





Annoncé mort pour la première fois par des moyens sociaux le 29 février 2016, mort démentie le 01er mars 2016 par son Evêque Mgr Sikuli Paluku Melchisedech, l’Abbé Apollinaire Malumalu Muholongu est en train de vivre ses derniers jours sur terre aux USA.
L’abbé Apollinaire Malumalu Muholongu, né le 22 juillet 1961 dans la paroisse de Muhangi, diocèse de Butembo-Beni, territoire de Lubero, Nord Kivu, des parents catholiques. Il connaitra plusieurs milieux de vie, notamment Muhangi, Bunyuka, Butembo, grâce à son Papa enseignant (qu’il rejoint maintenant dans l’au-delà).
ApolinaireMalumalu fait une scolarisation ordinaire, 6 ans de niveau élémentaire et 6 ans de niveau secondaire des Humanités. Il obtient son diplôme d’état en 1979 au collège Kambali, section littéraire latin-Philo. Il entre au Grand séminaire (interdiocesain de Bukavu) et sera ordonné prêtre, à 25 ans, le 15/07/1986 par S.E.Mgr Emmanuel Kataliko. Pendant ses études, il se fait remarquer comme artiste danseur au rythme de la tradition Yira (Nande) et bon orateur.
Il est envoyé en France par son Evêque pour des études doctorales. Il obtiendra un doctorat en Sciences politiques à l’Université de Grenoble-II (Université Pierre-Mendès-France) en 1988, ainsi que plus tard, 1991 et 1992, une maîtrise en Sciences des droits de l’homme, et un diplôme d’études approfondies (DEA) en Sciences politiques, en philosophie et en théologie à Lyon.
Entre 1993 et 1996, il est curé de la paroisse de Monestier-de-Clermont, dans le diocèse de Grenoble.
De retour dans le diocèse de Butembo-Beni en 1997, il revient en RDC, où il occupera la fonction de vice-recteur puis de recteur à l’Université du Graben à Butembo. Il encourage un grand nombre d’étudiants à pousser les études le plus loin possible. Prêtre du diocèse de Beni-Butembo à 25 ans, il se découvre, dix ans plus tard, les talents d’activiste et milite dans le mouvement associatif pour le développement du Nord-Kivu. Il crée et dirige le Centre de formation et d’animation pour un développement solidaire, CEFADES, et le Consortium Agriculture urbaine de Butembo, CAUB
(http://www.direct.cd/opinions/portraits/2015/10/13/ce-quil-faut-vraiment-savoir-sur-apollinaire-malumalu.html#YSJ6FJchXZUjoVbj.99).
Au cours des changements politiques quand L-D-Kabila chasse J-D-Mobutu du pouvoir, Mr l’Abbé Malumalu s’investie dans la Société Civile pour lutter contre les antivaleurs perpétrées par les militaires et les policiers nationaux en débandade face au règne finissant du dictateur Mobutu : les intimidations de tout genre, les tracasseries sur les routes, les barrières et les douanes, les arrestations arbitraires (dont il a été une fois victime), le viol des femmes, les vols nocturnes, les « opérations 19 heures » consistant à dévaliser les gens et à les tuer à l’entrée de leurs maisons quand il rentre du travail, les pillages diurnes des biens des civils, (…).
Il voit naître dans le pays, avec le multipartisme, de multiples rebellions avec une tendance de subdiviser le pays « Zaire » en plusieurs petits pays.
C’est en 2003 que l’abbé fait son entrée dans la vie politique congolaise. Il participe, comme membre de la société civile, à plusieurs rencontres politiques (LUSAKA, Addis Abeba…) d’où sortiront les idées de 4 + 1 président, l’accord inclusif pour la réunification du pays, l’élaboration de la constitution, l’organisation des élections libres et transparentes…
Il est alors nommé expert au service d’études stratégiques attaché au cabinet du chef de l’État Joseph Kabila et désigné membre de la Commission électorale indépendante (CEI), qu’il présidera jusqu’en 2011. Il est chargé de superviser l’enrôlement des électeurs et de l’organisation des différentes élections devant se tenir en RDC en 2005 et 2006, puis entre juin 2013 et octobre 2015 (« Les 50 personnalités qui font la RD Congo : Abbé Apollinaire Malu Malu, président de la Commission électorale indépendante (CEI), 48 ans », in Jeune Afrique, nos 2572-2573, du 25 avril au 8 mai 2010, p. 38).
