





Déclenchement de la guerre d’agression-rebellion
Origine des faits
Chronologiquement, après la chute du Maréchal MOBUTU, il y eut successivement deux guerres en R.D.C. conduites par le Rwanda et l’Ouganda. La première est celle de l’A.F.D.L. et la seconde celle du R.C.D.
Le 2 août 1998, Sylvain MBUKI, le commandant du 10e bataillon de l’armée congolaise basée à Goma, qui, le premier, lance un appel à l’insurrection. La radio aurait diffusé pendant plusieurs heures son communiqué. « Les provinces du Nord et du Sud-Kivu sont entrées dans une rébellion ouverte contre le gouvernement de Laurent Désiré KABILA. Nous, l’armée de la République Démocratique du Congo, avons pris la décision de démettre du pouvoir le président Laurent Désiré Kabila(1). Cette déclaration faite par un Congolais de souche n’explique pas que la guerre est congolo-congolaise, mais une machination des acteurs internes. Pour l’Ouganda et le Rwanda, Laurent Désiré Kabila a manifesté une dose d’ingratitude vis-à-vis d’eux. Tout a été programmé par l’ancien Chef d’Etat-major des armées congolaises JAMES KABAREHE. Les troupes du Rwanda et de l’Ouganda s’infiltrent à Goma et surtout à Baraka où quelque deux mille militaires auraient débarqué par bateaux rapides. Pendant ce temps, les troupes ougandaises contrôlent les territoires de Beni et de Lubero.
Après la victoire des rebelles à l’Est, un pont aérien sera organisé jusqu’à Kitona dans la province du Bas-Congo. Dès le 4 août 1998, un avion cargo de la compagnie Congo Air Lines (CAL en sigle) aurait été détourné à Goma par des militaires rwandais sur ordre du commandant James KABAREHE. Ce dernier prendra place dans l’avion et atterrit sans coup férir à la base militaire de Kitona où 8000 soldats rwandais et ougandais se rejoindront aux soldats de l’ancienne armée zaïroise en rééducation. Mais grâce aux nouveaux alliés des forces gouvernementales, Angolais et Zimbabwéens, la capitale (Kinshasa) ne tombera pas entre les mains des rebelles.
Institutionnalisation du Rassemblement Congolais pour la Démocratie.
D’après Colette BRAECKMAN, l’appellation R.C.D. sera annoncée après l’échec du raid sur Kitona. Mais la déclaration politique qu’adoptent les fondateurs du R.C.D. sera datée du 1er août et fixe au 1er septembre la création du mouvement. En fait, le R.C.D. a été constitué au Rwanda dès le début du mois lors d’une réunion à huis clos qui sera gardée secrète. Selon un texte rédigé par Wamba Dia Wamba, c’est le commandant rwandais DAN qui, avec d’autres, fut chargé de recruter des Congolais et de les réunir à Kabunga au Rwanda(1).
Membres de la direction politique et militaire du Rassemblement Congolais pour la Démocratie.
Cette rébellion s’était dotée d’une direction politique et militaire depuis la ville de Goma en date du 16 août 1998. Ce tableau explique mieux.
N°
|
Nom de l’acteur
|
Poste occupé
|
Province d’origine
|
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13
14
15
16
17
18
19
20
21
|
Ernest WAMBA dia WAMBA
Arthur Z’AHIDI NGOMA
Moïse NYARUGABO Jacques DEPELCHIN LUNDA BULULU KALALA SHAMBUYI
THAMBWE MWAMBA
BIZIMA KARAHA
MBUSA NYAMWISI Déogratias BUGERA Joseph MUDUMBI Dr. Gertrude MPALA
E. KAMANZI
Me EMUNGU EHUMBA E. NGANGURA KASOLE
Dr Emile ILUNGA
Jacques MATANDA Daniel MAYELE
José ENDUNDO KINKIEY MULUMBA
Lambert MENDE |
Président 1er Vice-président 2e Vice-président Rapporteur Coordonnateur Mobilisation – Relation extérieure Président de l’Assemblée – Administration territoriale Administration interne Finances Justice Communication Santé – Représentant du RCD en Europe – Information Porte-parole |
Bas-Congo Maniema Sud-Kivu Sud-Kivu Sud-Katanga Kasai Occ. Maniema Sud-Kivu Nord-Kivu Nord-Kivu Sud-Kivu Maniema Nord-Kivu Kasai Or. Sud-Kivu Nord-Katanga –
– Equateur – – |
Source : nos enquêtes
Commentaire du tableau :
Il faut d’abord observer que, mis à part ceux qui appartiennent à la composante tutsie, aucune de ces personnalités n’a vraisemblablement été impliquée dans la genèse et le déclenchement de cette rébellion du R.C.D. Ce à quoi on assiste, c’est l’absorption de la classe politique congolaise à un mouvement monté de toute pièce par les gens à la nationalité douteuse.
La seconde observation est que le R.C.D. naissant choisit de mettre à l’avant-plan des intellectuels et universitaires d’une certaine envergure et qui avaient manifesté un certain souci d’indépendance politique. Comment expliquer l’adhésion de ces hauts diplômés et hommes de qualité, comme WAMBA DIA WAMBA, Z’AHIDI NGOMA… à un mouvement qui est manifestement à l’origine sous le contrôle d’un pays étranger ? Nous pensons que c’est suite aux ambitions démesurées du pouvoir.
La troisième observation, le R.C.D. semble mimé les stratégies de l’A.F.D.L. Il comprend : d’anciens hauts responsables tutsi du régime Kabila (Bugera, Karaha, Nyarugabo…), des barons du Mobutisme mais que l’on peut qualifier, selon Jean-Claude WILLAME, des « mobutistes réformistes » (1) (Lunda Bululu, Thambwe Mwamba, Kinkiey Mulumba…). Des déçus du régime Kabila, soit qu’il ne leur ait pas été accordé la place qu’ils estimaient mériter (Ilunga, Matanda, Nyamwisi…). Soit qu’il leur fait subir quelques déboires (Kalala Shambuyi). Une personnalité politique singulière, définissable seulement par son opposition constante à Kabila : Z’AHIDI NGOMA, deux intellectuels, idéologues eux aussi difficilement classables sur l’échiquier politique et dans le jeu des clans : WAMBA DIA WAMBA et Jacques DEPELCHIN.
La Direction militaire
La 10e brigade est réputée la plus puissante et la meilleure unité des Forces Armées Congolaises, car c’est un groupe organisé par le commandant rwandais JAMES KABAREHE depuis Kinshasa. C’est elle qui sera la cible rebelle. Le commandant de cette brigade basée au Nord-Kivu, Jean-Pierre ONDEKANE ralliera la rébellion, mais après avoir, un temps, été mis en résidence surveillée par les promoteurs du mouvement. Voici l’organisation militaire du R.C.D.
Tableau N° 6 : Direction militaire du R.C.D.
Nom du commandant
|
Poste occupé
|
Jean-Pierre ONDEKANE |
Chef d’Etat-Major Général et Commandant en chef des opérations |
BOB NGOY KALUBI
|
Chef d’Etat-Major Général Adjoint et Commandant Second |
Sylvain MBUKI |
Chef de Renseignement Militaire |
HUGO IBOS ILONGO
|
Commandant du Secteur Nord |
Henri ALLI PEPE BONTAMBA |
Commandant de Brigade Goma |
MALANGI TSHAPUL |
Chef de l’Administration de l’Armée |
G. Bin MUSAFIRI KALE
|
Chef du G5 |
NESSY MBIENGA |
Commandant de la Sécurité présidentielle |
KEPAPOL KELIE KITOKO
|
Officier de renseignement et sécurité militaire au Nord-Kivu |
Source : G. de VILLERS, op. cit., p. 52.
Commentaire :
Selon nos enquêtes, tous ces commandants officiers auraient participé à la guerre de 1996-1997 dans les rangs de l’A.F.D.L. mais formés par les Forces Armées Congolaises.
Déclarations Politiques du Rassemblement Congolais pour la Démocratie.
Le 12 août 1998, le R.C.D. adopte une déclaration politique rédigée à Kabuga dans la banlieue de Kigali et signé par 26 personnalités rebelles. Ce sont ces signataires qui constituent les véritables membres fondateurs du mouvement. Comme objectifs apparents du R.C.D. :
1°. Mettre fin à toute forme de dictature, par l’instauration d’un Etat de droit et d’une bonne gouvernance ;
2°. Construire un Etat uni, démocratique et prospère en sauvegardant la souveraineté nationale, l’intégrité territoriale et l’identité citoyenne pour tous ;
3°. Promouvoir le processus de réconciliation, de démocratisation et de reconstruction nationale ;
4°. Combattre le tribalisme, l’ethnicisme, le népotisme, la corruption, la concussion, l’arbitraire, l’impunité généralisée ;
5°. Promouvoir l’auto-organisation des paysans, des travailleurs, des femmes et des jeunes pour la défense de leurs intérêts matériels et moraux ;
6°. Promouvoir le bien-être social du peuple congolais par des mesures spécifiques notamment dans les secteurs de la santé, de l’éducation et de l’emploi ;
7°. Construire une économie intégrée par une gestion rigoureuse et responsable en partant des secteurs prioritaires en vue d’éradiquer la misère du peuple et de poser les bases du développement économique du pays(1).
Dans cette déclaration, le R.C.D. se démarque de l’A.F.D.L. dans son discours de la phraséologie marxiste et tiers-modiste qui constituait un danger pour les capitalistes. Mais alors, le R.C.D. n’élaborera aucun document précisant son programme et sa vision de l’avenir du pays.
Dissensions internes au sein du Rassemblement Congolais pour la Démocratie.
Au lieu de consolider son pouvoir sur terrain, le R.C.D. a, d’août en décembre 1998, connu des dissensions internes de nature à hypothéquer son avenir politique. En effet, il s’est révélé dans la pratique que le professeur WAMBA DIA WAMBA n’était président que de nom. En plus, les relations tendues entre lui et le professeur LUNDA BULULU, le coordonnateur de l’exécutif, avaient des répercussions sur l’ensemble de vie et fonctionnement du mouvement. Plus précisément sur l’encadrement des cadres et la mobilisation de la population.
