





Date : 17 novembre 2010, entre 9h00 et 5h00.
Acte 1 : Décès inopiné de Mlle Kavira Kahamba, originaire du village Kikenge et élève de 5ième Secondaire, Humanités Pédagogiques de l’Institut KITSIMBA de Masereka.
Acte 2 : Le verdict des camarades de Mlle Kavira est qu’une vielle dame l’a ensorcelé. La décision est prise d’appliquer la loi du talion à l’encontre de la sorcière présumée.
Acte 3 : La sorcière est attrapée et brulée vive par les élèves en furie. En même temps la maison de la sorcière est mise en feu et réduite en poussière.
Acte 4 : La Police Congolaise s’en mêle. Elle décide de disperser les élèves en colère. Les élèves jettent des pierres à la police. Les policiers tirent à balles réelles et tuent un élève du nom de Sabuni, originaire de Vuliete Mahakwe de la même classe que Mlle Kavira décédée la veille. Un autre élève a été blessé grièvement par balles. La situation dégénère.
Acte 5 : La chasse aux sorcières devient la chasse aux policiers comme si les deux métiers se ressemblaient.
Acte 6 : Les élèves ayant perdu deux de leurs camarades s’affolent et s’attaquent aux symboles de l’Etat, notamment le bureau de poste de Masereka et le bureau de la zone de santé rurale de Masereka. Le bâtiment du bureau construit à l’époque de la colonisation belge et qui avait résisté aux 32 ans de la dictature mobutienne, cède finalement aux pierres des élèves de l’Institut Kitsimba. Les vieux du village n’en reviennent. Tout s’est passé très vite, la colère étant aveugle, elle est imprévisible dans ses conséquences. En l’espace de quelques heures, les élèves avaient détruit le bureau symbole de leur souveraineté locale.
Acte 7 : La zone de santé rurale qui n’avait rien à voir avec les deux décès fonctionne malheureusement dans un bâtiment semblable à celui du bureau du chef de poste de Masereka.
La colère étant aveugle, les intifadistes de Kitsimba s’en prennent aussi au bâtiment de la zone de santé « Don du Fonds du Bien-etre indigène » ou « Fonds Voor Inlands Welzun » comme on peut lire sur une pancarte.
Une vitre est cassée mais le bâtiment résiste grâce aux antivols qui jouent bien le rôle d’anti-émeute. Ils endommagent l’antenne de communication de la zone de santé rurale de Masereka.
Acte 8 : La nuit tombe. Elle seule avec ses cohortes des sorciers, policiers, Mai-Mai, clandestins de pays voisins, et que sais-je encore, disperse les élèves en colère. On apprécie l’importance de la nuit. Les sages ne disent-ils pas que la nuit porte conseil. En effet, depuis cette nuit-là, les élèves sont devenus calmes, du calme légendaire de Masereka, un calme trompeur qu’il ne faut pas provoquer.
Acte 8 : L’administrateur du Territoire de Lubero annonce une enquête que l’on attend toujours. Dans la foi.
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