





Depuis le 2 octobre 2014, il se commet à Beni un Génocide contre le peuple (YIRA) Nande, sous couvert d’une pseudo rébellion attribuée à des « présumés » ADF-NALU . Aujourd’hui, plus de 2000 personnes ont été massacrées à l’arme blanche ou à l’arme à feu.
Dans leur lettre ouverte adressé au Président de la RDC, la Société civile, Forces vives de Beni Ville, de Butembo, de Lubero et de Beni Territoire dénonçaient déjà :
– Plus de 1116 personnes (Nande) tuées sauvagement entre Octobre 2014 et Mai 2016, soit une moyenne de 60 personnes tuées par mois, ou encore une moyenne de 2 personnes tuées par jour ;
– Plus de 1470 personnes enlevées et portées disparues ;
– Plus de 1750 maisons incendiées avec, parfois, des personnes et biens calcinés ;
– Au moins 13 Centres de Santé incendiés parfois avec des malades et du personnel soignant à l’intérieur ;
– Plus de 27 Ecoles détruites, d’autres abandonnées, d’autres encore occupées soit par des déplacés, soit par des dépendants des militaires, soit par des groupes armés.
Les mois d’octobre et novembre 2018 sont marqués par des attaques.
Le samedi 20 /10/2018 les quartiers Ngadi et Boikene de Beni ont enregistré au moins 12 personnes (on évoque parfois 14), tandis que le lendemain, 21 /10, c’est encore Paida qui comptait un mort. Trois jours plus tard, soit le 24/10, Beni enregistrait un mort et Oïcha, trois morts, avec plusieurs autres enlevées, 7 maisons brûlées et 2 véhicules incendiés au quartier Bakaiko ;
Le 15/11, Oïcha enregistrait encore 6 morts et 12 maisons brûlées.
Le dernier cas ne date pas de plus loin que ce dimanche 21 décembre 2018 où une incursion menée à Cipriani, Quartier Nord de la Ville de Beni par ceux qui massacrent la population civile dans la Ville et le territoire qui portent de non à Beni a causé la mort de 5 personnes et le pillage de l’Université Chrétienne Bilingue au Congo, UCBC en sigle.
Dans le message rendu public lors de leur dernière réunion de 20 au 22 novembre 2018, les Evêques de la CENCO ont dénoncé l’assassinat de plus de 2000 personnes. Et depuis cette rencontre, d’autres victimes s’y sont ajoutées.
2. LES INDICES D’UN PLAN D’EXTERMINATION DU PEUPLE NANDE
2.1. Des propos de haine
Ces faits macabres ont été précédés ou suivis par des propos qui montrent qu’il s’agit d’un plan qui est en train de se réaliser. Lorsqu’ils sont tenus par des gens qui sont au pouvoir, ces propos prennent une allure inquiétante :
1. En 2013, avant le début des massacres de Beni, Joseph Kabila se confie à un dignitaire du régime Tanzanien à Dar-es-Salam dont nous nous réservons de dévoiler l’identité par respect : « Nous avons un problème en RDC avec deux tribus, les Baluba et les Nande. Mais les plus durs et rusés sont les Nande. Ce sont eux qui bloquent souvent nos plans. Nous allons tout faire pour les anéantir ». De là, nous comprenons vite pourquoi aussitôt en 2014, les portes ont été grandement ouvertes pour déchaîner les massacres sur l’espace de Beni-Lubero en général et à Beni en particulier, cette partie du pays étant la référence et le principal fief du peuple Nande visé par ce verdict.
2. Se déchargeant toujours sur les Députés Nande au sujet des atrocités commises contre les civils à Beni, Joseph Kabila a aussi déclaré: « La République Démocratique du Congo peut se développer et aller aux élections sans le Kivu ». Et d’ajouter à l’endroit des mêmes Députés: « Au Sénégal il y a un conflit qui a fait des années, c’est la Casamance. Je peux faire du Nord-Kivu une Casamance, j’ai ce pouvoir ». Ce qui se passe au Nord Kivu en général et à Beni en particulier est donc voulu et sciemment orchestré.
3. Dans une réunion restreinte tenue avec quelques ministres d’Etat à Kingakati, Joseph Kabila prononce ouvertement: « Je déteste ces Banande (c’est-à-dire le peuple Nande); ils se croient être les plus forts à cause de leur commerce. Je suis capable de les rendre pauvres ». Une telle parole s’est plus que confirmée sur terrain. Il suffit de constater comment l’espace de Beni-Lubero est asphyxié par l’insécurité sur les tronçons routiers (Butembo-Goma, Beni-Kasindi, Butembo-Kasindi, Beni-Bunia) les massacres, les vols et enlèvements partout, en campagne comme en ville, l’incendie de maisons, etc.
