





FORCES VIVES DE LA REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO SOCIETE CIVILE DU NORD-KIVU COORDINATIONS TERRITORIALES DE BENI ET DE LUBERO ET URBAINES DE BUTEMBO ET DE BENI Contact : +243 994 307 066, 893448096 Contact : e-mail : societecivilebutembo@gmail.com; societecivilebeni@gmail.com; socivbeni@yahoo.fr; socivlubero01@gmail.com
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DECLARATION DE LA SOCIETE CIVILE DES TERRITOIRES DE BENI ET DE LUBERO ET DES VILLES DE BUTEMBO ET BENI FACE AU CONTEXTE SOCIO-POLITIQUE ACTUEL
Nous, forces vives des Territoires de Beni et de Lubero et des Villes de Beni et de Butembo, réunies à Butembo ce mercredi 12 avril 2017, avons passé en revue la situation politique, économique, militaire et sécuritaire, sociale et humanitaire de la RDC en général et des Entités précitées en particulier, et voudrions, à cette occasion, livrer notre analyse, exprimer nos inquiétudes et nos espoirs avant de lancer à un appel à responsabilité à l’endroit de nos gouvernants à divers niveaux et de la classe politique congolaise.
1. Sur le plan politique
Après le dialogue de la Cité de l’Union Africaine qui a donné lieu à l’accord jugé non inclusif du 18 octobre 2016 et les négociations directes du centre interdiocésain qui ont débouché sur l’accord du 31 décembre 2016 (dit Accord de la Saint Sylvestre), il y a lieu d’exprimer de profonds regrets suite au non aboutissement de l’arrangement particulier qui devait préciser les modalités d’application de l’accord du 31 décembre. Il est vrai qu’en RDC, le dialogue est une tradition, mais il est regrettable qu’il s’agisse toujours d’un dialogue des sourds, n’accouchant que de maigres souris, biaisé par le positionnement personnel.
De prime abord, il faut dénoncer les Velléités dictatoriales et monarchiques ainsi que l’attitude irresponsable de la classe politique congolaise, qu’il s’agisse de la majorité qui domine les institutions, pourtant désormais hors mandat, ou de l’opposition incapable d’offrir un plan crédible d’alternance politique et empêtrée dans des querelles intestines. Les uns et les autres se préoccupent davantage de la conservation ou de la conquête du pouvoir, sans se soucier des attentes et de la misère du souverain primaire.
Personne à ce jour ne peut se targuer d’une quelconque légitimité. Ceux qui ont été élus ont largement débordé la période de leur accréditation et par peur de l’échec devant le verdict du souverain hésitent à organiser les élections.
Même si le processus électoral semble relancé par les opérations d’identification et d’enrôlement des électeurs, le calendrier des élections devant avoir lieu avant fin 2017 n’est toujours pas clairement établi et le financement reste hypothétique. Le récent discours du chef de l’Etat faisant état d’un financement interne garantissant la souveraineté ne rassure guère compte tenu des difficultés financières auxquelles le pays est confronté. Le manque de volonté politique d’alternance et l’insuffisance des moyens ne font que rendre les élections hypothétiques en les renvoyant aux calendes grecques.
Le contexte ainsi décrit ressemble étrangement à celui qui entourait la Conférence national souveraine et dont on est sorti avec l’arrivée de l’AFDL. Le comportement irresponsable de la classe politique risque donc à nouveau de faire le lit des mouvements rebelles.
Malheureusement, incapable d’assurer ses missions régaliennes, le pouvoir risque d’exceller dans la répression violente des populations civiles, accusées, ici de soutenir les maï-maï, là d’être alliés aux présumés rebelles de Kamwina Nsapu
La classe politique congolaise se caractérise aujourd’hui par une intelligence mise au service du mensonge, de la manipulation, de la démagogie, du débauchage et de la prostitution politique dans laquelle les intérêts privés de conservation ou de conquête passent avant les intérêts de la nation. Tout le monde prétend parler au nom du peuple sans pourtant vouloir écouter ce même peuple.
Même la nomination du premier Ministre ne semble pas rassurer dans la mesure où elle n’est pas consensuelle.
A ceux qui estiment que nomination du premier Ministre est un pouvoir discrétionnaire du Président de la République, on peut rappeler que cette compétence est encadrée par l’accord de la Saint Sylvestre et que, à l’époque de la CNS, le Maréchal Mobutu avait nommé Comme Premier Ministre Mr Etienne Tshisekedi alors élu par la Conférence.
La conséquence immédiate de ce bras de fer entre majorité et opposition sera « l’in-gouvernabilité » du pays avec le risque de conduire à la violence.
2. Sur le plan économique
La communauté internationale est actuellement confrontée à une crise économico-financière. Mais, alors que les autres pays s’efforcent d’y faire face, la RDC est empêtrée dans un statu quo politique qui paralyse toute initiative.
La dépréciation du franc congolais face au dollar est venue alimenter l’inflation et la flambée des prix sur le marché et la chute de l’épargne des citoyens.
