





Lors de sa compagne électorale en 2006, le président Joseph Kabila avait promis d’accorder priorité à certains « chantiers » dont l’éducation. Il avait promis notamment la réhabilitation des infrastructures scolaires et la construction d’une Université moderne dans chaque province de la république. Quatre ans après, le bilan est globalement négatif, n’ayons pas peur de l’admettre. En dépit de la réhabilitation de quelques infrastructures dont celles de l’IBTP, de la construction de quelques écoles primaires et secondaires à travers le pays, le secteur de l’éducation n’a en tout cas pas été prioritaire pour le gouvernement Gizenga ou Muzito.
Dans son discours Bilan tenu à l’assemblé nationale le 8 Décembre 2010, le Président Kabila à résumé l’action de son gouvernement dans le secteur de l’éducation en ces termes : « Par-delà la réhabilitation des infrastructures, dans le secteur de l’éducation, il y a lieu de noter la mécanisation des nouvelles écoles et unités de l’enseignement primaire et secondaire, la distribution des manuels scolaires aux élèves et des guides pédagogiques aux enseignants, et la normalisation des années scolaires et académiques. S’agissant de l’amélioration du taux d’accès à l’éducation de base, l’objectif a consisté à réduire progressivement les frais de scolarité à charge des parents, avant d’atteindre la généralisation de la gratuité de l’enseignement primaire ». Cet aveu d’échec doit interpeller la conscience collective des Congolais. Il est beau de promettre monts et merveilles pendant la compagne électorale. Mais il est plus important de réaliser les promesses données.
Après dix ans à la tête du pays, le Président Joseph Kabila doit expliquer à la population pourquoi l’éducation nationale ne semble pas être une de ses priorités. Pour preuve, la part du budget national allouée à l’éducation nationale en 2010 était de 1,6%. Le gouvernement congolais n’a construit aucune Université à travers le pays mais a au contraire fermé plusieurs Universités et Instituts Supérieurs privés et publics jugés non viables. Il est triste de voir des écoles et Universités où les étudiants s’assoient à même le sol dans un pays naturellement si riche. Certaines Universités et autres institutions de l’enseignement au Congo continuent à fonctionner sans bibliothèques et sans infrastructures techniques adéquates. Rien n’est fait pour mieux rémunérer les enseignants. Au contraire, le ministère de l’EPSP veut créer de comptes bancaires fortement centralisés qui seront gérés par son ministère. Donc, le ministère EPSP veut gérer les frais scolaires payés par les parents des élèves (eux mêmes impayés) plutôt que de mettre de fonds à la disposition des écoles pour une meilleure administration scolaire ou de créer des comptes bancaires pour les enseignants pour éviter les détournements de salaires des pauvres enseignants par des comptables qui doivent transporter des caisses d’argent dans ce 21ème Siècle. Que ferait le ministre de l’EPSP si les parents ne payaient pas ? Chassera-t-il les enfants?
Au moment où on s’attend à une décentralisation de la gestion scolaire, le ministre de l’EPSP veut centraliser d’avantage cette gestion. Dommage que personne ne l’interpelle. Il semble que ce n’est pas là le rôle du parlement congolais. On a l’impression que les vraies réformes du système éducatif congolais ne constituent pas une priorité pour les animateurs des institutions du pays. Sans une vraie réforme du système d’éducation, les bulldozers chinois ne sauront pas à eux seuls faire de la RDC la locomotive du développement régional. C’est donc pour la reforme de l’éducation, la valorisation du métier de l’enseignant que les députés nationaux devraient se battre au parlement, car sans l’éducation toutes les reformes et révisions constitutionnelles sont sans effet.
Eulalie Mujinga
Lubumbashi
©Beni-Lubero Online





