




Les personnes vivant avec handicap physique de Kasindi, Territoire de Beni, à la frontière entre la R.D. Congo et l’Ouganda, se servent de certaines immunités fiscales liées à leur état physique, de leurs chaises roulantes, mais surtout de leur créativité, pour gagner leur vie, de fois mieux que celles qui n’ont pas d’handicap physique.

Le dicton bien connu chez les Nande s’applique bien à ces congolais vivants avec handicap physique : « Tsumba mutwe alengire wasoma » (celui qui utilise bien sa tête dépasse celui qui a étudié). S’agissant des personnes vivants avec handicap, on peut dire à la suite de l’expérience de Kasindi, que le vrai handicapé c’est celui qui ne sait pas utiliser sa tête et les avantages que lui accordent la loi congolaise (quand elle existe). Les personnes vivant avec handicap physique à Kasindi donnent du travail à celles qui n’ont pas d’handicap physique. un fait positif pour l’intégration sociale de tous, sans aucune exception. S’il est vrai qu’il n’est pas bon de parler d’heureux handicap physique pour le cas de Kasindi, car tout le monde voudrait avoir intacts tous les membres de son corps humain. L’ingénuosité de personnes vivant avec handicap de Kasindi interpelle tous ceux qui tous leurs membres et qui n’ont pas d’initiatives. La leçon de Kasindi pour ceux et celles qui vivent avec handicap et qui ont laché prise, est que, quel que soit son état physique, il ne faut jamais se laisser faire, se réduire à la mendicité, mais utiliser sa tête pour créer une ou des opportunités de bien-être. « Nous préférons venir travailler ici plutôt que d’aller passer nos journées à quémander en ville », lâche fièrement Patrick. Ses compères et lui-même ont bien compris qu’il valait mieux se débrouiller, plutôt que d’attendre un hypothétique redressement de la situation politique et économique du pays.

A Kasindi, tôt le matin, plusieurs personnes vivant avec handicap se donnent rendez-vous à la frontière avec l’Ouganda, point de passage obligé des commerçants beniluberois qui font des allers-retours entre la R.D.Congo et l’Ouganda, le Kenya, etc.
Comme il n’y pas souvent de taxi entre les bureaux de la douane et de la DGM ( immigration) les personnes vivant avec handicap aident les voyageurs à transporter sur leurs chaises roulantes des bagages, des marchandises (farine, huile, poissons, viande et même la boisson) jusqu’ au parking des bus et taxi-voitures, taxi-motos, camions, etc. Les clients privilégient les handicapés physiques pour faire traverser leurs marchandises parce que ces derniers ne paient pas de taxes, ne déclarent pas la marchandise qu’ils transportennt, et les effets qu’ils transportent ne sont pas fouillés. ( NDLR: Pourvu que les douaniers ne leur demandent à la fin de la journée, ce qu’on appelle "effet-retour").
Pour chaque colis transporté, les clients payent 1.500 à 2500 Francs Congolais (soit 2 à 3 US$), ce qui nettement moins cher que les redevances douanières normales.
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Pour certains observateurs, cette pratique est un manque à gagner pour le trésor public. Mais dans un pays où les personnes vivant avec handicap physique, sont abandonnées à leur propre sort, cette pratique est un moyen de survie. Mais, pour la securité de deux pays, plusieurs observateurs pensent qu’un contrôle de routine des bagages ou marchandises est nécessaire mais aussi une harmonisation de ce métier avec ceux des autres pour que tous profitent des activités de la frontière pour vivre ou survivre.
Umbo Salama
Butembo
Beni-Lubero Online