Selon les structures de Kabuga (au Rwanda), le professeur Wamba Dia Wamba était désigné chef de file de la rébellion. Mais dans la pratique, chacun des membres fondateurs ne cessait de prévaloir ses relations avec les alliés rwandais ou ougandais. Ainsi, Wamba Dia Wamba ne savait quand et pourquoi un de ses collaborateurs faisait rapport aux alliés. Par rapport à MM. BIZIMA KARAHA, Moïse NYARUGABO ou MUHETO Léon.
Par ailleurs, lors des premières déclarations faites à Goma par Z’AHIDI NGOMA, avant la création du R.C.D., Wamba Dia Wamba n’était pas encore arrivé de la Tanzanie. C’est à Kabuga que la délégation venue de Goma l’a vu pour la première fois(2). Z’AHIDI NGOMA avait déjà communiqué ses ambitions de devenir président du mouvement.
D’ailleurs, de par ses convictions politiques et sa tendance marxiste, contrairement au mouvement, Wamba dia Wamba devait avoir des difficultés à s’adapter à une vision rebelle. Incapable de parler Lingala et Swahili ne faisait que l’écarter davantage des autres.
Cependant, suite aux dissensions internes, Z’AHIDI NGOMA prendra congé du R.C.D. en janvier 1999. Le principal motif qu’il invoque est le refus d’une ouverture du mouvement aux forces sociales et politiques congolaises(2).
Ensuite, à partir de mars, Wamba Dia Wamba établira également son quartier général à Kisangani, alors que les organes du mouvement ont toujours leur siège à Goma. Dans une interview accordée au Palmarès du 09/04/1999, il reconnaît à mi-mai tout en niant l’éclatement du R.C.D., que sa sécurité dans la capitale rebelle (Goma) n’était pas assurée. Et qu’à Kisangani sa sécurité a été renforcée par les Ougandais et par une poignée de Congolais(3).
De la création du R.C.D./M.L-Kisangani
La création du R.C.D./M.L.-Kisangani avait été officiellement annoncée après la décision prise le 19 mai 1999 à Goma par un groupe des cadres se considérant comme un collège des fondateurs du R.C.D. La décision avait consisté à dissoudre les trois organes du mouvement rebelle, à savoir l’Assemblée des membres, les conseils politiques et le comité exécutif (3). Selon Esdras BAHEKWA, cette dissolution d’organe n’était en fait qu’un prétexte visant à chasser WAMBA dia WAMBA et MBUSA NYAMWISI du R.C.D. Ces deux responsables d’organes (Conseil Politique et Assemblée) s’étaient souvent insurgés non seulement contre la conduite de la guerre mais aussi contre l’encadrement de la population dans les territoires fraîchement libérés.
En plus, le Rwanda s’ingérait dans tout ce qui se faisait dans le R.C.D. au point qu’aux yeux de la population, tous les responsables du mouvement apparaissaient comme étant des marionnettes des rwandais. Par ailleurs, J.P. BEMBA du M.L.C., ayant ouvert un autre front avec la bénédiction de l’Ouganda, le professeur WAMBA dia WAMBA et Monsieur MBUSA NYAMWISI avaient trouvé utile de le rencontrer et de discuter sur les modalités de former un front uni. En mars 1999, WAMBA dia WAMBA annonce le transfert du « quartier général » de son mouvement, de Goma à Kisangani. Pour Kigali, cette décision n’est qu’une trahison. C’est pourquoi, en sa qualité de président de l’Assemblée des membres du R.C.D., Monsieur MBUSA NYAMWISI avait convoqué, en date du 14 mai 1999, une réunion extraordinaire à Kisangani. Elle avait pour mission de statuer sur la question du transfert du Quartier général de Goma à Kisangani. Très vite, LUNDA BULULU, chef de l’exécutif, fera une autre réunion parallèle à Goma en date du 15 mai 1999. Face à cet imbroglio, l’Ouganda, le Rwanda et la Tanzanie soutiendront la réunion de Goma. Néanmoins l’équipe de WAMBA refusera de participer à cette réunion du 19 mai 1999 tenue à la Banque de Développement des Grands Lacs à Goma.
Ce refus avait provoqué la colère du Rwanda qui avait mis toutes les batteries en marche en vue d’attaquer militairement les résidences du groupe WAMBA. C’est donc dans ces circonstances que l’éclatement du R.C.D. s’était effectué et le début du R.C.D./M.L.-Kisangani basé d’abord à Kisangani puis à Bunia et finalement à BENI ;
Dans ce qui précède, il apparaît clairement que les acteurs de cette guerre sont multiples. Ils varieraient selon les tendances et le soutien étranger.
Acteurs dans la guerre du Rassemblement Congolais pour la Democratie (R.C.D.)
Acteurs internes
Le Rassemblement Congolais pour laDémocratie..
La guerre débutée en août 1998 est présentée au départ par les rebelles comme une « guerre de libération » mais, ironie de l’histoire, elle est vite transformée en une guerre d’occupation étrangère dont les acteurs internes agissent après l’accord externe. Parmi les acteurs internes, nous voyons d’abord les Rwandophones (Banyamulenge, Banyarwanda…) qui ont quitté très vite Kinshasa pour se rendre à Kigali ou à Kampala puis à Goma. Parmi eux, BIZIMA KARAHA, ancien ministre des affaires étrangères dans le gouvernement de Laurent Désiré KABILA. Celui-ci avait joué dans sa diplomatie en défaveur pour qu’aucune crédibilité ne soit attribuée à ce gouvernement. A part cette figure influente, on identifie également Déogratias BUGERA, Moïse NYARUGABO, Emmanuel KAMANZI, Azarias RUBERWA, Léonard KANYAMUHANGA… On range aussi dans ce groupe les officiels Benjamin SERUKIZA, MUNYONYO MUTWALE… Cette bande de rwandophones, avec l’intelligence de MUSEVENI et KAGAME, ont des ambitions politiques et l’agenda caché de la guerre à l’Est de la R.D.C.
Le deuxième groupe est formé des révolutionnaires opportunistes dont KALALA SHAMBUYI, ancien responsable de la propagande au sein de l’A.F.D.L., Emile ILUNGA, responsable de la branche politique de Tigre Katangais basé en Angola. Il y a également MBUSA NYAMWISI, un nande (yira) du Nord-Kivu, frère de NYAMWISI MUVINGI et qui, désavoué par ses compatriotes nande, est supposé établir la liaison entre Mayi-Myi et la « nouvelle rébellion » à partir de sa base en Ouganda. Notons que MBUSA NYAMWISI occupe le poste ministériel de la Coopération Régionale dans le Gouvernement de Transition pour le compte de son mouvement du RCD/ML-Kisangani.
Un troisième groupe est formé d’anciens Mobutistes Alexis TAMBWE MWAMBA, ancien ministre et directeur de l’office de Douane, LUNDA BULULU, ancien premier ministre et ministre de Mobutu, KAMBALE BAHEKWA, ancien membre de la sécurité nationale sous la deuxième République, KINKIE MULUMBA, José ENDUNDO…
Le quatrième groupe est celui d’universitaires anciens opposants de Mobutu, ayant été déçus dans l’opposition prônant la non-violence, décide de se ranger derrière une lutte armée. Parmi ceux-ci, on trouve des professeurs dont E. NGANGURA, Ernest WAMBA dia WAMBA. Ce dernier, un professeur d’histoire vivant en Tanzanie et proche des anciens présidents NYERERE et Jimmy CARTER. Nous voyons également Arthur Z’AHIDI NGOMA, ancien fonctionnaire de l’UNESCO et président des « forces du futur », aujourd’hui vice-président pour le compte de l’opposition non armée dans le Gouvernement de la Transition après le Dialogue Inter-Congolais tenu à SUN CITY en Afrique du Sud.
La résistance des compatriotes Mayi-Mayi
Au début des années quatre-vingt-dix, l’Est du Congo en général et le Nord-Kivu en particulier se sont trouvés confronté à des rébellions et une résistance d’un type nouveau. Comme MAZRUI l’a correctement démontré à propos des premières expressions de rébellion et de résistance, « les guerriers du dix-neuvième siècle et même du commencement du vingtième essayaient d’empêcher l’incorporation de leur société dans les structures globales étrangères.» (1) Suivant MAZRUI, la rébellion muleliste peut être décrite comme faisant partie d’un nouveau phénomène : « Par contraste, les nationalistes africains et asiatiques du vingtième siècle ont tous revendiqué le droit d’entrer dans le système international qui fut créé originalement par les structures occidentales » (2). Les actuelles milices Mayi-Mayi ne comportent aucune de ces dynamiques. Ces combattants représentent le vaste groupe des paysans et des jeunes vivant dans les conditions les plus vulnérables du système global, qui ne participent pas à l’ordre ancien mais en même temps se voient exclus du monde moderne. La plupart d’entre eux « ont été trahis par leurs propres gouvernements, abandonnés par les organisations internationales et oubliés du monde. » (3) Comme ils n’avaient rien à perdre de plus que leurs chaînes, la rébellion est devenue un choix, à la fois en tant que stratégie de survie et stratégie d’autodéfense contre un ordre politique et social au comportement prédateur.
Les premières milices à mentionner sont celles des Kasindiens (conduite par KISASE NGANDU) et celles des Ngilima, qui ont commencé à opérer au début des années quatre-vingt-dix. Les Ngilima avaient leur base dans les régions Nord de Beni et de Lubero, tandis que les Kasindiens devaient être considérés comme une milice frontalière, avec leurs quartiers généraux situés sur les pentes du Rwenzori. La raison pour laquelle les milices locales se sont mises à opérer dans cette région en 1991-1992 demeure la domination du mobutisme. Leurs origines sont en rapport avec l’armée nationale de libération de l’Ouganda (NALU)(1), elle-même ayant son origine dans le Rwenzori et soutenue par le président MOBUTU. Par le soutien qu’il apportait au NALU, MOBUTU visait déstabiliser les régions occidentales de l’Ouganda de MUSEVENI. Par conséquent, il s’appuya sur les leaders locaux, tel que feu NYAMWISI (frère du président du RCD/ML-Kisangani MBUSA NYAMWISI) qui étaient supposés recruter la jeunesse locale pour le compte de la communauté Nande, laquelle était reliée du point de vue historique à ses voisins vivant du côté ougandais de la frontière (Kodjo). Cependant, les choses ne se sont pas passées comme prévu après sa mort en date du 5 janvier 1992 à Butembo. D’ailleurs, jusqu’aujourd’hui, cette mort est attribuée au régime de Mobutu. Les Ngilima et Kasindiens, après sa mort, ont commencé à opérer pour leur propre cause et se sont mis à s’opposer au régime du feu Maréchal.
