





Après sa victoire militaire contre les FARDC, Nkunda vient encore une foi de gagner une autre bataille : politique, celle-ci, et ce, devant des témoins venus du monde entier.
L’Homme fort du Congo qui n’est autre que le Général Nkunda a fait rassembler à Goma – parce que c’est lui qui exigeait une telle Conférence – le Gouvernement, représenté par le Chef de l’État en position de faiblesse (si pas en tant que complice), la société civile et des guerriers locaux de cette partie de la République. Le CNDP y a siégé en vrai maître des céans.
Malgré les apparences affichées du Chef de l’Etat (illustrées par un discours « ferme » selon lequel Nkunda n’était pas invité à la Conférence parce que criminel), c’est ce Nkunda qui avait, en fin de compte, le dernier mot. C’est de lui que dépendait le succès ou l’échec de la fameuse Conférence de la honte. C’est lui qui télécommandait le sens des discussions à Goma et c’est encore lui qui posait des conditions qui devaient être remplies par le Gouvernement. À ces assises, les dupes c’étaient les représentants des combattants locaux et ceux de la population.
Du haut de ses collines, Nkunda traitait avec les facilitateurs et intimait des ordres à un Joseph Kabila penaud ou complice. C’est selon.
Du haut de ses collines Nkunda dictait les termes de l’Acte de désengagement. Le dictionnaire de la politique congolaise n’en est pas encore à bout de ses termes.
Désengagement de qui ou de quoi?
En réalité c’est la République Démocratique du Congo qui se désengage de poursuivre Nkunda pour ses crimes, elle se désengage de poursuivre les Forces redoutables de Nkunda, elle se désengage d’administrer le territoire contrôlé par Nkunda. Une zone tampon est déjà tracée entre la République du Volcan du Président Nkunda et la RDC, zone qui sera sous la supervision de la MONUC. C’est-à-dire que les soldats des FARDC tout comme les policiers de la RDC ne fourreront pas leur nez dans ce pays nouvellement créé. N’oubliez pas non plus que les soldats de la Monuc ont toujours été depuis le début de la transition les meilleurs alliés de Nkunda. Nkunda vient d’obtenir haut les mains toute une contrée qu’il va « légitimement » administrer. Oui, légitimement, parce que tous les participants de la Conférence, y compris le Chef de l’État, viennent d’introniser NKUNDA à la tête du territoire qu’il a conquis. C’est tout ce qui manquait à Nkunda pour savourer sa victoire de Sake, de Mushake, etc. Le dimanche avant cette intronisation du Roi du Kivu, Nkunda avait prêchée que son heure était arrivée, et cette heure est là pour ceux qui ont des yeux pour voir, et des oreilles pour entendre.
Comme son pays partage des frontières communes avec le Rwanda et l’Ouganda, qui contrôlera le flux des mercenaires et des civils qui viendront s’installer dans sa républiquette ? Qui l’en empêchera ?
Les Congolais ont la mémoire courte. Ils ont oublié comment Nkunda a gonflé ses effectifs lors du mixage. Ne fera-t-il pas mieux avec cette indépendance que les Congolais rassemblés à Goma viennent de lui accorder ? Avec les Mai-Mai qui se sont désarmés avant que leur ennemi ne se désarme, et que le peuple qu’ils défendaient ne rentre de son errance dans la brousse du Kivu, la Conférence de Goma a été un marché des dupes comme la diaspora du Kivu l’avait décriée.
L’ACTE DE DÉSENGAGEMENT signé à Goma ce 23 janvier marque la scission et la cession d’une partie du pays au Rwanda par le truchement de Nkunda. Point, trait. Ceci n’est pas encore une fatalité si les Kivutiens ouvrent l’œil, et le bon.
On y reviendra.
MULENGWA L. PAGIEL
Beni-Lubero Online





