





L’homme court le risque d’être sacrifié. Une science qui n’aurait pour but que le savoir et le pouvoir qui découle du savoir risque de devenir inhumain. Il faudrait arriver à se poser la question de savoir si l’on a droit de mettre en jeu l’intégralité des intérêts des autres ; si l’avoir, le pouvoir sont une justification suffisante de tout enjeu.
La question du moment où s’origine véritablement un être humain, la maîtrise de divers aspects de fécondité, l’espoir de résoudre les drames humains jamais résolus, notamment la stérilité, la manipulation génétique, la transplantation des organes, le choix éventuel du moment de la mort (euthanasie), la technologie biomédicale, la connaissance de plus à plus maîtrisée du cerveau, l’acharnement thérapeutique, les soins palliatifs… tout ceci constitue le drame de notre siècle aujourd’hui. Oui, « beaucoup de gens meurent avant d’être nés ». On leur refuse le statut de personne ou simplement l’accès à la vie parce que non désirés, gravement handicapés ou non attendus. Mais, alors, quand commence la vie humaine ou quand est- ce qu’un embryon devient un être humain ? « Il est déjà homme celui qui le sera », nous dit TERTULIEN dans « Apologeticus ». L’être humain doit être respecté comme une personne dès les premiers instants de son existence. La personne humaine existe dès la conception.
Les époux sont ainsi appelés à une paternité responsable. D’où une invitation à une maîtrise de soi grâce à la raison et la volonté afin de reconnaître sa responsabilité vis – à – vis de la vie donnée.
L’humanité n’a pas droit au suicide. L’existence de l’homme ne doit pas être mise en jeu ; « tout individu a droit à la vie, à la liberté et à la sûreté de sa personne »[1]. D’où, l’obligation à l’égard de la postérité, la responsabilité ontologique vis-à-vis de l’idée de l’honneur, de la vulnérabilité essentielle du visage d’autrui (Emmanuel LEVINAS, Entre nous) car, que nous le voulions ou non, nous sommes des architectes de la société de demain.. D’où, l’obligation à l’égard de la postérité, la responsabilité ontologique vis-à-vis de l’idée de l’honneur, de la vulnérabilité essentielle du visage d’autrui (Emmanuel LEVINAS, Entre nous) car, que nous le voulions ou non, nous sommes des architectes de la société de demain.
L’abolition des références morales, spirituelles, religieuses s’accompagne en même temps d’une demande d’éthique très forte. Quels sont les nouveaux critères de décisions éthiques face au progrès vertigineux de la science ? Une série de styles inédits lance un défi aux morales classiques, aux canons du droit et aux règlements des déontologies reconnues (sur la sexualité, la défense nucléaire,…). Il s’agit de penser autrement, de penser aux conséquences de nos actions présentes pour les générations futures (Jonas HANS). Tel est le fondement même du développement durable. A des situations nouvelles qui affectent sérieusement la nature profonde et la qualité de l’agir humain doivent correspondre de nouvelles responsabilités. A en croire E. WEIL, la question en jeu n’est plus de savoir comment il faut agir mais en vue de quoi il faut agir.
Il devient donc une évidence que la recherche d’une éthique est aujourd’hui urgente dans tous les domaines :
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Environnement :
Il s’agit des devoirs qu’impose à l’être son lieu vital avec l’écologie, son environnement naturel. Le respect de l’air, de l’eau, de la terre, de la végétation, des animaux,… à l’égard de nos descendants afin de leur transmettre une terre plus habitable. « Afin d’obtenir l’investissement requis, la protection de l’environnement et l’amélioration du bien-être social doivent constituer des priorités au niveau international, national, pour les compagnies et pour les individus. Il faudrait que les riches et les puissants accèdent à leurs statuts privilégiés en valorisant la vie pour la postérité, et non pas par la consommation de la nature par quelques privilégiés. Ces changements profonds ne viendront que lorsque les leaders internationaux et nationaux se mobiliseront autour de la conservation. »[2]
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Politique :
Veiller à un égal accès aux biens sociaux : éducation, culture, soins médicaux, information,… « Le souci premier de Platon est sans aucune possibilité de doute celui du bien-être de l’homme dans la société. Et, on ne peut parvenir à cet épanouissement de l’homme que dans un Etat juste, un Etat qui respecte les droits de l’homme »[3]
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Economie :
Évaluer l’éthique des productions en fonction de leur utilité sociale. « Un fabricant canadien de contenants l’a appris à ses dépens au terme d’une étude conjointe qu’il a menée avec son client. Il lui a fallu concevoir à nouveau son produit à grands frais. Pourtant, s’il avait compris le ‘’ pourquoi’’ qui se cachait derrière les préférences des consommateurs, il aurait pu s’apercevoir de son erreur à temps pour créer le bon produit dès le départ »[4]
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Information :
Garantir la qualité et la liberté de l’information contre les manipulations politiques ou les pressions économiques. « Des nombreuses études consacrées aux Etats-Unis et en Grande Bretagne aux effets de la télévision sur les enfants, on peut retenir d’abord que ce moyen de diffusion collective, tout comme les autres, du fait même qu’il met prématurément les jeunes en contact avec les problèmes et les valeurs des adultes, est propre à augmenter chez eux l’inquiétude qu’ils peuvent éprouver à l’égard de leur avenir, à développer en eux le trouble et l’insécurité, à leur révéler trop tôt la complexité des situations familiales, sociales, humaines. »[5]
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Famille :
Protéger la famille contre les excès de l’individualisme autant que contre le transfert croissant de ses responsabilités sur les Institutions Sociales. « Quand des parents sont amis de leurs enfants et que ceux-ci savent que leurs parents ne les trompent pas et ne les induisent pas en erreur, ils croiront et se fieront davantage à ce qu’ils leur disent qu’aux renseignements -souvent déformés- des copains »[6]
Notre conviction est telle que pour racheter ce monde des carcans dont il est la victime voilée par des concepts de modernité, de haute technologie,… il faut inévitablement de la morale. Si chacun arrivera à faire à autrui ce qu’il voudrait qu’on fasse pour lui, le monde sera ce qu’il doit être.
C.T. Katsuba Kinyali Ladislas
Université de Kasugho ( Territoire de Lubero)
Beni-Lubero Online
[1] Déclaration Universelle des droits de l’homme, 10 décembre 1948, Art. 3.
[2] ANTHONY.R. et Alii, La nature dévorée, Altisimi Press, Mai 2004, p.193
[3] KATSUBA KINYALI, L. « Fondements philosophiques de l’organisation politique d’un Etat modéré. Essai de compréhension de la théorie politique de Charles de Montesquieu », in Connais-toi toi-même,Mulo, Ed. Theodore de celles, Juillet 2005, p. 95.
[4] ZALTMAN,G., La tête du client, Paris,Ed.d’Organisation,2004,p.39
[5] CAZENEUVE,J., « sociologie de la radio-télévision », in Que sais-je ?, Paris, 1962, p.115
[6] AGUILAR,I., et GALBES,H., Guide de la vie familiale, Alfajirin,Ed. Safeliz, volume 4, Octobre 2000, p.329





