





Les congolais méditent ce samedi 30 juin 2007 sur 47 ans d’une indépendance voulue par les congolais mais toujours court-circuitée, et cela pendant 47 ans, par les Grandes Puissances.
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Ce qu’on peut appeler indépendance congolaise n’avait duré que 10 jours. En effet le 11 juillet 1960, Moise Tshombé appuyé par les belges se proclamait Président du Katanga Indépendant. Le 6 août 1960, c’était le tour d’Albert Kalonji qui se proclamait Mulopwe et Président du Sud-Kasai. La suite est connue. Rebellions, mutineries, casques bleus, tables rondes, Coups d’Etat, dictature, exil des opposants, régime de terreur, pendaison des conspirateurs, misère du peuple, et j’en passe.
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Les colons belges partis du Congo contre leur gré avaient signé la mort de l’indépendance congolaise. Ils trouveront un allié de taille dans le pays de l’Oncle Sam et cela jusqu’à nos jours. Lumumba commis l’erreur de faire appel à l’ONU, une caisse de résonnance des USA jusqu’à nos jours. En effet, les USA régenteront les forces onusiennes au Congo au point de les utiliser contre le premier élu congolais. La complicité de l’ONU au Congo sera couronnée par la mort du héros national Lumumba le 17 janvier 1961. Le même scenario se répétera 40 ans après jour pour jour avec la mort de l’autre héros national, Mzee Laurent Désiré Kabila (17/1/1961-17/1/2001) comme si le tueur des héros nationaux congolais voulait faire du mois de janvier le mois magique des martyrs congolais. On se rappelle aussi que les martyrs civils de l’indépendance avaient été broyés par la Force Publique un certain 4 janvier 1959 au rond point Kimpwanza de Kinshasa.
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Avec Joseph Kabila, le pays semble être sur les traces de Mobutu, tombeur de Lumumba, avec une différence que sous Joseph Kabila, le pays risque en plus de la misère, la balkanisation pour satisfaire les appétits gloutons et sans partage des grandes puissances et des multinationales intéressées par les ressources naturelles de la R.D. Congo.
Les questions que les congolais doivent se poser ce samedi 30 juin 2007, c’est l’évaluation de la présidence du Congo par Joseph Kabila. Quelle action ce dernier a-t-il entreprit en faveur des congolais depuis qu’il a remporté les élections de 2006. Connais-t-on sa vision, son plan sur la R.D. Congo ?
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Du Nord-Kivu où nous nous trouvons, nous avons médité ce samedi 30 juin 2007 sur la finalité de la guerre qui sévit au Kivu contre la paisible population et qui pour nous est symptomatique de ce qui attend se produire au Congo sur l’échelle nationale si rien n’est fait aujourd’hui pour bloquer cette machine de la mort.
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Pourquoi le pouvoir central joue-t-il au faible partout où il devrait démontrer sa détermination à pacifier le pays ? Pourquoi le pouvoir central se décide-t-il de marcher sur les assemblées provinciales de deux Kivu qui sont les deux institutions représentant les populations du Kivu ? Pourquoi le pouvoir central aidé par la Monuc depuis 2004 prive-t-il l’armée congolaise de ses moyens de défense pour nettoyer le Kivu des rebelles rwandais ?
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Les beniluberois se rappellent de la grande offensive que les Fardc avaient menée contre les rebelles rwandais de Nkundabatware qui avaient occupé Kanyabayonga en janvier 2004. Quand les Fardc étaient au point d’en finir avec ces rebelles dans la vallée de la Rwindi, la Monuc était venue au secours des rebelles rwandais avec ces hélicoptères et ses chars de combat pour repousser et cantonner les Fardc à Kanyabayonga. Tous les militaires qui combattaient au front de Kanyabayonga n’ont jamais oublié cette double face de la Monuc. Des exemples qui décrient cette double face de la Monuc sont multiples.