Dès le départ, ces groupes Mayi-Mayi ont eu une confiance aveugle à des individus de tout genre de nature mystique supposés les protéger de l’impact des balles. Des « docteurs » comme KAGANGA fabriquaient des produits qui devaient rendre invulnérables les combattants audacieux et téméraires. Les combattants étaient connus comme étant des Basimba (autour de Lindi) de Katuku, à l’origine les recrues étaient des Nyanga, tembo de Bunyakiri. Bien qu’il y ait eu une part de mobilisation spontanée, on admet généralement aujourd’hui que les politiciens locaux et les autorités traditionnelles ont joué un rôle crucial dans le recrutement de l’armement et approvisionnement en vivres de ces combattants. Ce qui explique pourquoi leur cible principale a glissé de l’administration de Mobutu vers les communautés banyarwanda jusqu’aux attaques actuelles.
Cependant, le début de la rébellion de l’A.F.D.L. fut la plaque tournante suivante dans l’histoire des Mayi-Mayi. D’abord, dans les communautés qui n’avaient pas été touchées par la dynamique de constitution de ces forces dites d’autodéfense populaire qui poussaient tels des champignons. Voyons comment sous le régime du R.C.D. cette résistance s’est manifestée.
De la simple milice à une force politico-militaire du Nord-Kivu
Au lendemain de la rébellion du R.C.D., le paysage politique et militaire local connut un total remaniement. L’environnement politique changeant eut aussi un puissant impact sur les forces Mayi-Mayi, suite au nouveau contexte de la guerre. L’implosion étatique reliait directement ces réalités de base à la dynamique politique régionale sous les espèces des réseaux militaires informels. D’une part, la nature de la guerre en cours donnait au mouvement Mayi-Mayi une légitimité nouvelle dans sa lutte contre la domination rwandaise et ougandaise. D’autre part, la situation de désordre suscita les conditions nécessaires à la constitution de nouvelles forces plus importantes encore, à la militarisation de plus en plus répandue de réseaux sociaux et économiques informels. Cependant, dès août 1998, la constitution des Mayi-Mayi au Nord-Kivu s’’est vite proliférée entre Kanyabayonga-Lubero-Butembo et Beni et dans le Walikale.
En fait, la rébellion du R.C.D. a produit un effet supplémentaire. Un contexte croissant et une crise de l’autorité donnèrent une nouvelle dimension à la constitution des Mayi-Mayi locales. A l’origine, la constitution de celles-ci pouvait être considérée comme une violence « du bas vers le haut » ayant pour but de trouver une solution à la marginalisation sociale et économique. Mais plus tard, ceux-ci se constitueront des forces de tracasserie et de pillage des ressources. Le chapitre suivant aura à épingler de la responsabilité de ces Mayi-Mayi dans le circuit du pillage des ressources naturelles congolaises. Par ailleurs, ce pillage n’est pas orchestré uniquement par les acteurs internes ; l’on y retrouve des acteurs régionaux et internationaux.
Les acteurs régionaux
Le Rwanda
Si la communauté internationale a montré une certaine compréhension quant aux inquiétudes du Rwanda concernant sa sécurité, on a du mal à imaginer que le monde comprenne que Kigali doit défendre ses frontières à Kisangani et au Kasaï, à près de mille kilomètres de ses frontières. Dans nos analyses, nous allons jusqu’à affirmer que c’est pour le pillage et la nationalité des rwandophones. La participation active du Rwanda dans la guerre congolaise s’exprime dans une déclaration du ministre rwandais Patrick MANZIMPAKA : « Nous avons été déçus par KABILA, terriblement, il nous a trompés (…), il se méfiait de nous ! nous avons constaté que les Tutsi Banyamulenge au Kivu continuaient à être victimes de brimades. Quant aux Tutsi congolais qui s’étaient réfugiés chez nous, Kabila ne se montrait pas pressé de les voir revenir, il disait qu’ils avaient trouvé leur pays d’origine. »(1) Cette citation démontre que l’aide du Rwanda au feu président KABILA était conditionnée par la question de nationalité massive des rwandophones. Malgré la question sécuritaire du Rwanda, Paul KAGAME stipule que L.D. KABILA n’avait pas honoré la convention qu’il avait contractée dans les accords de LEMERA(2). Notons que ces accords restent ambigus jusqu’à nos jours car aucun chercheur n’a révélé leur contenu. Mais beaucoup d’analystes pensent à l’occupation-exploitation de l’Est du Congo-Kinshasa. Nous examinerons davantage les enjeux du Rwanda dans le chapitre suivant de notre travail. Mais la nationalité, l’exploitation et l’hégémonie restent la base des enjeux rwandais au Congo avant la sécurité.
L’Ouganda
L’Ouganda est l’un des acteurs principaux de la guerre congolaise. L’explication de son implication est multiple : les idées économiques, hégémoniques et de sécurité. Tout comme le Rwanda, le président MUSEVENI avait déclaré à la Radio américaine le 27 mars 1999 que : « Les éléments cruciaux du conflit des Grands Lacs sont ‘le terrorisme soudanais et les Interahamwe’ et que la guerre au Congo ne prendre fin que si les Interahamwe et les Soudanais sont désarmés au Congo. » (3) En fait, la présence de l’Ouganda en R.D.C. est expliquée par la thèse de l’impérialisme régional, développée par les Anglo-Saxons qui voient en MUSEVENI un Bismark oeuvrant pour la constitution d’un vaste « empire Hima ». D’ailleurs, un journal du Nord de l’Ouganda THE SHARIAT du 15 au 21 avril 1997 dévoile les ambitions démesurées de MUSEVENI : « Ma mission consiste à voir l’Erythrée, la Tanzanie, le Soudan, l’Ethiopie, l’Ouganda, le Kenya, le Rwanda, le Burundi et la R.D.Congo devenir un Etat fédéré en une seule nation. » Il poursuit : « De la même façon qu’Hitler l’a fait pour rassembler l’Allemagne, nous devrions le faire ici. » (4) Mais également le facteur quia conduit l’Ouganda à intervenir au Congo tient aux idées économiques de MUSEVENI. Il voit dans la province Orientale du Congo, du territoire de Lubero, à Faradje, et d’Isiro à Kisangani, une zone d’influence « naturelle » pour le commerce, les entreprises et les capitaux ougandais(5). Ainsi, à maintes reprises, ses troupes s’affronteront aux forces rwandaises pour vouloir contrôler la ville de Kisangani qui semble lui échapper. Voilà pourquoi MUSEVENI est devenu un acteur principal régional dans la guerre en R.D.Congo dont sa participation en nombre de militaires actifs dans la guerre s’élève à 6000 hommes. Voici un tableau explicatif du Niobium convoité par l’Ouganda au Nord-Kivu. Ici c’est la spécificité du Niobium.
Tableau n° 7 : Exportation de Niobium 1995-1999 (en milliers de dollars des Etats-Unis)
Année
|
Niobium
|
1995 |
– |
1996 |
– |
1997 |
13 |
1998 |
580 |
1999 |
782 |
Source : Organisation mondiale du commerce (donnée agrégée), In Le Millénaire n° 13, avril 2001, p. 13.
Le Burundi
La participation burundaise serait plus sécuritaire car le FDD/CNDD était sérieusement hostile au pouvoir de Bujumbura. En effet, sa situation interne de guerre entre Hutu et Tutsi et son embargo en armes avait conduit ce pays de se faire un observateur obscur. Mais ses troupes en R.D.Congo avaient également participé à l’exploitation illégale des ressources naturelles du Congo-Kinshasa. Nous espérons que les rencontres actuelles en Afrique du Sud feront taire les armes dans ce pays.
Depuis le début des hostilités lancées contre la souveraineté congolaise, l’Afrique du Sud fait semblant de rester dans l’ombre. Depuis les négociations entre KABILA et MOBUTU dans le navire sud-africain Outeniqua, ce pays a du mal à apparaître comme totalement neutre dans la guerre congolaise. Colette BRAECKMAN affirme que la République Sud-Africaine avait fourni un équipement militaire au RCD/Goma de 100 millions de dollars américains(1). D’autre part, la R.S.A. vend des armes au Rwanda tandis que le président Nelson MANDELA, pendant son règne, entretenait d’excellentes relations avec son homologue ougandais. A ne pas sous-estimer, dans ce pays, la tenue de toutes les négociations politiques, de Pretoria à Sun City, un choix géopolitique de taille.
En bref, la guerre congolaise, dite de « première guerre mondiale africaine », connaît des implications multiples. Les alliances s’y nouent et se dénouent jour et nuit, seuls les intérêts comptent. Les acteurs sont innombrables que ceux-ci haut épinglés ne le sont qu’à titre illustratif. Et ce, dans le cas spécifique de l’Est. Force nous est d’aborder la phase d’acteurs internationaux.
Acteurs internationaux
La Belgique
La responsabilité de la Belgique est très grande. En fait pour avoir abusé de sa tutelle sur le Rwanda qui lui était une colonie en amenant au Congo les immigrés qui y constituent le groupe de Banyarwanda le plus important numériquement, la Belgique est le premier responsable des conséquences négatives de ces actes, surtout que celles-ci étaient prévisibles. On sait qu’elle ne s’est pas limitée à amener les immigrés au Congo mais qu’en plus elle a spolié les terres des autochtones pour les y placer et se placer soi-même, créer, au profit des immigrés, des infrastructures (écoles, routes, dispensaires…) dont n’avaient pas bénéficié les autochtones ou, en tout cas pas dans les mêmes conditions. Par la suite, elle a même créé, au profit des immigrés, la chefferie dite de Gishari sur des terres prises aux autochtones dont les droits fonciers, politiques et coutumiers devaient être respectés selon les principes posés par les colonisateurs eux-mêmes. Pire, ils ont mis des immigrés à la tête de cette chefferie.
