





BUSHENGE DE LA DIASPORA HUNDE DE L’AMÉRIQUE DU NORD- MONTRÉAL
Montréal, le 2 janvier 2008
À Son Excellence Monsieur le Président de la République à Kinshasa
CC :
Président du Sénat à Kinshasa
Président de la Chambre des députés à Kinshasa
Premier ministre à Kinshasa
Ministre des Affaires étrangères à Kinshasa
Ministre de l’Intérieur à Kinshasa
Ministre de la Défense nationale
Gouverneur du Nord-Kivu à Goma
Gouverneur du Sud-Kivu à Bukavu
Gouverneur du Maniema à Kindu
Tous les autres Gouverneurs de province
Représentants des Confessions religieuses
Représentant du Secrétaire Général des Nations unies
CONCERNE : CONFÉRENCE SUR LA PAIX, LA SÉCURITÉ ET LE DÉVELOPPEMENT DU NORD ET SUD-KIVU
A Son Excellence Mr le Président de la République,
Nous, membres de Bushenge, diaspora HUNDE de l’Amérique du Nord, mus par le sentiment d’appartenance nationale, au-delà de nos sensibilités politiques et philosophiques, sommes choqués et préoccupés d’une part, par l’impact négatif de l’image que ne cessent de projeter les provocations et les ignominies infligées par Nkundabatware à l’armée congolaise et à l’ethnie HUNDE qu’il décime complaisamment et systématiquement et dont nous appréhendons réellement la disparition; et de l’autre, par l’absence d’une réplique pertinente et opportune du gouvernement pour mettre un terme à cette crise apocalyptique délibérément entretenue. À cela, s’ajoutent le climat malsain et la confusion de la perspective d’une conférence de la ‘paix ’ que vous avez décidé de convoquer!
Les conséquences négatives de la perspective de cette conférence sont telles que la diaspora Hunde se sent légitimement interpellée par son devoir patriotique et envers sa tribu pour attirer votre particulière attention ainsi que celle de tous les compatriotes sur cette question brûlante aux multiples implications nationales et internationales imprévisibles. C’est pourquoi elle s’est réunie d’urgence, le 30 décembre 2007, à Montréal pour analyser la situation et apporter sa contribution au processus de normalisation de la situation.
De cette réunion, s’est dégagé un constat d’élan de sursaut national dont les participants se sont réjouis et qui les a exaltés à accomplir, avec détermination et à l’unisson, leur devoir en s’engageant à s’adresser à pour vous inviter à assumer vos responsabilité s suprêmes de protéger et de défendre l’ethnie Hunde ainsi que l’intégrité territoriale. Elle constate avec regret que les moyens utilisés jusqu’à ce jour pour neutraliser Nkundabatware ne sont pas dissuasifs et constituent, de ce fait, un signe de faiblesse devant le terroriste et, donc, un encouragement involontaire ou tacite à son action.
Que faire? Le silence de la Communauté internationale ou son indifférence nous fait comprendre que nous devons d’abord et avant tout compter sur nous-mêmes pour nous faire respecter et que ce n’est que dans un deuxième temps, après que nous aurons prouvé de quoi nous sommes capables, que nous pourrons jouer la carte diplomatique. En d’autres termes, notre crédibilité internationale est tributaire de notre capacité interne.
Sous cet angle, pour mener à bien une action diplomatique susceptible de soutenir notre effort de décourager le terrorisme et d’assurer le contrôle effectif de nos territoires, l’appui de la population est nécessaire et cet appui ne peut être acquis que si la population a la confiance dans le gouvernement.
Sur la base de cette confiance, la population se sentira à ce point représentée, et l’armée requinquée, que tout le monde se mettra volontiers à contribution. SI cette confiance fait défaut, des individus et des groupes orientent leurs actions dans des directions divergentes selon leurs motivations personnelles et égoïstes, minant ipso facto, la synergie du corps social de la nation, ce préalable utile et nécessaire à la réalisation de toute entreprise concertée d’envergure nationale.
