




Un adage dit que l’appétit vient en mangeant! C’est ce qu’on peut dire de certains participants à la conférence de Goma qui ont commencé à prendre goût à la conférence depuis qu’ils recoivent le fameux per diem de 135 US$ par jour, par participant pour couvrir les frais vivres et couverts, logement, transport, etc. Ceux qui avaient trouvé de la place dans les grands hôtels de la place, chercheraient aujourd’hui à partager des chambres dans les bas quartiers de Goma pour faire quelques économies. Ce réalisme va permettre aux dinosaures de se retrouver entre eux dans les hôtels trois étoiles de la ville volcanique. Cela s’appelle discrimination positive. La hauteur de ta bourse détermine le lieu de ton habitation sans qu’une loi discriminatoire t’y oblige.
Un simple calcul rapide jette 2025 US$ dans l’escarcelle de chaque participant d’ici la fin de la conférence, si du moins il n’y a pas une autre prolongation que les pensionnaires de Goma ne peuvent souhaiter de tous leurs voeux. Sachant qu’un huissier congolais touche 6000 FC par mois soit 10,3US$, le participant à la conférence de Goma touche par jour ce que le huissier gagne par an! N’est-ce pas une bonne affaire! Ceux qui se sont bousculés pour entrer par la porte étroite de la Conférence, n’auront pas peiné en vain ! Avec la libération du per diem, les mauvaises langues disent que le premier contentieux de la conférence est réglé! Mais ceci n’est pas le sentiment de tous!
En effet, certains participants sont encore sur leur soif quant à l’orientation des travaux. Pour ces derniers, il n’est pas encore possible de voir l’issue des travaux, tellement que le débat et plusieurs aspects de la conférence semblent encore être verrouillés. Plusieurs participants attendent les travaux dans les différents carrefours ou ateliers pour vraiment se rassurer et juger.
Ce jeudi 10 janvier 2008, la deuxième plénière de la Conférence de Goma a été dominée comme hier par des discours, des déclarations d’intention. On a vu des actuels et des anciens membres du gouvernement défilés au podium pour parler de la paix, de l’impérieuse nécessite pour chacun de travailler pour que cette paix devienne une réalité, de tirer les leçons de l’histoire sanglante du Kivu, etc.
La relecture de l’histoire du Kivu par certains orateurs d’aujourd’hui laisse entrevoir l’argument de la peur pour convaincre les Kivutiens a accepter la paix qu’on veut leur offrir en échange de la guerre actuelle avec ses massacres et violations massives des droits humains. Sans le dire, certains orateurs voulaient aux Kivutiens qui ont tant souffert ces dix dernières années, et dont l’armée vienne d’essuyer une défaite cuisante à Mushake, vous n’avez plus de choix que d’accepter la paix que la Conférence de Goma va vous proposer, c’est-à-dire une paix de vaincus.
Chose curieuse qu’on ne cesse de deplorer depuis le début des assises de Goma, c’est que tout le monde parle de paix sans en approfondir les causes immédiates de l’absence de la paix au Kivu. Et sur cette question des causes immédiates, on attend que les excellences et Messieurs les Ministres qui ont eu à gérer le dossier de la crise du Kivu soient plus concrets au lieu de faire remonter la crise du Kivu à Adam et Eve. Bien sur que la crise du Kivu a des causes historiques. Mais elle à plus des causes actuelles qu’historiques.
Ensuite, quand les orateurs demandent aux Kivutiens de faire advenir la paix, c’est comme si l’absence de paix actuelle est l’œuvre des Kivutiens pourchassés et déplacés sur son propre sol !
La crise qui sévit actuellement n’est pas l’œuvre des populations du Kivu. Pour preuve, 5 millions des morts au Congo, plus de 2 millions des Kivutiens déplacés de guerre sur leur propre sol. Les Kivutiens sont victimes et pas responsables de leur propre malheur.
Si les orateurs qui veulent faire de l’amalgame entre les victimes congolaises et celui qui en porte la lourde responsabilité, devraient donner au moins quelques faits qui démontrent que dans un passé récent, les Kivutiens sont allés en guerre contre ses voisins pour expliquer la crise actuelle.
L’histoire que les Kivutiens aimeraient qu’on discute à la Conférence de Goma, c’est l’histoire du génocide du Rwanda qui avait versé des milliers des rwandais au Kivu comme refugiés. Ces refugiés rwandais sont à la base de tous les alibis de l’occupation du Kivu par le Rwanda, notamment l’alibi que le Congo héberge des rwandais indésirables au Rwanda.
L’histoire à débattre à Goma, c’est aussi l’histoire de la guerre d’agression rwando-burundo-ougandaise dont le Congo a été victime depuis de 1996 jusqu’à nos jours.
