Agresser un Etat souverain, le piller et massacrer ses habitants constituent des crimes internationaux gravissimes à l’origine de la création de l’ONU, en 1945, après l’occupation meurtrière des pays européens par les forces du IIIè Reich allemand, Adolf Hitler. Depuis, des instruments internationaux ont été adoptés pour consacrer les principes de souveraineté des Etats et de respect de l’intégrité de leurs territoires. Des principes habilement bafoués par le modèle des crises sécuritaires dans l’est du Congo impliquant des acteurs géopolitiques insaisissables.
Pour la plupart des gens peu familiers aux dynamiques des violences dans l’est du Congo, les tueries de masse sont le fait des groupes armés aux acronymes aussi mystérieux que variés. On se limite trop souvent aux FDLR et aux Maï-Maï, les premiers présentés comme une rébellion hutu en lutte contre le régime tutsi de Paul Kagame au Rwanda et, les seconds étant des résistants des tribus autochtones congolaises en lutte contre l’occupation de leur pays par des forces étrangères, rwandaises notamment. Entre les deux, les FARDC, l’armée du gouvernement congolais, et la MONUSCO, la force de l’ONU déployée au Congo. De l’autre côté de la frontière, les RDF, l’armée du gouvernement rwandais. Posée en des termes aussi clairs, la crise du Congo devrait se régler en quelques semaines, quelques mois tout au plus, les protagonistes étant connus, de même que leurs revendications légitimes. Mais les choses ne sont pas aussi simples. En effet, derrière les acteurs apparents, se dissimule une dynamique géostratégique pilotée par les pouvoirs de Kigali et de Kinshasa utilisant des stratégies rondement menées de brouillage des pistes pour mettre l’opinion nationale et internationale dans l’impossibilité de comprendre ce qui se passe vraiment, à savoir une invasion militaire massive de la RDC et l’occupation de ses territoires sur le scénario de la guerre de l’AFDL (1996-1997), mais derrière une multitude de noms de groupes armés dont la propagation des violences ne trouve pas d’explication rationnelle, à première vue.
Dans cette analyse, nous allons tenter de nous focaliser sur trois groupes armés qui servent de masque à l’offensive de réoccupation meurtrière de l’est du Congo par l’armée rwandaise[1] avec la bénédiction du pouvoir de Kinshasa[2] : 1/ Les « FDLR », 2/ les « présumés ADF », 3/ la « CODECO » (en Ituri).

Des combattants FDLR utilisés par les FARDC. L’armée rwandaise renvoie aussi des FDLR rapatriés au Rwanda pour combattre en RDC
1/ Des FDLR « kagamisés » et des opérations false flag
Les FDLR[3] peuvent être considérés comme la couverture idéale à l’opération de déploiement en cours des forces rwandaises au Congo. Tout d’abord, ils peuvent servir de justification légitime au déploiement de l’armée rwandaise sur le sol congolais, comme cela est apparu dans un document de planification des opérations interarmées fuité en octobre 2019[4]. Les FDLR peuvent aussi servir de coupable idéal de toutes sortes de crimes atroces que les deux régimes commettent sur les populations congolaises, dans le cadre des opérations false flag. Une opération false flag est une attaque contre la population civile menée par les agents d’un État en faisant croire que l’action est le fait d’une organisation criminelle ou d’un mouvement politique utilement diabolisé. Une communication appuyée, voire agressive, s’ensuit généralement pour imposer une version officielle, et interdire, de fait, toute remise en question, et même toute enquête judiciaire crédible. Les enjeux derrière les opérations false flag sont divers et variés. Il s’agit, en général, de briser une population jugée hostile au pouvoir ou d’imposer un ordre politique et social qui n’avait aucune chance d’être accepté si la population avait été amenée à se prononcer librement pour ou contre[5].
Le phénomène des « faux-FDLR » et des faux Interahamwe remonte à la Deuxième Guerre du Congo (1998-2003), comme nous l’avons rappelé dans notre ouvrage « Les Génocides des Congolais »[6]. Kigali avait entrepris de fabriquer des faux Interahamwe, un phénomène que l’Association africaine de défense des droits de l’homme (ASADHO) avait déjà décrit dans son rapport annuel de 2000, deux ans avant que les experts de l’ONU ne révèlent la supercherie derrière les motifs officiels des interventions rwandaises au Congo. « Il s’agit d’assaillants hutu rwandais, et parfois congolais, opérant directement sous le commandement d’officiers tutsi, qui ont été plusieurs fois identifiés comme tels par de nombreuses victimes »[7]. Le quotidien belge Le Soir avait mentionné pour sa part la certitude, selon laquelle les militaires rwandais injectaient de faux Interahamwe au Congo, afin de terroriser la population et l’obliger à fuir, « afin aussi d’utiliser ces attaques pour justifier la pérennité de la présence rwandaise au Kivu »[8], vider les zones de leurs habitants et y installer des populations en surnombre au Rwanda. Ce qui faisait du phénomène FDLR/Interahamwe un allié stratégique et même économique du pouvoir de Kigali[9]. Depuis, le phénomène perdure et s’amplifie 20 ans plus tard.
