





Depuis l’élection du nouveau Gouverneur de la Province du Nord-Kivu le 27 janvier dernier c’est seulement le Lundi 12 Mars 2007 que la remise reprise a eu lieu entre le gouverneur sortant Eugène SERUFULI et le nouvel homme fort de la province tumultueuse du Nord-Kivu, à savoir, l’honorable Julien PALUKU KAHONGYA. Il a fallu attendre six semaines pour que le nouveau gouverneur prenne possession de son règne comme si la province était en situation normale.
La province du Nord-Kivu n’a donc pas fait exception de la lenteur dans la gestion de la res publica qui caractérise l’action de Joseph Kabila et d’Antoine Gizenga. Après 100 jours de pouvoir, ces deux hauts responsables n’ont pas encore fini d’installer les Institutions de la Troisième République au point que l’on se demande à quoi a servi la transition de plus de trois ans. La conséquence de cette lenteur institutionnalisée c’est le sacrifice du peuple sur l’autel de la bureaucratie politicienne.
Ainsi par exemple, les dirigeants congolais ne savent pas dire Condoléances aux congolais de Buramba ou aux militants de Bundu Dia Kongo parce qu’il faut résoudre l’aporie du principe de la majorité absolue en contexte électoral ou accueillir une conférence des parlementaires de la région des Grands Lacs… Au lieu de venir en aide aux congolais de Kahemba, on prend trois semaines pour organiser un sommet bilatéral à Kinshasa entre l’Angola et la RDC, comme si les deux ne peuvent se faire en même temps…
Le grand problème du Congo depuis la dictature mobutienne ce que tous les pouvoirs sont confisques par une oligarchie. Tous ceux qu’on appelle membres du gouvernement sont très souvent des sous-traitants qui exécutent des ordres venant d’en haut et qui souvent n’ont pas des moyens de leur action. Les congolais pensaient que cette façon de faire changerait avec les élections et le fédéralisme consacré par la nouvelle constitution. Mais hélas ! Pour ne citer qu’un exemple, depuis l’incursion angolaise en terre congolaise, on n’a pas entendu un seul mot du gouverneur de Bandundu… Tous les projecteurs sont orientés vers Kinshasa qui ne dit mot et qui laisse la situation évoluée au gré des vagues.
Julien Paluku Kahongya fera-t-il mieux là où ses prédécesseurs ont échoué? Après la cérémonie de passation de pouvoir, le nouveau gouverneur du Nord-Kivu a annoncé l’imminence des consultations pour la formation du nouveau gouvernement provincial. Il devra faire attention de ne pas nommer un ministre fantôme comme son grand-père Gizenga ou surtout un ministre qui n’est pas congolais. Julien doit faire vite et bien pour éviter de se perdre dans les méandres bureaucratiques de la constitution du gouvernement provincial d’une province en difficulté notoire comme le Nord-Kivu.
Les audits des services de l’ancienne équipe sont à confier à des équipes techniques pour que le nouveau gouvernement provincial s’occupe sans tarder du gouvernement de la Province en mobilisant par exemple tous les six territoires pour une première action à impact visible et bénéfique pour les populations. Dans le cas du Nord-Kivu cette action serait par exemple, la maitrise de l’armée et la sécurité des personnes et de leurs biens en en faisant échec à l’alibi du tribalisme comme l’assemblée provinciale l’a si bien fait lors de la composition de son bureau.
La deuxième action qui découlerait de cette première serait, par exemple, le contrôle des frontières de la province à la manière du gouverneur Moise Katumbi du Katanga. Les inaugurations des petits chantiers de construction, la remise de petits dons du gouvernement par ci par là comme à l’époque du MPR n’est pas la tache du gouverneur mais des services d’appoint agissant selon le principe de subsidiarité. Ce qu’un administrateur de territoire peut faire, le gouverneur ne doit plus perdre son temps pour le faire à sa place.
Julien Paluku doit savoir que personne dans la Province n’est au-dessus de lui. IL est le numéro un de la Province. Tous les services de l’Etat dépendent de lui en tant que premier répondant de la province vis-à-vis du Gouvernement Central. Et pour arriver à cet état des choses, le gouverneur a une Assemblée Provinciale pour voter les lois, passer en revue l’action de la justice et des justiciers de la province, interpeller quiconque se mettrait au dessus de cette loi.
