





Ils portaient chacun une houe et une machette, dit-on, leur remise par l’Exécutif provincial du Nord-Kivu en arrivant à Kirumba. Ceux vus à Kasando étaient en partance pour l’Ituri via Eringeti.
Ils étaient munis des documents (fac-similé) portant mention : « Autorisation de Déplacement » et « Perte des pièces » délivrés soit par le Chef de Poste d’encadrement administratif (CPEA) de Kibabi, territoire de Masisi, sieur Hakizimana Rutwe, soit par l’agent recenseur du groupement sieur Munobo Luombo. Ces documents traçaient l’itinéraire à suivre : Kibabi – Goma – Bunia/Boga et définissaient clairement le motif : Recherche de terre (document ci-dessous) aux cultivateurs.
Chemin faisant, ces Banyarwanda refusaient toute aide humanitaire arguant que le Bon Dieu leur a donné des bras pour cultiver la terre. Déplacés ou Réfugiés ? Difficile de le dire avec précision. Tous parlent kinyarwanda et se dirigent vers l’Ituri principalement dans la chefferie de Tchabi en territoire d’Irumu. Ils ont déclaré à notre Rédaction qu’ils allaient rejoindre les quelques 450 ménages rwandophones qui les avaient précédés.
Ils refusent d’être appelés « déplacés », refusent même l’aider du HCR et déclarent qu’ils sont comme les Nande et les autres installés en Ituri. Leur chef de file se nomme Barnaba, pasteur de son état.
Depuis 2009, un rapport administratif faisait état des arrivées massives et successives des populations rwandophones en provenance de Masisi et Lubero (les Hutu nande), et Kalehe. Aussitôt arrivées à Boga, elles réclament un groupement administratif pour eux seuls. De leur identité, un doute plane. Selon la société civile de Boga/Ituri, ces Banyarwanda sont des Congolais tout court et non des Rwandais. Identifiés comme des Tutsi.
En janvier 2010, la commission envoyée depuis Kisangani avait conclu qu’il s’agissait des Hutu. La société civile de l’Ituri, dénonçant la légèreté de l’autorité provinciale dans le traitement de ce dossier de déplacement de population (in) connue et d’occupation de terres tenait en même temps à connaître la cause de cet exode de gens abandonnant leurs terres coutumières pour venir en chercher d’autres en Ituri. Car, leur arrivée permanente, échappant à tout recensement administratif, présage un danger social dans l’avenir. L’Ituri est envahi. Biakato et Mambasa sont devenu des pépinières.
Les deux commissions envoyées pour les identifier ont conclu qu’ils étaient bel et bien des Congolais. Eux-mêmes le déclarent à tout venant. Et en tant que tels, ils bénéficient de la loi Bakajika pour s’installer partout en RDCongo.
Toutefois, nos enquêtes ont révélé que ces Banyarwanda se soumettent difficilement au recensement et aux travaux collectifs, se disant n’être pas concernés par tout ce qui se passe à Boga et ne répondent d’aucune obligation civique.
En date du 19 décembre 2010, notre Rédaction a rencontré le député Kisembo Kyabazaïre, élu du territoire d’Irumu et de surcroît chef de la collectivité-chefferie des Bahema-Boga.
Selon lui, ces Banyarwanda s’adonnent déjà aux travaux champêtres. Ils parlent le kiswahili avec un accent rwandais très prononcé : « aussitôt arrivés, ils se sont construit des cases de fortune. Entre eux, ils parlent kinyarwanda. Ils vivent à vase clos. Et pour le moment, ils n’abordent pas encore nos filles ». Et de reconnaître que ces Rwandophones étaient une « catégorie de la population qu’il faut gérer avec prudence et précaution ». Le député provincial Kisembo a réitéré son souhait de les voir rentrer chez eux pours s’enrôler et revenir après s’ils le souhaitent.
Enfin, le chef Kisembo a tenu à préciser que Boga qui est le chef de poste d’Etat englobe trois chefferies notamment Boga, Mitego et Tchabi. Pour le député Kisembo, (sa) chefferie des Bahema-Boga n’est pas occupée par des Banyarwanda.
C’est plutôt ses voisins à savoir Mitego (localité Milibongo), et Kyamata (chefferie de Tchabi).
La population ne les a pas acceptés mais les chefs coutumiers les ont imposés moyennant des chèvres reçues, selon une source crédible.
Pourquoi ces Banyarwanda ont-ils parcouru des centaines de kilomètres à pieds et ont-ils choisi de s’installer à Boga/Ituri ? Boga possède un espace non habité allant jusque dans la forêt du mont Ruwenzori. Boga est aussi à plusieurs égards une région stratégique constituant une charnière (invisible) entre l’Ouganda et le Rwanda.
Pour l’opinion qui reste perplexe, ce dossier serait l’arbre qui cache la forêt. Boga deviendrait-il une poudrière ?
Extrait du journal les coulisses, numéro 22
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