Pour rappel, les FDLR ont été créées en 1999 par d’anciens officiers militaires et des dirigeants politiques du gouvernement de l’ancien président Juvénal Habyarimana, dans l’est du Congo occupé. Mais le mouvement a été, depuis, infiltré et éclaté en plusieurs factions antagonistes dont une petite minorité seulement est aujourd’hui réellement hostile au pouvoir de Kigali[10]. Une grande partie des FDLR, renvoyés au Rwanda, sont « recyclés » dans des centres de formation puis renvoyés au Congo pour soutenir la guerre de conquête des territoires et d’occupation. Dans son rapport de décembre 2014, Réseau Paix pour le Congo (ONG basée en Italie), révèle que tout au long de l’année 2013, des ex-combattants des FDLR ont été recrutés dans le Centre de démobilisation de Mutobo, au Rwanda, et renvoyés au Congo pour combattre dans les rangs du M23[11].
Ce déploiement des FDLR kagamisés est assuré par des officiers « rwandais » des FARDC et des officiers congolais liés au Rwanda par leur passé dans les « rébellions tutsi » (RCD-Goma, CNDP, M23). Ils passent ainsi sans être inquiétés en tant que soldats FARDC ou « Hutu du Masisi » à la recherche des terres, bizarrement à Beni et en Ituri, des régions en proie aux carnages et dont les autochtones sont en train d’être chassés de leurs terres. Une stratégie de tromperie qui permet à Kigali de disposer de plusieurs milliers de combattants en Ituri, depuis 2014, et pouvoir mener des opérations sous l’identité des groupes armés locaux infiltrés, noyautés et servant de couverture à la propagation des violences dont la virulence meurtrière étonne de plus en plus les membres des communautés locales, bien qu’en crise.
2/ Le phénomène ADF et le mensonge d’Etat
La crise de Beni, qui a frappé les esprits par un flot d’images particulièrement cruelles, déclenchée en octobre 2014, a fini par trahir la présence dans le territoire d’une concentration des forces rwandaises opérant sous masque ADF, du nom d’une ancienne rébellion ougandaise vaincue en avril 2014. L’acronyme « ADF » va servir de couverture parfaite à la reconquête génocidaire du territoire congolais par les forces rwandaises protégées par un réseau d’officiers fidèles à Joseph Kabila et liés au régime de Kigali par leur passé dans les « rébellions » parrainées par le Rwanda (RCD-Goma, CNDP, M23), et même dans la rébellion tutsi du FPR (Front patriotique rwandais). Accuser des « rebelles islamistes ougandais alliés à l’Etat islamique » fut une idée de génie sur le plan stratégique. Un ennemi fantôme, qui ne parle pas, qui n’a pas de porte-parole pour revendiquer les attaques ni nier les massacres qui vont être commis et lui être attribués.
Cette capacité phénoménale des pouvoirs de Kabila et de Kigali à tromper l’opinion internationale est sûrement le degré le plus abouti dans la stratégie des false flag : organiser des tueries des populations civiles et amener les gens à orienter leurs indignations vers des ennemis imaginaires et insaisissables[12] perdus aux quatre coins du monde : la secte Tabligh dans le sous-continent indien, la mosquée de Kampala (Ouganda), l’Etat islamique à Raqqa (Syrie), Al-Qaïda en Afghanistan, Al Shebab en Somalie, AQMI dans le Maghreb et même Boko Haram au Nigéria… Alors que les tueries sont commises dans un petit territoire de Beni (7.484 km²) enclavé dans une lointaine contrée au centre de l’Afrique et quadrillé par 21.000 soldats FARDC[13] et plusieurs centaines de casques bleus de la MONUSCO ; et systématiquement à proximité des positions de l’armée et de la MONUSCO (100 m, 200 m, 300 m) par des hommes habillés en uniformes FARDC, décrits comme des soldats FARDC, nombreux ayant même été formellement reconnus par les survivants des massacres et leurs noms cités dans les rapports des enquêteurs de l’ONU[14].
Les crimes de Beni ont fini par trahir leurs auteurs dont la signature renvoyait au mode opératoire des Inkotanyi du Front patriotique rwandais (FPR)[15], comme cela a été rappelé par l’écrivaine canadienne Judi Rever dans son exposé au colloque de Paris du 9 mars 2020[16].

Un camp des réfugiés à Bunia
3. La CODECO en Ituri ou l’arbre qui cache la forêt
La province de l’Ituri, voisine de Beni, subit des vagues de violences depuis décembre 2017. Ces violences, qui se déroulent dans le territoire de Djugu[17], se sont transformées en massacres à répétition visant principalement la communauté hema et provoquant des exodes massifs, notamment de l’autre côté du lac Albert, en Ouganda. Selon le récit officiel, ces massacres sont le fait d’un groupe armé lendu présenté comme politico-religieux, la CODECO. La CODECO, initialement nommée CODEZA[18] était à l’origine une coopérative agricole de solidarité paysanne dans la chefferie des Walendu-Bindi, fondée par Bernard Kakado[19] avant la guerre d’Ituri de 1999-2003[20].
