





« A mon âge, être parlementaire est une mission », déclare l’Honorable Juliette MBAMBU MUGHOLE député de tous.
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Voix des sans voix, l’Honorable Juliette se met à l’écoute du peuple. Elle porte ses problèmes au Parlement. Elle mise sur la proximité pour assumer la mission que lui a assignée sa base en la propulsant jusqu’qu’à l’Assemblée Nationale. De passage à Rome, où elle a participé à la session réunissant des parlementaires des plusieurs pays du monde autour de la question des NTIC (Nouvelles Technologies des l’Information et de la Communication) au service de la démocratie, elle s’est confiée à nous, livrant ainsi sa vision de l’avenir de la RDC son pays.
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Honorable Juliette, vous êtes jeune. Vous avez osé vous présenter aux élections législatives. Quelles sont les motivations profondes qui vous ont poussée à prendre cette option grave pour le peuple ?
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Depuis mon enfance, j’ai toujours eu la compassion pour les autres, surtout pour ceux qui souffrent. Dans mon cœur je me disais qu’un jour il me faudra intervenir à leur faveur. Sans blague, je ne savais pas par quelle porte je pouvais entrer dans la bataille pour les petits et les opprimés. Tout à coup, les élections nous ont ouvert une porte. Alors je me suis lancée. Je me suis lancée comme tout autre candidat, comme tout citoyen congolais épris de l’amour de sa nation le ferait. J’ai postulé sans bien savoir si je réussirais. Et c’a marché ! Dès lors, le parlement est pour moi une opportunité pour parler pour ceux qui souffrent.
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Avez-vous fait des promesses électorales à votre base ?
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Je n’ai rien promis à ma base. Rien ne me rassurait que je pouvais passer comme députée nationale. J’ai promis à mes électeurs de parler pour eux s’ils votaient pour mois. Je l’ai toujours répété que le travail du député ne consiste pas à construire des écoles, à tracer des routes,… Notre mission au Parlement consiste à y apporter les problèmes de notre peuple afin de légiférer pour son bien. Dieu merci, ils m’ont fait confiance.
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Comment avez-vous pu les convaincre ?
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Nous avons dialogué. Je ne prenais pas tout le temps à les sermonner. Je prenais aussi le temps à les écouter. Nous avons débattu des problèmes du quotidien. J’ai vraiment communiqué avec ma base. C’est ainsi que j’ai gagné les élections. Je crois être la première députée à avoir sillonné tout le territoire de Lubero.
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Vous parlez des problèmes de votre base électorale. Parlementaire de votre état, comment pensez vous les aborder concrètement ?
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J’ai vécu dans le territoire de Lubero. Un des problèmes cruciaux est celui de l’enclavement de la côte ouest du Lac Edward. Ce problème, une fois résolu, constitue la clé de solution pour tous les autres problèmes. Nous avons une population courageuse, je dirais très entreprenante. Elle peut, à mon humble avis, trouver elle-même des solutions à ses problèmes. La clé de voute consiste dans le désenclavement dont souffrent certaines parties du territoire.
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Parlons à présent du gender. Vous êtes une des 42 femmes députées au sein d’un Parlement de 500 membres. Bien plus vous êtes jeune. Vous parlez certes pour la femme qui a le plus souffert des affres des guerres, mais aussi des jeunes qui constituent l’avenir de la RDC. Comment vous y prenez-vous ?
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A propos de la femme. Toutes les femmes parlementaires parlent d’elle et pour elle. Je parle aussi pour elle parce que j’ai vécu sa condition dans le territoire de Lubero. Elle a beaucoup de problèmes, un chapelet de problèmes que je ne saurais égrainer ici. J’en parle comme tout député. Je ferai des motions pour des problèmes précis que je connais. Toutefois, je ne veux pas trop parler seulement de la femme ni de la jeunesse.
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J’aimerais parler des problèmes communs, des problèmes de tout le monde parce que toutes les composantes de la société sont interdépendantes. La femme dépend de son mari. Celui-ci dépend aussi d’une manière de la première. L’enfant dépend de ses parents… Vous comprenez que je ne saurai parler d’une catégorie de personnes oubliant une autre. Je parlerai des problèmes de toute la famille. La plupart de mes électeurs sont des femmes, des mamans aux jeunes filles. J’ai été élue même par des hommes. J’ai eu 34097 voix. Ce qui est le meilleur score du territoire de Lubero qu’aucun autre député n’a pu réaliser. Désormais j’ai la responsabilité de tous, même de ceux qui n’ont pas voté pour moi.
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Quant à la jeunesse, j’ai une dette morale envers elle. A mon âge, être parlementaire est une mission. Je dois être pour les jeunes un modèle. La jeunesse a besoin de moi. Je pense revisiter tous les coins du territoire de Lubero en organisant des conférences-débat sur les problèmes réels de la jeunesse de chez nous. Ensemble, nous proposerons des solutions et les appliquerons sur terrains.
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Le message fort que vous partagerez avec cette jeunesse qui a tant besoin de vous ?
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Le message fort que je compte donner à la jeunesse de Lubero et Beni : « Nous avons une identité que nous ne devons pas perdre. Sur la plan national, nous sommes reconnus comme une jeunesse qui se bat pour résoudre ses problèmes ». Nous n’avons jamais été dépendants de Kinshasa. Notre jeunesse a toujours pris des initiatives dans plusieurs domaines. C’est une jeunesse dynamique qui travaille. J’aimerais, avec la jeunesse de Beni-Lubero, réfléchir sur nos problèmes, proposer des solutions et les défendre. Je ne suis pas une femme de bureau. D’ailleurs, je n’aime pas trop rester au bureau. J’aime beaucoup le travail de terrain. Il y a beaucoup de chantiers que nous pouvons réaliser ensemble.
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Vous venez de siéger pendant quelques mois au Parlement, le premier démocratique depuis plus de 40 ans. Pouvez-vous préjuger que la RDC est dès lors sur un bon chemin ?
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C’est une question de volonté politique. Je sais qu’un jour la situation pourra changer. Mais déjà les premiers pas sont pleins d’espoir. Néanmoins, ce mandat est un mandat de défi. C’est maintenant ou jamais. Si nous ratons le cap, nous aurons perdu définitivement le jeu.
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Interview réalisée à Rome (Italie) par P. PALUKU MAYANI Adélard a.a. sur le compte de Beni-Lubero Online