Dans son discours devant le Congrès, le Chef de l’Etat a reconnu que notre système fiscal est écrasant, discriminatoire et truffé d’une parafiscalité lourde. A cela peut s’ajouter une fiscalité frauduleuse concernant la « sur-taxation » ou le recouvrement d’impôts et taxes non prévus par la loi. Nul n’ignore que « trop d’impôts tue l’impôt ». De nombreuses initiatives sont étouffées, s’éteignent ou tombent en faillite en raison de la trop forte imposition, alors qu’elles pourraient être créatrices d’emplois et de revenus. Même des services qui devraient bénéficier d’un appui des pouvoirs publics comme les universités et les écoles sont transformés en services générateurs des recettes entraînant ainsi une hausse des frais de scolarité
L’autorité budgétaire et fiscale devrait donc rationaliser, non seulement la fiscalité en réduisant le nombre des impôts et taxes, mais aussi le processus de recouvrement en instaurant un guichet unique.
Concernant plus particulièrement la Province du Nord-Kivu, les familles des élèves, déjà frappées et fragilisées, comme toute la population, par la guerre, la dépréciation du franc congolais, subissent, impuissamment la hausse de 31500fc à 48100fc des frais de participation aux examens d’Etat en 2017, alors que dans la Ville-Province de Kinshasa, moins touchée par la guerre, ces frais sont restés stables. N’oublions pas que parmi les parents d’élèves, il y a des déplacés.
On ne le dira jamais assez : l’impraticabilité des routes, l’absence d’électrification, la régression de l’agriculture et du commerce suite à l’insécurité sont également des facteurs aggravant la crise économique en RDC. Le chef de l’Etat a déploré la trop forte dépendance de notre économie vis-à-vis de l’extérieur comme indicateur de la fragilité des fondamentaux de notre tissu économique. Même les produits de première nécessité consommés par les congolais sont importés.
Comment produire suffisamment quand on est entassé dans des camps des déplacés, quand les routes sont inexistantes ou minées par des coupeurs de routes, quand les champs sont occupés par des groupes armés et par des génocidaires, quand les services de sécurité tracassent même les paysans qui tentent d’aller au champ en érigeant des barrières irrégulières.
3. Sur le plan sécuritaire
La situation sécuritaire est très instable sur de nombreuses parties du territoire national : au Nord-Kivu, on assiste à une résurgence des groupes armés, au Kasaï se développe l’inquiétant phénomène des présumés miliciens Kamwina Nsapu devenus une nébuleuse comme les présumés ADF NALU de Beni, alors que le Budu dia Kongo et les conflits entre bantu et pygmées dans le Tanganyika sont loin d’être calmés.
Nous saisissons cette occasion pour exprimer notre profonde compassion aux familles des victimes, civiles, policières ou militaires, du Kasaï et à l’ONU pour l’assassinat non encore élucidé de ses deux experts.
Il faut admettre que les facteurs peuvent être nombreux :
Le blocage de la situation politique suscite des velléités contestataires
La non-prise en charge suffisante des forces de sécurité, PNC et FARDC, pousse ces forces à se soucier davantage de la multiplication des amendes et à tracasser les populations civiles. Plutôt que de se consacrer au maintien de l’ordre et de la sécurité, ces forces se préoccupent plus de leur survie et risquent de sombrer dans l’affairisme. S’agissant de la PNC, lors des bouclages de la Sonas, tous les carrefours des Villes sont occupés, alors que les patrouilles nocturnes accusent une carence d’éléments disponibles.
La prolifération des groupes armés suite à l’affaiblissement de l’autorité de l’Etat
L’insécurité se manifeste par des incursions nocturnes et des vols à mains armées dans les ménages, des viols, des embuscades et des braquages tendus sur les axes routiers, des incendies de maisons (cf. Lubero dans le Kamandi-Lac et Kamandi-Gîte), des pillages et exploitations illicites des ressources naturelles, des affrontements interethniques, etc.
Même la délinquance civile et juvénile profite de ce climat délétère pour se développer et insécuriser davantage la population.
4. Sur le plan social et humanitaire
Les conséquences sociales et humanitaires du contexte ci-haut décrit sont désastreuses : déplacements des populations, fermeture des structures sanitaires et scolaires, etc.
Compte tenu de ce qui précède, nous formulons les recommandations ci-après :
Au Chef de l’Etat :
- De veiller au respect strict de la Constitution et de faciliter l’organisation des élections dans le respect des accords du 31 Décembre 2016;
Gouvernement congolais :
- De mobiliser et libérer les fonds nécessaires à l’organisation des élections
Aux animateurs des institutions politiques congolaises :
- De démissionner si les élections ne sont pas organisées d’ici décembre 2017,
- De garantir le respect des Droits et libertésfondamentaux des citoyens notamment la liberté de manifestation, de réunion, d’expression, d’information, etc.
- De respecter l’apolitisme de l’armée et de la Police Nationale Congolaise.
- D’accélérer le processus de reforme du système fiscale congolais.
- De déclarer les territoires de Beni et de Lubero ainsi que les villes de Butembo et Beni comme zone sinistrée.
A la Communauté internationale :
D’appuyer les élections conformément à la Résolution 2348 des Nations Unies.
Aux forces de sécurité :
De se libérer des attachements partisans pour se mettre au service de la nation.
A la population
D’être prête à se prendre en charge conformément à l’appel de la CENCO, en cas de non organisation des élections en décembre 2017.
Fait à Butembo, le 12 avril 2017
Pour les Coordinations de la Société civile
Territoire de Beni Territoire de Lubero Ville de Beni Ville de Butembo
Noella MULIWAVYO Georges KATSONGO Rév. Gilbert KAMBALE Télesphore MALONGA
©Beni-Lubero Online.