Lorsqu’éclate le conflit en décembre 2017, aucune allusion n’est faite à cette organisation. Les attaques durent quelques jours seulement, et sont marquées par un degré d’organisation limité, ce qui est classique dans les violences intercommunautaires qui se produisent dans cette province. Le 29 décembre 2017, à l’initiative du gouverneur de la province, et avec l’appui de la MONUSCO, les chefs des deux communautés concluent un accord de paix et de sensibilisation. Le calme revient dans le territoire et les populations déplacées regagnent leurs foyers.
Mais en février 2018, une unité de la 31e Brigade[21] dite « Voltigeurs », le 312e Bataillon de réaction rapide, est déployée dans les zones de Djiba et Loko, sous le commandement du général Mundos, homme de main de Joseph Kabila, ancien commandant de l’Opération Sukola1[22], et cité dans plusieurs rapport de l’ONU pour son rôle dans les massacres de Beni. Le même mois de février 2018, une vingtaine de personnes sont tuées à Blukwa et à Drodro, non loin des positions de l’unité commandée par Mundos. S’ensuivent une série de représailles et une propagation des violences dans plusieurs collectivités. Les attaques sont coordonnées et menées de façon simultanée, avec utilisation de radios Motorola, d’indicatifs d’appel radio, et, à partir de septembre 2018[23], de tactiques militaires coordonnées, ce qui trahit l’existence au moins d’une structure de commandement, une capacité de mener des opérations planifiées, une organisation logistique et un certain niveau de discipline[24]. Elles frappent indistinctement les membres de toutes les communautés, hema comme lendu, ce qui étonne les notables des deux communautés, provoque un climat de paranoïa et de méfiance généralisée.
A partir du 4 mars 2018, l’unité de la 31ème Brigade était passée sous le commandement du général David Rugayi Senga. Cet officier FARDC avait été décrit dans un rapport du Groupe d’experts de l’ONU comme étant un important soutien aux FDLR et un pourvoyeur d’armes aux combattants hutu rwandais[25]. Rugayi est un Hutu de Masisi. Il était le garde du corps de Jules Mutebusi, un des chefs de la rébellion CNDP. Des sources des FARDC le décrivent comme un tueur froid, responsable de plusieurs violations graves des droits humains partout où les troupes sous son commandement ont opéré.
Une invasion militaire sous couvert de migrations des populations
Au moment où éclate la crise, l’Ituri fait face à un flot anecdotique des migrations des populations en provenance du Rwanda. Ces populations se présentent comme des « Banyabwisha », du nom de la collectivité chefferie de Bwisha, dans le territoire de Rutshuru[26]. Mais leur nombre est trop important pour qu’ils puissent être originaires d’une collectivité de taille aussi réduite, alors qu’aucune source locale, ni du Masisi ni du Bwisha, dont ils prétendaient être originaires, ne fait état des villes et villages désertés par leurs habitants à destination de l’Ituri. Ces populations, que l’ancien gouverneur du Nord-Kivu Julien Paluku, qualifia de « populations d’origine inconnue », avaient fini par alarmer les parlementaires du Caucus de l’Ituri[27]. Dans une déclaration publiée à Kinshasa, le 22 mai 2017, ces élus s’opposaient fermement, non seulement à l’arrivée massive de ces populations, mais aussi à « l’exécution du plan machiavélique de la balkanisation de la République Démocratique du Congo en se servant de la province de l’Ituri comme élément déclencheur »[28].
D’après nos recherches, ces migrations dissimulent un déploiement massif des forces rwandaises composées d’anciens sujets rwandais expulsés de la Tanzanie et des FDLR recyclés dans des camps de formation militaires au Rwanda puis renvoyés au Congo. L’identité « banyabwisha » sert de tromperie stratégique dans un remake de la supercherie « banyamulenge » utilisée en 1996 par le Rwanda pour masquer l’agression et l’occupation militaire du Congo/Zaïre. Les élus de l’Ituri estimaient leur nombre à 70.000 à 100.000 installés principalement dans les secteurs de Boga et de Tchabi, en territoire d’Irumu[29].
Pour revenir aux attaques contre les civils menées à Djugu par des assaillants non autrement identifiés que comme « milices lendu », il faudra attendre le mois de juin 2019, plus d’un an après le début des violences, pour que les autorités attribuent formellement les attaques à une organisation identifiable : la CODECO, et désignent le nom de son leader présumé, Ngudjolo Mapa[30]. Mais cette version n’est pas du tout crédible, comme cela apparaît dans les rapports du groupe d’experts de l’ONU[31] et du BCNUDH[32]. La CODECO, qui existait longtemps avant le début des attaques, et qui n’avait pas été mise en cause, va devenir tout d’un coup le nom générique pour désigner tous les acteurs des violences dans le territoire de Djugu visant en particulier les populations hema. Tout portait à croire que les autorités avaient décidé de mettre les atrocités sur le dos d’un coupable facile à désigner dans ce chaos sécuritaire impliquant, de toute évidence, plusieurs acteurs de coulisse.
