





Le Ministre des Affaires Etrangères de France, Bernard Kouchner, est attendu après demain au Congo-Kinshasa. Il vient apporter son soutien à la Conférence de Goma, après sa clôture. La visite de Bernard Kouchner donne le signal que l’après Goma a commencé, les « perdiemistes » ayant fléchi, abandonnant les moments ultimes de leurs assises à des conciliabules dont ils ne connaitront plus jamais les tenants et les aboutissants. Mais pour un accord sans calendrier d’application, leurs signatures ont été obtenues pour ou contre les causes défendues dans leurs déclarations.
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Selon des analystes, Bernard Kouchner aurait dans sa valise, entre autres choses, un agenda de J.P. Bemba, un autre joker qui gagne toujours dans la politique congolaise, malgré son exil. Le schéma du clivage Est-Ouest serait toujours sur la table. Les congolais lui avaient fait échec en août 2006 après la proclamation des résultats du premier tour. Mais le spectre de la bipolarisation hante toujours le Congo comme en Belgique avec les wallons/flamands, au Rwanda et au Burundi avec les Hutu/Tutsi, en Côte d’Ivoire avec les Nordistes et les Sudistes, en Algérie avec les Arabes et les Kabyles, au Soudan avec les Musulmans et les Chrétiens, et dernièrement au Kenya avec les Kikuyus et les Luo. La R.D. Congo doit continuer à résister contre cette bipolarisation dangereuse dans un pays de plus de 400 ethnies.
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Le jour de l’Accord de Goma coïncide avec l’annonce tambour battant du chiffre de 5,4 Millions des morts congolais par l’International Rescue Committee (IRC). Ce n’est pas pour compatir avec les congolais que le chiffre des morts congolais revu à la hausse par IRC a été rendu public le jour de la signature de l’Accord de Goma. Tous les journaux du monde en parlent aujourd’hui. Au lieu de parler des causes de la guerre, les ministres étrangers qui se succèdent au Kivu parlent de l’aide aux refugiés et déplacés de guerre, de la réconciliation sans justice, mais pas des causes ou des auteurs des crimes. En effet, la cause est connue. Les auteurs des crimes sont aussi connus. On voudrait continuer à s’en servir jusqu’à courber l’échine du peuple congolais. Pour le moment, les stratèges pensent que le chiffre de 5, 4 millions des morts, les 3 millions des déplacés à l’intérieur du Congo, feront comprendre aux congolais qu’il est temps d’accepter le diktat de l’ennemi.
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La signature de Nkunda arrachée à Goma loin de l’œil gênant des membres de la société civile, des chefs coutumiers et des Mai-Mai reste un mystère, mais pas pour longtemps. L’histoire va-t-elle se répéter ? Comme en 1960, la Belgique et la France, étaient pour la balkanisation du Congo, jouant la carte de Moise Tshombé. Aujourd’hui ces deux pays seraient de nouveau en train de manipuler les politiciens congolais pour balkaniser le Congo, espérant décrocher comme cadeau d’un Congo démembré, même une petite zone d’influence au soleil congolais. Comme toujours, le partage tend à se faire à ailleurs qu’au Congo, ce géant aux pieds d’argile, sans cohésion intérieure et sans base politique réelle pour s’autodéterminer. En 1960, n’eut été l’intervention des USA, le Congo ne serait pas resté uni comme il l’est encore ce matin. Les USA vont-ils maintenant abandonner leur Congo-Uni de 1960? Toute la question est là.
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La Belgique organise une grande conférence sur le Congo le mois prochain du 19 au 23 Février. L’ordre du jour n’est pas du tout clair. Que cherchent les autorités belges, s’interrogent certains invités… A suivre!
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Le fait que la politique au Congo soit l’apanage d’une élite recrutée par les grandes puissances qui se comportent comme des électrons libres, laisse le pays à la merci des prédateurs internationaux. On comprend pourquoi tous ceux qui ont osé politiser les masses congolaises, à savoir Lumumba et L.D. Kabila, ont été liquidés avant qu’il ne soit tard… Ce sont ces masses qui ont protégé le Congo uni jusqu’a ce matin du 23 Janvier 2008.
