





Les masques des artisans de l’occupation du Nord-Kivu commencent à tomber. L’espoir que l’organisation des élections avait entretenu pendant la période de la transition s’estompe à vive allure depuis que le manque de volonté politique pour régler la question de Nkunda est devenu on ne plus clair aux yeux des congolais. Après les élections est égale à avant les élections toutes les promesses de pacification du Nord-Kivu étant restées lettre morte. La question que l’on se pose est celle de savoir à qui profite le phénomène Nkunda bête noire de toute la population congolaise ? Le gouvernement congolais va-t-il se payer le luxe de s’aliéner la population congolaise en acquittant Nkunda sans aucune forme de Justice ? Pourquoi la solution militaire annoncée par le Ministre de l’Intérieur lors de son passage à Goma après la prise de Sake par Nkunda n’a jusqu’à présent été mise en application ? Beni-Lubero a tenté de percer les nuages qui planent sur le Nord-Kivu, une province visiblement abandonnée militairement à la bande de Nkunda par Kinshasa.
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D’après des sources de BLO, la solution militaire était bel et bien à l’ordre du jour du Gouvernement sortant. Un avion bombardier aurait même décollé d’une base militaire du Congo pour bombarder les positions de Nkunda. Mais quand ce bombardier avait commencé à survoler l’espace aérien du Masisi pour repérer ses cibles, il aurait été obligé d’atterrir dans un pays voisin sous peine d’être descendu en cas de refus d’obtempérer. Ce bombardement raté aurait alors été perçu par ce pays voisin comme une déclaration de guerre comme si le Nord-Kivu n’appartenait plus au Congo. Dans la foulée, ce pays voisin a fait tomber ses masques en agissant ouvertement en faveur de Nkunda. Des troupes et du matériel d’appui aux rebelles de Nkunda furent déployés le long de la frontière avec le Congo en vue de lancer l’offensive militaire pour conquérir tout ce qui symbolise encore le lien de réciprocité du Nord-Kivu avec les autres provinces du Congo, notamment l’aéroport et quelques bureaux des services spéciaux de l’Etat. Devant cette menace, Kinshasa amputé de son avion de guerre et au bord de l’humiliation au niveau national, aurait alors accepté la négociation, abandonnant ainsi « sine die » son projet de victoire militaire. Tout ce qui se passe actuellement au Nord-Kivu montre que Kinshasa fut le grand perdant de la négociation car l’autre partie lui aurait tout simplement permis de sauver la face en donnant des causeries aux troupes mixées sans avoir aucun contrôle sur l’identité et les effectifs a mixée. Depuis lors, la rébellion de Nkunda augmente en nombre chaque jour en soldats de rang et en officiers et personne ne se fait d’illusion sur l’origine de ces soldats.
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D’aucuns doutent de la volonté réelle de Kinshasa de mettre Nkunda hors d’état de nuire par la force et voient dans cette histoire de bombardier détourné une nième diversion de Kinshasa qui peut avoir voulu sauver la face comme dans le passé quand ce même Nkunda tuait la population ou occupait militairement certaines villes et cités. Leur argument est que la guerre ne se fait pas avec un seul bombardier et ne s’arrête pas après le premier faux pas. Les tenants de cette hypothèse vont même plus loin en affirmant que le bombardier de Kinshasa serait tout simplement transféré du camp de la patrie au camp rebelle moyennant ce simulacre de contre-offensive pour distraire les officiers militaires congolais partisans de la guerre à Nkunda. La preuve est que l’histoire de ce bombardier detourné n’est connue que des militaires de l’Etat Major Général des Fardc. En effet, pourquoi Kinshasa agirait-il autrement aujourd’hui sachant que les acteurs politiques d’hier sont les mêmes que ceux d’aujourd’hui ? Depuis le début de la transition jusqu’à nos jours, tous les signes sur terrain montrent que le Nord-Kivu fonctionne au point de vue militaire comme un territoire autonome.