La Belgique a laissé les immigrés continuer à mentir sur des questions clés comme celles relatives à la présence ou non des immigrés au Congo à l’arrivée des colonisateurs, celle de la perte ou non des territoires par le Rwanda lors de la fixation définitive des frontières Est du Congo en 1910. Ayant vécu ces événements, la Belgique qui, en plus, a dans ses archives des renseignements y relatifs pouvait intervenir pour trancher ou tout au moins témoigner. Hélas, elle a choisi de se taire même quand les Bami de la province du Kivu lui ont écrit au sujet des Banyarwanda justement. Quand on sait le rôle que la Belgique a joué dans les événements qui ont suivi, on comprend le pourquoi de ce silence complice. Il en est de même pour les réfugiés Tutsi obligés de fuir le Rwanda à la chute de la monarchie en 1959 et les années suivantes. Jusqu’en 1962, quand le Rwanda accède à l’indépendance, la Belgique qui a quitté le Congo le 30/6/1960 reste au Rwanda et voit donc ces gens quitter le Rwanda, rentrer attaquer ce pays où ils veulent reconquérir le pouvoir. Quand les mêmes réfugiés poseront des problèmes politiques au Congo, la Belgique qui sait qu’il s’agit des réfugiés qui, de par leur statut, n’ont aucun droit de se mêler de politique, choisira de se taire, se faisant complice de tous ces excès qui seront commis. Ce silence continue jusqu’aujourd’hui.
Les Etats-Unis d’Amérique
L’entrée en fonction, en janvier 2001, de Georges W. BUSH comme 43e président des Etats-Unis, pourrait bien représenter le début d’une ère nouvelle dans la politique étrangère américaine à l’égard de l’Afrique et du Congo en particulier. Comme ce fut le cas lors de deux passations de pouvoir précédentes entre un président Républicain et un président Démocrate. En effet, l’équipe de politique étrangère de BUSH Junior a accusé l’équipe démocrate sortante d’avoir mené en Afrique une « politique des bons sentiments » bien trop idéaliste et finalement vouée à l’échec(1). Le corrélatif à apporter, selon le nouveau pouvoir, consiste à donner un coup de barre en direction d’une politique étrangère bien plus « réaliste » à la manière des Administrations REAGAN et surtout NIXON, s’appuyant sur une analyse plus froidement soucieuse des intérêts matériels et stratégiques de l’Amérique(2).
Aux yeux des observateurs, le président BUSH et son premier cercle seront les acteurs les plus influents et les plus actifs dans la politique étrangère à l’égard de l’Afrique. Pourtant tout au long de la guerre froide et au cours de la décennie qui l’a suivie, les présidents ont traditionnellement consacré peu d’attention au continent africain par rapport à d’autres régions du monde. Ce manque d’attention s’expliquerait, selon SCHRAEDER, par : le manque de connaissance et l’absence d’intérêt(3).
Politique des Etats-Unis dans la région des Grands-Lacs africains.
Selon les études de SCHRAEDER, le soutien de l’Administration CLINTON aux Rwanda et Ouganda dans la guerre de la R.D.Congo prend en compte la promotion des investissements et commerce américains afin de les récompenser car ils favorisent l’établissement d’économies libérales ouvertes(1). Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si c’est sous son second mandat en 1998 et 2000 que Bill CLINTON a entrepris ses deux voyages en Afrique. Parmi les pays bénéficiaires de cette visite, l’Ouganda et le Rwanda seront au rendez-vous.
L’International Herald Tribune, un Journal américain, dans sa publication du 19 décembre 1996, stipule que le Congo était le résultat d’une union impossible, non naturelle et que la frontière coloniale ne pourra éternellement être considérée comme sacro-sainte(2). Ensuite, Walter KANSTEINER lui-même, qui devait devenir secrétaire d’Etat aux affaires africaines, avait publié en 1996 des vues très personnelles sur l’avenir de la région des Grands Lacs. Il avait plaidé en faveur de la création « des pays homogènes sur le plan ethnique, ce qui impliquait nécessairement de redessiner les frontières internationales et d’importants efforts de réinstallation des populations »(3) Il allait jusqu’à envisager la création d’Etats hutu et tutsi, séparés, ce dernier pouvant se situer dans l’Est du Congo. En août 2000, interrogé par la Pittsburgh Post Gazette, il devait affirmer que l’éclatement du Congo est plus probable aujourd’hui qu’il ne l’était voilà vingt ou trente ans(4).
Quant à l’ancien secrétaire d’Etat Herman COHEN, bien qu’il ne reconnaisse pas que les Etats-Unis aient jamais songé à démembrer le Congo, il concède cependant que « l’Administration CLINTON a eu tendance à voir le Congo par l’optique de Kigali, ce qui était une mauvaise évaluation » (5) Et il souligne que grâce à l’Administration BUSH « le potentiel de démembrement du Congo a reculé »(6)
Par contre, pour les Républicains, l’Administration CLINTON a fait monter l’émergence des conflits inter-étatiques entre l’Ethiopie et l’Erythrée et les accrochages militaires entre l’Ouganda et le Rwanda au Congo-Kinshasa. Pour Colin POWELL dans son discours du 17 janvier 2001 devant le Congrès, la politique africaine des Etats-Unis pourrait concrètement évoluer sous un impératif stratégique : cultiver les liens étroits avec les puissances régionales, cas de la région des Grands Lacs où la R.D.Congo est une puissance non négligeable(7). Cette vision se distingue donc de celle de l’Administration CLINTON, qui s’était appuyée sur le « nouveau bloc » des leaders africains, comme on les appelle. Parmi lesquels YOWERI MUSEVENI (Ouganda) et Paul KAGAME (Rwanda) qui avaient en commun la même volonté de créer des gouvernements « sensibles à la critique et responsables » bien que non nécessairement démocratiques. COLIN POWELL, dans sa politique extérieure, soutient qu’il faut retirer les armes des mains des enfants. C’est l’expression chère aux Américains, « Qu’il ne faut pas laisser aux enfants jouer avec des allumettes ». Faire cesser la corruption. Traitant la question du crédit génocidaire rwandais, COLIN POWEL souligne « qu’il n’existe probablement aucune tragédie plus grande dans le monde aujourd’hui »(1). Enfin, la visite de G.W. BUSH en Afrique reste convainquant sur la démarcation démocrate-républicains, le Rwanda n’étant pas au rendez-vous et l’Ouganda n’aura que quatre heures de visite du Président américain G. W. BUSH.
L’ONU : Grandes espérances, maigres résultats
C’est sous le mandat de la SDN que la Belgique a administré le Rwanda jusqu’à la création de l’ONU en 1948. Elle a déplacé des populations du Rwanda sans l’autorisation de la SDN et de l’ONU par la suite sans que celles-ci n’interviennent ou ne protestent.
Les réfugiés de 1959 sont arrivés au Congo entre 1959 et les années qui ont suivi, alors que les troupes de l’ONUC s’y trouvaient. L’ONU était donc témoin de leur statut de réfugiés. Elle les a vus se mêler de politique en se rangeant aux côtés des mulelistes, en 1964, malgré les messages lancés aux réfugiés rwandais du Mutobo, Lemera et Mulenge. Elle verra ceux-ci, cesser de s’appeler rwandais en zone de Fizi, Mwenga et Uvira(2) sans aucune réaction. Il en sera de même pour les réfugiés rwandais d’Ihula et Bibwe au Nord-Kivu. Et cette situation anormale va continuer même après que certains de ces réfugiés soient rentrés au Rwanda après la prise du pouvoir par le FPR en 1994 et que, en 1995, l’ONU ait organisé du 17 au 27/9 le retour au Rwanda de ceux qui n’avaient pas eu les moyens de rentrer au Rwanda.
Et même maintenant que le Rwanda utilise les mêmes réfugiés qu’il présente comme des congolais ayant fui la guerre dans leur pays pour se réfugier au Rwanda, l’ONU qui a organisé leur retour au Rwanda, qui a eu à gérer leurs camps de réfugiés qui avaient installé leur dernier groupe parti du bâtiment inachevé de l’hôpital de Katindo en 1965 (voir lettre adressée à Mr Moley Benezeth, Gouverneur de la province du Nord-Kivu par le représentant du HCR, continue à se taire, y compris quand on les installe dans le parc puisqu’ils n’ont pas de terre au Congo où ils n’ont jamais été. L’ONU a laissé le Rwanda et l’Ouganda marche sur les réfugiés hutu (accord des attaques contre des camps des réfugiés situés en zones peuplées des congolais dont beaucoup sont morts lors de ces attaques). Ces réactions timides ont permis la continuation de la guerre déclenchée depuis le 2 août 1998 et qui a fait déjà plus de 4.000.000 victimes congolaises, soit plus que 1.000 des victimes du génocide rwandais.
Alors que les populations autochtones du Kivu souffrent de la présence des immigrés chez eux par manque de vigilance de l’ONU et des réfugiés sous sa juridiction, l’ONU s’occupe de ceux-ci mais abandonne à leur triste sort les populations locales, n’intervient qu’en faveur des réfugiés, y compris des génocidaires comme les Interahamwe.
Impuissante et inutile, indispensable et nécessaire, l’Organisation des Nations-Unies vogue prise dans les mouvements de fond des relations internationales sur lesquelles elle n’a pas d’influence. Cette organisation pauvre, embarrassée de débiteurs, parfois riches, reste le lieu de tous les espoirs et de toutes les déceptions. La fin de la guerre froide n’a rien changer. Et si l’ONU n’existait pas, sans doute chercherait-on à l’inventer.
Le schéma ordinaire des relations internationales s’organise autour de deux modèles de gestion de la puissance des Etats. La première approche, classique, est celle de l’équilibre des puissances. La seconde est celle de la sécurité collective(1). La politique de l’équilibre s’effectue principalement par les moyens de la diplomatie (qui inclut l’usage de la force) dans un contexte géopolitique sans règles effectives autres que celle du maintien de cet équilibre. La sécurité collective a pour objectif de systématiser et d’institutionnaliser les relations internationales de manière à coordonner les politiques individuelles des pays selon des principes généraux. Les engagements collectifs pris par les Etats doivent aboutir à un régime de sécurité qui protège les pays ayant souscrit à ces engagements. Ce régime s’appuie sur l’action d’organisations internationales créées à cet effet. Au XXe siècle, l’ONU est à la fois le symbole et le vecteur principal de la sécurité collective à l’échelle planétaire(2). On se rend compte, dix ans seulement après l’espoir suscité, de mettre en place un nouvel ordre mondial et de mener une politique de conditionnalité, de diplomatie de gestion des conflits. Pour YERODIA NDOMBASI, c’est l’ONU qui bloque "l’accord de Lusaka" en appelant l’agression « guerre civile »(3). Alors que la R.D.Congo implore, et qu’une immense ligne de front se développe qui relie une dizaine de pays, l’ONU semble inactive en déployant une force d’observation pendant que plus de trois millions des Congolais sont morts. Des résolutions réfutées par les Rwandais à Kisangani, des humanitaires calcinés à Bunia sans que l’ONU ne s’impose. La faiblesse de l’ONU est frappante au Congo-Kinshasa depuis la guerre du 02 août 1998. A part l’ONU, d’autres acteurs internationaux, surtout du mercenariat militaire ont activé le conflit à l’Est de la République Démocratique du Congo.