Tous ces faits ont pour but de réduire la population Nande de Beni-Lubero à l’état d’esclavage et d’asservissement.
4. « Je me demande pourquoi les Nande ne veulent pas vivre avec les autres, surtout avec les gens qui arrivent chez eux pour rechercher des terres arables; et pourtant eux sont partout en RDC », martèle Joseph Kabila aux Notables Nande à Kinshasa. Cette allégation est dangereusement calomnieuse au préjudice du peuple Nande. Car la réalité témoigne que la ville de Beni et tout l’espace de Beni-Lubero connaissent depuis des années une cohabitation harmonieuse des habitants venus de tous les coins du pays. Beni et Butembo sont des villes cosmopolites. Plus de vingt communautés différentes cohabitent à Butembo, même si les Nande sont majoritaires. C’est pareil d’ailleurs pour toutes les villes de la RDC qui connaissent généralement une communauté plus ou moins majoritaire. D’où, il se dégage que « les autres » auxquels Joseph Kabila fait allusion ne sont plutôt que ces nombreux immigrants dont il a organisé le transfert vers Beni et l’Ituri pour une mission d’extermination et d’évincement des autochtones, et dont il désapprouve la dénonciation par les victimes qui s’en trouvent lésées. Faire porter aux Nande tous les attributs négatifs relève manifestement d’une politique de diabolisation de mensonge pour justifier le génocide à leur égard.
5. Après l’incendie de sa maison à Musienene (en territoire Nande) par un court-circuit électrique, selon le porte-parole de son Gouvernement, Monsier Lambere Mende, Joseph Kabila a menacé la communauté Nande en déclarant: « Vos enfants ont brûlé ma maison à Musienene. Et moi, si j’ordonne qu’on s’en prenne à vos maisons sur toute l’étendue de la RDC, vous direz que je suis le plus mauvais? » Ici encore, nous retrouvons un sentiment tacheté de xénophobie dans le chef d’une haute personnalité ayant la qualité de garant des institutions. Le président Kabila ne saurait contenir la rancune qu’il entretient contre le peuple Nande dont il souhaite l’extermination.
6. « Si vous voulez que le conflit (la tragédie) de Beni finisse, vous devez accepter de vivre avec les autres ». Comprenez que ces « autres » ne sont nullement des congolais venus d’autres provinces ou d’autres régions du pays – car ils y vivent déjà harmonieusement avec les autochtones depuis plusieurs années -, mais ce sont des occupants étrangers, en l’occurrence rwandais, qui envahissent Beni-Lubero et l’Ituri avec l’appui du pouvoir de Joseph Kabila. Actuellement, il est avéré que les rwandais qui occupent Boga et Tshabi en Ituri et une partie du Territoire de Beni sont ceux qui ont été chassés de la Tanzanie du temps du président Kikwete. Toutes les autorités politico-administratives, l’appareil de la défense nationale et les services de sécurité sont mobilisés pour leurs protections et leurs succès dans les zones enviées par ce plan d’occupation.
D’autre propos ont été tenus par des proches du chef de l’Etat
7. « Vous les Nande, bientôt vous allez oublier le business, surtout le business de l’Or. Vous aurez le choix de faire d’autres choses, en l’occurrence l’agriculture ». Cette déclaration est de Zoé Kabila, un frère à Joseph Kabila, aux jeunes commerçants Nande trafiquant de l’or qu’il croisa à Dubai, en 2013.
8. Récemment, c’est l’épouse du chef de l’Etat Olive Lembe qui, à travers les réseaux, s’en est prise aux Nande, sous prétexte qu’ils ont brûlé la maison de son mari. D’une part, l’incendie de cette maison ne résulte pas d’une décision communautaire pour que tout une communauté en soit rendu responsable. D’autre part, combien de paysans Nande ont aussi vu leur maison brûlées par ces « présumés » ADF-NALU au service des génocidaires du peuple Nande, sans une moindre dénonciation.
9. Ce 26 décembre 2018, la communauté Nande à Butembo et Beni se trouve exclue par la CENI de participer aux élections présidentielles, législatives et provinciales reportées au 30 décembre 2018, sous prétexte de la menace des ADF, qui massacrent la population, et de la maladie à Virus Ebola comme si endéans une semaine la situation avait dramatiquement changé.
Tout compte fait, le véritable responsable des massacres de Beni, c’est bien sûr le pouvoir en place, en sa qualité non seulement de commanditaire principal mais encore et surtout de sponsor. Comment en effet, les moyens de l’Etat peuvent-ils être accordés à une armée qui tue la population ?
