





Le Rwanda sera bientôt " montré du doigt". Le conseil de sécurité réuni sous la présidence de la Tanzanie a voulu se rassuré de la paix qui doit régner en RDC avant et après les élections. Au conseil de sécurité, le Rwanda et l’Ouganda sont sommés de cesser leur soutien aux groupes rebelles de l’Est du Congo-Kinshasa. L’Ambassadeur de la RDC aux Nations-Unies ILEKA ATOKI donne la lumière, à Beni-Lubero Online, sur le débat qui s’est déroulé à New-York le Vendredi 27 janvier
Benilubero.com: Monsieur l’Ambassadeur, Bonjour. Vous avez été aux Nations-Unies sous Kabila-Père et vous y êtes encore sous Kabila-Fils. C’est une longévité!
Ileka Atoki: Monsieur Paluku, Bonjour. C’est un plaisir pour moi. La réponse est très simple. Nous sommes au service de l’Etat. Nous travaillons pour notre grand et beau pays la RDC. Je trouve qu’il n y a rien de sorcier dans cela!
Benilubero.com: Il s’est passé un débat aux Nations Unies et le Congo Kinshasa a demandé au Conseil de Sécurité de l’aider à empêcher ses pays limitrophes de gêner les élections prochaines. Qu’est ce que cela veut dire?
Ileka Atoki: Le 27 Janvier le Conseil de Sécurité des Nations Unies présidé par la Tanzanie a organisé un débat sur la situation de la région des grands-lacs. C’était un débat axé sur la paix et la sécurité dans notre région. Vous savez très bien que notre région connaît des soubresauts depuis une décennie et encore tout récemment ici en 1998 avec la guerre dite d’agression. Le lieu de tous les affrontements est tout justement la RDC, le pays qui a le plus subit les conséquences de cette guerre aussi inutile qu’insensée. Donc cela allait de soi que dans notre intervention de ces jours nous nous prononcions sur la situation que nous connaissons actuellement.
Benilubero.com: Quel était le but du débat comme tel?
Ileka Atoki: Le but du débat, selon la présidence Tanzanienne était surtout la recherche des meilleurs moyens pour appliquer toutes les résolutions des Nations Unies de renforcer la paix et la sécurité dans la région des Grand-Lacs. Nous avons voulu être à mesure de déterminer les stratégies, de nature à coordonner les initiatives des Nations Unies, non seulement en matière de la prévention mais aussi de règlement, de maintien et de consolidation de la paix dans cette région. Avec tous ministres des affaires étrangères présents, il a été question de voir dans quelle mesure nous devons soutenir les efforts du Secrétaire Général des Nations Unies à travers son représentant spécial monsieur Ibrahimma Fall.
Benilubero.com: Quel a été le sens de l’intervention de la RDC?
Ileka Atoki: L’intervention de la RDC a été assez longue et multiforme. Quand nous avons abordé la question des élections, il était normal de dire que, pour qu’elles soient libres, transparentes et démocratiques il est important que le gouvernement congolais exerce son autorité sur l’ensemble du territoire. Cela signifie en d’autres termes mettre fin aux activités des milices armées et de ceux qui les soutiennent qui ne sont pas manifestement au Congo mais dans les pays limitrophes de l’Est.
Benilubero.com: Quand vous parlez des pays limitrophes de l’Est, vous pensez auxquels précisément?
Ileka Atoki: Ben, c’est ce que vous connaissez, le Rwanda et l’Ouganda. Ce n’est un secret pour personne.
Benilubero.com: Pourquoi excluez-vous aujourd’hui le Burundi de la liste?
Ileka Atoki: Le Burundi a terminé sa phase de transition. Le Burundi a eu sa phase des élections. Le Burundi a maintenant un gouvernement et des institutions reconnues par la communauté internationale, un gouvernement avec lequel nous avons repris des relations diplomatiques. Nous avons à présent des relations amicales avec le Burundi à tous les niveaux. Depuis que le nouveau gouvernement est en place, nous n’avons plus de problème majeur avec le Burundi.
Benilubero.com: Avez-vous convaincu le conseil de sécurité?
Ileka Atoki: Oui. Le but du débat était d’arriver à des décisions qui figurent dans la résolution 1653 du 27 janvier 2006! Dans cette résolution nous nous sommes mis d’accord sur la nécessité de créer un mécanisme approprié pour renforcer la coopération pratique entre le conseil des Nations Unies et le conseil de Paix et Sécurité de l’Union Africaine qui est aussi impliquée dans la recherche d’une solution dans la région des Grands-Lacs. Nous avons souligné l’importance de la déclaration de Dar Es-salaam et aussi de la Deuxième Conférence Internationale sur la Paix et la Sécurité, la Démocratie, la Gouvernance et le Développement de la région des Grands-Lacs qui doit avoir lieu cette année-ci au Kenya et de la commission de la consolidation de la paix. La Communauté Internationale comprend maintenant qu’il faut que la paix revienne dans la région.