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Dans tout ce qui arrive au Congo aujourd’hui, les politiciens congolais sont les plus à plaindre. Au peuple de surveiller la suite de la Conférence de Goma! Il n’y a pas que Nkunda et Joseph Kabila à surveiller. Il y a aussi Jean-Pierre Bemba, le fameux comité de sages de Goma, et surtout, la France, la Belgique, les USA, l’Angleterre, l’Union Européenne…
Le livre de Vincent Hugeux qui vient de paraître est à lire absolument par les congolais pour se libérer de l’envoutement de l’Occident !
Beni-Lubero Online
Livre : Les Sorciers blancs
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Enquête sur les faux amis Français de l’Afrique par Vincent Hugeux, Fayard, 319 pages, 20 euros.
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A coups d’exemples édifiants, le journaliste épingle tous ces Français qui se servent de l’Afrique plus qu’ils ne la servent
La soupe est bonne en Afrique, mais certains refusent d’y tremper leur cuillère. Ces ingrats préfèrent sauter à pieds joints dedans, au risque d’éclabousser la cohorte d’avocats, de journalistes, d’hommes politiques et de conseillers en communication qui, eux, n’ont pas leur pudeur.
Journaliste à l’Express, Vincent Hugeux a enquêté sur ces "sorciers blancs", "les faux amis français de l’Afrique". De quoi se faire un paquet d’ennemis. "Que vient-on y chercher " demande l’auteur, qui arpente le continent depuis des années. "Les honneurs que l’on se voit refuser ailleurs, l’argent facile, l’illusion du pouvoir." Surtout l’argent… "Là où vous gagnez 100 ailleurs, vous touchez 300 à 400 sur le continent. Les Africains sont très généreux", affirme Bernard Rideau, spécialiste en marketing politique.
Le livre abonde en exemples édifiants. Au Congo-Brazzaville, véritable paradis des sorciers blancs, c’est le champion du microcrédit, Jacques Attali, qui décroche un contrat à 10 millions de francs (en 1998) en tant que "conseiller général" du président Denis Sassou-Nguesso, réputé pour sa générosité. Malgré tout, le publicitaire Thierry Saussez se paie le luxe de se voir reprocher par le même Denis Sassou-Nguesso ses tarifs trop gourmands. Il n’y a plus ni gauche ni droite en Afrique, juste un gâteau à se partager. A Abidjan, dans l’antichambre du président Laurent Gbagbo, on croise tout aussi bien Roland Dumas que Jacques Vergès…
Faisant fi de tout réflexe corporatiste, Hugeux n’hésite pas à épingler à son tableau de chasse les "plumitifs". L’auteur réserve une place de choix à l’hebdo Jeune Afrique et à son patron, Béchir ben Yahmed, témoignages d’anciens collaborateurs ou de politiques africains à l’appui. L’un d’entre eux évoque ainsi "deux versions d’une analyse sur le Burundi. L’une élogieuse, l’autre sévère», ajoutant que «c’est l’accueil réservé par les autorités de Bujumbura à une offre commerciale qui a dicté le choix final".
Quel mystérieux ressort pousse les dirigeants locaux à débourser des sommes imposantes pour les beaux yeux de conseillers français, souvent incompétents ? Un début d’explication : "Le chef préfère livrer ses secrets de famille à l’étranger plutôt qu’au frère ou au cousin"
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Plus de quarante ans après les indépendances, la fascination du "Blanc" opère toujours, même si elle va s’estomper avec l’arrivée aux commandes d’une nouvelle génération de dirigeants.
Certains reprocheront à l’auteur de livrer une vision partielle des rapports entre la France et l’Afrique, en ne donnant pas à voir ces hommes et ces femmes qui, sincèrement attachés au continent, y travaillent et aident à son développement. Mais Vincent Hugeux a fait un choix, et il s’y tient. Son entreprise a même quelque chose de salutaire. Car, du Cameroun au Sénégal en passant par le Togo et le "Congo-Brazza" la colère gronde contre ces Français qui se servent de l’Afrique plus qu’ils ne la servent.
Le jour venu, elle pourrait bien emporter ce qui reste sur le continent de ces liens si particuliers entre Français et Africains.
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Patrick Eric Mampouya
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Beni-Lubero Online