Ngudjolo a été tué par les FARDC le 25 mars 2020 à Mokpa dans le secteur de Walendu-Pitsi, mais les attaques contre les civils se sont poursuivies, ce qui nécessite d’analyser la crise au-delà des antagonismes locaux hema-lendu. A l’instar des « ADF » à Beni, la « CODECO » apparaît au fil des mois comme l’étiquette utilisée pour masquer une guerre aux enjeux géopolitiques qui dépassent le cadre conflictuel de la crise de Djugu. Des informations font état des éléments du M23 infiltrés dans les zones de violences et opérant sous masque « CODECO »[33] pour prendre la ville de Bunia en étau par le nord.
Selon des informations recoupées de plusieurs sources civiles et militaires en Ituri recueillies par Jean-Jacques Wondo : « Derrière les conflits en Ituri, se cache un projet concocté par le Rwanda et Kabila de création d’une base militaire rwandaise des RDF en Ituri sous contrôle des troupes FARDC loyales au Rwanda. Outre l’occupation de la région, l’autre objectif est de déstabiliser le régime ougandais de Yoweri Museveni à partir de la RDC ». L’hypothèse de livrer la province de l’Ituri aux batailles militaires similaires à celles qui ont eu lieu en juin à Kisangani en 2000 n’est pas à exclure, nous indiquent nos sources. « Mais pour l’instant, le Rwanda tient à contrôler Ituri en implantant dans les territoires de Djugu et d’Irumu les ex-FDLR rapatriés au Rwanda sous de fausses identités des Banyabwisha. Ce sont ces Hutu rwandais qui ont déclenché les massacres à grande échelle contre la population de la communauté Hema vers 2017 pour créer une tension interethnique entre les communautés Hema et Lendu. La deuxième stratégie est d’utiliser la milice lendu FPRI (Force de résistance patriotique de l’Ituri) de Bernard Kakado, à s’allier aux tueurs rwandais installés dans les localités de Chabi, Boga et Mitego pour intensifier les attaques contre les Hema tout en élargissant leurs attaques sur tous les Nilotiques et autres Bantous qui ont accueillis les Hema dans leurs entités. C’est pourquoi les Codeco n’ont pas hésité à massacrer les Alurs, les Mambisa, les Banyalis et les Ndoo, respéctivement dans les territoires de Djugu, Mahagi et Aru ; mais aussi au nord d’Irumu vers Mwanga, avec la complicité des unités des FARDC. Ces massacres se déroulent sous la supervision de plusieurs anciens rebelles du CNDP et du M23 réintégrés dans les FARDC. Il s’agit notamment du colonel Innocent Zimurinda, cité dans un rapport de 2010 du groupe d’experts de l’ONU[34], des majors Jimmy, Bill et Maseva, ansi que d’une vingtaine d’officiers ex-CNDP et ex-M23 envoyés par le colonel ex-M23 Innocent Kaina alias India Queen ».
Conclusion
Derrière la crise de Djugu se profile une main noire sous forme de dynamique de chaos sécuritaire et de reconquête militaire de l’axe Rutshuru-Ituri sur le flanc ouest de la frontière ougando-congolaise par des forces fidèles au régime de Kigali qui noyautent les FARDC. Le territoire d’Irumu, par ses secteurs de Boga et Tchabi, devient le centre névralgique de la stratégie Kabila-Kagame pour prendre en étau les territoires contestataires de Beni et Lubero au sud, en contrôlant la route stratégique qui les relie à la ville commerciale de Bunia, afin de pouvoir les asphyxier économiquement, en cas de besoin. Irumu devient aussi la base-arrière pour les opérations de reconquête militaire vers le nord devant aboutir à une propagation stratégique des chaos sécuritaires jusque dans la province du Haut-Uélé/Isiro où sévissent de mystérieux éleveurs Mbororo. L’implantation accélérée de plus de 100 mille sujets rwandais sous la fausse identité de « Banyabwisha » et l’activisme des officiers de l’armée rwandaise[35]donnent à penser que derrière l’horreur des massacres à répétition se dessine en réalité une nouvelle carte géopolitique qui devrait consacrer une extension territoriale du Rwanda et consolider son emprise politico-militaire sur les provinces du Nord-Kivu, de l’Ituri et, in fine, du Haut-Uélé par jonction explosive avec les Mbororo[36].
