





Il n’est plus bon d’être démobilisé à Beni-Lubero. Avant l’assassinat de l’ex Commandant Kasereka SALEH, l’ex commandant PABLO, ancien de l’ANC du RCD-K-ML venait d’échapper de justesse à une exécution sommaire sur ordre du Lieutenant Colonel Kakolele Bwambale alias « Aigle Blanc ». Le lieu du crime n’est autre qu’un Bar de Boikene non loin de la rivière Munyabelu en ville de Beni.
Lt Col Kakolele , alias Aigle Blanc
Mr PABLO s’est confié à Beni-Lubero Online au téléphone à partir d’un hôpital où il est interné en Ouganda. Sentant sa mort prochaine, PABLO tenait à attirer l’attention des beniluberois sur les crimes de l’entreprise criminelle que dirige Kakolele dans la région de Beni-Lubero.
Mr PABLO est originaire de Kivetya, Chefferie des Bashu. Il a fait ses études secondaires à l’Institut Vungi. Avant de décrocher son diplôme, il entrera dans l’armée du RCD-K-ML en 2000. En 2002, il fut garde du corps de Kakolele sur le front de Lubero contre le RCD-GOMA.
Lors de la réunification du pays en 2003, PABLO se présente comme un des 17 rescapés militaires du RCD-K-ML à survivre l’entrainement de SAKE à 25 km de Goma. Tous les autres militaires beniluberois, plus de 50 se souvient-il, périrent à SAKE par des maladies bizarres contractées au camp d’entrainement. Pour PABLO, ces vaillants beniluberois furent empoisonnés. Il ne sait pas comment il avait pu survivre.
En 2008, il démissionna de l’armée qui était devenue selon lui une affaire des militaires rwandais du CNDP. Ce que beaucoup de gens oublient est le fait que les militaires du RCD-K-ML qui ont combattu pendant près de six ans les militaires du RCD-Goma et du CNDP étaient les premiers à se sentir humiliés en voyant leurs ennemis d’hier s’accaparer de tous les postes de commandement militaire dans ce que fut leur fief de Beni-Lubero-Ituri. D’après PABLO l’humiliation de l’occupation rwandaise que la population civile commence à percevoir aujourd’hui est vécue dans la douleur par les militaires beniluberois depuis 2006.
Une fois redevenu civil, le commandant PABLO s’acheta une moto et devint taximan en ville de Beni. Comme taximan, il gagna mieux sa vie que quand il était militaire.
En juillet 2011, lors d’une course de routine de taximan, PABLO rencontra le Lt. Col. Kakolele à la station d’essence de Mupanda en ville de Beni. Kakolele lui demanda son numéro de téléphone.
Lt Col Kakolele Bwambale alias « Aigle blanc » en campagne pour Joseph Kabila Kabange
Deux jours après, Kakolele l’invita à l’Hôtel Beni pour un entretien. Lors de cet entretien, Kakolele lui proposa une première mission, notamment, ravitailler en argent ses partenaires aux environs de la Cité d’Oïcha, sur la route Oïcha-Eringeti. Ne pouvant pas refuser la demande de son ancien patron qui lui promis que cette fois –ci il serait bien payé contrairement aux années de vache maigre passées dans l’armée, PABLO accepta d’aller remettre une grosse enveloppe d’argent à 4 civils qu’il rencontra dans une brousse à 6 km d’Oïcha. Ces 4 civils ne parlaient ni Français, ni Lingala, ni Kinande, mais un Swahili bizarre. Après la réussite de cette première mission dont il ne cerna pas tous les contours, Kakolele l’envoya au moins une fois par semaine pour des missions d’espionnage des autorités administratives, militaires, chefs coutumiers, défenseurs des droits humains, journalistes, etc. dans la cité d’Oïcha, la ville de Beni, axe Beni-Kasindi, Mutwanga et Nzenga II, Mangina, etc.
Après chaque mission d’espionnage sur un sujet congolais, PABLO apprenait par son patron Kakolele que l’interessé était tué par des hommes armés ou porté disparu. PABLO conclut qu’il était au service de l’industrie du crime ayant comme patron le Lt Col. Kakolele. Sa conscience n’était plus tranquille.
Le 17 septembre 2011, Kakolele donna un revolver à PABLO pour ses futures missions. Ce soir-là, PABLO décida d’envoyer sa famille à Butembo car il venait de prendre la décision de discontinuer les commissions de Kakolele. Mais de quelle manière fallait-il le faire?
Le 28 octobre 2011, Kakolele l’appella dans un Bar de BOIKENE. C’était la nuit vers 22h00. On lui remit une valise très lourde pleine de cartouches pour qu’il la dépose à Oïcha. Arrivé vers 23h00 à l’endroit indiqué, PABLO trouva une voiture garée et sans plaque d’immatriculation. Trois civils réceptionnèrent le colis sans rien dire. PABLO n’avait plus le cœur à l’ouvrage en dépit de l’argent qu’il recevait, à savoir 300 $ par semaine.
