





Le grand déballage des associations de la société civile n’a pas eu lieu ! Tous les memos dont les mots étaient choisis, pesés, et sous-pesés pour exprimer au Président le ras-le-bol des bubolais victimes de l’insécurité entretenue à Beni-Lubero par les militaires issus du CNDP, les clandestins armés venant du Rwanda et de l’Ouganda qui jouent aux ADF/NALU, FDLR, MAI-MAI pour semer mort et désolation dans les villages, cités et villes de Beni-Lubero, n’ont pas été lus comme prévu par les représentants des differentes associations de la société civile. Le protocole du président peut avoir eu vent de ces bombes qui risquaient de tuer la fête voulue par les Joséphistes. Seules trois personnes ont pris la parole avant la réplique véhémente du Président de la République.
G à D: Maire de Ville, Cmdt Fardc/Butembo, Cmdt PNC/Butembo, Bourgmestre
Les Nande qui se croient victimes d’une insécurité entretenue par les Fardc issus du CNDP n’ont pas eu droit aux condoléances du Président de la République qui n’a pas reconnu de responsabilité dans les crimes commis à Beni-Lubero. A part le fait de promettre la formation de 500 policiers à Nyaleke pour sécuriser la ville de Butembo, Joseph Kabila n’a pas mâché ses mots pour sommer les Nande de se sécuriser eux-mêmes. On aurait voulu que le Président parle plutôt d’auto-défense car les Nande ne peuvent pas commencer subitement à se tuer eux-mêmes, à incendier leurs propres maisons, et à s’attaquer eux-mêmes sur la route. Le fait de ne pas reconnaître l’origine CNDPienne et rwando-ougandaise de la violence actuelle qui sévit au Nord-Kivu restera dans la mémoire des beniluberois comme un refus du Président Joseph Kabila d’attaquer le mal nord-kivutien à ses racines. On peut ainsi comprendre pourquoi Joseph Kabila n’a jamais fait montre de compassion aux victimes des assassinats quotidiens enregistrés à Beni-Lubero et ailleurs au Nord-Kivu !
Le Président Joseph Kabila accueillie à Butembo par une jeune fille lisant le mot d’accueil
Au cours de l’audience, seules trois personnes ont pu lire leurs memos, à savoir le Président de la FEC/Butembo, une jeune fille représentant les femmes sexuellement violées, et le Gouverneur de Province. Les autres associations de la société civile qui sont témoins, victimes, et défenseurs des droits des victimes de l’insécurité sous toutes ses formes n’ont pas eu droit à la parole. La seule consolation des rédacteurs des memos non lus est que ces memos ont été remis au protocole du rais avec l’espoir qu’il trouvera le temps de les lire et d’y faire suite.
Le protocole du rais a ainsi aidé la FEC/Butembo à obtenir la place de porte-parole de la ville commerciale de Butembo qu’elle a toujours revendiquée sans satisfaction auprès du maire sortant Hubert Syahetera. En effet, l’actuel Maire de Butembo n’a pas non plus eu droit à la parole lors de l’audience tenue dans sa ville.
Malgre tous ces couacs protocolaires, tous étaient satisfaits. La teneur du discours du Président en exercice de la FEC/Butembo a plébiscité la FEC comme porte-parole de la ville de Butembo. Tout ou presque tout ce que les bubolais voulaient dire au Président Joseph Kabila y était au point que le memo de la FEC a été le plus applaudi de l’audience. Le memo de la FEC/Butembo a dénoncé l’insécurité entretenue par les militaires, le manque des casernes militaires, l’impunité, les tracasseries douanières, les taxes intempestives, le rappel des promesses non tenues par le Président lors de sa campagne présidentielle de 2006 telles l’asphaltage des routes, l’électrification, la securité des personnes et leurs biens, etc.
Prenant la parole, le Gouverneur de Province Julien Paluku Kahongya n’a pas dérogé à la règle du paternalisme politique congolais qui veut que le Président de la République soit aimé partout et soit sans opposition aucune, quelle que soit la qualité de sa prestation. C’est ainsi que Julien Paluku a dit au Président Joseph Kabila que les populations de sa province sont satisfaites des réalisations de son premier mandat et qu’elles se préparent l’an prochain à voter massivement pour lui accorder un second mandat. Sans commentaire !
Le Président qui s’est vu caresser dans le sens de ses poils par ces paroles du Gouverneur Julien Paluku s’est dit prêt a brigué un second mandat pour finaliser ses cinq chantiers si les congolais lui en donnaient l’opportunité.