Toute la question est de savoir si le pouvoir de Kinshasa, en particulier le président Félix Tshisekedi, prépare une stratégie de contre-attaque pour contrer les ambitions expansionnistes meurtrières du Rwanda sur ces territoires de l’est du Congo. En tout cas, les soldats congolais sur terrain semblent avoir pris conscience de la gravité de la situation et des menées machiavéliques de ce difficile voisin de l’est. En janvier 2020, à Beni, une mobilisation patriotique impliquant des civils et des militaires fut lancée pour vilipender la politique de compromission et des trahisons du pouvoir de Kinshasa. On pouvait lire à travers les artères de la ville des slogans et des calicots en lingala :
« COOP NA BANGO EKOSIMBA TE ! »
( LEUR COMPLOT N’ABOUTIRA PAS !)
Boniface MUSAVULI
Analyste politique, auteur et Coordinateur de DESC
Texte relu par Jean-Jacques Wondo
©Beni-Lubero Online.
Agresser un Etat souverain, le piller et massacrer ses habitants constituent des crimes internationaux gravissimes à l’origine de la création de l’ONU, en 1945, après l’occupation meurtrière des pays européens par les forces du IIIè Reich allemand, Adolf Hitler. Depuis, des instruments internationaux ont été adoptés pour consacrer les principes de souveraineté des Etats et de respect de l’intégrité de leurs territoires. Des principes habilement bafoués par le modèle des crises sécuritaires dans l’est du Congo impliquant des acteurs géopolitiques insaisissables.
Pour la plupart des gens peu familiers aux dynamiques des violences dans l’est du Congo, les tueries de masse sont le fait des groupes armés aux acronymes aussi mystérieux que variés. On se limite trop souvent aux FDLR et aux Maï-Maï, les premiers présentés comme une rébellion hutu en lutte contre le régime tutsi de Paul Kagame au Rwanda et, les seconds étant des résistants des tribus autochtones congolaises en lutte contre l’occupation de leur pays par des forces étrangères, rwandaises notamment. Entre les deux, les FARDC, l’armée du gouvernement congolais, et la MONUSCO, la force de l’ONU déployée au Congo. De l’autre côté de la frontière, les RDF, l’armée du gouvernement rwandais. Posée en des termes aussi clairs, la crise du Congo devrait se régler en quelques semaines, quelques mois tout au plus, les protagonistes étant connus, de même que leurs revendications légitimes. Mais les choses ne sont pas aussi simples. En effet, derrière les acteurs apparents, se dissimule une dynamique géostratégique pilotée par les pouvoirs de Kigali et de Kinshasa utilisant des stratégies rondement menées de brouillage des pistes pour mettre l’opinion nationale et internationale dans l’impossibilité de comprendre ce qui se passe vraiment, à savoir une invasion militaire massive de la RDC et l’occupation de ses territoires sur le scénario de la guerre de l’AFDL (1996-1997), mais derrière une multitude de noms de groupes armés dont la propagation des violences ne trouve pas d’explication rationnelle, à première vue.
Dans cette analyse, nous allons tenter de nous focaliser sur trois groupes armés qui servent de masque à l’offensive de réoccupation meurtrière de l’est du Congo par l’armée rwandaise[1] avec la bénédiction du pouvoir de Kinshasa[2] : 1/ Les « FDLR », 2/ les « présumés ADF », 3/ la « CODECO » (en Ituri).
Des combattants FDLR utilisés par les FARDC. L’armée rwandaise renvoie aussi des FDLR rapatriés au Rwanda pour combattre en RDC
1/ Des FDLR « kagamisés » et des opérations false flag
Les FDLR[3] peuvent être considérés comme la couverture idéale à l’opération de déploiement en cours des forces rwandaises au Congo. Tout d’abord, ils peuvent servir de justification légitime au déploiement de l’armée rwandaise sur le sol congolais, comme cela est apparu dans un document de planification des opérations interarmées fuité en octobre 2019[4]. Les FDLR peuvent aussi servir de coupable idéal de toutes sortes de crimes atroces que les deux régimes commettent sur les populations congolaises, dans le cadre des opérations false flag. Une opération false flag est une attaque contre la population civile menée par les agents d’un État en faisant croire que l’action est le fait d’une organisation criminelle ou d’un mouvement politique utilement diabolisé. Une communication appuyée, voire agressive, s’ensuit généralement pour imposer une version officielle, et interdire, de fait, toute remise en question, et même toute enquête judiciaire crédible. Les enjeux derrière les opérations false flag sont divers et variés. Il s’agit, en général, de briser une population jugée hostile au pouvoir ou d’imposer un ordre politique et social qui n’avait aucune chance d’être accepté si la population avait été amenée à se prononcer librement pour ou contre[5].