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C’est ainsi que, pour ceux qui suivent de près l’évolution de la situation au Kivu, quand le pouvoir central dit qu’il faut d’urgence une réforme de l’armée congolaise pour libérer le Kivu, cela parait comme un vœu pieux qui cache mal le temps nécessaire que ce même pouvoir central voudrait donner à l’opération Nkundabatware qui peine , au grand dam de ses parrains, à se matérialiser. Dans son interview avec RFI, Joseph Kabila s’est donné deux ans pour réformer les Fardc. En d’autres termes, deux ans pour se doter d’une armée capable de libérer le Kivu d’une rébellion qui serait aujourd’hui plus équipée et plus aguerrie militairement que l’armée nationale.
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Et pourtant les Fardc qui ont requis l’anonymat disent qu’ils sont freinés par le manque de volonté politique de Joseph Kabila et qu’ils peuvent sécuriser le Congo en un rien de temps si on leur donne les moyens dont ils ont besoin. Les généraux Prosper Nabyola, Mbuza Mabe, She Kasikila et bien d’autres ont montré en effet leurs preuves mais le pouvoir central les en avait empêchés. Qu’est-ce que cela veut dire sinon que le pouvoir central entretient l’insécurité au Kivu pour une finalité connue de lui seul.
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Ceci dit, ce n’est pas l’armée congolaise qui a besoin d’une réforme imminente, ce sont les dirigeants et politiciens congolais qui ont besoin d’une réforme car ce sont eux qui cassent la bravoure de l’armée nationale congolaise. Un adage dit que toute armée vaut son commandant. Le commandant suprême des Fardc étant Joseph Kabila, c’est donc Joseph Kabila qui est le blocage numéro un de l’armée congolaise. C’est bien lui qui fragilise l’armée congolaise en lui privant des moyens de son action. C’est lui qui doit être réformé si on veut que la paix règne au Kivu en particulier et en R.D.Congo en général. L’arsenal militaire que Joseph Kabila a fait défiler à Kinshasa le 17 mai dernier était une insulte à l’armée congolaise qui manque de tout sur le terrain de son action pendant que cet arsenal est monopolisé pour la securité d’un seul homme Joseph Kabila. Comme nous l’avons déjà dit dans un autre éditorial publié par Beni-Lubero Online, Joseph Kabila ne veut pas mobiliser l’armée nationale pour chasser du Kivu l’armée de son frère et ami Nkunda.
Cette attitude explique la tergiversation de son pouvoir vis-à-vis de la question du Nord-Kivu, une attitude qui montre bien qu’il y a anguille sous roche. Le pouvoir central ainsi que la Monuc reviennent souvent sur la nécessité d’une Table Ronde au Kivu entre les ethnies comme s’il y avait un problème ethnique au Kivu. Les élections ont tranché et il n’y a pas de guerre ethnique au Kivu à part les massacres perpétrés par les rebelles rwandais sur les paisibles citoyens congolais. Toutes les ethnies du Kivu sont représentées dans les institutions provinciales et nationales. A titre d’exemple, l’assemblée provinciale du Nord-Kivu a tenu compte de la représentativité ethnique dans la composition de son bureau. Mais pourquoi le pouvoir central ainsi que la Monuc revient-t-il toujours sur un sujet clos. Le peuple Kivutien veut aller de l’avant mais le pouvoir central semble avoir un agenda caché en lui collant au dos des conflits ethniques pour le besoin de sa cause qui n’est un secret pour personne : donner le leadership politique et militaire du Kivu aux rwandophones.
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En suivant le développement de la situation à partir de notre terrain de Goma, on voit que, manquant des combattants pour leur guerre, ses parrains remuent ciel et terre pour trouver un casus belli.
Au courant de la semaine qui s’achève, on les a vus s’accuser mutuellement sur la voie des ondes pour essayer de tromper la vigilance des congolais. Qu’ils ne trompent personne ! Ils ne sont pas du tout en désaccord. Sur terrain au Nord-Kivu, il est clair que Joseph Kabila n’est pas en désaccord avec Nkunda, que William Swing n’est pas en désaccord avec Kabila, que Joseph Kabila et William Swing ne veulent pas tous les deux mettre fin au phénomène Nkunda. Tous les trois sont les parrains de la guerre au Kivu, une guerre qu’ils entretiennent pour la finalité épinglée ci-dessus, à savoir passer le Kivu sous l’hégémonie rwandaise. Les congolais doivent les considérer tous comme appartenant à un même camp s’ils veulent comprendre ce qui se passe. La où Joseph Kabila ne peut plus mettre ses pieds, il envoie William Swing et vice-versa.