Les sociétés militaro-industrielles
Selon une étude de l’Organisation Non Gouvernementale Américaine « Internataional Rescue Commitee », dans l’Est de la R.D.Congo uniquement, une région de vingtaine de millions d’habitants, 3,5 millions de personnes sont mortes entre août 1998 et avril 2001. Parmi ces décès, 2,5 millions sont attribuables à la guerre et ses conséquences et 350.000 directement à la violence(1). Cette violence s’est accentuée suite à la militarisation de la région par les trafics d’armes organisé par des sociétés militaro-industrielles. Rappelons que, dans les mois qui ont précédé cette guerre du R.C.D., diverses informations indiquaient des achats d’armes effectués conjointement en Afrique du Sud par les anciens responsables du régime de Mobutu et les rwandais, en vue de renverser le président KABILA. D’autres opposants installés en Allemagne auraient effectué des achats d’armes en Russie et envoyé une délégation à Kigali en février 1998(2).
Dans le Nord-Kivu, la rébellion est essentiellement constituée de deux groupes, le Rassemblement Congolais pour la Démocratie (R.C.D./Goma) ayant environ 40.000 hommes dont 2600 enfants selon l’UNICEF. Et le R.C.D./Kisangani-Mouvement de Libération dirigée par MBUSA NYAMWISI, implanté dans la région de Beni-Lubero. La première est soutenue par le Rwanda et la seconde par l’Ouganda.
Les transferts d’armes vers la rébellion à partir de Kigali et Kampala ont été massifs dès le début de la guerre en août 1998. Bien qu’il ait été souvent difficile de déterminer quelle faction en était la bénéficiaire, ou si elles étaient destinées aux armées rwandaise ou ougandaise en R.D.Congo. Ainsi, selon Amnisty International, une vingtaine d’avions non identifiés se posaient chaque jour de septembre 1998 sur l’aéroport de Goma y déchargeant, outre les troupes rwandaises et ougandaises, du matériel militaire, dont des blindés et des armes lourdes(3).
Quelques mois plus tard, un autre ballet aérien était constaté dans l’Est du pays où, durant les trois premières semaines de l’année 1999, pas moins de 1800 tonnes de matériel militaire, dont les chars T-55, auraient été acheminés d’Ouganda par avions gros porteurs, dont un Ylyushim 76.
Il semble également que les rebelles ont réussi à détourner du matériel militaire destiné aux FAC. En effet, 3,15 tonnes d’armes légères, explosifs et munitions commandées par Kinshasa à la Chine juste avant le début de la guerre et transportés par la compagnie OCEAN SHIPPING LINE sont arrivées à Dar Es-Salaam. Puis ont été dirigées sur l’Ouganda et expédiées à Goma, sous contrôle rebelle. En outre, en octobre 1998, BIZIMA KARAHA a déclaré : « Nous avons mis la main sur les dépôts d’armes extraordinaires : orgues de Staline, missiles balistiques, sol-air, fusées Katiusha, canon à longue portée, lance-grenade… »(1)
Mais les insurgés congolais font également appel aux réseaux internationaux militaro-industriels de trafiquants d’armes. Ainsi, au début du conflit, les sociétés britanniques SKY AIR CARGO, dirigées par SYED NAQUI et OCCIDENTAL AIRLINE du Belge RONALD ROSSIGNOL, ont chargé des armes à BRATISLAVA (Slovaquie) et les ont livrées au territoire rebelle en particulier au Nord-Kivu (Goma). Ce trafic s’effectue par des avions appartenant aux compagnies congolaises : PLANET AIR et NEW GOMA AIR. De liens également entre les réseaux du TADJIK VICTOR BOUT et lesrebelles congolais sont également établis(2).
D’autre part, un autre acolyte de BOUT, le Kenyan SANJIVAN RUPRAH, arrêté en février 2002 à Bruxelles pour blanchissement d’argent, était le beau-frère du chef du RCD/Goma, Adoplh ONUSUMBA. En outre, des sources sûres de nos enquêtes affirment que les armes prises aux FAC seraient généralement données au R.C.D./M.L. Ce mouvement était soutenu par l’Ouganda en armes et en troupes militaires. La présence des mercenaires Sud-Africains et Américains en soutien aux rebelles congolais dans le domaine de l’artillerie et des communications aurait également été constatée. La présence du frère de NELSON MANDELA, ancien président Sud-Africain, n’est pas un fait du hasard mais de coopération à BENI.
Enfin, les Mayi-Mayi s’approvisionneraient également auprès des circuits illicites florissants dans la région contre les matières précieuses. Les Mayi-Mayi basés à VURONDO + 60 km de Beni) auraient gagné d’énormes équipements (camion, T-shirt, training, armes et munitions) en contre-partie à la libération d’une vingtaine de Thaïlandais, agents de la société DARA FOREST basée à Mangina (+ 50 km de Beni). Ces Mayi-Mayi auraient également établi des relations secrètes avec les opérateurs économiques du Moyen-Orient dans l’espoir d’obtenir des armes en échange avec des ressources naturelles.
En bref, c’est chaque acteur qui est en quête de sa part de gâteau, miel congolais quand bien même ce miel serait déjà avarié.
L’enjeu de la nationalité et la mauvaise gouvernance des institutions
L’enjeu de la Nationalité
Depuis des décennies, des conflits opposent périodiquement les autochtones du Nord-Kivu aux populations venues des pays voisins, en l’occurrence du Rwanda et du Burundi. La nationalité a été citée chaque fois comme motif du rejet par les uns et socle des revendications par les autres. Devenu l’enjeu majeur, elle a encore servi de détonateur à la guerre du Rassemblement Congolais pour la Démocratie à partir de 1998. J.C. WILLAME affirme que la presse internationale sous toutes ses formes a beaucoup parlé des « Banyamulenge », des tutsi du Kivu, des tutsi congolais d’origine rwandaise et même, de façon plus générale, des « rwandophones » dont la nationalité congolaise est controversée(1).
Le Nord-Kivu est une région conflictuelle surtout de nationalité qui paralyse tout le reste de la R.D.Congo. Il reproduit à une échelle déjà grande les antagonismes ethniques qui étouffent la sphère politique, économique, administrative et sociale. D’autres chercheurs qualifient cette région de poudrière(2).
Aperçu historique
Une tendance se fait jour de marquer la différence entre le Nord et le Sud-Kivu, afin de nuancer la nature de la revendication des Banyamulenge d’Uvira par rapport au reste des Banyarwanda en tenant compte de la présence des uns et des autres au Congo.
D’une manière générale et selon certains historiens, des mouvements des populations d’une importance variable et par vagues successives, partant du Rwanda et du Burundi vers le Kivu, ont été remarqués avant le XIXe siècle. Cette émigration par infiltration individuelle et collective à cause du trop-plein de la population dans les pays d’origine, s’est accrue pendant la colonisation d’abord pour répondre au besoin en travailleurs des sociétés privées congolaises. Ensuite, elle a été un moment donné organisée par le colonisateur lui-même en vue de développer spécialement la partie Nord de la province du Kivu. Ce fut l’opération de transplantation des populations par le colonat européen dans le cadre de ce qu’on appela « Mission d’Immigration des Banyarwanda » (MIB) dans la période allant de 1936 à 1957. Enfin, à partir de 1953, les réfugiés commencèrent à affluer en masse à la suite des événements politiques dans les pays voisins(1).
Depuis les années 60, les rwandophones ont soutenu des rébellions et des promesses leur auraient même été faites dans ce sens par des Congolais rebelles. VERHAEGEN signale que les accords de partition avaient été signés entre le président rebelle de l’UNAR, François RUBEKA et SOUMIALOT à Albertville le 31 juillet 1964. Ce rebelle avait promis aux tutsi les territoires des Babembe, des Bavira jusqu’au Rutshuru en cas de victoire de sa rébellion(2). Cela présente de similitude avec l’intervention du Rwanda, du Burundi et de l’Ouganda auprès de la révolution conduite par Laurent Désiré KABILA en 1996 avec les accords clandestins de LEMERA. Et si on essaie d’apprécier la consistance de la guerre actuelle du R.C.D., on finit par croire que la nationalité et les droits politiques sont à la base de cette machine de guerre. D’ailleurs le rapport de VANGU MAMBUENI va plus loin en dénonçant le plan rwandais d’annexion du Nord-Kivu au territoire rwandais. Cette analyse-enquête sera confirmée par la déclaration du président rwandais Pasteur BIZIMUNGU qui réclamait la tenue d’une conférence de Berlin II.
Principaux textes juridiques sur la nationalité en R.D.C.
La République Démocratique du Congo étant un Etat né de la décolonisation, il était indispensable de désigner qui devait être considéré comme Congolais. En terme juridique, la nationalité est simplement définie comme le lien entre une personne et un Etat déterminé. Cette matière est en R.D.C. régie par la loi n° 81/002 du 29 juin 1981 incorporé dans le code de la Famille. Cette proclamation est faite par l’Article 4 du code de la famille en ces termes : « Est Zaïrois (Congolais), aux termes de l’Article 11 de la Constitution, à la date du 30 juin 1960, toute personne dont un des ascendants (femmes ou hommes) est ou a été membre d’une des tribus établies sur le territoire de la République du Zaïre (RDC) dans ses limites du 1er août 1885, tel que modifié par les conventions subséquentes. » Autrement dit, ceux dont les ascendants ne faisaient pas partie de ces tribus et désireux d’être Congolais, ne peuvent acquérir la nationalité congolaise que par les modes prévus par l’Article 9, c’est-à-dire par la naturalisation, l’option ou l’adoption.
