





A la suite de la barbarie quotidienne dont sont victimes les populations congolaises du Territoire de Lubero, notamment, les massacres des civils, les assassinats, les vols à mains armées, les viols et mutilations sexuelles des femmes, les incendies des maisons, les braquages sur les routes, les cambriolages nocturnes, la destruction méchante des outils de production, etc.
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Ayant constaté que le gouvernement central et provincial reste muet et inactif vis-à-vis cette violation massive des droits humains et la détérioration des conditions sécuritaires sur toute l’étendue du territoire de Lubero où les survivants vivent constamment sous la psychose de la mort et d’une attaque à mains armées,
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Tenant compte de l’inaction inexpliquée des militaires congolais et des troupes de la Monuc présents sur terrain,
Prenant toutes ses responsabilités, la société civile du Territoire de Lubero a décrété ce samedi 27 juin 2009, une journée morte en signe de protestation contre le silence du gouvernement et les violations massives des droits humains que les évêques catholiques de la R.D. Congo ont déjà qualifié de « génocide lent ».
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Le calvaire des congolais du Territoire de Lubero vient de dépasser le seuil de tolérance en même temps qu’il délégitime toutes autorités congolaises dont la mission première est d’assurer la securité des personnes et de leurs biens.
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Pour ne citer qu’un exemple survenu dans la nuit du 25 au 26, des militaires armés ont cambriolé plusieurs maisons dans la cité de Kanyabayonga, emportant argent, téléphone, etc. Dans une des familles attaquées, les militaires ont, avant de s’en aller avec leur butin, exigé que le Papa de la famille couche avec sa fille ainée et qu’un garçon de 13 ans couche avec sa mère, et cela en présence de tous les autres enfants de la famille. Cette pratique barbare est la dernière trouvaille des génocidaires qui tuent, non seulement les corps mais aussi les âmes des beniluberois.
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Le décompte non-exhaustif de la société civile de Lubero fait état de 130 femmes violées depuis février, plus de 103 assassinats, 759 maisons brulées, 18 écoles primaires et secondaires abandonnées, pillage et abattage sauvage de plusieurs chèvres, vaches, poules, lapins, plusieurs camions cambriolés sur les routes dont le manque à gagner s’élève à plusieurs millions de dollars, 800 000 déplacés qui errent dans la brousse et sur les chemins, etc.
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La déclaration de la journée morte dont l’action principale était une marche communautaire dans les cités et villes de Lubero, a été faite sur les ondes de la Radio Télé Graben/Butembo (RTGB) par le Président de la Société Civile du Territoire de Lubero, Mr. Mutsuva Malikidogo.

Mr. Mutsuva Malikidogo,
Président de la Société Civile du Territoire de Lubero
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Les principaux objectifs que visait la journée morte sont :
– Interpeller les élus du peuple sur les atrocités que vivent leurs électeurs,
– Réveiller la population de sa torpeur pour qu’elle fasse respecter ses droits,
– Dénoncer les violations massives des droits humains dont la population est victime, etc.
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Au grand étonnement de tous, l’administrateur du territoire de Lubero a refusé de donner l’autorisation à cette expression citoyenne et constitutionnelle. Comme ses pairs gouvernants congolais à tous les niveaux, et cela depuis le début du génocide congolais (six millions des morts), l’administrateur de Lubero a démontré si besoin il y avait, qu’il est insensible aux souffrances de ses administrés.
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La population a, dans son ensemble, bravé l’interdiction de l’administrateur du territoire pour exprimer son ras-le-bol vis-à-vis des violations massives des droits humains dont elle est victime. Dans la seule cité de KIRUMBA où nous nous trouvons pour l’instant, la journée a été observée à 90 %. Des cris hostiles aux gouvernants congolais et les appels aux Mai-Mai de reprendre les armes ont été scandé.
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Comme pour répondre aux appels des manifestants de KIRUMBA, le commandant Mai-Mai, le Général KAKULE SIKULI-VA-SAKA Lafontaine a, selon une déclaration commentée à la radio RFI par le journaliste Kamanda wa Kamanda Muzembe, annoncé qu’il retirait ses militants de centres de démobilisation pour créer un autre mouvement politico-militaire, à savoir, le Front des Patriotes pour le Changement (FPC en sigle). D’après Lafontaine, les violations des droits humains dont sont victimes les populations civiles du Territoire de Lubero, sont l’œuvre des militants du CNDP de Nkunda qui ont intégré les rangs des Fardc à la suite des accords de paix avec Kinshasa pour poursuivre leur guerre d’avant. Son objectif est de renverser le régime de Joseph Kabila qu’il juge d’incompétent, corrompu, marrionnette. Lafontaine demande aussi la traduction de Laurent Nkunda et de Bosco Ntanganda devant la justice pour les crimes contre l’humanité commis au Congo.

Commandant Kakule SIKULI-VA-SAKA Lafontaine, Général de Brigade,
Délegué Mai-Mai de Beni-Lubero au Dialogue Intercongolais de 2002
ANCIEN Président d’une aile-Pareco
Président Fondateur du Front des Patriotes pour le Changement (FPC)
(Photo prise à SUN-CITY lors du Dialogue Intercongolais de 2002)
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La déclaration de Lafontaine contenait, cependant, selon plusieurs observateurs, une fausse note, à savoir, le ralliement de son mouvement FPC aux FDLR.
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Si l’identification des responsables des crimes commis actuellement en Territoire de Lubero rejoint le point de vue de la population, l’annonce de ralliement avec les FDLR est condamnée par tous les observateurs avertis de la situation au Nord-Kivu. Maintenant que le peuple congolais vient de découvrir à ses dépens que ses tueurs ne sont pas des FDLR mais des militaires d’une coalition internationale armée qui cherche à re-coloniser l’Est du Congo, Lafontaine n’a pas besoin de ressusciter dans ses déclarations le sempiternel alibi des FDLR pour lancer son mouvement politico-militaire.
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Sachant que les agresseurs de la R.D. Congo ont, dans un passé récent, utilisé certains Mai-Mai ou crée leurs propres Mai-Mai pour casser la résistance populaire, les forces vives de Lubero dont l’heure de la légitime défense a plus que sonné, doivent passer au peigne fin les mouvements politico-militaires qui naissent à gauche et à droite, pour en déterminer les vrais et les faux. La résistance du peuple doit rester, dans son organisation comme dans son action, une émanation du peuple qui, dans la souffrance partagée, a retrouvé son âme et sa force.
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Kakule Mathe
Kirumba
Beni-Lubero Online





