





Depuis la mort de Malumalu, un rapprochement entre l’Église catholique et le gouvernement tant national que provincial semble s’instaurer à la surprise de tout le monde. Et cela dans les deux sens.
Tout d’abord, il y a eu ce voyage inattendu du groupe de quelques dignitaires de Buyira qui est allé le dimanche 24 juillet à la rencontre du président de la République democratique du Congo. Les membres de cette délégation sont Monseigneur SIKULI PALUKU Melchisédech, Evêque de Butembo-Beni, Julien PALUKU KAHONGYA, gouverneur du Nord-Kivu, MAFIKIRI TSONGO Angélus, recteur de l’UCG, Général KATSUVA, président du comité des obsèques de l’abbé MALUMALU, Polycarpe NDIVITO, président de la FEC, groupement de Butembo-Lubero, Achille KAHOLONGU et monsieur MANZEKELE, ces deux derniers étant des membres de la famille MALUMALU, comme vous pouvez le voir sur cette photo.
A en croire radiomoto.info, ils sont allés remercier le chef de l’État pour tout ce qu’il a fait pour Malumalu pendant les 15 dernières années de sa vie et solliciter son soutien pour le développement de l’UCG, cette œuvre pour laquelle l’illustre disparu a consacré sa vie. Ce soutien consisterait notamment dans l’homologation des grades des enseignants, l’évolution du dossier du 3e cycle et la subvention de l’État en faveur de cette institution.
Cinq jours après cette rencontre, c’est le tour du gouverneur de la province du Nord-Kivu de venir à la rencontre de l’Église Catholique. Selon toujours la radiomotofm.info, Julien Paluku va octroyer des bourses aux dix meilleurs étudiants de l’UCG et va construire une salle de classe pour le complexe scolaire Mgr Kataliko.
A priori, toutes ces initiatives sont louables car elles vont soulager tant soit peu le poids sous lequel ploient les parents. Mais vu la situation qui prévaut dans le Grand-Nord, elles ne sont pas sans soulever des questions voire choquer la population de Butembo-Beni. Pourquoi ces initiatives ne concernent que des institutions catholiques ? D’autres écoles et Instituts supérieurs au sein du diocèse ne sont-ils pas exposés aux mêmes problèmes ?
Par ailleurs, que ce soit à Matemba (Boma) que ce soit ici à Butembo, à moins d’un oubli stratégique, personne ne semble avoir évoqué le drame qui sévit dans le Grand-Nord et exiger la fin du génocide de Butemb-Beni. Oui, la paix, la fin du Génocide et de l’occupation de nos terres, le retour de la population dans ses champs, voilà ce qui devrait constituer la raison d’être de tout déplacement, de tout discours, de toute rencontre voire de toute œuvre éducative.
C’est de tout cela que Mgr Sikuli et sa délégation devraient parler à Joseph Kabila. Car le reste en dépend ! Restaurez la paix ; mettez fin au génocide ; laissez les gens recouvrer et exploiter leurs champs ; construisez les routes pour aider la population à évacuer leurs marchandises et vous verrez les enseignants bien rémunérés, les parents s’acquitter de leurs devoirs et les salles être construites.
Oui, le peuple veut savoir ce que son Excellence, Mgr Sikuli Melchisedek, et sa délégation ont dit à Joseph Kabila au sujet du génocide du peuple Yira ! De beaux enterrements, des bourses, une salle de classe, des enveloppes etc. ne sont qu’une distraction. Car pendant ce temps, des gens sont égorgés et n’ont pas droit à une tombe. Des populations sont chassées de leurs terres. Bien d’enfants ne vont plus à l’école. Et des salles des classes sont incendiées et détruites.
Non, l’heure n’est plus à la distraction ! Seul le complice peut s’y complaire ! Et dans ce cas, il devra en assumer toutes les conséquences tôt ou tard.
Quant à parler de l’Abbé Malumalu, il serait important que l’Evêque de Butembo-Beni ne perde pas de vue que les opinions attendent de lui des réponses aux mille et une questions qui les tourmentent au sujet de la souffrance quasiment mystérieuse qui a entrainé la mort de l’homme dont l’expertise a permis aux congolais d’expérimenter la toute première élection vraiment démocratique. A propos de cette mort, y aurait-il vraiment besoin d’apprendre à ce prélat de l’église catholique une réalité qui n’échappe à personne dans l’espace de Beni-Lubero, c’est-à-dire que Malumalu s’est éteint lynché par les mêmes bourreaux qui ont imposé un monde de Calvaire à ses frères de Beni ? Visiblement les esprits sont actuellement révoltés dans l’espace de Beni-Lubero contre toutes ces personnes qui, sans scrupule, ne montrent aucune retenue pour brader et marchander l’honneur et la mémoire d’un personnage si illustre qu’est l’Abbé Malumalu. D’ailleurs, les enveloppes ou toute autre espèce de gain qu’elles en tirent n’entreront jamais en comparaison avec la valeur de cet homme. Dès lors, toutes les suspicions qui pèsent sur le prélat catholique de Butembo trouvent désormais leur justification : en effet, quel intérêt avait-il en fait à exciter Malumalu à se raccrocher de nouveau à la CENI, non seulement en désaccord avec ses collègues de la conférence épiscopale du Congo (CENCO), mais surtout au moment où il savait bien que le sens de loyauté de cet Abbé (qui ne rêvait que d’un meilleur avenir du Congo Démocratique dans lequel règnent la paix, la justice, la liberté, le respect des droits etc.) ne devait que lui attirer la foudre de la mort de la part des prédateurs ? Effectivement, aussitôt revenu à la tête de la CENI, Malumalu dit à Kabila que la Constitution devrait être respectée. Voilà la source de tout le malheur qui l’a emporté pour l’au-delà.
Il y a crainte que le prélat, en s’obstinant dans une option tout à fait contraire aux aspirations et bien-être de sa communauté, risquerait de perdre l’estime dont il jouit surtout en sa qualité d’une très haute autorité morale. Car un parler populaire dit souvent que « l’ami de mon ennemi est mon ennemi » pouvant être paraphrasé comme « l’ami de mon bourreau est mon bourreau ».
Mbwera Vuholo
©Beni-Lubero Online.