Le 29 octobre 2011, PABLO n’en pouvait plus. Il prit son courage en main pour rencontrer Kakolele, lui remettre son revolver et reprendre son travail de taximan. Erreur ! PABLO était naïf de croire qu’on pouvait le laisser partir après tant des missions d’espionnage et d’exécutions sommaires dont il savait quelque chose.
Furieux, Kakolele ordonna à ses gardes du corps rwandais de torturer PABLO. Pour que ses cris n’attirent pas l’attention des voisins, on ferma la bouche de PABLO avec sa chemise. Puis, c’était la bastonnade, les tortures avec des mégots de cigarettes, etc. Après, Kakolele ordonna qu’on l’abatte d’une balle dans la tête. Mais il se posa la question du corps et des traces de sang si on l’abattait dans le Bar. Une décision fut prise de le ligoter, le jeter dans le cours d’eau de Bunyabelu avant de l’abattre par balles. Par chance, pendant qu’on le jetait dans la rivière comme un colis, deux voitures en provenance du Centre Ville éclairant les exécutionnaires de PABLO. Ces derniers le jetérent tout de même dans la rivière mais à cause des deux voitures qui arrivaient de la ville, les exécutionnaires attendirent que les voitures passent pour achever PABLO par balles. Ces deux voitures venaient de sauver PABLO. 30 secondes étaient suffisantes pour sauver PABLO. Quand on le jettait dans la rivière, les pans de sa chemise qui le ligotaient se délièrent miraculeusement à l’impact avec le lit du Bunyabelu. Il tomba dans la rivière sur ses genoux, un fait que PABLO considère comme un deuxième miracle car il suffisait que sa tête se cogne aux gros cailloux de la rivière Munyabelu pour que tout se gâte. Pendant que les gardes corps rwandais de Kakolele s’apprêtaient à tirer sur leur colis dans l’eau, PABLO avait pris la fuite en suivant le mouvement des eaux du Munyabelu. C’était vers 23h00. Connaissant un peu la région, PABLO marcha toute la nuit dans la brousse. Il se retrouva à Mangina au matin du 30 octobre 2011. Il alla chez un taximan de la place qui le cacha chez lui pendant trois jours, le temps qu’un infirmier de la place le soigne en catimini de ses coups et blessures et qu’il fasse venir un peu d’argent de Beni pour la suite de sa cabbale. Pour ne pas se faire rattraper par ses bourreaux, son ami de Mangina le mit à bord d’un camion qui allait à Bunia. De Bunia il alla à Mahagi puis en Ouganda où il poursuit des soins de santé. Son état de santé est déplorable d’après son médecin. Plusieurs organes de son corps ne fonctionnent plus normalement à la suite de la bastonnade et de la torture sous les ordres de Kakolele. Ne sachant pas s’il survivra à ses tortures, PABLO a voulu partager son calvaire avec les beniluberois afin qu’ils sachent que Kakolele est à la tête d’une entreprise criminelle dans la région de Beni-Lubero.
Les nouvelles de Butembo rapportent aussi que deux anciens Mai-Mai, en l’occurrence Vita Kitambala et SAPERITA sont arrivés de Kinshasa battre campagne pour Joseph Kabila qui vient de les élever tous deux au grade de Colonel. Ils sont logés à l’Hôtel Butembo aux frais de la princesse. Le Ministre des Affaires Humanitaires Ferdinand Kambere les a même utilisés comme figurants de son podium de campagne pour Joseph Kabila. A l’Hôtel Butembo, les clients côtoient ainsi 4 traitres Nande, en l’occurrence Kakolele, Jonas, Vita Kitambala, et Saperita. La neutralisation des Mai-Mai restés fidèles à la cause de l’intégrité territoriale de la RDC seraient l’objectif de la mission de Vita Kitambala et de SAPERITA. Jonas et Kakolele poursuivent à Butembo et ses environs ce qu’ils ont fait à Beni depuis juin 2011, notamment la traque des résistants contre l’occupation rwandaise, la traque des opposants anti-Joseph Kabila, etc.
Une ONG de Défense des Droits Humains s’intéresse déjà aux crimes attribués à Kakolele. Une fois les enquêtes finies, l’ONG en question voudrait envoyer son rapport à la CPI pour que Kakolele réponde un jour de tous ses crimes dans la région de Beni-Lubero.
Les observateurs constatent qu’une fois encore, les Tutsi jouent bien leur jeu macabre au Nord-Kivu à la veille de la bataille qu’ils voudraient être la dernière. Ils « Hutu-cisent les congolais ». Ils attribuent aux congolais des « rôles » de figurants dans certains postes de responsabilité pour les rendre responsables des crimes actuels. Les congolais porteurs des mallettes risquent ainsi de se retrouver seuls dans les geôles de la CPI pendant que les commanditaires Tutsi rwandais jouiront de dividendes du coltan de sang et du pétrole du Graben Albertine dans leurs salons huppés de Kigali ou de Goma. L’histoire se répète ainsi au Nord-Kivu sans que les porteurs des mallettes congolais en tirent les leçons qui s’imposent pour eux-mêmes mais aussi pour le peuple congolais innocent.
Obède Bahati
©Beni-Lubero Online