L’un des monumentaux principes qui régit la matière est que la nationalité congolaise est une et exclusive, c’est-à-dire qu’une personne ne peut détenir et la nationalité congolaise et une autre nationalité. Voyons comment les différentes Constitutions congolaises ont conçu cette matière délicate.
La Constitution de 1964 et Décret-Loi de 1965
D’une manière générale, la première République (1960-1965) semble avoir gardé un silence étonnant au sujet des ressortissants du Rwanda-Urundi. Ils n’ont été visés nulle part expressément dans les textes sur la nationalité et dans les dispositions relatives aux élections. Pourtant la question était d’actualité au moment de l’élaboration de cette constitution. Certes, la nationalité congolaise a été réglementée à l’Article 6 de la Constitution votée le 1er août 1964 et dans le décret-loi du 18 septembre 1965 portant Loi organique. Ce décret-loi a organisé les modes d’acquisition et la perte de la nationalité, le constituant ayant salué lui-même sur la nationalité par appartenance à l’Etat congolais au 30 juin 1960, jour de la proclamation de l’indépendance.
Selon la Constitution, à cette date, tout individu, quel que fût son âge, même né au Congo, était à considérer comme étranger c’est-à-dire n’appartenant pas à la nation, s’il ne répondait pas aux critères retenus par l’Article précité, à savoir : avoir au moins un ascendant membre d’une partie de tribu établie sur le territoire congolais avant le 18 octobre 1908, lors de l’annexion du Congo par la Belgique. Même le décret-loi était sensé s’appliquer à partir du 30 juin 1960.
L’Ordonnance-Loi n° 71/020 du 26 mars 1971
Une nouvelle phase s’est ouverte avec l’octroi de la nationalité et de la citoyenneté d’une manière collective aux immigrés banyarwanda du Kivu par l’Ordonnance-Loi du 20 mars 1971. Cependant, cette Ordonannce-Loi a été initiée par BISENGIMANA RWEMA, un tutsi, et signée par le président MOBUTU, reconnaissait la nationalité congolaise aux immigrés rwandais et burundais établis au Congo à la date du 30 juin 1960. C’est une acquisition massive. Cette disparition réglementaire permettait même aux clandestins et réfugiés de 1959 d’acquérir collectivement la nationalité au mépris de la population congolaise surtout de l’Est. En outre, par la loi n° 72-002 du 5 janvier 1972, le législateur congolais reconnaît la qualité de congolais aux originaires du Rwanda-Urundi établis dans la province du Nord-Kivu avant 1950 et qui ont continué à y résider jusqu’à l’entrée en vigueur de ladite loi. Mais après analyse de la question rwandaise au Congo, la loi n° 81-002 du 29 juin 1981 abrogea cette reconnaissance de la nationalité aux populations rwandaises et burundaises, loi qui sera confirmée par la Conférence Nationale Souveraine.
La loi n° 82-002 du 29 juin 1981
Suite à une contestation croissante des autorités et autochtones congolais originaires de l’Est de la République Démocratique du Congo sur l’octroi de la nationalité collective aux immigrés rwandais et burundais, le Parlement de la troisième législature (1977-1982) du 29 juin 1981 qui ne confère la nationalité congolaise que sur base d’une demande expresse et individuelle. C’est en vertu de ce principe que l’Article 15 de la Loi du 5 janvier 1972 fut déclaré nul. Plusieurs raisons motivent cette annulation. La loi du 5 janvier 1972 sur la nationalité congolaise ne semble pas avoir apporté une solution définitive aux problèmes sur le terrain. La nationalité congolaise des immigrés restant vivement contesté par les groupes autochtones et la société civile de l’Est.
C’est ainsi qu’à partir de cette remise en question de la nationalité au Rwadophone vivant en R.D.Congo que cette communauté tribale s’est investie dans des luttes militaires. La connotation révolte de Banyamulenge ayant abouti à la guerre de l’A.F.D.L. jusqu’au R.C.D. reste gravée autour de la question identitaire.
La mauvaise gouvernance en R.D.C.
L’an 1990 a marqué pour l’Afrique un tournant presque aussi important que l’a été 1960. En effet, les dirigeants africains ont pris des initiatives afin de partager le pouvoir avec d’autres secteurs de la société. Ainsi, dans plus de la moitié des Etats du continent, les réformes politiques ont fait l’objet de débats, tandis que, dans certains pays, on prenait officiellement les nouvelles stratégies de perpétuer son pouvoir au peuple. Partout, les dirigeants ont reconnu que la manière dont ils conduisaient la vie politique avait de l’importance et qu’il y avait place pour les améliorations. Grâce à la réforme de l’héritage structurel de puissances coloniales, ainsi qu’à la mobilisation des masses, on percevait la politique comme un moyen de servir le développement de la nation. Mais cette manière de l’envisager représentait aussi une tentation pour les dirigeants qui voulurent concentrer le pouvoir politique entre leurs mains. Le développement devint une opération commandée d’en haut, et la vie politique se vit de plus en plus confinée entre les mains d’un petit clan. Ce dernier a en quelque sorte kidnappé la vie politique à son seul profit et transformé les questions publiques en affaires privées, faisant de la responsabilité de l’Etat une parodie.
Non seulement les dirigeants politiques perdirent leur légitimité personnelle dans le processus, mais la politique en général en sortit ternie. Dans les années 1986, la plupart des peuples africains qui voyaient toujours, comme au spectacle, leurs dirigeants mettre les privilèges de leurs postes au service de leurs intérêts personnels, avaient fini par adopter un point de vue cynique sur la politique. Ce divorce entre les dirigeants et le peuple est, pensons-nous, des maux économiques et sociaux dont souffre l’Afrique. En bref, la formule politique adoptée au moment de l’indépendance par la majorité des Etats africains « un dirigeant, une idéologie, un parti unique » avait fait son temps.
En R.D.C. (ancien Zaïre), le processus politique enclenché en 1990 a, en effet, fait naître de grandes espérances. Les bouleversements, les remises en cause déjà intervenues sont tels que ceux qui vivent ces moments historiques sont portés à croire que rien ne pourra plus être comme auparavant. Mais la faillite de l’Etat et du régime de Mobutu n’avait pas permis un passage rapide de la dictature à une gestion démocratique participative. Parmi les causes endogènes de cette crise, nous pouvons rejoindre les analyses d’Honoré NGBANDA qui les présente d’abord sur le plan politique par la mise en place d’un système politique qui ne permet le plein exercice des libertés fondamentales des individus ou groupes d’individus, la centralisation du pouvoir entre les mains d’un individu ou d’un groupe d’hommes au détriment des institutions traditionnelles. Le favoritisme, le régionalisme et le tribalisme qui sont source des frustrations, l’insécurité des personnes et de leurs biens dus à la politisation de l’armée. Cette dernière a été au service de la famille politique plutôt qu’au service de la nation et de son peuple. Le clientélisme politique et la maffia politico-économique au sommet de l’Etat, l’égoïsme d’une classe politique en quête permanente de gain et de positionnement, l’impunité des crimes économiques, qui a installé la loi de la jungle.
Ensuite, sur le plan économique et financier : la dislocation du tissu économique national rendant toute planification impossible. Le délabrement de l’infrastructure routière, lacustre et ferroviaire, l’abandon presque total de l’agriculture, l’éducation, la santé, la communication…, le gain facile de l’exploitation artisanale et à tous les niveaux des pierres précieuses, le quasi-arrêt du secteur industriel secondaire et tertiaire à la suite de différents pillages. L’industrie minière réduit à sa plus simple expression à cause de la mauvaise gestion des ressources et du manque d’investissement de réhabilitation et de développement. L’insuffisance du portefeuille de l’Etat rongé et exsangue par des prédations de toutes sortes, l’incompétence, la voracité et la mauvaise gestion des mandataires. Une monnaie nationale qui a perdu tous ses attributs suite au déséquilibre de la balance des paiements et à l’utilisation excessive de la planche à billets. La naissance fatale d’une économie souterraine et informelle qui échappe totalement au contrôle de l’Etat, au profit d’une puissante maffia étrangère en milieux financiers internationaux et des investissements, d’où la faillite de l’Etat congolais(1).
Une opposition divisée
Lorsqu’on évalue la transition démocratique au Zaïre de Mobutu, on est vite frappé par la durée de celle-ci et par la carence manifeste de stratégies bien réfléchies de la part de l’Opposition. Partout en Afrique où l’on a parlé de processus de démocratisation, on constate que les pays ont soit achevé cette transition, soit que les acteurs ont tracé clairement le chemin à suivre. Par contre, au Zaïre (RDC), les incertitudes demeurent sur fond de désintégration de l’Etat et ces incertitudes vont grandissantes tant que le pouvoir en place bloque et sabote le processus de transition. Si l’on constate l’absence d’un renouvellement des élites politiques déterminées à rompre avec l’ancien système, on est navré de découvrir que celles-ci n’ont pas proposé pendant six ans des alternatives pouvant obliger le Maréchal Mobutu à revoir son diabolique plan du statu quo.
La première observation à prendre en considération est l’inorganisation de l’opposition. Lorsque, dans son discours sur le processus de démocratisation et dans son calcul que nous qualifions de machiavélique, le Maréchal Mobutu a proposé un multipartisme à trois, l’opposition a refusé cette proposition jusqu’à ce que l’idée d’un multipartisme intégral soit acceptée par le Maréchal Mobutu. On a assisté alors à un foisonnement déroutant de partis politiques, près de 400 partis ont été créés en l’espace de quelques mois. Ces partis venaient grossir le rang des opposants traditionnels et en même temps fragilisé l’U.D.P.S.