Benilubero.com: Etes-vous arrivé aux questions judiciaires entre l’Ouganda et la RDC ainsi que du Rwanda?
Ileka Atoki: La situation évolue et je dirai, Dieu merci, en faveur de la RDC. Dernièrement encore, la cour internationale de justice a donné un avis contre l’Ouganda. Au moment où je vous parle nos experts sont entrain d’étudier la réponse congolaise à l’arrêt de cette cours et déterminer exactement les réparations dues à la population congolaise pour les dommages subits. Cette semaine-ci la cours va se prononcer sur notre différent avec le Rwanda.
Benilubero.com: Votre débat, n’était-il que pour la prévention seulement?
Ileka Atoki: Nous avons vu la situation des Grands-Lacs dans sa globalité. Nous avons considéré toutes les étapes c’est à dire la prévention, le maintient de la paix et aussi la consolidation de la paix. Maintenir la paix c’est une chose mais une fois qu’elle est là il faut créer des gardes-fous afin que la situation ne dégénère pas comme dans le passé. Nous nous sommes dit: "Que faut-il faire dès que la paix revient dans la région?". Il faut aller aux élections oui, mais après les élections qu’est ce qui va se passer? Si la population ne bénéficie pas des dividendes de la paix, tout l’exercice n’aura servi à rien et il aura été coûteux inutilement. Il faut mettre en place des stratégies, des structures qui visent à consolider la paix. Nous ne pouvons le faire tout seul, mais avec tout pays intéressé pour la paix dans notre région.
Benilubero.com: N’avez-vous pas pensé à redoubler les effectifs de la Monuc, car elle ne parvient pas à imposer la paix à l’Est du pays?
Ileka Atoki: Non. La Monuc est en RDC dans un mandat qui se termine en juillet 2006.Il n’a pas été question de le re-qualifier. La Monuc a un effectif de 20 milles militaires. En ce qui concerne notre pays, nous avons besoin d’une armée. C’est par là qu’il faut commencer. Nul n’est bien servi que par soi-même. L’armée en RDC est à bâtir. Nous avons eu les assurances de notre ministère de la défense que d’ici peu nous aurons 18 brigades intégrées qui vont assurer un minimum de sécurité au moment des élections. Entre- temps nos forces de la police sont aussi intégrées et leur intégration a été plus rapide. Cette police est formée pour le maintient de la paix civile. Il faut d’abord mettre fin aux milices armées et mettre fin aux activités des groupes armés bénéficiant du soutien extérieur. Il faut aussi chasser des éléments étrangers qui se trouvent sur notre territoire. A mon avis cela doit se faire par nos forces armées soit avec le soutien logistique de la Monuc ou d’un autre pays. Pour que notre pays soit respecté, il faut une armée de nous Congolais.
Benilubero.com: Mais on accuse parfois cette armée de désertion et d’appui aux chefs rebelles comme Laurent Nkunda. D’ailleurs, pourquoi ne pas faire voter une loi aux Nations Unies pour l’arrêter car le gouvernement semble en être incapable?
Ileka Atoki: Les Nations Unies n’ont pas émis un mandat d’arrêt international contre Laurent Nkunda. Il est vrai aussi que Nkunda figure sur la liste des personnes soumises à des mesures conservatoires.
Benilubero.com: Vous avez sur votre actif la condamnation de l’Ouganda par la Cours Internationale de Justice mais le Rwanda continue de vous bouder. Il ne reconnaît pas cette cour, d’ailleurs!
Ileka Atoki: Nous aurons à La Hayes un avis consultatif qui serra rendu dans le cas qui nous oppose au Rwanda. Je ne peux pas prédire ce que la cours va dire. Vous et moi nous attendrons d’écouter le jugement qui viendra de La Hayes Effectivement le Rwanda refuse de reconnaître cette cours mais elle rend des avis consultatifs non exécutoires. Mais lorsqu’un avis provient de la cour internationale de justice c’est une force morale. Personne ne souhaite en être montré du doigt. L’avis de la CIJ est un élément juridique sur lequel nous pouvons baser toute action future. Que le Rwanda reconnaisse l’autorité de cette cour ou pas, nous, nous attendons qu’elle se prononce et nous verrons comment poursuivre notre action tant au niveau diplomatique qu’au niveau légal.
Benilubero.com: Quelle seraient vos actions? Attaquer le Rwanda? L’obliger de retirer ses milices ou ses protégés?
Ileka Atoki: Dans toute action il y a plusieurs options et toutes sont ouvertes.
Benilubero.com: Je vous remercie beaucoup monsieur l’Ambassadeur.
Ileka Atoki: Merci.
Interview Exclusive accordée le 31 Janvier 2006 par l’Honorable Ileka Atoki à Magloire Paluku pour le compte de Beni-Lubero Online.





