




Hier, mercredi 26 mai 2010, voici ce que la VOA nous donnait comme information : « Le président Barack Obama a promulgué, lundi, une loi pour aider l’Ouganda et d’autres pays africains à combattre les rebelles de l’Armée de Résistance du Seigneur (LRA). Les Etats Unis vont soutenir les efforts des gouvernements de la région qui tentent de mettre fin aux activités des partisans de Joseph Koni. Ce dernier fait l’objet d’un mandat d’arrêt de la CPI, mais reste introuvable pendant que ses hommes sont accusés de perpétuer des atrocités en Ouganda, en RDC, en Centrafrique et au Sud-Soudan. » Cette information tombait après une prise de position claire et nette d’une ville américaine sur le drame que le Congo dit démocratique est en train de vivre. Le 20 mai 2010, un compatriote traduisait un texte anglais nous informant que « la Ville de Berkeley demande à Obama de tenir l’Ouganda et le Rwanda responsable pour leur implication directe dans les massacres en RD Congo. » Ce texte indique qu’ « il a été demandé au Président américain, Barack Obama, de tenir l’Ouganda et le Rwanda responsable/ redevable pour leur implication directe dans les actions en RD Congo où il est dit que près de 45 000 personnes meurent chaque mois à cause du conflit dans lequel les deux pays sont impliqués. » En effet, « dans une lettre au Secrétaire d’État américain, Hillary Rodham Clinton, la Ville américaine de Berkeley en Californie dit que, pour les dernières treize années, près de six million d’hommes, femmes et enfants sont morts en RDCongo et des centaines de milliers ont été victimes du conflit dans lequel les armées de l’Ouganda et du Rwanda ont pris partie. » Cette lettre avoue que « que le conflit a eu comme conséquences des atrocités inimaginables qui choquent profondément la conscience de l’humanité et menace la paix, la sécurité et le bien-être du Congo et de son peuple. »
La ville de Berkeley n’est pas la seule à évoquer le choc de la conscience de l’humanité qu’ont provoqué les atrocités commises au Congo et auxquelles le Rwanda et l’Ouganda ont participé. Au mois d’avril, avant les dernières élections britanniques, 52 rabbins de la Grande-Bretagne, ont écrit une lettre qui est passée presque inaperçue au niveau des médias dominants. Pour ces rabbins : « « Nous ne devons pas oublier les victimes de la guerre en RD Congo » Pourquoi ?
Ils s’expliquent plus ou moins en ces termes : « Nous venons juste de commémorer le « Yom HaShoah », la journée annuelle juive à la mémoire des victimes de l’Holocauste (le 12 avril). Si l’on considère la souffrance et l’ampleur des atrocités commises en RD Congo, nous ne pouvons que nous rappeler nos propre 6 millions de victimes du génocide Nazi. Le « Ne rien entendre, ne rien voir et ne rien faire» ne remplit pas la promesse du «plus jamais ça! » ; rester les bras croisés alors que les êtres humains sont massacrés. Il ya déni de justice pour les victimes et cela questionne notre profonde engagement pour l’humanité. »
Pour ces rabbins comme pour la ville de Berkeley, la question essentielle est celle du « déni de justice pour les victimes ». Pourquoi ? Parce que « Les responsables pour pareils crimes sont largement restés impunis ». Qui sont ces responsables ? La ville de Berkeley, après avoir cité le Rwanda et l’Ouganda, dit aussi ceci : « Que l’administration Obama tienne les compagnies américaines responsables pour leurs actions en RD. Congo. Plusieurs compagnies américaines sont impliquées dans l’achat de plusieurs sortes de pierres précieuses souvent vendues par des factions en guerre qui, en retour, utilise la monnaie ainsi gagnée de la vente de ces pierres précieuses pour s’approvisionner en équipement militaire tel les armes, minutions, grenades et bombes qui prolongent le conflit en RD. Congo. »
Les lecteurs du livre Noir Canada. Pillage, corruption et criminalité en Afrique d’ Alain Deneault (avec Delphine Abadie et William Sacher) et de celui de Pierre Baracyetse L’enjeu géopolitique des transnationales minières au Congo. Puissance et hégémonisme. Le pouvoir-L’argent- Les mercenaires-Les médias. Les origines de la tragédie africaine savent qui siège dans les conseils d’administration de ces transcontinentales.
Pour ceux et celles qui savent cela, tout en luttant pour que la LRA soit mise hors d’état d’agir, ils ne comprennent pas que les armées des pays qui nous mènent la guerre d’agression dite de basse intensité sous l’instigation des « cosmocrates » puissent s’installer dans notre pays pour chasser la LRA.
La question majeure est que ces « cosmocrates », ces véritables dictatures privées ne répondent devant aucune instance juridique, devant aucun Parlement. Elles pèsent trop lourd dans la balance des hommes et femmes politiques du Nord et leurs hommes et femmes liges du Sud. Elles en ont fait pratiquement des caisses de résonnance, « des petites mains ».
Dans ce contexte, à notre avis, lutter contre la LRA n’exclut pas cette question essentielle : « A quelle tribunal du monde, ces entreprises transnationales et leurs conseils d’administration pourront –elles répondre un jour de la mort et du pillage qu’elles sèment directement ou par des pays vassaux interposés ? » Et cette autre : « A quel tribunal du monde pourront répondre ces hommes et femmes politiques du Nord qui ont couvert les crimes de Museveni, Kagame et leurs collabos Congolais au Congo depuis plus d’une décennie ? » Ils disent d’une part que Joseph Koni est traduit en justice à la CPI ; d’autre part, ils veulent travailler avec un gouvernement congolais qui a refusé de livrer Bosco Ntaganda et bien d’autres criminels de guerre œuvrant dans les FARDC après avoir chassé Carla Del Ponte de la tête du TPIR ; elle qui, à un certain moment, voulait que les crimes du FPR de Kagame soient jugés. Comme d’habitude, ils obéissent à leur politique de deux poids deux mesures !
Nous estimons que tant que les acteurs majeurs du drame congolais resteront dans l’ombre et impunis, s’attaquer aux conséquences du déni de justice chez nous peut être considéré comme une fuite en avant. Et puis, à quoi rime cette politique de pouvoir toujours décider en lieu et place des Congolais(es) de ce qui est bon pour eux ? Comment peut-on, dans un monde que l’on veut multilatéral, continuer de prendre des décisions qui engagent l’avenir du Sud au Nord ? Et le Sud doit dire amen ? Notre peur est que la guerre contre la LRA ne serve de subterfuge aux « cosmocrates » frappés par la crise économique pour qu’ils se refassent la santé économique avec ces matières premières du Congo oriental pouvant servir de « valeurs refuges » ! La guerre à la LRA et aux FDLR se retournant contre nos populations et favorisant le pillage de nos matières premières stratégiques, c’est déjà vu ; c’est notre lot quotidien. La présence de la Monuc chez nous n’y a rien changé. Pourquoi Barack Obama veut-il rééditer cet exploit ? Cette fois-ci sera-t-elle la bonne ? Nous nous en doutons sérieusement.
J.-P. Mbelu
Brussels-Belgie
©Beni-Lubero Online