L’histoire à débattre à Goma, c’est aussi l’histoire du dialogue intercongolais de Sun City dont le but était de mettre fin au conflit Kivutien.
L’histoire à débattre à Goma, c’est aussi l’histoire de la transition politique au Congo et de l’aide promise par la communauté internationale par l’entremise de la Monuc pour mettre fin au recours à la force comme moyen d’accéder au pouvoir.
L’histoire qui vaille la peine d’être débattue à Goma c’est celle de tous les accords conclus avec le Rwanda, l’Ouganda, les deux principaux exportateurs des conflits et des génocides dans la région des Grands Lacs Africains, des accords qui n’ont jamais été appliqués.
Dans toutes ces pages d’histoire, le peuple Kivutien a toujours privilégié la paix, permettant que des dirigeants aux origines douteuses règnent sur lui, pourvu que la paix règne ; acceptant la logique des élections, faisant toujours des concessions pour que le conflit se résolve par le dialogue, la tolérance, etc.
Le peuple du Kivu a tout fait pour que la paix revienne au pays. Il est inacceptable que des orateurs imputent la faute aux victimes. Cette attitude dénote un manque de respect à l’égard des victimes. .
La source du conflit kivutien s’appelle agression par le Rwanda et l’Ouganda avec l’aide des fausses rebellions congolaises. Si les participants de la Conférence de Goma ne sont pas capables de profiter des assises de Goma pour faire un pas dans cette dénonciation, alors ils ne sont pas dignes fils et filles du Kivu. Qu’ils sachent qu’on ne peut avoir de réconciliation sans justice et sans vérité. Le fait de venir à Goma après un échec cuisant des Fardc au Nord-Kivu doit pousser les participants à cesser de tourner autour du pot. Si les tutsi ont souffert, ce ne sont pas les congolais qui les ont fait souffrir… Nkunda qui tient la dragée haute à l’Etat congolais et aux Fardc n’est pas une victime, mais plutôt un bourreau. Passer sous silence les crimes commis, serait cracher sur la mémoire des victimes. La Conférence de Goma peut s’inspirer de la Commission Vérité et Réconciliation de l’Afrique du Sud. La réconciliation va de pair avec la vérité.
La vérité qui doit être dite à Goma est que le peuple kivutien est victime d’une agression du Rwanda et de l’Ouganda, et d’un complot international qui soutient le bourreau du peuple congolais malgré tous ses efforts de paix consentis. La vérité est que le bourreau veut un territoire. La paix pour le bourreau c’est lui concéder le territoire qu’il occupe déjà en moitié par les armes.
Les trois premiers grands coupables dans la crise kivutienne sont ainsi le gouvernement congolais, le Rwanda et l’Ouganda, certaines grandes puissances qui financent les actions de la Monuc au Congo.
Le gouvernement congolais est coupable parce qu’il n’applique pas la constitution du pays pour mobiliser le pays comme un seul homme pour sa securité et son bien-être.
Le Rwanda et l’Ouganda sont coupables parce qu’ils financent des rebellions et des milices qui sèment la mort au Congo.
Certaines grandes puissances telles les USA, l’Angleterre, l’Australie, le Canada, la France, la Belgique etc. sont coupables parce qu’elles n’ont pas tenue leur promesse aux congolais, à savoir, aider la jeune démocratie issue des urnes de 2006 à se consolider dans la paix et la discipline.
Tous ces trois coupables sont déjà d’accord dans une certaine mesure sur l’issue de la Conférence de Goma. Mais la paix qu’ils feignent de rechercher a Goma c’est l’assentiment du peuple kivutien par le moyen de ses représentants de fortune pour cautionner ce plan machiavélique sur le Kivu.
C’est pourquoi les participants qui n’ont pas encore de sang sur leurs mains et qui ne sont pas encore corrompus et corruptibles par le vrai ennemi du Kivu devraient se souder pour résister à la corruption pour que la réconciliation escomptée de Goma se fasse dans la vérité et dans la dignité.
Les négociations des coulisses que les organisateurs annoncent pour des questions dites sensibles c’est la recette de ce gouvernement pour noyer la vérité et le lieu de prédilection pour l’achat des consciences. Que les participants se rappellent que les huis clos ont déjà rapporté des gros dividendes au gouvernement pour avoir réussi à noyer la vérité de Bundi Dia Kongo et de Kahemba. Ne pas lui laisser rééditer cet exploit à Goma devrait constituer un des objectifs de chaque participant. Réfuter ces négociations des coulisses permettrait à la dure vérité d’émerger et aux congolais de découvrir le pot aux roses de la Conférence de Goma.
Rigobert Kanduki
Goma
Beni-Lubero Online
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