





Ne pouvant souscrire à l’indifférence ni à la complicité tacite des autorités du pays – cette attitude étonnante voire révoltante –, la Société Civile de Béni-Lubero vient d’élever pour une énième fois sa voix inlassable, en vue de dénoncer les crimes ignobles qui ont finalement imposé leur cours à l’histoire des Yira-Nande. La récapitulation de ces crimes, telle que reprise ci-dessous, souligne évidemment l’état de gravité de la situation, si bien que les desiderata qui s’ensuivent devraient être tenus pour une forte interpellation des consciences en générales, mais en particulier en l’endroit de ceux-là qui détiennent une parcelle d’autorité, à quelque niveau que ce soit, car tôt ou tard chacun devra répondre de ses responsabilités. Si la Société Civile de Béni-Lubero a trouvé important d’étendre ses appels jusque dans les champs politiques, c’est que tout concours à démontrer et à faire reconnaître les causes profondément politiques à tous les évènements tragiques (massacres, enlèvements, pillages, destructions méchantes etc.) qui forcent nos populations à s’abreuver quotidiennement à une source intarissable de larme à peine mesure. Voici en quels termes la Société Civile de Béni-Lubero s’est exprimée :
SOCIETE CIVILE FORCES VIVES DE LA RÉPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO COORDINATIONS DES TERRITOIRES DE BENI – LUBERO ET DES VILLES DE BUTEMBO – BENI.
DÉCLARATION DE LA SOCIÉTÉ CIVILE FACE AU CONTEXTE DU MOMENT.
Réunis à BUTEMBO ce lundi 2 mai 2016, les Coordinations de la Société des territoires de BENI et LUBERO et des villes de BUTEMBO et BENI, pour l'analyse du contexte qui prévaut en ces jours dans la région, ont décriés les faits ci-après :
A. Du contexte socio-sécuritaire
1. Des massacres.
Plus de 1017 personnes massacrées à la machette, à la hache et quelquefois à l'arme à feu, depuis le 2 octobre 2014 à nos jours, dont le dernier cas est celui de 4 personnes tuées le 1er mai 2016 dans les localités de Mayisafi en groupement Banande-Kainama en secteur Beni – Mbau, en territoire de Beni et celui de 5personnes tuées dont 2 à Kimaka, groupement Italy, Chefferie des Batangi et 3 à Kasiki, groupement Tama, chefferie des Bamate en territoire de Lubero, parmi lesquelles une femme et sa fille tuées après avoir été violées.
2. Des kidnappings.
Plus de 1391 personnes dont le dernier cas date du 2 mai 2016 où 17 personnes ont été kidnappées dans les localités de Kamungu et Lese, en groupement de Bambuba-Kisiki, secteur de BENI – Mbau, en territoire de Beni et celui de 5personnes kidnappées dans le villages de Kinyondo, localités Bunyangingi, groupement Itala, Chefferie des Batangi en date du 30 Avril 2016 ainsi que 2 étudiants et un jeune marié à BUTEMBO.
3. Des incursions des groupes armés étrangers sur le sol congolais à partir de l'Ouganda voisin dans les districts de Kasese et Bundibudjo dont le dernier cas date est celui du 27 Avril 2016 à Muhola, groupement Banyangala, Secteur Ruwenzori, territoire de BENI et celui des FDLR appréhendés dans les localités de Kyuto et Mwekwe, en groupement Tama, chefferie des Bamate, en date du 28 Avril 2016.
4. Des embuscades et braquages tendus sur les axes routiers :
OICHA-Eringeti, Eringeti – Kainama, Mbau – Kamungu, Beni – Kasindi en territoire de Beni et Lubero – Kasugho, Mathembe-Kaseghe, Alimbongo-Mbingi, Kaseghe-Hutwe, Kayna – Kanyabayonga en territoire de Lubero.
