ces entités.
Le registre des NRC enregistrés à Butembo depuis l’érection du Tribunal de Grande Instance en 2000 dans la ville fait état de 306 opérateurs économiques en mars 2007 sans compter ceux qui ont été enregistrés à Goma, Bukavu, Bunia, Kisangani, Kinshasa…en estimant le nombre total en 520. Parmi ceux-ci, on retrouve seulement 6 femmes, soit un pourcentage de 1,96% soit 2%. En effet, parmi les documents qui confèrent aux opérateurs économiques la qualité de commerçant ou d’entrepreneur, on a le NRC et la Patente qui n’intervient que par dérogation. Et sur base de ces documents qu’on peut répertorier le nombre d’opérateurs économiques de Butembo et que les services effectuent le recouvrement de l’impôt quand bien même ceux qui oeuvrent dans l’informelle payent ce qu’on nomme communément « redevances ». Un rapport d’activités de 2002 des services d’Economie Nationale au niveau de chaque commune de la Ville de Butembo recense 928 entrepreneurs repartis comme suit :
Tableau n°2 : Opérateurs économiques en ville de Butembo/Service de l’Economie nationale (2002).
N°
|
Commune ou Secteur
|
Nombre total
|
Proportion des femmes
|
Pourcentage des femmes par Commune |
1
|
Commune Vulengera
|
204
|
11
|
5,4
|
2
|
Commune Vulamba
|
117
|
7
|
6
|
3
|
Commune Kimemi
|
205
|
17
|
8,3
|
4
|
Commune Mususa
|
235
|
23
|
9,8
|
5
|
Marché Central
|
167
|
17
|
10,2
|
|
Total
|
928
|
75
|
8,1
|
Source : Nos calculs à partir des rapports du Service de l’Economie Nationale, 2002.
Des données de ces différents rapports, par rapport aux différentes fréquences, les femmes oeuvrant dans le secteur formel, c’est-à-dire répertoriées par les services étatiques se retrouvent majoritairement au marché central, en commune Mususa et Kimemi. Ceci peut s’expliquer par le fait que ces trois entités ont des structures qui permettent de rassembler facilement les entrepreneurs (Marché, Galerie Mbanga, Qualitex et Licomoya, Galerie des Pharmacies à Kauntura…) mais aussi elles ont une grande partie située en plein centre ville pour abriter par conséquent beaucoup d’entreprises par rapport aux Communes Vulamba et Vulengera étendues, pour une bonne partie, sur des quartiers urbano-ruraux. Cependant, la moyenne générale révèle que les femmes oeuvrant dans le secteur formel à Butembo couvrent une proportion de 8,1% contre 91,9% d’hommes.
Ces proportions de faible représentativité des femmes se vérifient également au niveau du Centre des Impôts de Butembo conformément à sa liste des contribuables du 27 septembre 2006 transmise à la Direction Provinciale du Nord-Kivu conformément au tableau suivant :
Tableau n°3 : Nombre de contribuables gérés par le Centre des Impôts de Butembo
N°
|
Rubrique
|
Nombre total |
Nombre femmes |
% femmes par rubrique |
1
|
Personnes morales |
94
|
5
|
5,3
|
2
|
Personnes physiques de Droit commun |
84
|
2
|
2,4
|
3
|
PME (1ère catégorie) |
55
|
4
|
7,3
|
4
|
PME (2e catégorie) |
525
|
44
|
8,4
|
5
|
PME (2e catégorie) : Pharmacies |
148
|
12
|
8,1
|
|
Total
|
906
|
|