





Blessé de plusieurs coups de fusil le 9 mars, le curé de Jomba, l’abbé Richard Bemeriki, devait décéder, comme tout le monde le sait, le 9 avril dans un hôpital rwandais de Kigali. Un mois après sa mort, ses paroissiens, comme tous les observateurs de Goma et du Nord-Kivu restent révoltés et très indignés. Très indignés par l’absence de toute enquête sur les circonstances de cet assassinat et révoltés par l’attitude de la hiérarchie de l’église locale envers la famille de ce serviteur de Dieu.
S’agissant de l’absence de toute enquête, il semblerait qu’aucune action judiciaire n’ait encore été ouverte. Ceux qui l’affirment s’appuient sur le fait qu’aucun témoin direct de ce lâche assassinat n’ait encore été entendu par des enquêteurs. Pourtant plusieurs autres prêtres présents au moment de la fusillade ont vu les assaillants et pourraient contribuer à leur arrestation en fournissant leur signalement à la justice. Ces prêtres n’auraient jamais été entendus par l’autorité judiciaire. Ce silence de la justice et des autorités politiques et militaires contribue à alimenter la rumeur selon laquelle le commanditaire de son assassinat serait le colonel Makenga, sujet tutsi commandant la brigade mixée Bravo décriée par toute la population. Toujours selon cette rumeur, l’abbé Richard ayant refusé de lui fournir une cache d’armes à la paroisse, ce fameux Makenga l’aurait alors condamné à mort.
Au delà de cette absence d’enquête, l’opinion s’interroge sur le choix de Kigali comme lieu de soins. Cette opinion ne pardonne pas à l’évêque Ngabu d’avoir opéré ce choix en sachant que les parrains de Makenga et Nkunda sont au Rwanda, et pourraient de ce fait terminer la mission macabre d’achever l’abbé Richard. Les plus virulents vont même jusqu’à accuser l’évêque d’avoir ainsi participé à la mise à mort de ce prêtre, ou à tout le moins l’accusent de non assistance à personne en danger.
A cette indignation s’ajoute la révolte de l’opinion devant la relative indifférence du prélat de Goma à la douleur de la famille du disparu. En effet, alors que la famille Bemeriki ne réside pas à Goma, elle a dû attendre 10 jours avant que Monseigneur Ngabu ne daigne la recevoir dans sa résidence. Et aucune fois il n’est venu à l’idée de cet évêque qu’une visite de condoléances au domicile qui accueillait cette famille eut été d’un grand réconfort pour la pauvre mère de son serviteur.
Cette opinion se console à l’idée que, mort avec le Christ Richard ressuscitera avec Lui et que ses œuvres lui survivront. Ses assassins, par contre, périront.
Musemakweli
Goma
Beni-Lubero Online