Avec l’enlisement des travaux de la Conférence Nationale Souveraine, deux familles politiques ont finalement été constituées. D’un côté les partis résistant au changement, groupés derrière le Chef de l’Etat ; de l’autre, les partis résolument engagés dans la voie du changement radical. L’U.D.P.S. qui a mené la lutte pendant près d’une décennie ne s’est pas organisée pour lutter seule contre le régime du Maréchal Mobutu et les partis fantômes qui venaient de se créer. Elle a préféré s’associer aux autres nouveaux partis aux objectifs flous et en acceptant l’idée de l’élargissement de l’opposition. L’U.D.P.S. a commis sa première grosse erreur, car plusieurs autres partis se sont servis d’elle pour revendiquer une parcelle d’autorité et gouverner le pays avec l’étiquette d’opposant. Parmi ces partis, nous citons l’U.FE.RI de NGUNZ KARL I BOND, l’U.D.I. de KENGO WA DONDO et le P.D.S.C. de ILEO SONGO AMBA…, qui, pour reprendre les arènes du pouvoir, ont créé de toute pièce une nouvelle plate-forme U.R.D. dans l’unique but de devancer l’U.D.P.S. de TSHISEKEDI.
Ces partis avaient d’abord adhéré à l’USOR pour des raisons stratégiques. En faisant usage de la ruse, ils ont brisé la cohésion de l’opposition affaibli la position de l’UDPS. Du reste, de très nombreux anciens collaborateurs comptaient parmi les fondateurs des partis créés dans la précipitation, sans fondement idéologique, sans but précis et qui se réclamaient de l’opposition. S’agissait-il d’une stratégie mise en place avec l’accord du Maréchal Mobutu ? Nous pouvons le croire. Etait-il pensable que des personnalités notoires comme MM. KENGO WA DONDO, NSINGA UDJUU, KAMANDA, piliers de l’ancien régime, deviennent des opposants crédibles après la dislocation du M.P.R. accepté comme tels dans les rangs de l’opposition traditionnelle ?
Quand les conflits ont éclaté au sein de l’opposition, l’UDPS n’a fait aucun effort pour rétablir l’ordre et chasser les convertis de dernière heure. Elle a laissé perdurer cette crise jusqu’à ce que l’idée d’une troisième voie soit suggérée. La nomination de M. KENGO qui s’est réclamé de l’opposition a brouillé les cartes, car l’UDPS a cessé dès lors d’être le seul parti de l’opposition pouvant exiger le poste de Premier ministre. Au lieu d’exiger la tenue des élections et de s’engager à les organiser au moment où la déception populaire était encore lisible, l’UDPS s’est contentée de reconnaître le gouvernement KENGO après avoir combattu. Si elle avait réussi à voler seule à la conquête du pouvoir avec tous les atouts accumulés lors de la traversée du désert, c’est puisque la population exprimait une adhésion totale, parfois aveugle, aux idées de ce parti. L’on pense que si elle avait accentué ses efforts, saisissant de cette opportunité, elle aurait mis fin au régime dictatorial. C’est parce qu’elle a trop attendu que l’espoir d’un succès s’est dissipé. Si stratégiquement la création de l’USOR était utile, cette plate-forme a desservi la cause de l’UDPS d’Etienne TSHISEKEDI(1). Contrairement à l’Opposition Roumaine contre CEAUSESCU qui n’avait que neuf jours pour mettre en déroute le régime tyran. Sans pour autant vouloir soutenir la solution roumaine, c’est-à-dire la mort du tyran, le cas Russe (URSS) de la lutte de BORIS ELTSINE contre Mikaël GORBATCHEV est éloquent. Suite à la longueur du temps, le leader Maximo du Zaïre finit aujourd’hui par nouer des relations contre nature. D’abord avec le rebelle Jean-Pierre BEMBA avant le dialogue inter-congolais à Sun City, puis avec le Rwanda de Paul KAGAME, enfin, il finira par s’opposer au Dialogue Inter-Congolais en créant un parti avec KATEBE KATOTO et le RCD/Goma qualifié de Parti pour la Sauvegarde du dialogue inter-congolais.
Ainsi, de 1990 à 1996, la transition zaïroise a travers de sérieuses difficultés parmi lesquelles la délicate résolution de la présence des forces rwandaises de l’APR/Interahamwe à l’Est, suite à la faillite de l’Etat.
La faillite de l’Etat congolais
L’une des causes de l’insécurité des nations, de la mégestion, des conflits et des guerres dans les pays du Tiers-Monde, c’est la faillite de l’Etat. Au fond, depuis quelques décennies déjà, l’Etat congolais a cessé virtuellement d’exister. Réduit à l’impuissance pour longtemps, il n’est plus capable de protéger le territoire national et d’assurer l’ordre public en son sein. Il devient ainsi une zone de « non-pouvoir » à la fois propice à toutes sorties. Notamment celles des pays voisins qui tirent prétexte de sa faiblesse pour intervenir militairement sur son territoire dans le but, disent-ils, de garantir leur propre sécurité.
Kigali, ayant fait de la présence des réfugiés hutu, une marchandise-conviction de sa présence au Congo, la « communauté internationale » lui a reconnu le droit de poursuite. Cette présence des réfugiés rwandais sur le sol congolais est un problème en soi, mais il devient préoccupant dès le moment où le gouvernement congolais fait preuve d’une incapacité à la gérer convenablement. D’autres pays de la région qui ont accueilli et hébergé des membres des milices hutu du Rwanda, comme la Tanzanie, ont vite résolu cette question. Ces éléments donnent simplement un aperçu du contexte interne au Congo qui a facilité l’exécution de ces interventions. Comme si l’armée et les forces de l’ordre congolaises étaient capables d’assurer l’ordre sur l’ensemble du territoire national et de protéger les frontières du pays. Et si l’action gouvernementale était basée sur un consensus interne et sur une diplomatie efficace, la menace que représentent les ex-FAR/Interahamwe pouvait être maîtrisée. Et l’alibi sécuritaire d’interventions militaires étrangères serait d’office écarté. C’est suite à cette fragilité du régime zaïrois et manipulé par le Rwanda et l’Ouganda que M. L.D.KABILA a bien compris que le pouvoir était dans la rue. Il a finalement décidé de prendre les armes, car c’est l’unique moyen d’accession au pouvoir. Mais jusqu’à nos temps le pays continue à traîner dans des transitions élastiques.
Difficile passage de la dictature à la bonne gouvernance
Parmi les facteurs déstabilisateurs de la bonne gestion de l’Etat congolais, bon nombre d’opinions pense que le régime de Mobutu a pu jouer un rôle déterminant dans la crise actuelle du pays. Au départ de la période de transition, le 24 avril 1990, le peuple congolais avait l’espoir d’un re-lancement politique, social et économique. Mais jusqu’aujourd’hui, c’est la frustration et la déception qu’on a ressentie d’année en année. Le discours d’ouverture de la démocratisation du pays par Mobutu concernait la mise en place d’un gouvernement de transition ayant comme objectif : l’exécution d’un programme d’urgence visant à répondre aux attentes de la population dans le domaine économique et social. Mais aucun des gouvernements qui se sont succédé depuis lors n’a répondu à ces attentes. Bien au contraire, ils n’ont fait, l’un après l’autre, qu’aggraver la débâcle du pays de façon sans cesse accélérée. Nombreux observateurs relèvent deux dangers en République Démocratique du Congo : « L’infantilisme de la classe politique » et le risque d’un « retour au pouvoir dictatorial »(1). Après treize ans de transition à la recherche d’un développement des institutions , les échecs de la mauvaise gouvernance apparaissent. Il nous faut aller aux causes des échecs. C’est-à-dire que la transition doit être orientée vers des voies de « développement » qui mènent vers une progression sensible d’un mieux-être pour tous et pour chacun dans le pays.
Au premier rang de la conflictualité, nous pensons aux antagonismes et conflits qui s’étaient identifiés pendant la Conférence Nationale Souveraine. Ses membres iront de dérapage en dérapage, enfonçant chaque jour davantage le pays dans la spirale de la misère la plus sombre et dans la logique infernale de la guerre civile. Et c’est là que se sont opérés la rupture et le désengagement civils par rapport aux forces politiques. La population a en effet compris que si la misère était préparée par les hommes politiques, encore fallait-il qu’elle espère à ses discours. Parlant de la longue crise que traverse le Congo et la misère dont souffre la majorité de sa population, malgré les énormes richesses naturelles du pays, Mac GAFFEY écrivait en 1992 que les salaires sont si bas, comparés aux prix, que personne ne reçoit un traitement qui lui permette de vivre. Le pays est affligé de difficultés de transport et de communication insurmontables, il souffre de l’incapacité d’une administration corrompue, d’une industrie qui travaille bien en deçà de ses capacités et supporte une énorme dette extérieure(2). Voilà l’émergence d’une société à double visage, mieux à double « gouvernance », politique et civile évoluant chacune dans sa direction et selon ses règles propres. Voici en réalité l’apparition d’une société en rupture avec son cadre dirigeant et fonctionnel, donnant l’image d’un Etat comportant les trois composantes classiquement exigées par le droit international, à savoir un territoire, un gouvernement et une population, mais entre lesquelles les liens fonctionnels s’avèrent désarticulés. Tous les secteurs de développement de la République Démocratique du Congo se sont traduits à une désarticulation généralisée, le secteur de transport, de l’éducation, de la santé, de production des biens et des services. Même le secteur administratif n’avait pas échappé à la mégestion. En fait, les fonctionnaires ont développé différents mécanismes de privatisation de l’Administration publique, faisant ainsi fonctionner l’appareil administratif dans l’informel. De Mobutu à Joseph Kabila, cette pratique reste monnaie courante dans le secteur administratif.
Bien plus, le secteur judiciaire est à son tour victime de la mauvaise gestion. Pour faire face aux carences de la justice formelle, on voit se développer dans le pays plusieurs formes de justices parallèles. Elles appliquent des lois favorisant certains groupes d’intérêts et opérant une discrimination à l’encontre des intérêts de la majorité. Ainsi, les citoyens congolais résistent effectivement à un Etat qui n’a jamais su se faire l’expression de leur volonté ni satisfaire leurs besoins et ils construisent à leur usage une société qui répond à ces exigences.
Il y a également l’émergence d’une culture maffieuse, au sommet de l’Etat. Les ministres, les militaires et autres fonctionnaires se sont investis dans le commerce illicite. Des billets de banque sont imprimés et importés dans le pays, des munitions militaires vendues, de biens de l’Etat appropriés aux individus membres du gouvernement. Tout ceci confirme l’effondrement de l’Etat congolais depuis le lancement de la période transitoire complètement déresponsabilisée, oubliée par rapport à sa mission fondamentale du passage vers la démocratie. Examinons comment cette trajectoire a pu s’affronter à des multiples contentieux politiques de positionnement.
