





Interrogé par Gislain Dupont sur RFI- Lundi 13 novembre 2006 soir, le Cardinal Etsou de Kinshasa, en séjour à l’étranger, sans donner un seul exemple à l’appui, a rejoint Bemba pour récuser la transparence dans l’organisation du deuxième tour des élections. Le prélat a ainsi franchi la ligne rouge de la neutralité de l’Eglise Catholique en pareille circonstance. En substance, le vieux prélat de Kinshasa a dit : « Nous savons que les résultats que l’on donne à Joseph Kabila dans certains coins du pays ne sont pas ceux que nous connaissons. L’abbé Malu Malu ne doit pas cautionner la fraude. Nous voulons la vérité. Nous avions dit que les élections devraient libres et transparentes. » Cette réaction diffusée par une radio internationale est irresponsable de la part du cardinal de Kinshasa, lieu de plusieurs affrontements ces derniers temps. Une chose est de dire qu’il y a fraude électorale. Une autre est d’apporter les preuves de la fraude et de donner les lieux où cette fraude a eu lieu. Donner une affirmation gratuite comme celle du Cardinal c’est verser dans les rumeurs qui vont bon train chez les congolais. Comme responsable au sein de l’Eglise organisée comme l’Eglise Catholique, la sagesse de notre prélat de 76 ans aurait été de saisir la CEI pour confronter les résultats annonces et vérifier ses sources d’information. En fonction de quoi le prélat peut-il dire que l’abbé Malu Malu cautionne la fraude? Les conséquences de l’affirmation gratuite du Cardinal Etsou peuvent être incalculables.
Pour ceux qui ne savent pas que le Cardinal Etsou n’est pas le porte-parole de l’Eglise Catholique au Congo, son accusation gratuite de fraude est attribuée faussement à l’Eglise Catholique du Congo. Le Cardinal Etsou n’est pas l’Eglise Catholique du Congo. Le Président de la Conférence Episcopale du Congo est pour le moment Mgr Monsengwo Pasinya. Et ce dernier ne peut parler au nom de l’Eglise Catholique que quand les Evêques du Comité Permanent des Evêques et ceux de l’Assemblée Plénière l’ont mandaté. L’Eglise Catholique est très hiérarchisée et disciplinée. C’est pourquoi beaucoup se demandent si le Cardinal de Kinshasa qui est aux soins à l’étranger a encore toutes ses facultés en bon état pour commettre une telle imprudence. Certainement que les autres évêques catholiques ne vont pas tarder à réagir dans les jours qui viennent pour relever cette imprudence du Cardinal qui ne peut être qu’un dérapage. Après avoir assisté au mois de juin dernier aux diatribes de Monseigneur Mosengwo qui avait appelé au boycott des élections avant de retirer cet appel au boycott deux jours avant les élections, voici le Cardinal Etsou qui joue le même jeu au second tour de la présidentielle à quelques jours avant la publication des résultats. Il n’est pas impossible que lui aussi repasse sur RFI pour retirer son accusation gratuite. Vu le chemin parcouru par le peuple congolais, il serait imprudent de le plonger dans une autre guerre dont personne ne connait les tenants et les aboutissants. On sait quand une guerre commence, mais on ne sait jamais quand elle finit. A ce stade du processus démocratique, les congolais doivent apprendre à recourir aux méthodes démocratiques pour régler leurs différends. Toute incitation à la violence, d’où qu’elle provienne, est contraire à ce que le peuple congolais vient de démontrer tout le long du processus électoral. L’Eglise devrait rester au milieu du village en ce moment d’incertitude.
Vincent K. Machozi, a.a.





