Fatigué des atrocités de la coalition CODECO-FPIC, qui frappent sa communauté sans distinction ni d’âge, ni de sexe, ni de condition sociale, le chef des Bahema Banywagi, Monsieur Panga Kahwa juge opportun de prendre les armes pour se protéger contre les attaques à répétition des miliciens CODECO-FPIC. Cela des suites de l’absence de l’Etat constatée dans la zone. Le 20 avril 2021, 9 personnes de sa communauté ont été tuées par ces bourreaux dans le village de Shari, près de la ville de Bunia, ou des maisons ont été également incendiées par ces derniers, après une série de pillages des biens des populations civiles.
« Si le gouvernement congolais n’arrive pas à mettre fin à ce génocide, le pire caractérisé par la prise d’armes par les peuples victimes s’annonce en Ituri. Le silence du gouvernement face à ces carnages prouve sa véritable complicité », a affirmé Mandro Panga Kahwa, chef de la chefferie de Bahema Banyagwi. L’annonce du chef des Bahema, a été partagée par son homologue Vicky, responsable des associations des victimes, réunies au sein de l’organisation G5-A.
Ces derniers temps, la situation sécuritaire est devenue alarmante dans les territoires d’Irumu et Djugu, des zones transformées en sanctuaires des bandes de massacreurs sans foi ni loi malgré la présence des FARDC, incapables de maitriser la situation.
Un appel à la lutte armée pour se libérer dans une zone où les taxes et impôts sont payés chaque jour mais sans une redevabilité des autorités aux populations locales, notamment la garantie de la paix et de la sécurité. C’est en ce sens, que même les populations du territoire voisin Beni, au sud d’Irumu, qui vivent 6 ans de carnages attribués aux présumés ADF, ont même lancé la campagne de désobéissance fiscale et exigé le départ de la MONUSCO, suite à sa passivité, et ne sachant pas l’importance de sa présence dans la région.
« Lorsque l’Etat n’existe pas, tout le monde devient l’Etat pour protéger sa vie ! ». La déclaration du chef coutumier ne doit pas être prise pour un acte de trahison, mais l’expression d’une indignation depuis longtemps accumulée face au manque scandaleux d’un Etat juste responsable, capable de sécuriser sa population. En même temps, cette alerte, c’est une interpellation aux autorités qui doivent assumer leurs responsabilités face à la population. « Face à ce qui se passe en Ituri, tout être humain ne peut que opter pour l’auto- prise en charge comme solution », estime un analyste politique congolais à Shari.
Cette crise sécuritaire persistante est parmi les raisons de la motion des députés provinciaux de l’Ituri contre le gouverneur Jean Bamanisa, motion qui a abouti à sa destitution le 13 avril 2021, après son vote favorable par 33 députés sur 41 présents à la plénière. Malheureusement, ce dernier continue de s’accrocher à son poste et à instrumentaliser les groupes armés dans le cadre de la politique machiavélique de la terre brûlée.
Noël Kitambala Londroma
Bunia
©Beni-Lubero Online