Prenant la parole en swahili, le président Joseph Kabila a d’abord fait appel à l’Abbé Malu Malu de le corriger s’il faisait une mauvaise interprétation du passage biblique qui dit qu’il y a un temps pour tout : un temps pour semer, un temps pour récolter, un temps pour la guerre et un temps pour la paix, etc. Pour le Président Joseph Kabila le temps de la guerre est fini. L’heure est à la paix. La seule fois que le Président a été applaudi est quand il a reconnu avoir amené la guerre au Kivu pendant la guerre de libération afdélienne et qu’il revenait aujourd’hui pour faire la paix car l’heure de la paix est arrivée.
Réagissant au discours très applaudi du Président de la FEC, le président Joseph Kabila a d’emblée de jeu averti qu’il allait se défendre en ces termes swahili : « mumenisema, nami sasa nitawasema » (littéralement : vous m’avez accusé, moi aussi je vous accuse). Pour Joseph Kabila seules les Provinces du Nord-Kivu, Sud-Kivu, et Province Orientale sont en insécurité parce que les populations de ces provinces ont chacune une armée ethnique. Les autres provinces qui n’ont pas d’armée ethnique ou des milices sont en paix. Louant l’exemple du Katanga, Joseph Kabila a dit que le Katanga avait il n’y a pas longtemps des milices ethniques ( chinja chinja, kata kata) et que depuis qu’il était parti leur dire de verser leurs miliciens dans la police et l’armée congolaises, la paix est revenue au Katanga. Pour Joseph Kabila l’insécurité qui endeuille Beni-Lubero est l’œuvre des Nande qui laissent leurs enfants s’enrôler dans des milices ou dans l’armée ethnique Nande (NDLR : la première fois que j’entends parler de l’armée ethnique Nande). On voit derrière cette accusation, une généralisation de ce qui concerne seulement les Tutsi qui disent avoir pris les armes pour protéger leur ethnie en voie d’extermination par les Hutu. Quand l’heure de la réunification du pays avait sonnée, il n’y a que les Tutsi qui avaient refusé de verser leurs milices dans l’armée nationale congolaise. Plus tard ces milices formeront le mouvement rebelle CNDP qui nargue jusqu’à ce jour le gouvernement congolais à l’Est du pays. Les Mai-Mai ont été démobilisés partout au Nord-Kivu pour être remplacer par les ex-miliciens du CNDP. Cette vérité historique a été rejetée par le Président Joseph Kabila qui a généralisé le reproche fait aux Tutsi en l’appliquant aussi aux Nande qui étaient les premiers à rejoindre le camp de la patrie et qui dans tous leurs memos demandent au gouvernement d’envoyer d’autres militaires pour sécuriser la région. (NDLR : Pourquoi n’a-t-on jamais fait appel à l’armée ethnique Nande si elle existe réellement ? Peut-être que Joseph Kabila reprochait aux Nande leur passivité et le fait de ne pas se défendre comme font les Tutsi )
Parlant des rebelles ougandais de l’ADF/NALU, le président a révélé devant une salle ébahie que les rebelles ougandais ADF/NALU étaient composés de 40% de Nande. Le Président ne s’est pas ainsi écarté de la thèse des rwandophones identifiant les Nande aux Mai-Mai et aux ADF-NALU, une thèse qu’aucun analyste de terrain ne peut soutenir. Cette victimisation des victimes est pressentie dans la région comme une stratégie d’occupation qui permettrait aux rwandophones de sévir militairement sur les populations autochtones identifiées aux Mai-Mai ou aux ADF/NALU lors de la bataille ultime de l’occupation de leurs terres.
Au chapitre des promesses, le Président Joseph Kabila a promis l’asphaltage de la route Beni-Goma et Beni-Kasindi après avoir inauguré au Rond Point VGH de Butembo, les travaux d’asphaltage de la rue principale de la ville de Butembo. L’entreprise chinoise SINO-HYDRO est responsable des travaux d’asphaltage.
Sa visite de CAPSA (Centre d’Adaptation et de Production des Semences Améliorées) de Luotu a permis au président Joseph Kabila de sortir de la ville de Butembo pour voir le coin de Beni-Lubero que d’aucuns appellent « le grenier de la République » à cause de ses cultures vivrières diversifiées.
Après Butembo, le Président Joseph Kabila est attendu dans la ville de Beni demain mercredi 15 septembre 2010.
Mlle G. Mbambu
Butembo
©Beni-Lubero Online





