Depuis un mois, la délimitation suivie de la démarcation de la frontière entre la R.D.Congo et le Rwanda défraie de temps à autre la chronique des journaux et des débats radiodiffusés en RDC. La question que plusieurs observateurs se posent est l’opportunité d’un tel débat pendant les vacances des porte-parole du peuple congolais et au moment où la frontière à démarquer est toujours poreuse, violée chaque jour par l’armée rwandaise et ses milices interposées. D’où est venue cette initiative qui aux yeux de la majorité des congolais n’est pas du tout plus urgente que le démantelement des forces négatives rwandaises et ougandaises qui, à longueur des journées; font couler du sang des innocents congolais le long de cette frontière congolo-rwandaise?
Une semaine après la première session des experts-demarqueurs tenue à Goma, le Gouverneur du Nord-Kivu avait montré à la télévision des anciens miliciens du M23 surpris en plein campagne de recrutement pour une nouvelle milice en territoire de Nyiragongo, à l’intérieur du territoire congolais.
Le bureau du secteur Ruwenzori dans une région insécurisée par les forces négatives ougandaises ADF/NALU
Dans le contexte actuel d’une guerre d’occupation territoriale et de pillage des ressources naturelles de la RDC par des multinationales, peut-on vraiment faire passer l’idéé selon laquelle la demarcation de la frontière congolo-rwandaise serait la cause de l’invasion intempestive du territoire rdcongolais par le rwanda? La population du Kivu est à ce propos très dubitative car les visées expansionnistes et mercantiles du Rwanda et des multinationales minières, n’ont jamais été aussi visibles et palpables comme aujourd’hui. Un véteran politicien des USA du nom de Herman Cohen n’avait-il pas affirmé sans ambages que dans son entendement, le Kivu ferait déjà partie du Rwanda?
Il est ainsi scandaleux de voir que depuis le démantelement des forces négatives du M23 au mois de décembre 2013 par les héros nationaux Mamadou et Bauma, jusqu’à nos jours, la frontière entre la RDC et le Rwanda, l’Ouganda et le Burundi, est restée une passoire, en dépit de la forte militarisation du Nord-Kivu? Les forces négatives du M23 amnistiés sans repentance préalable, peuvent ainsi rentrer à coeur joie dans leurs anciens fiefs en RDC pour continuer à y semer mort et désolation sans que l’important dispositif militaire des Fardc et de la Monusco ne les en empechent.
D’où la question de savoir pourquoi le gouvernement congolais laisse poreuse sa frontière avec le Rwanda, l’Ouganda, et le Burundi? Pourquoi les deploiements des militaires congolais sous plusieurs opérations (Ruwenzori, Kimya, Rudiya, SUKOLA, etc. accouchent souvent d’une recrudescence de la violence sur les populations civiles en lieu et place de la violence légitime contre les forces négatives qui y sèment mort et désolation. Les 10 millions des congolais tués entre 1996 et 2014 seraient-ils victimes d’une mauvaise délimitation ou démarcation de la frontière avec le Rwanda?
Prenant le cas de la frontière poreuse avec l’Ouganda, on constate que les forces négatives appeléés ADF/NALU s’enfuient en Ouganda chaque fois qu’elles sont pourchassées par les Fardc mais pour revenir en RDC le lendemain. C’est ainsi qu’après SUKOLA 1, les ADF/NALU refont surface jusqu’au coeur des villes de Beni et d’Oicha pour y kidnapper des paisibles citoyens (cas des kidnappés avant hier à Kokola et en pleine ville d’Oicha). Y-a-t-il des ADF/NALU infiltrés au sein des Fardc pour qu’il y ait des tueries et kidnappings derrière la ligne de front? Les populations civiles du Kivu convoité ne sont-elles pas la cible inavouéé aussi bien des forces négatives rwandaises, ougandaises et des infiltrés des Fardc?
Si la délimitation et la démarcation de la frontière sont nécessaires pour l’avénement d’un état de droit, elles paraissent aujourd’hui inopportunes et suspectes pour le cas de la RDC avec le Rwanda connu de tout congolais digne de ce nom comme lorgnant sur les riches terres du Kivu sous divers pretextes.
Ainsi, au lieu de maudire à longueur des journées le Rwanda qui viole une frontière non sécurisée, il faudrait, à mon avis, sommer le gouvernement congolais d’expliquer son laxisme avéreux dans la défense de l’intégrité territoriale de la RDC. Si au bout de cet exercice que je recommande au parlement congolais, le gouvernement actuel est reconnu coupable de trahison, que le peuple congolais, souverain primaire, applique l’article 64 de la constitution en changeant par tous les moyens le gouvernement actuel. S’il y a des choses à revoir urgemment en RDC, c’est moins le nombre des mandats d’un président de la République que les stratégies de défense de l’intégrité territoriale de la RDC, la protection des congolais et de leurs biens, etc.
Kambale Mutwiwiseke
Beni
@Beni-Lubero Online