5. Des incendies des maisons, pillages et exploitations illicites des ressources naturelles :
Plus de 1737 maisons incendiées et beaucoup d'autres biens pillés et calcinés dans les groupements de Beni-Kainama, Bambuba-Kisiki, Batangi-Mbau en secteur Beni-Mbau et dans les localités de Bunyakaisinga, Lepya, Mulinde, Busongo respectivement en groupement Tala et Itala en territoire de Lubero.
6. Des fermetures des structures sanitaires et scolaires :
Plus de 7 SC en ZSR d'Oicha, plus de 14 écoles non fonctionnelles pour le moment, en groupement de Banande-Kainama, Bambuba-Kisiki, Batangi-Mbau en secteur Beni-Mbau et 4 structures sanitaires fermées à Ivimbo, Miveya, Miriki, Kalevya et 2autres à Bwambali et Kasiki en groupement Tama et Itala, en territoire de Lubero.
7. Des déplacements forcés de la population :
Plus de 34297 ménages en situation de déplacement abandonnés à leur triste sort, même sans abris et sans assistance.
8. Des viols:
Plus de 41 cas dans la partie sud du territoire de Lubero dont le dernier cas est celui de 3 femmes en localité de Kimaka en date du 27/04/2016.
B. Du contexte politique
Les Coordinations de la Société Civile font observer que le dialogue politique convoqué par le Chef de l'État se prépare sans chronogramme, ni agenda, ni répartition paritaire des participants entre Majorité, Opposition et Société Civile. La Société Civile déplore les déclarations intempestives des politiciens congolais qui ne sont pas de nature à privilégier l'intérêt suprême de la nation Congolaise, mais plutôt des intérêts égoïstes visant le positionnement politique au détriment du souverain primaire. Eu égard à ce qui précède, Nous, Membres des Coordinations de la Société Civile des villes de BUTEMBO et BENI et des territoires de BENI et LUBERO recommandons ce qui suit:
1. Au Chef de l'État congolais :
– De concrétiser ses promesses tenues lors de son dernier passage à OICHA le 18/12/2015 visant le rétablissement et l'anéantissement des groupes armés en province du Notd-Kivu ainsi qu'a l'assistance des déplacés de guerre. – De veiller au respect de la constitution et de faciliter l'organisation des élections dans le délai constitutionnel ;
2. Au Gouvernement congolais :
– De Porter la même attention aux autres morts autres aux VICTIMES des massacres du génocide de BENI – LUBERO. – De mobiliser et libérer les fonds nécessaires à l'organisation des élections.
3. Aux parlementaires nationaux et provinciaux:
– De jouer effacement leur rôle en tant que représentants du peuple congolais, celui de défendre la population au lieu de privilégier leurs familles politiques ; – D'interpeler et sanctionner l'Exécutif pour les faits ci-haut décriés ;
4. Au facilitateur du dialogue national
– De présenter un agenda précis, un chronogramme détaillé et claire et de veiller à une représentativité paritaire entre les parties prenantes et selon les provinces. – De focaliser l'agenda du dialogue sur l'organisation des élections dans le délai constitutionnel et éviter le modèle de la transition de 2003.
5. À la Communauté Internationale :
De s'impliquer sans discrimination dans les enquêtes relatives aux crimes commis en territoire de Beni et LUBERO
6. À la population :
– De continuer à bien jouer son rôle de vigilance en dénonçant les velléités dictatoriales et de ne pas céder à des intimidations du pouvoir ;
– D'exploiter efficacement de la liberté d'expression et d'opinion consacrées par la Constitution.
Fait à BUTEMBO,
le 2 mai 2016 Pour les Coordinations de la Société Civile des villes de BUTEMBO et BENI et des territoires de BENI et LUBERO,
1. Rev. Gilbert KAMBALE, BENI ville ;
2. Rev. Abbé Prof Telesphore MALONGA, BUTEMBO
3.Teddy KATALIKO, BENI territoire,
4.Georges KATSONGO, Lubero
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