Le phénomène des « faux-FDLR » et des faux Interahamwe remonte à la Deuxième Guerre du Congo (1998-2003), comme nous l’avons rappelé dans notre ouvrage « Les Génocides des Congolais »[6]. Kigali avait entrepris de fabriquer des faux Interahamwe, un phénomène que l’Association africaine de défense des droits de l’homme (ASADHO) avait déjà décrit dans son rapport annuel de 2000, deux ans avant que les experts de l’ONU ne révèlent la supercherie derrière les motifs officiels des interventions rwandaises au Congo. « Il s’agit d’assaillants hutu rwandais, et parfois congolais, opérant directement sous le commandement d’officiers tutsi, qui ont été plusieurs fois identifiés comme tels par de nombreuses victimes »[7]. Le quotidien belge Le Soir avait mentionné pour sa part la certitude, selon laquelle les militaires rwandais injectaient de faux Interahamwe au Congo, afin de terroriser la population et l’obliger à fuir, « afin aussi d’utiliser ces attaques pour justifier la pérennité de la présence rwandaise au Kivu »[8], vider les zones de leurs habitants et y installer des populations en surnombre au Rwanda. Ce qui faisait du phénomène FDLR/Interahamwe un allié stratégique et même économique du pouvoir de Kigali[9]. Depuis, le phénomène perdure et s’amplifie 20 ans plus tard.
Pour rappel, les FDLR ont été créées en 1999 par d’anciens officiers militaires et des dirigeants politiques du gouvernement de l’ancien président Juvénal Habyarimana, dans l’est du Congo occupé. Mais le mouvement a été, depuis, infiltré et éclaté en plusieurs factions antagonistes dont une petite minorité seulement est aujourd’hui réellement hostile au pouvoir de Kigali[10]. Une grande partie des FDLR, renvoyés au Rwanda, sont « recyclés » dans des centres de formation puis renvoyés au Congo pour soutenir la guerre de conquête des territoires et d’occupation. Dans son rapport de décembre 2014, Réseau Paix pour le Congo (ONG basée en Italie), révèle que tout au long de l’année 2013, des ex-combattants des FDLR ont été recrutés dans le Centre de démobilisation de Mutobo, au Rwanda, et renvoyés au Congo pour combattre dans les rangs du M23[11].
Ce déploiement des FDLR kagamisés est assuré par des officiers « rwandais » des FARDC et des officiers congolais liés au Rwanda par leur passé dans les « rébellions tutsi » (RCD-Goma, CNDP, M23). Ils passent ainsi sans être inquiétés en tant que soldats FARDC ou « Hutu du Masisi » à la recherche des terres, bizarrement à Beni et en Ituri, des régions en proie aux carnages et dont les autochtones sont en train d’être chassés de leurs terres. Une stratégie de tromperie qui permet à Kigali de disposer de plusieurs milliers de combattants en Ituri, depuis 2014, et pouvoir mener des opérations sous l’identité des groupes armés locaux infiltrés, noyautés et servant de couverture à la propagation des violences dont la virulence meurtrière étonne de plus en plus les membres des communautés locales, bien qu’en crise.
2/ Le phénomène ADF et le mensonge d’Etat
La crise de Beni, qui a frappé les esprits par un flot d’images particulièrement cruelles, déclenchée en octobre 2014, a fini par trahir la présence dans le territoire d’une concentration des forces rwandaises opérant sous masque ADF, du nom d’une ancienne rébellion ougandaise vaincue en avril 2014. L’acronyme « ADF » va servir de couverture parfaite à la reconquête génocidaire du territoire congolais par les forces rwandaises protégées par un réseau d’officiers fidèles à Joseph Kabila et liés au régime de Kigali par leur passé dans les « rébellions » parrainées par le Rwanda (RCD-Goma, CNDP, M23), et même dans la rébellion tutsi du FPR (Front patriotique rwandais). Accuser des « rebelles islamistes ougandais alliés à l’Etat islamique » fut une idée de génie sur le plan stratégique. Un ennemi fantôme, qui ne parle pas, qui n’a pas de porte-parole pour revendiquer les attaques ni nier les massacres qui vont être commis et lui être attribués.
Cette capacité phénoménale des pouvoirs de Kabila et de Kigali à tromper l’opinion internationale est sûrement le degré le plus abouti dans la stratégie des false flag : organiser des tueries des populations civiles et amener les gens à orienter leurs indignations vers des ennemis imaginaires et insaisissables[12] perdus aux quatre coins du monde : la secte Tabligh dans le sous-continent indien, la mosquée de Kampala (Ouganda), l’Etat islamique à Raqqa (Syrie), Al-Qaïda en Afghanistan, Al Shebab en Somalie, AQMI dans le Maghreb et même Boko Haram au Nigéria… Alors que les tueries sont commises dans un petit territoire de Beni (7.484 km²) enclavé dans une lointaine contrée au centre de l’Afrique et quadrillé par 21.000 soldats FARDC[13] et plusieurs centaines de casques bleus de la MONUSCO ; et systématiquement à proximité des positions de l’armée et de la MONUSCO (100 m, 200 m, 300 m) par des hommes habillés en uniformes FARDC, décrits comme des soldats FARDC, nombreux ayant même été formellement reconnus par les survivants des massacres et leurs noms cités dans les rapports des enquêteurs de l’ONU[14].