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Depuis une semaine, le processus d’occupation du Nord-Kivu se dessine encore plus clairement aux yeux des paisibles congolais qui pensaient que les élections allaient ramener la paix mais qui assistent au contraire. Illusion que la paix vient des élections. La paix vient d’une victoire politique et militaire. Comme lors de la deuxième guerre mondiale, c’est la victoire militaire des alliés des USA qui avait ramèné la paix en Europe de l’Ouest. Autrement Hitler aurait réalisé l’empire de son rêve. Les élections ne s’organisent mieux et ne portent bonheur que dans un pays aux frontières sécurisées et contrôlées. Les Congolais sont entrain d’apprendre à leurs dépens cette dure vérité. Il aurait d’abord fallu gagner la guerre, repousser les agresseurs comme Mzee LDK l’avait préconisé avant d’organiser des élections. La forme du dialogue intercongolais aurait été bonne si on avait mis sur pied un mécanisme de contrôle et de suivi des engagements pris par chaque partie au dialogue. Ce mécanisme ayant fait défaut, on constate que certains partis au dialogue avait opté pour un dialogue des sourds, poursuivant leurs objectifs machiavéliques sous le calme apparent de la transition. Les congolais se rendent compte sur le tard qu’il ne fallait pas non plus livrer les résistants locaux à un gouvernement agissant sous pression de l’ennemi, qui lui, avait choisi de garder toutes les milices à sa solde, afin de s’en servir au moment venu comme force dissuasive.
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Au moment ou nous couchons ces lignes sur papier, les troupes d’occupation prennent position au Nord-Kivu. Nous les avons vus ce matin à Rutshuru. Hier on les a vus à Rumangabo et à Byumba. Nous savons aussi qu’ielles sont à Runyonyi et à Jomba. Elles portent des uniformes des Fardc, parlent Kinyarwanda et sont lourdement armées. Que va-t-il se passer dans les jours qui viennent ? Le discours des commandants de ces troupes d’occupation laisse entendre que ces dernieres prennent position pour faire un assaut final aux rebelles rwandais FDLR. Les rebelles de Nkunda se prépareraient ainsi à en découdre avec les rebelles Hutu Rwandais appelés FDLR. Sachant que les FDLR constituent un mythe à l’Est de la R.D. Congo, car ils ne réapparaissent que pour le besoin d’une cause, et dans le cas d’espece, les FDLR d’alibi à la présence des troupes rwandaises sur le sol congolais pour mener une guerre dite préventive.
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Les vrais mobiles de cette fausse guerre qui va opposer les rebelles du même plumage c’est l’occupation militaire du Nord-Kivu, l’élimination physique des congolais et des congolaises opposés à l’hégémonie étrangère au Nord-Kivu, l’élimination physique de ceux qui connaissent les secrets du plan d’occupation et des pillages des ressources minières, etc. Les manifestations des résistants contre l’occupation risquent de se terminer dans un bain de sang comme celui du mouvement politico-religieux de Muanda-ne-Nsemi avec son Bundi Dia Kongo au Bas-Congo. Ce qui fait dire à certains que les Fardc ne retrouvent leurs reflexes militaires quand il s’agit de réprimer une population sans armes. Pendant qu’à l’Est de la R.D. Congo les Fardc laissent faire les criminels recherchés comme Nkunda, Mutebusi, Peter Karim qui constituent un danger public, au Bas-Congo elles tirent à balles réelles sur la population, au Nord-Kivu ces forces s’acharnent sur les résistants Mai-Mai et en Ituri sur les résistants Lendu. Bundu Dia Kongo subit le sort des résistants Mai-Mai et Lendu qui continuent à être recherchés, pourchassés, cantonnés dans des Centres de Brassage, et font l’objet des opérations multiples telles DDRR, « Ituri sans armes », Mixage, etc. Très souvent, ces opérations sélectives désarment les vrais congolais et arment les ennemis du peuple congolais. N’est-ce pas là un scandale !
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La prise de conscience de la stratégie funeste de l’ennemi du peuple congolais est le point de départ de notre libération. Ban Ki Moon a bien fait de rappeler aux congolais qu’ils ne doivent pas continuellement se considérer comme victimes mais qu’ils doivent plutôt agir comme responsables de leur avenir. Les nord-kivutiens doivent prendre leur destin en mains en refusant la colonisation d’où qu’elle vienne. Pour y arriver, Mzee LDK nous a laissé un testament : « organisez-vous ». Les nord-kivutiens doivent impérativement s’organiser, se réunir autour de leurs chefs coutumiers, leurs leaders intellectuels, politiques, spirituels, économiques, militaires, pour parler de ce qui se passe dans leurs quartiers, leurs villages, afin de trouver ensemble des solutions appropriées aux problèmes de l’heure. Aide-toi et le ciel t’aidera !
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Rigobert Kanduki
Rutshuru
Beni-Lubero Online





