





Colette déballe "le modus operandi" des politiques occidentaux au Congo et en Afrique (suite et fin)
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Quand Colette Braeckman dévoile "le modus operandi" des politiques occidentaux au Congo et en Afrique, elle s’arrête à mi-parcours. Elle ne va pas jusqu’au bout de sa dénonciation. Elle tait le fait que ce "modus operandi" pour être toléré par une certaine opinion publique occidentale doit être avalisé par ‘"les médias dominants" dont un bon nombre est classifié par Michel Collon (un belge atypique!) parmi "les médiamensonges". En d’autres termes, pour que les politiques en arrivent à "la solution finale", ils mettent à contribution leur opinion publique en instrumentalisant les médias de leurs pays. Souvent, ce sont les mêmes médias qui, après coup, plusieurs années (par exemple) après, mettent à nu le "licence to kill".
Donc, il y a souvent eu (et il y a encore) une complicité entre les politiques occidentaux et "les médias dominants" dans la mise en pratique de leur "solution finale".
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D’autres Belges écrivent sur le Congo
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"Les médias dominants" abusent de leur occupation du terrain médiatique mondial pour servir "les faiseurs des rois". Nos populations, "fanatiques" de La Voix de l’Amérique, de la RFI, de la BBC, de La Libre Belgique, du Le Soir, etc. gobent tout ce que ces médias déversent sur la place publique; y compris les contre-vérités, les mensonges et la falsification de l’histoire de plusieurs pays du Sud. Accédant difficilement aux Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication, plusieurs de nos compatriotes ne savent pas par exemple qu’il y a des médias occidentaux alternatifs aux "médias dominants". En dehors du site de Michel Collon, il y a celui de Stopusa et de Congoforum. Le traitement de l’information sur ces médias alternatifs (belges) s’inscrit dans une perspective plus critique et "humaine" que celle des "médias traditionnels dominants".
Prenons un exemple. Quand Colette Braeckman traite du différend belgo-congolais, elle tombe dans ce que Guy De Boeck nomme "le belgo-belge et le communautaire, pour faire de De Gucht le porte-parole d’une politique « flamande » envers le Congo. Les Flamands, déçus de s’être fait piquer le chantier de Matadi par les Emirats, et trouvant les affaires peu prometteuses du fait de la présence des Chinois, chercheraient la rupture (…) ". (G. DE BOECK, Belgique/Congo: l’autre bout de la lorgnette…, dans Dialogue du 16 juin 2008) Elle fait semblant d’oublier que "les conflits congolais sont de nature avant tout géopolitique." En faisant croire aux Congolais que la mondialisation peut leur être profitable, elle met entre parenthèses, pour le besoin de la cause, les données fondamentales du problème qui sont: "- la thèse de la « nouvelle conférence de Berlin » avancée par ces « impérialistes tropicalisés »que sont les Chefs d’Etat de la « Renaissance africaine », appuyés par les Etats-Unis.- le projet d’Africom des Etats-Unis, qui tournera certainement autour d’un axe Washington-Kigali. Notons en passant, écrit Guy De Boeck, qu’on n’a jamais vu les Américains installer un commandement militaire quelque part sans que la guerre s’ensuive, fut-elle « froide » ou « de basse intensité ».- l’importance stratégique énorme du Congo, pour les bonnes vieilles raisons connues (cuivre, cobalt, uranium, coltan, or) mais encore plus à cause de ses véritables richesses inexploitées :sa capacité de nourrir deux milliards de personnes et ses ressources en eau et en hydroélectricité." (Ibidem) Elle fait comme si les rapports de force n’étaient pas défavorables au Congo que son "chef", Joseph Kabila, a décidé de transformer en un mouroir où seuls ses laudateurs et autres flatteurs ont droit à la parole, à la jouissance et aux privilèges fabuleux.
De plus en plus, le Congo a, en Belgique, des lecteurs critiques de son histoire immédiate. Il ne se passe plus un seul jour que rédigeant sa revue de la presse congolaise, Guy de Boeck ouvre des parenthèses où il glisse des commentaires d’une rare pertinence. Le site de Michel Collon revient sur les contre-vérités des "médias dominants" et publie des articles "indexés" par lesdits médias.
Cette autre "race de belges" n’est pas très bien connue chez nous. Le viol de l’imaginaire opéré par les médias traditionnels dominants a fini par convaincre plusieurs de nos compatriotes que la Belgique a un ou deux "experts du Congo" dont Colette Braeckman. Ceci relève d’une méconnaissance et/ou d’une ignorance liée à la réduction des médias belges aux deux journaux du monde francophone: La Libre Belgique et Le Soir.
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Déshabiller De Gucht pour habiller Louis Michel
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Dans l’article de Colette Braeckman que nous analysons (L’indépendance se fêtera à Kananga), le conflit Wallon-flamand transparaît. M. Braeckman critique "un faiseur des rois" au profit d’un autre. Il déshabille De Gucht pour habiller Louis Michel. Et pourtant, M. Michel a une part non négligeable de responsabilité dans les malheurs actuels du Congo pour l’avoir poussé à s’enfermer dans un schéma reproduit "au cinéma de Goma" dénommé abusivement "Conférence pour la paix et la sécurité dans les Kivu".