Les crimes de Beni ont fini par trahir leurs auteurs dont la signature renvoyait au mode opératoire des Inkotanyi du Front patriotique rwandais (FPR)[15], comme cela a été rappelé par l’écrivaine canadienne Judi Rever dans son exposé au colloque de Paris du 9 mars 2020[16].
Un camp des réfugiés à Bunia
3. La CODECO en Ituri ou l’arbre qui cache la forêt
La province de l’Ituri, voisine de Beni, subit des vagues de violences depuis décembre 2017. Ces violences, qui se déroulent dans le territoire de Djugu[17], se sont transformées en massacres à répétition visant principalement la communauté hema et provoquant des exodes massifs, notamment de l’autre côté du lac Albert, en Ouganda. Selon le récit officiel, ces massacres sont le fait d’un groupe armé lendu présenté comme politico-religieux, la CODECO. La CODECO, initialement nommée CODEZA[18] était à l’origine une coopérative agricole de solidarité paysanne dans la chefferie des Walendu-Bindi, fondée par Bernard Kakado[19] avant la guerre d’Ituri de 1999-2003[20].
Lorsqu’éclate le conflit en décembre 2017, aucune allusion n’est faite à cette organisation. Les attaques durent quelques jours seulement, et sont marquées par un degré d’organisation limité, ce qui est classique dans les violences intercommunautaires qui se produisent dans cette province. Le 29 décembre 2017, à l’initiative du gouverneur de la province, et avec l’appui de la MONUSCO, les chefs des deux communautés concluent un accord de paix et de sensibilisation. Le calme revient dans le territoire et les populations déplacées regagnent leurs foyers.
Mais en février 2018, une unité de la 31e Brigade[21] dite « Voltigeurs », le 312e Bataillon de réaction rapide, est déployée dans les zones de Djiba et Loko, sous le commandement du général Mundos, homme de main de Joseph Kabila, ancien commandant de l’Opération Sukola1[22], et cité dans plusieurs rapport de l’ONU pour son rôle dans les massacres de Beni. Le même mois de février 2018, une vingtaine de personnes sont tuées à Blukwa et à Drodro, non loin des positions de l’unité commandée par Mundos. S’ensuivent une série de représailles et une propagation des violences dans plusieurs collectivités. Les attaques sont coordonnées et menées de façon simultanée, avec utilisation de radios Motorola, d’indicatifs d’appel radio, et, à partir de septembre 2018[23], de tactiques militaires coordonnées, ce qui trahit l’existence au moins d’une structure de commandement, une capacité de mener des opérations planifiées, une organisation logistique et un certain niveau de discipline[24]. Elles frappent indistinctement les membres de toutes les communautés, hema comme lendu, ce qui étonne les notables des deux communautés, provoque un climat de paranoïa et de méfiance généralisée.
A partir du 4 mars 2018, l’unité de la 31ème Brigade était passée sous le commandement du général David Rugayi Senga. Cet officier FARDC avait été décrit dans un rapport du Groupe d’experts de l’ONU comme étant un important soutien aux FDLR et un pourvoyeur d’armes aux combattants hutu rwandais[25]. Rugayi est un Hutu de Masisi. Il était le garde du corps de Jules Mutebusi, un des chefs de la rébellion CNDP. Des sources des FARDC le décrivent comme un tueur froid, responsable de plusieurs violations graves des droits humains partout où les troupes sous son commandement ont opéré.
Une invasion militaire sous couvert de migrations des populations
Au moment où éclate la crise, l’Ituri fait face à un flot anecdotique des migrations des populations en provenance du Rwanda. Ces populations se présentent comme des « Banyabwisha », du nom de la collectivité chefferie de Bwisha, dans le territoire de Rutshuru[26]. Mais leur nombre est trop important pour qu’ils puissent être originaires d’une collectivité de taille aussi réduite, alors qu’aucune source locale, ni du Masisi ni du Bwisha, dont ils prétendaient être originaires, ne fait état des villes et villages désertés par leurs habitants à destination de l’Ituri. Ces populations, que l’ancien gouverneur du Nord-Kivu Julien Paluku, qualifia de « populations d’origine inconnue », avaient fini par alarmer les parlementaires du Caucus de l’Ituri[27]. Dans une déclaration publiée à Kinshasa, le 22 mai 2017, ces élus s’opposaient fermement, non seulement à l’arrivée massive de ces populations, mais aussi à « l’exécution du plan machiavélique de la balkanisation de la République Démocratique du Congo en se servant de la province de l’Ituri comme élément déclencheur »[28].
D’après nos recherches, ces migrations dissimulent un déploiement massif des forces rwandaises composées d’anciens sujets rwandais expulsés de la Tanzanie et des FDLR recyclés dans des camps de formation militaires au Rwanda puis renvoyés au Congo. L’identité « banyabwisha » sert de tromperie stratégique dans un remake de la supercherie « banyamulenge » utilisée en 1996 par le Rwanda pour masquer l’agression et l’occupation militaire du Congo/Zaïre. Les élus de l’Ituri estimaient leur nombre à 70.000 à 100.000 installés principalement dans les secteurs de Boga et de Tchabi, en territoire d’Irumu[29].