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Ainsi, depuis un certain temps, ce sont les ambassadeurs des grandes puissances avec William Swing à la tête qui se prononcent sur la situation du Kivu en marchant ainsi sur les prérogatives des élus du Kivu. Est-ce eux qui dirigent le Kivu ? Le Kivu est-il déjà sous tutelle de la Communauté Internationale sous l’entremise de la Monuc?
Du Nord-Kivu, les observateurs pensent que Joseph Kabila étant conscient de sa trahison ne sait plus faire le déplacement du Kivu car il sait ce qu’il a promis aux kivutiens et qu’il ne veut pas réalisé. Pour éviter la honte, il envoi les blancs pour panser les plaies qu’il inflige lui-même aux kivutiens. Sachant qu’habituellement les congolais en général se laissent facilement tromper par l’homme blanc, il espère utiliser, comme pendant la transition, l’homme blanc pour poursuivre son plan d’occupation du Kivu. Mais malheureusement, les kivutiens savent déjà que tous les diplomates étrangers qui défilent aujourd’hui au Kivu sont au service du même plan funeste sur le Kivu.
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Les dernières élections ont contribué à l’éveil de la conscience kivutienne vis-à-vis du mensonge de la dite communauté internationale représentée par la Monuc. Cette dernière, parrain des élections ne se gène pas de jouer le rôle de ces honorables congolais élus du peuple. Les Kivutiens se rappellent que cette même Monuc disait haut et fort que personne ne pouvait bloquer le processus démocratique qui était l’apanage du peuple congolais. Mais après les élections, ces élus du peuple sont tenus à l’écart par cette même Monuc qui passe outre toutes les recommandations de ceux qui sont investi du mandat du peuple kivutien. On peut ainsi dire que la Monuc a menti et qu’elle n’est pas de bonne foi. Elle dit une chose et fait son contraire ! Les rebelles de Nkunda ont repris du poil de la bête malgré mille et une avertissements verbaux de la Monuc. La Monuc par la voix de William Swing qui avait proclamé sur les antennes de sa radio okapi que 8000 milles rwandais et 1000 ougandais avaient pénétré au Congo pendant l’opération dite mixage de l’armée, appelle aujourd’hui ces militaires étrangers au brassage. Les 9000 milles militaires rwandais et ougandais vont ainsi profité du brassage pour atteindre Kinshasa et d’autres coins stratégiques du pays. Les congolais attendaient que William Swing parle de l’identification et du rapatriement de ces étrangers qui endeuillent le Kivu.
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Devant des faits aussi troublants du pouvoir central de Kinshasa et de la Monuc, les kivutiens qui ont démontré leur désir de la paix pendant tout le processus démocratique se rendent aujourd’hui à l’évidence que le processus démocratique n’avait pas atteint le sommet de l’Etat et ses parrains de la communauté internationale qui sont toujours en guerre contre les congolais. Devant cette guerre sans nom que Joseph Kabila et la Monuc livrent aux congolais, une guerre qui handicape la relance socio-économique de la R.D. Congo, les congolais doivent s’organiser sur des nouvelles bases pour sauver le Congo de griffes du loup. C’est à ce prix qu’ils auront leur vraie indépendance, une indépendance qu’ils gagneront même si la lutte doit durer dans le temps. L’histoire du monde démontre que certaines nations se sont battues pendant plusieurs années voire des siècles pour gagner l’indépendance dont elles jouissent aujourd’hui. Comme 47 ans n’ont pas suffit pour que les congolais soient indépendants, la lutte doit continuer en commençant par la bataille de la réforme de la Présidence de la République.
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Rigobert Kanduki
Goma
Beni-Lubero Online