En 2006 le Cardinal Etsou critique Malumalu. L’abbé, qui n’a aucune influence sur les votes mêmes, et au vu des résultats, dément très fortement (La déclaration du cardinal Etsou retransmise sur les ondes de RFI a provoqué beaucoup de remous, sans apporter de preuve concrète [archive]).
Fin 2007, il est notamment chargé des travaux préparatoires de la Conférence de Goma en vue d’une issue à la guerre du Kivu (Conférence de Goma : Malu Malu et Kamerhe en campagne d’explications : Afrikarabia2 [archive]).
Le 20 mars 2008, il reçoit un Honoris Causa de l’Université de Liège pour avoir réussi à organiser des élections démocratiques et transparentes dans la République démocratique du Congo, qui était alors un pays très instable politiquement parlant (Joseph-Roger Mazanza Kindulu, Cornelis Nlandu-Tsasa, Les cadres congolais de la 3e République, éditions L’Harmattan, 2009, p. 122.).
En 2011, le Comité permanent des évêques membres de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) nomme l’abbé Malu-Malu, ancien président de la Commission Electorale Indépendante, directeur général de l’Institut Panafricain Cardinal Martino pour l’enseignement social de l’Eglise. L’Institut a été fondé en 2009 pour fonctionner au sein de l’Université Catholique du Congo.
En Juin 2013, il est rappelé aux affaires pour diriger la commission électorale indépendante rebaptisée Commission Electorale Nationale Indépendante contre l’avis des évêques catholiques , comme il l’avait lui-même dit dans une interview à Jeune Afrique :
Jeune Afrique : La Conférence épiscopale nationale du Congo s’était prononcée contre la désignation d’un membre du clergé catholique à la tête de la CENI. N’avez-vous pas violé sa « consigne » ?
Apollinaire Malumalu : Je n’ai jamais été candidat à ce poste. Je suis revenu à la Ceni parce que j’ai été choisi par les confessions religieuses, l’une des composantes de la société civile chargées de désigner l’un de ses membres. Les huit confessions devaient élire la personnalité la plus compétente pour les représenter, sur des critères bien définis. J’ai obtenu 7 voix sur 8, le suffrage de l’Église catholique étant le seul à ne pas se porter sur moi. Cela dit, je reste prêtre diocésain. Il appartenait à l’évêque [de Butembo-Beni] de décider si je pouvais être membre de la CENI ou pas. Après s’être concerté avec ses pairs, il a accepté.
Depuis son retour, en juin 2013, à la tête de l’institution , il s’attelle à organiser les élections urbaines, municipales et locales de façon qu’elles se tiennent dès 2015. Une démarche très critiquée par certains partis d’opposition, qui craignent un report de la présidentielle prévue en 2016.
Entre temps, l’Abbé Apollinaire Malumalu voit accroître au Kivu, et particulièrement dans son diocèse d’origine (Butembo-Beni) des massacres des civiles à caractère génocidaire : les uns sont Kidnappés, les autres sont égorgés, les structures sanitaires, scolaires et économiques sont détruits, des villages entiers sont incendiés, des biens vivres et autres sont pillés, des inconnus sont déversés dans le milieu… Les garants de la constitution, de l’intégrité du territoire national, ceux qui sont chargés de la sécurité des civils n’en disent rien et ne posent point d’actions proportionnelles à leurs fonctions. C’est la désolation à l’approche des élections présidentielles…
La dernière apparition publique de l’Abbé Malumalu remonte au 16 avril 2015, revenant des soins médicaux de l’Afrique du Sud, lors d’une conférence de presse à Kinshasa. Puis, plus rien. Selon des sources qualifiées du Bureau de la CENI, Mr l’abbé Apollinaire Malumalu Muholongu, surpris de nouveau par l’infirmité brusque, avait quitté le même jour de jeudi 16 avril, quelques heures après sa rencontre avec les médias, pour des soins de santé appropriés en Afrique du Sud.