La conférence que vous entendez organiser sur la paix, loin de galvaniser les Congolais en général, et ceux des Kivu en particulier, est porteuse en elle-même de germes létaux et, donc, de nature à amener la population, non pas à soutenir le projet de cette conférence et toute action gouvernementale subséquente, mais plutôt à l’infléchir dans le sens de leurs intérêts divergents et, ainsi, à la conduire à une impasse certaine mais dont il est difficile à prévoir l’ampleur à court terme.
Il en découle que cette conférence est plus nuisible que salutaire. La réalité parle d’elle-même : non seulement la Constitution en ses articles 63 et 64 la condamnent dans la mesure où ceux-ci stipulent; d’une part que toute autorité congolaise et tout Congolais ont le devoir de défendre l’intégrité du pays ; et de l’autre, qu’il ordonne à punir, conformément à la loi, quiconque recourt à la force pour prendre le pouvoir ou revendiquer un droit. Ajoutons, à ces considérations, la lettre, en mai 2007, des députés nationaux du Nord et du Sud-Kivu qui ont récusé, à cette occasion, le principe de la tenue d’une telle conférence. Qui est plus représentatif du peuple des Kivu que leurs députés? Vox populi vox Dei! Ne pas le reconnaître, c’est renier la démocratie au nom de laquelle sont censées s’articuler les institutions issues de dernières élections générales de 2006 qui vous ont porté au pouvoir.
Sur la base de ce constat et afin d’éviter toute dérive de nature à compromettre les chances de restaurer la paix et d’assurer la stabilité des Kivu et du pays tout entier, la diaspora HUNDE de l’Amérique du nord rejette l’idée de la conférence projetée en insistant sur le bien-fondé de son annulation, et porte respectueusement à votre connaissance et à celle de la Nation tout entière sa position comme suit :
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1 La diaspora Hunde de l’Amérique du Nord se désolidarise de tout kivutien et de tout congolais qui prendraient part à cette conférence qui n’est pas l’émanation du peuple et que la plupart des Autochtones du Kivu désapprouvent totalement. En ce sens, le pèlerinage auquel se livrent l’Honorable Vital Kamerhe et l’abbé Apollinaire Malu Malu (non élu) dans les Kivu va à l’encontre des attentes des Kivutiens et constitue, par conséquent, un forcing ou une manœuvre dilatoire pour on ne sait quelle raison.
2. L’hypothèque sécuritaire qui pèse au Nord et au Sud-Kivu relevant éminemment de la souveraineté nationale et non d’une région particulière, en l’espèce les Kivu, sa solution ne doit pas se limiter aux originaires de cette région nationale mais plutôt s’étendre à l’échelle nationale, auquel cas elle doit être débattue au sein des organes représentatifs du peuple congolais, à savoir le Parlement et les Assemblées provinciales du Sud et du Nord-Kivu. De là, nous concluons que ceux qui participeront à cette conférence ne sont pas représentatifs. Nous ne savons même pas d’où ils viendront et sur quelle base extraconstitutionnelle ils seront désignés et par qui !
3 La problématique posée d’une part, par Nkundabatware et le pogrom inhérent des Hunde qu’il commet allègrement; et de l’autre, par le major Rukunda et le colonel Bisogo au Sud-Kivu, étant d’essence militaire, sa solution relève d’une approche militaire et non politique. De par votre qualité de Magistrat suprême, vous avez droit à user la force légitime. En organisant la conférence, quel message enverrait-on à ces terroristes et aux autres groupes ainsi qu’à d’autres pays voisins? La non utilisation des moyens dissuasifs n’est-il pas de nature à conduire à une spirale de violence, chaque groupe ou individu pouvant être tenté de commettre le même type de violation et violence pour se faire justice. Nous ne comprenons pas la précipitation de cette conférence qui va se tenir au lendemain des revers subis par les Fardc, c’est-à-dire au moment où l’ennemi est militairement en position de force et la RDC en position de faiblesse. On ne saurait gagner ce qu’on a perdu militairement. Participer à cette conférence en position de faiblesse militaire équivaudra, en conséquence, à cautionner politiquement les acquis de l’ennemi, donc à consacrer la légitimité mitigée de ces acquis. On ne doit pas perdre de vue que les violences récurrentes aux Kivu sont exogènes, qu’ils ont été transposés du Rwanda aux Kivus par leurs ressortissants et que, donc, ils ne sont pas intercommunautaires. En fait, elles opposent tantôt les Tutsi aux Hutus, tantôt l’un ou l’autre de ceux-ci aux Autochtones. C’est par là qu’il est indiqué de chercher la solution.