2.2. La complicité de certains éléments FARDC
Différents rapports aussi bien du GEC que ceux de l’ONU ont toujours montré l’implication des certains éléments de l’armée régulière, en particulier les éléments de l’ex CNDP et de l’ex M23 ; ce qui n’a fait que confirmer les soupçons de la population quant à la complicité de ceux qui détiennent le pouvoir. Parfois des procès-bidon ont été organisé et les suspects n’ont été cités que comme témoins.
Une telle implication des forces régulières ne peut se faire en dehors d’un plan bien pensé et bien connu des gouvernants en vue de détruire le peuple (YIRA) Nande.
Les FARDC n’empêchent pas les égorgeurs d’atteindre leurs objectifs. Au contraire, ils leur cèdent des positions, des terrains, du matériel et se transforment eux-mêmes en ADF pour piller et tuer dans les quartiers abandonnés par la population, tel qu’on le constate ces jours dans la commune urbaine de Ruwenzori, en ville de Beni.
3. La qualification de génocide
Au terme de l’article 6 du Statu de Rome instituant la CPI, « on entend par crime de génocide l’un quelconque des actes ci-après commis dans l’intention de détruire, en tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux, comme tel :
a) Meurtre de membres du groupe ;
b) Atteinte grave à l’intégrité physique ou mentale de membres du groupe ;
c) Soumission intentionnelle du groupe à des conditions d’existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle ;
d) Mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe ;
e) Transfert forcé d’enfants du groupe à un autre groupe.
Le TPIR a montré qu’il n’est pas nécessaire que l’extermination soit complète pour que le génocide soit consommé, le début d’exécution d’un plan suffit, même déjà avec le premier cas. »
Dans leur Dénonciation des massacres de Beni adressée à Son Excellence Monsieur Le Secrétaire Général des Nations Unies le 12 octobre 2016, les Forces vives/ Société civile de Butembo alertaient déjà en ces termes:
« En dépit de la présence massive des forces armées de la RDC et de la MONUSCO, sans oublier la brigade d’intervention, malgré le dédoublement du commandement de l’opération « Usalama », la situation est allée de mal à pire et les victimes sont de plus en plus nombreuses. Ce qui est plus choquant, c’est que des nombreux rapports, notamment celui des experts des Nations Unies et celui du Groupe d’Etude sur le Congo (GEC) ont mis en cause des éléments des forces armées de la RDC dans ces massacres, alors que le discours des officiels congolais se contente de répéter à accuser des « présumés ADF-NALU ». Les conséquences immédiates de ce génocide sont désastreuses : insécurité croissante, baisse de l’activité agricole suite à l’abandon des champs par les paysans, insécurité alimentaire, asphyxie de l’activité économique et du commerce suite à l’insécurité sur les routes, déplacement massif des populations civiles, abandon scolaire, destruction des structures sanitaires, etc. ; bref, les tueurs utilisent la famine contre les populations civiles, ce qui est contraire au droit international humanitaire. »
Les Evêques de le Province ecclésiastique de Bukavu ont également dénoncé ce génocide. Déjà dans leur message, « Mets de l’ordre dans ta maison », donné à Kindu le 29 mai 2016, l’Assemblée épiscopale provinciale de Bukavu exprimait ainsi ses inquiétudes : « Chaque jours les tueurs imaginent et mettent en œuvre des pratiques de plus en plus cruelles… Comme dans une jungle, ces malfaiteurs incendient les villages en toute impunité, provoquant le déplacement massif des populations vers les cités où elles sont vouées à la famine et à la misère. Les criminels tuent brutalement avec des machettes, des couteaux ou des haches ; certaines de leurs victimes ont la gorge tranchée, les bras de nombreux enfants sont mutilés, des femmes enceintes éventrées et des familles entières décimées. Ce sont de véritables actes génocidaires, des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité. »
Les massacres sont des atteintes non seulement à l’intégrité, mais à la vie.
Les massacres contraignent les populations au déplacement forcé pour aliéner leur territoire, ce qui constitue un transfert forcé de populations civiles.
L’acharnement contre les populations Nande (insécurité qui rend l’agriculture et le commerce impossibles, la pression fiscale hors commun pour étouffer le commerce,) sont des faits qui soumettent les Nande à des conditions de vie devant entraîner leur destruction comme groupe ethnique.
Nous ne pouvons donc demander rien de moins que la condamnation des auteurs, intellectuels et matériels de ce génocide oublié. Ceux qui ont le pouvoir et qui se taisent risqueraient de passer pour des complices pour leur non assistance à groupe ethnique en danger.
Rédaction BLO
©Beni-Lubero Online.






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