Pour asseoir leur pouvoir d’élus sur la province, le gouvernorat ainsi que l’Assemblée Provinciale devront maitriser les régies financières de la Province pour financer eux-mêmes leur action politique. Avec 40 % de recettes imparties à la province, le Nord-Kivu qui possède le troisième poste frontalier générateur des recettes ( Kasindi) après Matadi et Kasumbalesa, devrait se doter rapidement des moyens de sa politique pour répondre à l’attente de la population martyre du Nord-Kivu, une population victime des mensonges de ceux qui attendent coloniser cet espace national.
Maintenant que les députés issus de la base siègent au parlement national et provincial et que certains d’entre eux gèrent des portefeuilles de l’Etat Congolais, la vérité de la situation du Nord-Kivu doit éclater au grand jour. Aucun député ne pourra se cacher derrière la complicité notoire de Joseph Kabila, de Vital Kamerhe, de John Numbi ou de Denis Kalume. Ces derniers sont des élus comme vous à la différence qu’ils ont choisi de servir les intérêts étrangers avant les intérêts des congolais. Les congolais massacrés les laissent indifférents et impassibles. Ne les y imitez pas. Ne les craignez pas non plus. Ils ne sont pas des dieux ! C’est à vous de démontrer la vraie manière d’être député provincial ou national en vous mettant avant tout à l’écoute de votre peuple. Votre travail est de parler de ce que vit le peuple qui vous a élu. Si vous choisissez de servir les intérêts de ceux qui convoitent le Nord-Kivu, sachez que vous aurez trahi à votre tour votre peuple. Aujourd’hui la population attend de vous une solution au problème de Nkunda et de ses soldats mixés.
Vous étés informés, par exemple, du fait qu’il n’y a pas de FDLR sur terrain à Rutshuru, Buramba, Jomba, Runyonyi, Bunagana. Les cibles des soldats mixés de Nkunda sont la population et tous les congolais à même de gêner l’opération de colonie de peuplement rwandais en cours. En effet, des refugiés rwandais expulsés de Tanzanie, de l’Ouganda, et ceux qui n’ont pas de terre au Rwanda et au Burundi sont entrain d’être infiltrés au Nord-Kivu sous la barbe et le nez de la Monuc. Vous savez bien que c’est cette infiltration du trop plein rwandais de la région des Grands Lacs au Nord-Kivu qu’on appelle Mixage. Un tel mensonge monumental doit figurer au premier plan de l’agenda du nouveau gouverneur et de son équipe. Le succès de votre mandat dépendra de la façon dont vous traiterez efficacement de ce problème.
Le peuple est entrain de suivre la façon dont par exemple, l’Assemblée provinciale se laisse intimider par les émissaires de Joseph Kabila dépêchés au Nord-Kivu pour détourner l’attention de nouveaux mandataires du Nord-Kivu de l’opération de colonie de peuplement en cours d’exécution.
En effet, l’Assemblée Provinciale du Nord-Kivu qui a été institué le 15 décembre 2006, à peine avait-elle élu les membres de son bureau définitif et coopté les chefs coutumiers en son sein, s’était donné des vacances parlementaires pendant que le feu brulait au Masisi et à Rutshuru. Quel responsable peut aller en vacances pendant que sa maison est en feu ? L’alibi était bien trouvé pour donner bonne conscience aux honorables dont la majorité sont à leurs premiers pas dans l’hémicycle provincial, à savoir, l’attente de la constitution du gouvernement provincial, le retour du nouveau gouverneur à Goma. Les nouveaux locataires de l’hémicycle provincial ont oublié que leur action en faveur du peuple ne peut souffrir de la présence ou de l’absence du gouverneur. Même en vacances, les députés comme des médecins doivent agir, parler, se faire la voix de sans voix de la Province en saisissant les medias au niveau national et international. Les députés doivent user de leur immunité parlementaire pour débattre sur la voie publique des questions brûlantes de l’heure.
Le peuple vous a autorisé d’être des disputeurs nationaux, ne démontrez pas le contraire en devenant muet comme les dirigeants de Kinshasa. N’attendez pas que le peuple parle pour vous ou que les résistants mènent seuls le combat contre les forces d’occupation. Si vous imitez le mutisme de Kinshasa vous aurez choisi comme lui la cooptation par l’ennemi du peuple congolais au lieu de vous acquitter de votre mandat reçu du peuple congolais pour la défense des intérêts supérieurs de la nation quel qu’en soit le prix.