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Au sujet de M. Michel, un Belge, Jean-Claude Willam écrit: " La personnalité d’un "faiseur de paix" émerge ici, celle du ministre belge des Affaires étrangères, Louis Michel qui, si l’on doit pourtant reconnaître qu’il a porté le dossier de la RDC à l’attention de la communauté internationale, s’est enfermé avec beaucoup d’obstination dans l’échéancier contestable de l’accord de Lusaka. Même lorsque les actes violant la souveraineté du Congo ont été avérés, et que l’Ouganda ont été qualifiés par le Conseil de sécurité comme pays agresseurs, le ministre belge, suivi en cela par le département d’Etat américain et d’autres "parrains", a continué à inscrire la réconciliation congolaise en tête de l’agenda des conférenciers et des rencontres internationales sur le Congo."(J.-C. WILLAME, Les" faiseurs de paix au Congo. Gestion d’une crise internationale dans un Etat sous tutelle, Grip-Editions Complexe, 2007, p.197).
Et s’il y a quelque chose que moult compatriotes Congolais n’ont pas oublié, il y a la présentation que M. Michel a faite de Joseph Kabila sur la RTL-TVI pendant que les élections de 2006 se préparaient au Congo. M. Michel avait dit que "Joseph Kabila est l’espoir du Congo". Il a été, contrairement à sa rhétorique officielle, "le parrain" de ce jeune président qui a fini par militariser la politique au Congo.
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A plusieurs reprises, ce "nationaliste de Colette Braeckman" a eu recours à un usage excessif de la force. Voulant appliquer "la solution finale" à l’encontre de son adversaire-ennemi (Jean-Pierre Bemba) au deuxième tour des élections présidentielles, "ce souverainiste" a utilisé, par sa milice interposée, des armes lourdes en pleine ville de Kinshasa le 22 et le 23 mars 2007 causant des dégâts énormes en vies humaines et en infrastructures. Dernièrement, une mission spéciale de l’ONU envoyée dans le Bas-Congo pour enquêter sur les massacres perpétrés contre les adeptes de Bundu dia Congo par la police de Joseph Kabila a encore déploré l’usage excessif de la force. Un récent article publié sur le site de la radio Okapi mentionne l’usage de la torture dans "les prisons officieuses" de Joseph Kabila. "Le constat a été fait par le directeur intérimaire du Bureau des Nations unies aux droits de l’homme, à l’occasion des manifestations commémoratives de la 11e journée internationale de soutien aux victimes de la torture. Selon Louis Marie Bouaka, les rapports, aussi bien du Bureau des Nations Unies aux droits de l’homme que des ONG congolaises des droits de l’homme indiquent que la torture et les pratiques inhumaines et dégradantes sont toujours de mise en République Démocratique du Congo. Même dans des cas d’arrestations légales, il est courant que les personnes arrêtées subissent des actes de torture et de traitement cruel, a souligné la même source (…). De son coté, la Ligue pour la paix et les droits de l’homme, Lipadho, a dénoncé quelques endroits dans la capitale où les tortures sont monnaie courante. Il s’agit, notamment de la Circo, de GLM et de Kin Mazière où, même la Monuc et les activistes des droits de l’homme n’ont pas accès, a indiqué Floribert Sezabo, secrétaire général de cette ONG. « Dieu seul sait comment les victimes sont maltraitées pour leur faire avouer des méfaits, même s’ils ne les ont pas réellement commis », a-t-il déclaré avant de plaider pour le respect, par la RDC, de ses engagements internationaux par rapport aux conventions sur la torture, et pour la disparition sur le territoire congolais des lieux de détention illégale". (Cf www.radio.okapi.net du 26 août 2008)
Des pans entiers de notre pays sont occupés par les pays voisins sans que cela émeuve outre-mesure "le souverainiste de Colette". La vente irrationnelle des carrés miniers par les gouvernements successifs de Joseph Kabila a fini par transformer certaines provinces du Congo en des cadavres dépouillés par "les multinationales" et les réseaux mafieux de tout bord.
Quand certains compatriotes connaissant et palpant du doigt cette réalité du Congo au quotidien lisent les articles de Colette Braeckman comme celui que nous étudions, ils l’assimilent aux politiques occidentaux qu’elle critique. Sans plus. Tous font ou défont "les seigneurs de guerre et les autres dictateurs africains" contre nos populations.
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Une petite conclusion
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Notre attachement sentimental aux "médias dominants", souvent porte-parole de la pensée unique et complices des politiques de la terre brûlée pratiquées au Sud de la planète limite notre approche du regard que l’autre porte sur nous. En marge des "médias dominants", Internet a permis l’éclosion, au Nord de la planète, du "cinquième pouvoir": ces médias alternatifs, critiques acerbes des "médiamensonges" et/ou épris du dessein d’établir de façon permanente "le dialogue des peuples".
Il est compréhensible que nos populations privées de l’électricité et ayant un accès presque nul aux NTIC soient encore très liées aux "médias dominants traditionnels" et en répercutent les contre-vérités et les mensonges. Ce faisant, elles participent de l’une ou de l’autre façon à "l’écriture officielle de l’histoire" de nos pays à partir des pays du Nord dont les politiques, à quelques exceptions près, ne jurent que par le "licence to kill", par l’application de "la solution finale" à nos "nationalistes", à nos patriotes résistants et à nos autres veilleurs-protecteurs de notre mémoire historique. Il appartient à ces derniers de faire la publicité des "médias alternatifs" du Nord et du Sud et de lutter pour que l’accès aux NTIC devienne une réalité pour un nombre considérable de nos populations floué par les réseaux de la mondialisation de la prédation du Nord et du Sud de la planète.
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J.-P. Mbelu
Bruxelles-Belgique
Beni-Lubero Online





