





ASSOCIATION CULTURELLE KYAGHANDA Asbl
« OBUGHUMA BW’ABA YIRA »
DECLARATION DE LA COMMUNAUTE YIRA A L’ISSUE DU CONSEIL CULTUREL DE MABOYA
Nous, délégués des Vyaghanda et des forces vives, réunis en deuxième session ordinaire 2016-2017 du Conseil Culturel de l’Association Culturelle Kyaghanda Asbl « Obughuma bw’aba Yira », à Maboya, groupement Malio, Chefferie des Bashu, Territoire de Beni, en Province du Nord-Kivu, du 10 au 12 février 2017, avons analysé les conditions socio-économiques et sécuritaires que traversent les membres de notre communauté partout où ils se trouvent ;
De prime abord, nous tenons à remercier de vives voix le Gouvernement Congolais pour nous avoir assuré la sécurité durant nos assises ; nous remercions également la population de Maboya et environs pour l’accueil, la restauration et le logement des participants. Qu’elle trouve ici l’expression de notre gratitude ;
Nous adressons des vives félicitations au Gouverneur de Province du Nord-Kivu, Son Excellence Julien Paluku Kahongya, pour ses dix ans à la tête de l’exécutif provincial. Il a su endurer de multiples difficultés et les a surmontées de manière intelligente .Par ailleurs, il reste encore beaucoup à faire. Nous profitons de cette occasion à féliciter les populations de Mangurejipa pour leurs efforts dans la réhabilitation des routes après la sensibilisation de notre Conférence Culturelle 2016 et, pour ce fait, nous invitons toute la classe politique de la Communauté Yira à la cohésion responsable pour les futures élections en République Démocratique du Congo ;
Nous saisissons cette occasion pour saluer la mémoire de tous les militaires et policiers qui tombent au front pour neutraliser les ennemis de la paix et défendre l’intégrité nationale ; de manière particulière, le policier tué au centre d’enrôlement à Butembo la nuit du jeudi au vendredi 10 février 2017 et un autre assassiné à Nyamilima, en territoire de Rutshuru la même nuit dans les circonstances similaires et d’autres à territoire de Lubero.
Par ailleurs, la communauté Yira déplore,
• La persistance de l’insécurité, des cas des massacres des populations en répétitions en territoire de Beni (Nord-Kivu) et Irumu (Ituri), des tueries, des incursions nocturnes et des braquages en ville de Beni et Butembo, de kidnapping des civils (le cas illustratif étant celui de Jean Baptiste Kasereka, membre du conseil culturel de Mambasa) ainsi que des attaques des centres d’enrôlement des électeurs et des camps militaires…
• La résurgence et l’activisme des groupes armés, nationaux et étrangers sur le sol congolais, semant ainsi la désolation dans le chef de la population ;
• La délinquance de certains éléments Fardc envoyés en mission dans les villages de Beni-Lubero pour traquer les miliciens, mais détournent leurs missions en se livrant au pillage et à l’extorsion des biens de la paisible population, aux viols des femmes et des enfants, ainsi qu’au payement des taxes illégales sans en être inquiétés ;
• Le déplacement massif des populations obligées d’abandonner leurs villages et leurs champs craignant pour leurs sécurités ; ils vivent dans des conditions difficiles sans assistance adéquate.
Au sujet de l’assassinat du feu père Vincent Machozi, ancien président mondial de la communauté Yira, notre inquiétude est grande de constater qu’au bout d’à peu près une année, la justice n’ait pas réussi à rendre son jugement ;
Quant aux massacres de Beni, les participants au conseil se désolent de constater que la communauté internationale hésite encore d’amorcer les enquêtes indépendantes et de déclarer de crime de génocide ces massacres visant à exterminer les Yira. Bien au contraire, elle laisse au gouvernement congolais la responsabilité d’enquêter et de juger les présumés auteurs, alors que l’accusation de complicité pèse sur certains officiers congolais, à en croire plusieurs rapports. Notre crainte est que cette stratégie soit une autre façon de minimiser la gravité de ce crime contre l’humanité et de faire porter aux victimes leur propre malheur en subordonnant témoins et présumés.
A ce qui concerne la réapparition du phénomène maï-maï dans le Beni-Lubero, nous condamnons les propos de certaines autorités qui attribuent ce mouvement à la communauté Yira et identifient tout membre de cette dernière aux maï-maï. Nous tenons à rappeler que l’infraction est individuelle.
En conséquence, tous ceux qui s’enrôlent dans les milices le font pour leur propre compte et doivent être traqués par l’armée régulière et punis conformément aux lois du pays par la justice congolaise.
Par contre, nous attirons l’attention de l’opinion nationale et internationale qu’il existe certains politiciens en mal de positionnement qui ne cessent de multiplier des stratégies pour lever les communautés ethniques, les unes contre les autres et ainsi créer une autoroute pour la balkanisation du pays.
Eu égard à ce qui précède, nous recommandons :
1. A la communauté internationale :
De faciliter l’ouverture des enquêtes internationales et indépendantes sur les massacres de Beni, en vue d’une justice internationale de la CPI qui n’est pas seulement destinée aux grands politiciens mais concerne également les crimes commis à l’endroit des civils;
2. Au gouvernement congolais,
• De restaurer l’autorité de l’Etat sur toute l’étendue de la république sans en sacrifier un seul mètre carré ;
• De déclarer comme zone sinistrée les villes de Butembo et Beni ainsi que les territoires de Beni et Lubero qui continuent à endurer les affres de la guerre.
3. Au gouvernement provincial du Nord Kivu et de l’Ituri
• De continuer la modernisation des voiries urbaines (Butembo – Beni) et l’entretien des routes de dessertes agricoles dans la province et de faciliter la collaboration harmonieuse entre les bami et les animateurs de différents vyaghanda;
• D’appuier les initiatives de réhabilitation des ponts de Bunzumu en Groupement Batangi Mbau ; de Loulo en Groupement Madiwe et de Karagho en Chefferie de Baswagha ;
• De résoudre les problèmes de grèves des cultivateurs de Cacao pour multiplication des Taxes en province de l’Ituri et celui des Bouchers du Grand Nord Kivu qui pèsent sur les paisibles populations.
4. Aux politiciens congolais
• De privilégier l’intérêt général en trouvant le plus rapidement possible une issue favorable à leurs divergences sous la facilitation de la CENCO;
• De cesser d’attiser le feu de la haine tribale au détriment de la pauvre population innocente.
5. Aux membres de la communauté Yira
• De renforcer la valorisation de leur culture dont entre autre l’apprentissage de la langue yira (Oluyira) et la vulgariser sous d’autres cieux ;
• De s’approprier le processus électoral en cours en s’enrôlant massivement à l’interieure comme a l’extérieure du pays;
• De ne pas céder à la manipulation des politiciens véreux qui ne visent que leurs intérêts égoïstes.
Enfin, dans le cadre des préparatifs de la 10ème Conférence Internationale Culturelle, Economique et Sociale Yira, Rwenzori 2017, nous annonçons la tenue du prochain conseil culturel qui aura lieu à Bulongo du 30 avril au 1mai 2017.
Fait à Maboya, le 12 février 2017
Pour le Conseil Culturel
Le président du Kyaghanda Maboya Pour le Conseil Culturel
MUHINDO VALIHALI Alphonse PALUKU BWANAKAWA Martin
Président Premier Vice-Président
©Beni-Lubero Online.





