





Le réseau international des donateurs s’époumone à impressionner les opinions par une campagne de générosité en faveur de la République Démocratique du Congo, estimant qu’à présent un congolais sur six a besoin d’aide humanitaire, soit environ un total de 13 millions de personnes sur les 80 millions d’habitants. Ceci est la thèse que soutenait encore Monsieur Christos Stylianides, le Commissaire européen à l’aide humanitaire, ce 25 mars 2018 à Goma. Aussi, y aurait-il l’urgence de mobiliser 1,5 milliards de dollars américains pour faire face à ce défi. Cependant, une question très logique serait plutôt de savoir pour la situation humanitaire en R.D. Congo s’en va constamment de mal à pire durant ces 15 dernières années sur toute l’étendue du pays. Loin de nier la réalité d’une crise humanitaire dans le sens ainsi évoqué, il sied pourtant d’attraper le buffle par ses corne et d’attaquer le mal dans ses causes.
En effet, la R.D. Congo n’est pas en état de guerre et n’a jamais fait l’objet d’une catastrophe naturelle partielle ou générale depuis 2003 pour mériter le niveau de la crise humanitaire qui imprègne sa société de manière permanente. Le peuple congolais est un peuple travailleur. Il est simplement victime des complots des tenants d’un système politique prédateur déterminé à réduire les citoyens à la misère par un plan machiavélique uniquement orienté vers la confiscation et la conservation du pouvoir. D’où, une série de stratégies sciemment montées pour paralyser le dynamisme de ce peuple souvent pris au piège de ses bourreaux politique à cause de sa confiance naïve.
La vérité, l’unique vérité au sujet de la catastrophe humanitaire en R.D. Congo, c’est que le système politique à la tête du pays a pris ses citoyens en otage et les a placés dans des conditions les privant de toute capacité de travailler et de se faire valoir. Là où on rencontre les populations les plus entreprenantes du pays, c’est-à-dire l’est du pays, c’est là que le régime « a organisé » l’insécurité de tous genres: pseudo-rébellions, entretien des groupes armés nationaux et/ou étrangers, massacres organisés pour chasser les populations de leurs terres, violences urbaines (attaques nocturnes à domicile), business de kidnapping, etc. Ainsi, soit on rencontrera des populations qui sont condamnées à abandonner leurs terres, champs, propriétés, business pour devenir nomades, déplacés internes ou réfugiés à l’étranger; soit des populations qui tergiversent à cette stratégie en résistant devant la pression des violences inouïes, alors les unes sont carrément tuées, massacrées, pendant que les autres assistent impuissantes au pillage de leurs récoltes, élevages ou business par des envahisseurs encadrés et protégés par le pouvoir en place tel qu’on le constate actuellement à Beni et en Ituri.
Entretemps, ailleurs dans le pays, là où l’atteinte à la vie de la population n’est pas directement portée par la violence, le pouvoir en place écrase ses citoyens par la privation scandaleuse de toutes les infrastructures de base: pas de route, pas d’hôpital viable ni d’école, pas d’eau potable, pas d’électricité, pas de moyen de communication moderne… En conséquence, des contrées et des régions entières sont enclavées, les produits des champs pourrissent faute de moyen de transport pour les acheminer vers les agglomérations citadines ou mêmes aux marchés les plus proches… Dans cette condition, comment clamerait une catastrophe humanitaire dans le pays pendant que des vivres manquent de consommateurs dans plusieurs contrées de ses campagnes?
Le peuple congolais n’a pas besoin des millions ou des milliards de dollars de la communauté internationale sous prétexte d’assistance humanitaire; l’urgence du peuple c’est le départ du président Joseph Kabila et son système prédateur. Si la communauté internationale est honnête, c’est par là qu’elle devrait partir, c’est à ce niveau que le peuple congolais à Goma, à Beni-Lubero, en Ituri, au Haut-Uélé, à Kinshasa et partout dans le pays, a besoin de son assistance avec la plus extrême urgence que nul ne saurait imaginer à l’extérieur du pays.

BOZI KANINDA Pierre
Kinshasa.
©Beni-Lubero Online.