Ce jour-là, ce n’est pas un prêtre calotte, qui se présentait devant une cohorte de chevaliers de la plume et du micro. Plutôt, un Malumalu affaibli, longuement assis sur une chaise avec le bras droit immobile. Moulé dans un costume bleu marine sans clergyman et en casquette grise, l’abbé président de la CENI s’exprimait avec presque le même élan de lenteur à la presse. « J’ai subi une intervention chirurgicale. Je suis déjà guéri. Le reste c’est une question de retrouver un peu de force », avait-il expliqué. Il ne s’était pas arrêté là. Aussi, l’abbé Apollinaire Malumalu avait-il ôté son chapeaux pour montrer à l’assistance la cicatrice de sa plaie opératoire. C’était donc tout dire et tout comprendre. Il était en convalescence.
Un peu plus d’un mois après, les Congolais ignorent, tout sur la santé du numéro 1 de la CENI. Dans des milieux politiques avertis de Kinshasa, cette absence de plusieurs jours de l’abbé président de la CENI suscite des inquiétudes. Non sans raisons. En temps normal, le départ du pays, de l’abbé Apollinaire Malumalu passerait inaperçu. Ou presque. Mais quand on sait que la RD Congo se trouve engagée dans l’organisation d’un nouveau cycle électoral, il est donc légitime que cette « disparition » du président de la CENI, des radars de la classe politique congolaise, puisse provoquer bien des remous.
Le 10 octobre 2015, il démissionne de la présidence de la CENI pour « raisons de santé ». Dans sa lettre adressée au président de la République depuis les Etats-Unis, il évoque des problèmes de sante que les médecins sud-africains et américains n’arrivent pas à solutionner dans l’immédiat. (« RDC : le président de la commission électorale démissionne » [archive], sur Le Monde, 10 octobre 2015). Ses proches témoignent qu’il a été opéré trois fois au cerveau, sans trop de succès. Il s’agirait d’une tumeur causée par un poison qui aurait vite atteint le cerveau. La persistance -de ce cancer aurait occasionné la perte de certaines facultés.
(http://www.direct.cd/actu/la-une/2015/10/13/trois-fois-opere-sans-succes-dun-cancer-de-cerveau-labbe-malumalu-serait-mourant.html#ITBuGO1hHM1U7ilP.99)
Son état de santé se complique dans la soirée du mardi 31 Mai 2016 à Atlanta après plusieurs mois de maladies.
Voici quelques-unes de ses publications, outre celles dans le cadre de la CEI et de CENI :
1) De la responsabilité dans l' »Homme révolté » de Camus, Université catholique de Lyon, 1991, 87 p. (mémoire de maîtrise de Philosophie, www.sudoc.abes.fr)
2) Recours à l’authenticité et légitimité politique au Zaïre sous la deuxième république (1965-1990), IEP de Grenoble, 1992, 193 p. (mémoire de DEA d’Études politiques,www.sudoc.abes.fr
3) L’économie du pouvoir dans l’espace traditionnel Nande, Grenoble, 1992 (?)
4) La politique de recours à l’authenticité au Congo-Zaïre sous le régime Mobutu (1965-1997), Université de Grenoble 2, 1999, 595 p. (thèse de doctorat de Science politique,www.sudoc.abes.fr)
Des manuscrits, il en laisse nombreux sur sa table de travail. L’Abbé Malumalu est une personne qui regarde le présent et l’avenir des peuples avec détermination et espérance.
Mr L’abbé Apolinaire, tu as prié jour et nuit pour la PAIX en « grand patriote ». Tu as lutté pour la foi en Jésus Christ, pour l’humanité en chaque homme, pour la justice dans la vie politique, le respect mutuelle, la transparence, la liberté… les valeurs humaines. Tu es en train de finir ta vie en silence devant le mystère de la mort violente des tiens. Nous te portons dans notre prière silencieuse et publique. Tu es un HEROS. Ne lâche pas le flambeau s’éteindre ; tiens-le allumé jusqu’au moment où ton maître viendra frapper à la porte pour te faire entrer dans sa maison des noces !
Katembo Muyeye Vulengya
©Beni-Lubero Online.