Pour revenir aux attaques contre les civils menées à Djugu par des assaillants non autrement identifiés que comme « milices lendu », il faudra attendre le mois de juin 2019, plus d’un an après le début des violences, pour que les autorités attribuent formellement les attaques à une organisation identifiable : la CODECO, et désignent le nom de son leader présumé, Ngudjolo Mapa[30]. Mais cette version n’est pas du tout crédible, comme cela apparaît dans les rapports du groupe d’experts de l’ONU[31] et du BCNUDH[32]. La CODECO, qui existait longtemps avant le début des attaques, et qui n’avait pas été mise en cause, va devenir tout d’un coup le nom générique pour désigner tous les acteurs des violences dans le territoire de Djugu visant en particulier les populations hema. Tout portait à croire que les autorités avaient décidé de mettre les atrocités sur le dos d’un coupable facile à désigner dans ce chaos sécuritaire impliquant, de toute évidence, plusieurs acteurs de coulisse.
Ngudjolo a été tué par les FARDC le 25 mars 2020 à Mokpa dans le secteur de Walendu-Pitsi, mais les attaques contre les civils se sont poursuivies, ce qui nécessite d’analyser la crise au-delà des antagonismes locaux hema-lendu. A l’instar des « ADF » à Beni, la « CODECO » apparaît au fil des mois comme l’étiquette utilisée pour masquer une guerre aux enjeux géopolitiques qui dépassent le cadre conflictuel de la crise de Djugu. Des informations font état des éléments du M23 infiltrés dans les zones de violences et opérant sous masque « CODECO »[33] pour prendre la ville de Bunia en étau par le nord.
Selon des informations recoupées de plusieurs sources civiles et militaires en Ituri recueillies par Jean-Jacques Wondo : « Derrière les conflits en Ituri, se cache un projet concocté par le Rwanda et Kabila de création d’une base militaire rwandaise des RDF en Ituri sous contrôle des troupes FARDC loyales au Rwanda. Outre l’occupation de la région, l’autre objectif est de déstabiliser le régime ougandais de Yoweri Museveni à partir de la RDC ». L’hypothèse de livrer la province de l’Ituri aux batailles militaires similaires à celles qui ont eu lieu en juin à Kisangani en 2000 n’est pas à exclure, nous indiquent nos sources. « Mais pour l’instant, le Rwanda tient à contrôler Ituri en implantant dans les territoires de Djugu et d’Irumu les ex-FDLR rapatriés au Rwanda sous de fausses identités des Banyabwisha. Ce sont ces Hutu rwandais qui ont déclenché les massacres à grande échelle contre la population de la communauté Hema vers 2017 pour créer une tension interethnique entre les communautés Hema et Lendu. La deuxième stratégie est d’utiliser la milice lendu FPRI (Force de résistance patriotique de l’Ituri) de Bernard Kakado, à s’allier aux tueurs rwandais installés dans les localités de Chabi, Boga et Mitego pour intensifier les attaques contre les Hema tout en élargissant leurs attaques sur tous les Nilotiques et autres Bantous qui ont accueillis les Hema dans leurs entités. C’est pourquoi les Codeco n’ont pas hésité à massacrer les Alurs, les Mambisa, les Banyalis et les Ndoo, respéctivement dans les territoires de Djugu, Mahagi et Aru ; mais aussi au nord d’Irumu vers Mwanga, avec la complicité des unités des FARDC. Ces massacres se déroulent sous la supervision de plusieurs anciens rebelles du CNDP et du M23 réintégrés dans les FARDC. Il s’agit notamment du colonel Innocent Zimurinda, cité dans un rapport de 2010 du groupe d’experts de l’ONU[34], des majors Jimmy, Bill et Maseva, ansi que d’une vingtaine d’officiers ex-CNDP et ex-M23 envoyés par le colonel ex-M23 Innocent Kaina alias India Queen ».
Conclusion
Toute la question est de savoir si le pouvoir de Kinshasa, en particulier le président Félix Tshisekedi, prépare une stratégie de contre-attaque pour contrer les ambitions expansionnistes meurtrières du Rwanda sur ces territoires de l’est du Congo. En tout cas, les soldats congolais sur terrain semblent avoir pris conscience de la gravité de la situation et des menées machiavéliques de ce difficile voisin de l’est. En janvier 2020, à Beni, une mobilisation patriotique impliquant des civils et des militaires fut lancée pour vilipender la politique de compromission et des trahisons du pouvoir de Kinshasa. On pouvait lire à travers les artères de la ville des slogans et des calicots en lingala :
« COOP NA BANGO EKOSIMBA TE ! »
( LEUR COMPLOT N’ABOUTIRA PAS !)
Boniface MUSAVULI
Analyste politique, auteur et Coordinateur de DESC
Texte relu par Jean-Jacques Wondo
©Beni-Lubero Online.