La période de 1990 à nos jours se caractérise par une lutte pour un Etat démocratique, elle a connu trois chefs d’Etat sans pour autant susciter des résultats positifs.
D’abord, le président MOBUTU n’avait pas voulu se dépouiller d’une partie de son pouvoir comme souhaitait la Conférence Nationale Souveraine ; puis L.D.KABILA (de mai 1997 à janvier 2001) qui n’avait pas ouvert l’espace politique à une démocratisation intégrale. Enfin, Joseph KABILA coopté par l’entourage de son feu père. Ce dernier suscite quelques espoirs malgré la présence de multiples tendances idéologiques rebelles dans cette transition à quatre présidences (pour le gouvernement représenté par ABDULAYE YERODI, pour le R.C.D. AZARIAS RUBERWA, pour le M.L.C. J.P. BEMBA et pour la Société Civile Z’AHIDI NGOMA).
La première transition 1990-1997
Cette première transition prend sa source le 24 avril 1990, date du discours sur la démocratisation des institutions, prononcé par le président lui-même. Après avoir reçu plus de 1500 mémorandums de la part de toutes les forces vives zaïroises, le président Mobutu accepte le multipartisme d’abord limité à deux puis intégral. Mais Mobutu était vite revenu sur sa décision.
Les Congolais avaient identifié la dictature de Mobutu comme la cause de la paupérisation nationale. La transition se définissait dès lors comme la période qui devait passer le pont entre les deux systèmes politiques, celui de la deuxième République qui avait détruit et celui de la troisième République qui devait être reconstructeur. Cette transition devait durer une année et les misions lui assignées étaient :
– Elaboration du projet constitutionnel ;
– Organisation du référendum ;
– Organisation des élections libres, transparentes et équitables qui désigneraient les gouvernants de la troisième République(1).
Néanmoins, tous les espoirs suscités en 1990 pour un nouveau départ seront sans effet jusqu’en 1996 c’est-à-dire six ans de crise institutionnelle et constitutionnelle. Le président Mobutu a été le seul patron de la transition alors que celle-ci avait déjà une ligne à suivre. Elle s’est traduite par la perte du rôle prépondérant du Parlement, la discorde entre les deux familles politiques (Opposition et Mouvance présidentielle) et la faiblesse excessive de l’Opposition fort divisée. Dans un intervalle de temps très réduit, neuf gouvernements ont été formés sans bilan positif.
La deuxième transition 1997-2003
Le 17 mai 1997, après une révolution de sept mois, l’A.F.D.L. prit le pouvoir par les armes et son président L.D. KABILA s’autoproclama président de la République Démocratique du Congo. Désormais ce chef rebelle assuma l’autorité de transition, mais très vite ce nouveau régime se caractérisa par une nouvelle dictature. Le décret-loi n° 003 du 28 mai 1997 relatif à l’organisation et à l’exercice du pouvoir concentra les pouvoirs législatifs, exécutif et judiciaire et octroya les pleins pouvoirs au président de la République. Très vite, le peuple comprit que la victoire de la révolution contre Mobutu n’était pas une victoire de gestion démocratique de l’appareil politique.
Entre mai 1997 et octobre 1998, des remaniements gouvernementaux eurent lieu mais la part des forces vives n’était pas identifiée. L.D. KABILA devint l’homme contesté par l’Opposition interne et la Société Civile l’accusa d’être l’otage des Rwandais.
Ainsi, la deuxième transition n’échappa pas à la dictature caractérisée par la forte capacité répressive de l’univers politique et la suspension des activités politiques. Entre-temps, depuis le 02 août 1998, une nouvelle rébellion, celle du R.C.D., voyait le jour à l’Est du pays.
Enfin, après la signature des accords de LUSAKA en Zambie, consacrant l’arrêt des hostilités entre les forces rebelles et le gouvernement de Kinshasa, cette transition prit fin avec l’assassinat du président L.D. KABILA en date du 16 janvier 2001 à Kinshasa. Son fils Joseph prendra le pouvoir.
La troisième transition 2003
Dès la mort du président Laurent Désiré KABILA, l’entourage du feu président réussit à serrer les rangs et proposa une solution imprévue : Joseph KABILA, le fils du défunt, commandant en chef de l’armée de terre. Non seulement il levait d’emblée tous les obstacles posés par son père à la mission du médiateur Sir KETUMILE MASIRE, autorisait le déploiement des forces de la MONUC (Mission des Nations-Unies pour le Congo). Le nouveau président plaidait sans équivoque en faveur de la paix, mais aussi, sinon surtout, il promettait des mesures économiques de nature à satisfaire les Occidentaux. Ce jeune président ouvrira d’importantes négociations avec les rebelles, et un accord de formation d’un gouvernement de transition sera signé à Sun City par toutes les forces vives congolaises. Ces accords aboutiront à un système de 1 + 4. D’où un président issu du gouvernement (Joseph Kabila) et quatre vice-présidents issus du R.C.D. (Azarias Ruberwa), du M.L.C. (J.P. Bemba), de la Société Civile (Z’ahidi Ngoma) et celui proche du Gouvernement (Yerodia Ndombasi).
Cette transition semble prometteuse, car elle présente une certaine confiance tant nationale qu’internationale.
(1) Gauthier de VILLERS et alii, République Démocratique du Congo. Guerre et politique, les trente derniers mois de Laurent Désiré Kabila (Août 1998 – Janvier 2001), In Cahiers Africains, n° 47-48, Paris, l’Harmattan, 2001, p. 17.
(1) Entretien du 4 juillet 2003 avec le Conseiller Politique du Président du RCD/KIS-ML, M. KAMBALE BAHEKWA à Butembo.
(1) J.C. WILLAME, L’odyssée Kabila, Paris, Karthala, 1999, p. 226.
(1) G. de VILLERS, op. cit., p. 50.
(1) Esdras KAMBALE BAHEKWA, Le R.C.D./ML-Kis, un mort-né ?, Butembo, 2002, p 13
(2) Interview de ZAHIDI NGOMA à la radio France internationl in La tempête des tropiques du 28 janvier 1999.
(2) Ibidem.
(3) KOEN VLASSENROOT, Violence et constitution des milices dans l’Est du Congo : le cas de Mayi-Mayi, In Annuaire, 2001-2002, Harmattan, Paris, p. 125.
(1) Entretien avec le président des Mayi-Mayi MUDOHU KUKUMANA Fabien à Butembo, le 17 mai 2003.
(1) Colette BRAECKMAN, dans le Journal Le Soir du 30 novembre 1998.
(2) Euloge BOISSONNADE, Kabila clone de Mobutu, Paris, Moreux, 1998, p. 269.
(3) J.C. WILLAME et P. MATHIEU, « Le conflit et guerre au Kivu et dans la région des Grands Lacs », in Cahiers Africains du CEDAF n° 39-40, Paris, Harmattan, 1999, p. 135.
(4) Euloge BOISSONNADE, op. cit., p. 234.
(5) Gérard PRUNIER, L’Ouganda et les guerres congolaises, In Politique Africaine, n° 75, Paris, Kartala, p. 46.
(1) Colette BRAECKMAN, Les nouveaux prédateurs, politiques des puissances en Afrique Centrale, Paris, Fayard, 2003, p. 63.
(1) PETER J. SCHRAEDER, « Finie la Rhétorique, vive la géopolitique », premières tendances de la politique africaine de l’Administration BUSH », In Politique Africaine, n° 82, Paris, Karthala, 2001, p. 133.
(2) Colette BRAECKMAN, Les nouveaux prédateurs, politiques des puissances en Afrique Centrale, Paris, Fayard, 2003, p. 56.
(3) Ibidem.
(4) Ibidem, p. 57.
(5) Ibidem.
(6) Interview publié par Congopolis, du 15 octobre 2002.
(1) Ibidem, p. 146.
(2) Rapport de VANGU MAMBWENI, p 148
(1) François GERE, Pourquoi les guerres ? Un siècle de géopolitique, Paris, Larousse, 2002, p. 128.
(2) François GERE, op. cit.
(3) Interview sur la Radio AFRICA N° 1, In Les Coulisses, n° 85, Novembre 2000, p. 28.
(1) Georges BERGHEZAN, Trafics d’armes vers l’Afrique, pleins feux sur les réseaux français et le « savoir-faire Belge », Bruxelles, Edition Complexe, 2000, p. 138.
(2) BERHEZAN Georges et NKUNDABAGENZI Félix, « La guerre du Congo-Kinshasa », Rapport du GRIP, n° 9912, Bruxelles, 1999.
(3) Collette BRAECKMAN, in Le Soir, du 24 novembre 1998.
(2) Ibidem, p. 143.
(1) J.C. WILLAME, Banyarwanda et Banyamulenge, Violences ethniques et gestion de l’identitaire au Kivu, Zaïre. Année 90, Vol. 6, n° 25, 1977, L’Harmattan, paris, 1997, p. 21.
(2) J.C. WILLAME, Kivu : La poudrière, Kabila prend le pouvoir, GRIP, Edition Complexe, Bruxelles, 1998, p. 33.
(1) Benoît VERHAEGEN, Du Congo 1964 au Zaïre 1997, Similitude et divergences, in L’Afrique des Grands Lacs, Annuaire 1996-1997, Paris, L’Harmattan, 1997, p. 192.
(2) Ibidem, p. 187.
(1) Honoré GBANDA KOATUMBA, Ainsi sonne le glas ! Les derniers jours du Mréchal Mobutu, Paris, GUDEPE, 1998, p.
(1) Fweley DIANGITUKA, Qui gouverne le Zaïre ? La République des copains, Paris, L’Harmattan, 1997, p. 257.
(1) XXX, R.D.C. : Dix ans de transition à la recherche du progrès, In Congo-Afrique, n° 344, Avril 2000, p. 195.
(2) J. Mac GAFFEY, Initiatives de la base : l’autre cheminement social du Zaïre et la restructuration économique, In Gouverner l’Afrique, Vers un partage des rôles, Paris, Ed. Nouveaux Horizons, 1992, N° 11, p. 345.
(1) KALOMBO NKOLE, D., Zaïre, autopsie d’une transition ratée, difficile métamorphose, retour à la guerre, Bruxelles, Pistes Africaines, 1997, p. 13.
Kakule Vyasongya
Bunia
Beni-Lubero Online