Pourquoi le pays vénère aujourd’hui Patrice Lumumba, Mzee Laurent Désiré Kabila, Christophe Munzihirwa et Emmanuel Kataliko comme héros nationaux ? C’est parce qu’ils ont osé parler et ont agi en faveur du peuple sans craindre la mort, la prison, le dénuement, etc.
La population de Rutshuru qui avait appris l’arrivée sur terrain d’une commission parlementaire provinciale a été choquée d’apprendre que les membres de cette commission s’étaient laissés intimidés par le Général John Numbi qui a bloqué la descente sur terrain de la commission d’enquête. Après avoir obtenu le feu vert de la Monuc, cette commission se serait heurté au Général John Numbi qui a eu le culot de leur refuser l’appui des services de sécurité en déclarant sans ambages que les députés provinciaux ne devaient pas se mêler des affaires militaires et qu’ils devraient avoir confiance en l’armée. Nous espérons qu’une bourde pareille ne se répétera plus. John Numbi n’est pas au-dessus de l’exécutif provincial. Il doit être au service du parlement provincial et du gouvernorat. C’est à vous de lui dire ce qu’il doit faire. Dans toute démocratie qui se respecte, l’armée est au service du pouvoir civil élu. John Numbi n’a été élu par personne pour parler à votre place aux Nord-kivutiens. Votre assemblée est souveraine pour tout ce qui rapporte à la Province. Votre assemblée doit avoir une commission chargée des affaires militaires pour donner régulièrement l’état des lieux des activités de l’armée et d’autres services lies à la défense nationale.
En apprenant aujourd’hui que demain jeudi vous ouvrirez votre session parlementaire avec comme ordre du jour « le budget » nous espérons qu’à part le budget la commission parlementaire arrêtée par le General John Numbi viendra à Rutshuru faire le constat macabre du grand mensonge de Nkunda et de son phénomène mixage. Nous espérons que vous arriverez à la décision qui s’impose, c’est-à-dire éloigner de la Province du Nord-Kivu tous les soldats issus du mixage et nous amenés d’autres Fardc d’autres provinces. Sans ce changement ou cette mutation que vous devez réclamer à cor et à cri, le peuple vous accusera demain d’avoir accompagné sciemment ou par peur l’occupation du Nord-Kivu.
Nous avons aussi appris de Kinshasa que la question du Nord-Kivu ne trouve pas bon accueil auprès de l’entourage de Joseph Kabila comme auprès de Vital Kamerhe, Président de l’Assemblée Nationale. Les députés nationaux du Nord-Kivu auraient lancé la motion sur la nécessité du parlement national de diligenter une enquête sur la question de Nkundabatware et son phénomène de Mixage. Vital Kamerhe, Président de l’Assemblée Nationale aurait tout fait jusqu’aujourd‘hui pour noyer dans l’oubli cette motion qui risque de tourner les projecteurs de la nation vers le lieu où l’irréparable est entrain d’être commis. A tous nos deputes nationaux, nous lancons cet appel : ne vous laissez pas intimider par Vital Kamerhe ni par personne. Nous vos électeurs nous vous soutenons.
Notre héros Mgr Emmanuel Kataliko, juste avant sa mort, avait demandé aux évêques de parler, de toujours parler de la souffrance du peuple. Vous devez aussi parler en temps et en contretemps car votre Province est aujourd’hui un cobaye d’essai.
Si la colonie de peuplement réussi au Nord-Kivu, demain ce sera le tour d’une autre province et ainsi en sera-t-il de tout le Congo. Cette attitude de Kinshasa vis-à-vis du grave danger qui guette le Nord-Kivu et la R.D. Congo dans son ensemble est un appel incessant aux députés nationaux et provinciaux, à tous les élus du Nord-Kivu partout où ils se trouvent de sortir des chemins sans issue où ils sont entrainés pour crever l’abcès du Nord-Kivu sur la place publique nationale.
Vous avez tous les détails de ce qui se passe dans vos villages, vos familles, vos circonscriptions électorales, que rien ne vous empêche d’user des voies légales qui vous sont offertes pour démontrer à la face de tous les congolais le grand mensonge des dirigeants du Congo face à la population du Nord-Kivu en particulier et du Congo en général. Le peuple vous regarde et attend de vous une action conséquente. Et si la révolution congolaise plus que jamais nécessaire aujourd’hui au Congo partait du parlement de la troisième république ? Pensez-y !
Rigobert Kanduki Maene Kanga
Rutshuru Goma
Beni-Lubero Online





