





Depuis la semaine dernière, Nkunda tente d’assener le coup fatal qu’il préparait depuis décembre 2006 à l’encontre du gouvernement de Kinshasa, à savoir, l’occupation militaire du Nord-Kivu.
Pour une fois, Kinshasa a réagit en dépêchant des troupes au Nord-Kivu. Depuis lors, le Nord-Kivu est officiellement en guerre. L’action de Kinshasa ouvre une lueur d’espoir pour les populations du Nord-Kivu. Même si cette action peut ne pas apporter la solution escomptée, elle a le mérite d’être un bel essai. La paix ne peut revenir au Nord-Kivu sans action. Et comme l’a dit un certain Théocrite, C’est en essayant que les Grecs avaient pris la ville de Troie.
L’action militaire de Kinshasa suscite pourtant une certaine inquiétude au Nord-Kivu, en ceci qu’elle accuse un déficit communicationnel entre le gouvernement, les autorités politico-administratives et les populations locales.
D’après les sources proches de l’exécutif provincial du Nord-Kivu, l’offensive de Kinshasa contre les rebelles de Nkunda aurait été préparée sans la collaboration des autorités politico-administratives du Nord-Kivu. En effet, après toute une semaine des combats dans le Masisi et le Rutshuru, les membres de l’exécutif provincial du Nord-Kivu disent hors-micro qu’ils n’avaient pas été associés aux préparatifs de l’offensive militaire en cours. Ils affirment avoir été surpris comme tous les congolais du Nord-Kivu de voir arriver des troupes militaires avant de les voir prendre la direction de zones des combats.
La première information officielle sur l’offensive militaire en cours au Nord-Kivu, aurait eu lieu ce mardi 4 septembre, par le Commandant Région lors de son adresse à l’assemblée provinciale.
D’aucuns voudraient appeler cette approche une stratégie militaire de Kinshasa pour réussir son coup au Nord-Kivu. En effet, personne n’ignore le fait que certains pays de la communauté internationale qui exploitent les minerais dans la zone occupée par Nkunda remuent ciel et terre pour dissuader Kinshasa de recourir à la force. Certains parmi ces pays ont même évoqué la possibilité pour le Rwanda de voler au secours de Nkunda s’il s’avérait que les FDLR se battaient réellement aux cotés des Fardc. D’autres encore évoquent déjà le risque de la régionalisation de la guerre du Nord-Kivu. Les jours et les semaines à venir seront ainsi riches en révélations sur les vrais contours de ce qu’il convient d’appeler « la guerre du Nord-Kivu ».
Dans une situation explosive comme celle qui secoue le Nord-Kivu depuis plusieurs années, un minimum d’information des autorités politico-administratives locales était une condition sine qua non de l’offensive militaire des Fardc. En effet, dans une province où l’on compte aujourd’hui divers groupes armés (Nkunda, FDLR, TPD de Serufuli, Mai-Mai, Pareco, Brigades Mixées, Nalu, ADF, etc.), les Fardc ne peuvent pas mener à bien leur mission sans la participation de la population locale. Cette participation requiert une information au préalable des autorités politiques et coutumières, ainsi que des populations locales sur l’action militaire à mener. Le but viser ici serait tout simplement la mobilisation de la population locale pour soutenir l’action militaire des Fardc. Les Fardc ont besoin de ce soutien de la population locale pour mener à bon port leur mission.
Aussi, l’information préalable aurait permis aux autorités locales de coordonner le mouvement des populations, en leur indiquant les zones possibles de combat et celles sécurisées par l’armée congolaise.
Pour corriger ce déficit de communication qui a caractérisé le lancement des opérations militaires au Nord-Kivu, nous pensons qu’il n’est pas encore tard. L’implication des élus locaux ainsi que des autorités coutumières locales dans la gestion de la guerre du Nord-Kivu est ce qui rassurerait les populations du Nord-Kivu sur la volonté réelle de Kinshasa de vouloir cette fois-ci en finir avec le phénomène Nkunda. L’implication des autorités locales assurerait non seulement la transparence de l’action militaire en cours mais aussi une meilleure protection des populations dans les zones des combats.
Aussi, la radio Umoja de Nkunda qui répand à longueur des journées de l’intox sur les combats en cours, devrait être rapidement mise hors d’usage pour éviter de désorienter les militaires ainsi que la population civile.
Le gouvernement de Kinshasa doit donc beaucoup investir dans la communication sous toutes ses formes pour espérer vendre son action politique, diplomatique et militaire au Nord-Kivu au niveau local, national et international. La crise du Nord-Kivu étant un produit de la manipulation médiatique par l’ennemi, le gouvernement de Kinshasa doit briser son mutisme en activant ce qu’on appelle communément « quatrième pouvoir », les médias.
Beni-Lubero Online





