





C’est avec émotion que notre correspondant à Beni nous a contactés pour nous informer du retour avec force des égorgeurs. Hier matin, samedi 24 décembre, au moins 25 personnes ont été sauvagement tuées dans le village de Manza Mapini, à 7 km de la ville d’Oicha, chef lieu du territoire de Beni. En ramenant les corps, on pourrait lire la colère sur le visage de ceux qui transportaient les victimes. La population est une fois de plus formelle : les tueurs sont des Fardc qui parlent Kinyarwanda. « Nous les avons reconnus par leur tenue et même la langue, l’accent », scandait-elle.
Notre correspondant et témoin oculaire de la colère de la population affirme que les victimes ont été tuées, certains à l’arme blanche et d’autres égorgées : « J’ai vu, écrit-il dans le message, les corps des 5 femmes. L’une d’elle était enceinte. Il y avait aussi les corps de 3 hommes et d’un enfant. Selon les rescapés, plusieurs personnes manquent encore à l’appel. D’autres corps sont encore en brousse car beaucoup de gens, poursuivis par les égorgeurs, ont fui dans la forêt environnante. Il faut s’attendre à une trentaine des morts ».
On connaît la chanson. Radiookapi et les autorités se sont tout de suite précipités à pointer du doigt les ADF-Nalu.
Benilubero online s’inquiète de la résurgence des massacres dans le Nord-Kivu après un temps d’accalmie. En trois semaines, au moins 100 personnes ont été égorgées, notamment à Luhanga (dans le territoire de Lubero), Balwanda (dans le territoire de Rutsuru) et hier à Eringenti dans le territoire de Beni. Selon des informations à notre possession, ces événements sont à lire et à comprendre à la lumière de la fin du mandat de Joseph Kabila et des négociations en cours à Kinshasa. Joseph Kabila sait que ses jours à la tête du pays sont comptés mais il n’est pas prêt à partir. L’insécurité à l’Est constitue un des moyens par lesquels il espère se pérenniser au pouvoir ou rebondir sur la scène nationale lorsqu’on ne voudra plus de lui. Il espère trouver dans cette insécurité causée par les milices dont il est pourtant le mentor un alibi pour décréter l’état d’urgence sur toute l’étendue de la république dans les semaines ou les mois qui vont suivre la conclusion du dialogue et renvoyer aux calendes grecques les élections.
Voilà pourquoi Benilubero on line lance un appel pathétique aux négociateurs ainsi qu’à la communauté internationale de considérer la situation sécuritaire, comme une des conditions sine qua non pour un accord complet.
Chers compatriotes qui participez aux négociations, ne vous laissez pas distraire. De même que vous exigez le respect de la constitution dans son article 220, de même faites de l’enquête internationale sur les génocides à l’Est un des points majeurs que doit contenir cet accord. Cet accord devra stipuler clairement que quiconque sera reconnu coupable ou complice dans ces génocides ne devra plus assumer une quelconque responsabilité au pays. Notre pays n'a de l’avenir que si l’impunité est déclarée non grata !
« On comprend ainsi le grave danger de toute rallonge au pouvoir de Joseph Kabila. Les congolais dignes de ce nom doivent refuser toute forme de transition. En effet, au vu de ce qui se passe au Kivu-Ituri, toute transition au-delà de décembre 2016, donnerait du temps et des moyens au gouvernement congolais qui est, de toute évidence, complice de l’occupation rwandaise du Kivu-Ituri en cours » (Père Vincent MACHOZI, le 19 mars 2016, parole qui a valu son assassinat le jour suivant).
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