





Le Dimanche 13 Janvier, jour 8 de la Conférence de Goma, pendant que la délégation du CNDP demandait, comme les congolais avertis s’y attendaient, des négociations directes ou bilatérales avec le gouvernement congolais, son leader, le le Général et Pasteur Nkunda assurait la prédication dominicale dans l’Eglise 8ième CEPAK de Kitshanga.

Monté au lutrin avec son arme dans la main droite et la bible dans la main gauche, Nkunda le pasteur a commencé sa prédication en Swahili en lisant un passage de l’Evangile de Jean 4 : 23 : «LAKINI SAA INAKUJA, NAYO SAA IPO AMBAO WAABUDUO HALISI WATAMUABUDU KATIKA ROHO NA KWELI ». (Mais l’heure vient, et elle est déjà venue, où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité; car ce sont là les adorateurs que le Père demande).

Parlant indirectement de la Conférence de Goma, Nkunda a laissé entendre qu’elle est à sa faveur parce que la vérité doit triompher du mensonge. D’ici peu, a-t-il poursuivi, les congolais pour qui il a prix les armes, ceux qui souffrent des affres de la guerre, pourront enfin adorer l’Eternel en esprit et en vérité. Et que les congolais doivent déjà se réjouir car cette heure de vérité est arrivée déjà !
Expliquant le port d’arme en cette heure de vérité, Nkunda a renchérit qu’il continue de porter son arme comme symbole de la securité physique acquise et pour donner confiance à ceux qui doutent et qui auraient encore peur. Aussi, a-t-il poursuivi, la Bible ne le quitte jamais parce qu’elle est nourriture et securité pour l’âme. C’est dans la Bible que Nkunda puise le courage qui serait en train de se couronner par la victoire.
Commencée à 9h00, le culte a pris fin vers 11h30. Une ambiance de fête autour de Nkunda a suivi dans l’enceinte de l’Eglise. Se mêlant aux fidèles sans faire trop attention à sa securité personnelle, Nkunda le pasteur s’est voulu rassurant pour les visiteurs venus de Goma participer à sa "messe". Tout s’est déroulé pendant au moins une heure dans une ambiance de fête, chaque participant s’efforçant de communier à cette joie hypocrite.

Cette sortie dominicale de Nkunda a été diversement commentée par les envoyés speciaux de Beni-Lubero qui ont fait le déplacement de Kitshanga pour participer à cette sortie religieuse mais surtout pour voir l’homme de près. Certains d’entre nous avaient du mal à concilier l’Evangile avec Nkunda qui pour les congolais est tout sauf la paix, la vérité, l’amour, la justice, etc. Mais dans cette église de Kitshanga, Nkunda est un bon pasteur comme ces évangélistes qui soutiennent que certaines guerres, même les plus atroces, traduisent la volonté de Dieu de punir et d’éradiquer les infidèles de la terre, avant le retour du Christ.

On peut dire sans se tromper que Nkunda avait besoin de ce show médiatique dans une église pleine où tout semble avoir été bien préparé à l’avance si l’on considère les paroles du verset biblique bien écrites sur un marquoir, etc. La présence de Nkunda dans une église un bon matin de dimanche 13 janvier 2008, peut-être pour la consommation occidentale sur demande de ses maquilleurs qui veulent le présenter comme un homme fréquentable, un évangéliste en plus qui croit, vit de valeurs évangéliques, et qui attire des foules par sa prédication de la parole. Cette même stratégie qui trahit son soutien dans le milieu évangélique nord-américain, est probablement ce qui avait empêché les rebelles de Nkunda de marcher sur Goma après la débâcle de Mushake car cette façon d’agir aurait fait de lui un rebelle brutal et impénitent.
Nkunda peut aussi être sorti de son maquis le jour où le CNDP faisait sa déclaration à la tribune de la Conférence de Goma, pour donner plus de visibilité à son mouvement qui à Goma est réduit à un groupe armé qui doit être désarmé de la même manière que les FDLR, et les autres rebelles étrangers. En demandant des négociations directes avec le gouvernement congolais, le CNDP de Nkunda veut profiter de son avantage militaire sur terrain pour pousser Kinshasa à accepter sa défaite militaire qu’il cherche à camoufler par la Conférence de Goma. Ce qui fait que si Nkunda persiste dans cette requête jusqu’à obtenir gain de cause, le gouvernement issu des urnes se verrait obliger de choisir entre négocier en position de faiblesse avec un général dissident ou déclarer la guerre contre Nkunda.
Le peuple congolais dans sa grande majorité, en commençant par les Kivutiens qui ont tant souffert, a toujours soutenu le gouvernement dans l’option de la guerre, même si celle-ci peut se révéler couteuse et longue. Les combattants Mai-Mai cantonnés dans les camps de brassage laissent entendre que si les armes transférées à Nkunda par les généraux traîtres des Fardc leur avaient été confiées, Nkunda serait déjà parti en exil au Rwanda ou ailleurs et les Mai-Mai seraient entrain de patrouiller dans les villes du Nord-Kivu pour y sécuriser les paisibles congolais. Mais cette heure des Mai-Mai n’est pas encore arrivée. L’option de la guerre apparait comme la bonne pour les congolais parce que le dialogue a échoué et que seule la volonté de ceux qui ont porté des armes obtient gain de cause au Congo.
Paul Maene
Kitshanga
Beni-Lubero Online