4. Le conflit en cours étant le fait de quelques individus se targuant de se battre au nom et pour leur groupe contre l’ensemble d’autres ethnies, ce constat constitue une preuve éloquente de la coexistence pacifique intercommunautaire des Congolais des Kivu et d’ailleurs et que, donc, l’allégation du trio (Nkundabatware, Rukunda et Bisogo) est démagogique et fallacieuse.
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En vertu de toutes ces considérations, nous nous adressons à votre haute autorité pour vous prier de: bien vouloir :
-inscrire la réorganisation de l’armée comme la priorité des priorités, toute autre activité devenant accessoire, afin de restaurer l’intégrité territoriale et dissuader, conséquemment, Nkundabatware, Bisogo, Rukunda et d’autres terroristes éventuels.
-sanctionner, traduire en justice et punir, conformément à la Loi, le trio et tous les chefs militaires réfractaires ainsi que les politiciens de leur obédience.
-assurer le contrôle effectif de tout le territoire de la République, en commençant par les deux Kivu qu’il serait indiqué d’honorer de votre présence en vous y installant à demeure jusqu’au rétablissement définitif de la paix
– solliciter aux Nations unies le rapatriement des réfugiés rwandais et leur installation sous l’escorte des Casques bleus. En attendant leur rétablissement définitif, veuillez suggérer que l’ONU crée, à l’instar de Bosnie et de l’Iraq dans les années 90, des zones de sécurité au Rwanda sous l’étroite surveillance des Casques bleus. Le processus de réinstallation serait conjointement assuré par les Nations unies et le gouvernement rwandais. Dans cette zone, les Casques bleus seraient dotés d’une force dissuasive pour prévenir des attaques éventuelles et, en cas de besoin, ils pourraient tirer sur des assaillants. La durée de cette phase de réinsertion serait à déterminer : elle serait conditionnée par l’attitude et le comportement du gouvernement rwandais.
Demander à la Communauté internationale d’imposer un dialogue inter-rwandais, de la même manière qu’elle l’a fait à la RDC
Bushenge, la diaspora Hunde de l’Amérique du nord, estime que seule une politique de fermeté pourra ramener la paix aux Kivu. Une telle action devra inclure la présence effective des forces militaires aguerries, la restauration d’infrastructures et d’équipements pour remplacer ceux qui ont été détruits, des médicaments, des vivres, etc.
Déterminé à poursuivre son développement par la solidarité, la paix et la concorde avec d’autres pays, le peuple congolais en général et celui des Kivu en particulier, qui gardent en mémoire le martyr de certains de ses enfants pour défendre l’intégrité de leur territoire, croit, quoiqu’on en dise, en l’avenir et dans sa dignité momentanément bafouée.
La diaspora Hunde ne doute pas que ses préoccupations légitimes, dont son rejet de la conférence de la paix, soient les vôtres et que vous les appréciiez en toute connaissance de cause. Aussi, est-ce avec ses sincères remerciements pour l’attention qu’il vous plaira de porter à son cri d’alarme qu’elle vous prie, Son Excellence Président de la République, de croire en l’expression de sa haute considération et en ses hommages respectueux.
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Pour le Bushenge
Dr Paul M KANAMBY ( Porte-parole)
Me Adèle Fitina (Coordonnatrice)
Beni-Lubero Online





